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 Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)

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MessageSujet: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaDim 18 Jan - 20:26

Quand la nuit tombe, la surveillance se relâche, et les pires horreurs déferlent sur la ville. Yemdel avait une image très précise pour parler de cette hausse de la criminalité urbaine en pleine nuit : la lumière ne partait pas, elle était remplacée par un rideau de ténèbres qui titillait les instincts les plus primaires des hommes. Yemdel lui-même se sentait devenir un peu différent lorsqu'il sortait de nuit. Il était sur le qui-vive. Il avait l'impression d'être suivi. Le moindre bruit lui donnait envie de sortir son arme et de frapper. Sa théorie était donc que la nuit faisait peur aux hommes, et qu'ils cherchaient à tout prix à canaliser cette peur en l'exprimant sur quelqu'un d'autre. Et voilà comment on pouvait retrouver un cadavre sanglant en pleine rue pendant la nuit, tailladé de plusieurs coups de couteau maladroitement portés par un criminel amateur. Yemdel avait résolu de se rendre sur place pour constater l'incident, mais il fit une bien mauvaise découverte lorsqu'il arriva sur le lieu du crime. De corps, il n'en avait point. Quelqu'un l'avait peut-être déplacé pendant le temps qu'il avait fallu pour le prévenir. Fort heureusement, quelques traces de sang subsistaient pour rappeler qu'un délit avait été commis. Dans l'obscurité, Yemdel avait bien du mal à déterminer s'il s'agissait de traces récentes ou anciennes, puisque ce petit carrefour entre plusieurs ruelles étaient décorés de plusieurs traînées plus anciennes, qui laissaient supposer que ce n'était pas la première fois que l'on se débarrassait d'un corps ici. Mais sans corps, difficile d'interpeler les suspects. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était de demander le renforcement de la sécurité dans cette zone. Yemdel aurait pu se sentir déçu ou coupable de n'avoir rien pu faire de plus. Fort heureusement, les sentiments n'entraient jamais en ligne de compte lorsqu'il faisait son travail. Il repassa une dernière fois la scène au peigne fin, pour s'assurer qu'il n'avait oublié aucun détail important.

Pour en revenir à l'impression d'être suivi, ce n'en était pas une. Yemdel finit par faire la différence entre cette espèce de paranoïa sans fondement qui lui donnait des frissons et les signes bien réels que lui transmettaient ses sens. Des bruits de pas et une respiration légère lui indiquaient qu'il y avait bien une personne qui se tenait à distance de lui. Yemdel l'avait déjà identifié comme étant un homme, mais qui était dépourvu d'intentions hostiles à son égard. Si cela avait été le cas, il aurait déjà dégainé son arme, et l'inconnu se serait trouvé acculé avant d'avoir eu le temps de réagir. Sans compter qu'il avait déjà une petite idée de la personne qui l'observait dans son dos.

« Tu n'as pas fini de me suivre, Zohar ? Ça devient franchement pénible. » fit Yemdel sans se retourner pour daigner le regarder.

Yemdel ne s'étonnait pas vraiment de le voir dans une situation pareille. Zohar avait le chic pour débarquer lorsqu'on s'y attendait le moins. De toutes les personnes qu'il connaissait, il était peut-être le seul qui pouvait entrer en scène sur une scène de crime nocturne. À croire que le métier de coiffeur lui permettait d'avoir accès à une foule de ragots plus intéressants les uns que les autres. Il est vrai que Yemdel était le genre de personne facile à repérer. Les lieutenants de la Garde Impartiale droits comme un I aux chevaux blancs et à l'allure aristocratique ne courraient pas vraiment les rues : il était donc aisément repérable. Ce qui était à double tranchant, même si Yemdel avait l'impression qu'en la présente occasion, il s'était fait avoir par le côté traitre du couteau.
Comme Yemdel s'y attendait, il vit un homme à la chevelure blanche comme la sienne faire son apparition. Zohar était, comme à son habitude, impeccablement coiffé, ce qui était la moindre des choses pour un coiffeur. C'était peut-être la seule chose d'ailleurs qui lui allait bien dans ce métier. Yemdel ne pouvait se défaire l'impression que Zohar avait quelque chose de mauvais. Il aurait fait un excellent boucher, si sa carrure était légèrement moins fluette. Pour Zohar aussi, Yemdel avait une image toute trouvée : celle d'un fantôme qui ne faisait jamais son apparition au bon moment et qui hante la demeure des vivants, à attendre la bonne occasion de... faire quelque chose d'intéressant. Quoi que ce fût.

« Mais qu'est-ce que tu fais là, à Ethernite ? » demanda Yemdel, surpris de la présence de celui qui, pourtant, y résidait annuellement.

La question se posait plutôt pour lui, un fier habitant de Libra qui n'aimait pas vraiment quitter sa ville adorée. Mais pour rencontrer un marin, se rendre à Ethernite était la meilleure des solutions. Trouver un cadavre dans une ruelle déserte n'était pas prévu au programme, mais puisqu'il était immédiatement disponible, il se devait de s'y rendre. Yemdel n'aimait pas faire appel à ses subordonnés en pleine nuit, trouvant particulièrement cruel de les arracher à leur lit pour les envoyer enquêter. S'il était debout, il y allait, tout simplement. Ce genre de conscience professionnelle était très appréciée dans le métier.
Toutefois, la véritable question, que Yemdel n'avait pas posée, était « pourquoi trouves-tu toujours le moyen d'apparaître au moment qui m'arrange le moins ? ». Comme lors du fameux incident du dimanche soir, un événement que tous deux avaient promis de ne plus jamais en parler, et que personne ne devrait jamais découvrir. Yemdel aurait pu en tenir rigueur à Zohar pour ce qui s'était ce jour-là, et l'inverse aurait pu être tout aussi vrai. Ils avaient réussi à garder de bonnes relations en faisant le serment de plus jamais aborder le sujet. Bien sûr, cela restait toujours un peu entre eux, comme l'ombre d'un aigle planant au dessus de sa proie. Ou plus exactement, comme ce voile de ténèbres qui avait englouti la ville quelques heures plus tôt.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaDim 18 Jan - 22:15

La nuit, tous les chats sont gris. Le mal, le bien, les valeurs morales n'ont plus guère d'importance : il semble qu'au coucher du soleil, c'est tout un peu de l'existence qui va se coucher avec lui. La nuit révèle les cœurs dans ce qu'ils ont de plus intime et de plus vrai. Les sentiments sont plus forts. Les barrières de l'interdit tombent ; on ose faire ce que l'on ferait jamais en plein jour. On ne craint plus les regards, les jugements, les préjugés ; on ose enfin être soi-même. Se laisser à toutes les dérives. Tous les rêves secrets. C'est parce que, la nuit, tous les chats sont gris que les pensées se libèrent, et que des choses incroyables peuvent se passer. Si vous désirez en savoir plus sur quelqu'un, suivez-le lorsqu'il se promène dehors, seul, la nuit. Vous découvrirez très certainement des choses qui vous feront dire de quelles nuances est l'âme de cette personne. Mais avec Zohar, ça ne fonctionne pas. Zohar est gris de jour comme de nuit. Il ne change jamais. Toujours égal à lui-même, toujours aussi lisse, plat. Impersonnel, d'une certaine façon. Le sauvé déambule dans la nuit parce qu'il n'a rien d'autre à faire. Et pour se retrouver confronté à cet autre monde qui n'existe que lorsque la lumière a disparu. Depuis longtemps, Zohar cherche à faire le bien, à retrouver la sensation d'avoir fait quelque chose de louable. Ne serait-ce que pour retrouver un peu d'autosatisfaction, pour sourire sincèrement. Mais peut-être fait-il mauvaise route. Peut-être aurait-il dû choisir l'autre voie, celle du mal. Celle qui existe en toute liberté la nuit, parce qu'il n'y a plus le moindre jugement. Ce raisonnement a conduit Zohar a suivre la trace d'un cadavre. Des bruits couraient dans la rue, et le coiffeur n'a fait que les suivre. Il ignore pourquoi il veut à tout prix retrouver le lieu du crime. Peut-être que la vue du sang et de la chair blême lui fera quelque chose. Le sauvé n'a pas la moindre idée de qui il était avant, mais il a toujours supposé qu'il était un type bien. Cependant, on ne sait jamais. Il a très bien pu commettre des actes horribles et avoir été jugé bon. Il faut qu'il en ait le cœur net. Il est vital pour lui de savoir quel sera le déclencheur qui lui permettra enfin de mener une existence normale.

Il n'a pas encore trouvé ce qu'il cherche, mais quelque chose attire son œil. L'uniforme d'un gardien. Zohar n'aperçoit pas son visage mais sa carrure et ses cheveux très clairs lui sont familiers. Un homme qu'il ferait mieux de laisser de côté, dans la mesure où les événements qui ont donné à l'incident du dimanche soir ont tout pour le dissuader de le fréquenter encore. Pourtant, Yemdel - tel est son nom - est de bonne foi, et Zohar lui-même n'a aucune raison d'enfreindre leur serment mutuel. Tant que le silence se fait sur cette affaire, ils resteront en de bons termes. Pour autant, Zohar ne va pas voir Yemdel tout de suite. S'il le fait, le lieutenant essaiera de le convaincre de rentrer sagement chez lui et de ne pas se mêler de ces histoires. Or cela ne correspond pas à ses propres plans, aussi préfère-t-il le suivre. Et bingo, le voilà sur ce qui semble être le lieu du crime - même s'il n'y a pas le moindre corps. Zohar est un peu déçu, mais bon, ce n'est pas si grave. La nuit ne fait-elle pas que commencer ? Le lieutenant l'interpelle, lui faisant comprendre qu'il l'a repéré et qu'il sait parfaitement qui il est. Avec un sourire amusé, le sauvé s'approche de lui avec son flegme habituel. « Drôle de question, Yem. J'y habite, tout simplement. » Il devrait peut-être lui retourner la question, mais ne le fera pas. Il devine que c'est lié à l'affaire en question, inutile de gâcher un peu de leur salive, surtout que cela pourrait exacerber les tensions qui existent entre eux depuis le fameux incident du dimanche soir.

Zohar se penche vers le sol, là où gisait le cadavre avant de disparaître. Il n'ose retenir une question qui lui brûle les lèvres : « Dis-moi, le gars, il finit par revivre, non ? On ne peut pas mourir, ici, à ce que j'ai entendu dire. » Lui-même n'en a pas fait l'expérience, alors il n'en sait rien. Et ne tient pas à le savoir. Toutefois, il trouve cette idée fort intéressante. Et angoissante. Est-il condamné à vivre indéfiniment une existence sans saveur, simplement parce qu'il est trop blasé ? Il espère bien que cela s'arrêtera. Un jour. Il n'a pas payé de tribut, il n'a donc aucune raison de se sentir aussi bloqué. Et pourtant, c'est le cas. Il se demande parfois s'il n'est pas un damné que l'on aurait vidé de sa substance. « Tu es seul à enquêter ? Si tu veux, je te propose mon aide. Je suis curieux. » Il sourit légèrement, comme pour essayer de convaincre Yemdel d'accepter. Il souhaiterait qu'il passe outre l'incident du dimanche soir et qu'ils repartent sur de meilleures bases. Que demander de plus qu'une coopération fructueuse ? Enfin, encore faut-il que cela fonctionne. Il n'est pas assuré qu'ils vont réussir à mener à bien leur enquête, surtout que Zohar n'en a jamais fait.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaLun 19 Jan - 11:06

Passé un premier instant d'hébétude lorsqu'il se rappela que, comme il le disait, Zohar habitait bien ici, Yemdel essaya de se détendre un peu. C'était plus fort que lui : il ne pouvait s'empêcher de se méfier de ce sauvé qui travaillait son image comme un beau costume. Yemdel l'appréciait sincèrement, à certains moments ; mais pas quand il était question de cadavres disparus et de traces de sang fraîches. La personnalité trouble de Zohar ne convenait pas à la situation. Bien au contraire, elle ne faisait qu'accroître un sentiment de malaise grandissant chez Yemdel. Le coiffeur paraissait étrangement menaçant sous ce clair de lune qui faisait ressortir la blancheur surnaturelle de sa chevelure. Sans compter que les raisons qui avaient pu le pousser à sortir de chez lui devaient être elles aussi terrifiantes. Yemdel avait renoncé à essayer de comprendre la psychologie de Zohar le jour où il avait compris qu'elle cachait d'obscurs secrets qu'il valait mieux ne pas déterrer. Mieux valait se concentrer sur des faits indéniables.
Enfin, indéniables, c'était vite dit. On lui avait promis un cadavre, et il ne trouvait qu'une mince filet de sang. Tout cela sentait l'arnaque. Si Yemdel n'avait pas été aussi certain que le coiffeur n'aurait jamais fomenté ce genre de complots, il en aurait conclu qu'il avait trouvé le coupable idéal en sa personne. Et quelle surprise ce fut que de constater que Zohar semblait très bien connaître certains secrets de ce monde. Certes, ce n'était pas le secret le mieux gardé du monde, et les habitants pouvaient très bien en avoir fait l'expérience d'une manière ou d'une autre. Non, ce n'était pas ce qui faisait trembler Yemdel. Zohar avait posé sa question avec un tel naturel qu'il donnait l'impression d'avoir fait personnellement l'expérience de tuer une personne avant de se rendre compte que c'était impossible. Même lorsqu'il jouait à l'innocent, Zohar paraissait trouble. Mais il fallait bien jouer le jeu, puisque Yemdel n'avait aucune preuve formelle contre lui et ne le soupçonnait pas vraiment.

« En effet, tu es bien informé, fit Yemdel, sur le qui-vive. Ce qui n'est pas une raison pour ne pas s'occuper des restes en attendant qu'il revienne à la vie, ou de considérer qu'il n'y a pas eu crime parce que l'arme est réversible. En outre... »

Il fit quelques pas autour des traces de sang, preuves indélébiles de la culpabilité d'une ou plusieurs personnes à Ethernite, puis fit le tour de la scène de crime, qui était plutôt petite compte tenu de l'étroitesse de la ruelle. Peu importe si on ne pouvait pas prouver qu'il y avait eu crime parce que l'arme ou le corps manquait : les lieux parlaient d'eux-mêmes.

« Notre travail consiste également à sécuriser les lieux et à prévenir la criminalité. S'il y a eu crime, il doit y avoir sanction. Et à en juger par les traces de sang, quelqu'un s'amuse à traîner des corps morts jusqu'ici. »

Sur cette brillante déduction, Yemdel se rapprocha davantage de Zohar. De plus près, il ne paraissait pas vraiment moins menaçant, mais il était plus facile de lui parler et de remarquer ses expressions faciales. Celle de Yemdel à cet instant était plutôt facile à interpréter : il s'était plongé dans le rôle du lieutenant et analysait la situation en laissant un maximum de sentiments de côté. Peut-être une légère inquiétude se voyait-elle dans ses sourcils : l'un des deux étaient légèrement trop relevé par rapport à l'autre. Yemdel espérait que Zohar n'en profiterait pas pour le traiter de trouillard. Yemdel fit craquer les jointures de ses doigts pour se mettre au travail.
Malheureusement, Zohar avait bien envie de travailler avec lui. La façon dont il s'était positionné, qui barrait la route au lieutenant et qui lui cachait un peu de lumière, semblait dire à Yemdel qu'il ne pourrait pas se passer de lui. Si cette posture était inconsciente, Zohar était très certainement un génie. Quitter la scène de crime sans avoir eu le temps de l'inspecter était impensable. Se débarrasser de Zohar paraissait tout aussi impossible que de voler sans ailes. Bien que contrarié par la présence d'un coiffeur qui avait l'allure d'un sociopathe, Yemdel n'eut pas d'autre choix que d'accepter. La bonne volonté n'y était pas : il était tout simplement résigné à son sort.

« En fait, je ne crois pas que notre bon ami était mort. Il n'y a pas assez de sang frais pour ça, et il est déjà parti. Il a dû perdre connaissance quand un passant l'a remarqué. Sauf si ce dernier nous mène en bateau depuis le départ, ce qui ne serait pas impossible. »

Tout cela pour décliner l'offre fort aimable du coiffeur. Bien sûr, cette hypothèse restait également la plus probable. Yemdel laissa Zohar s'exprimer sur la scène de crime. Ce dernier avait beau ne pas être un spécialiste, avec son esprit tordu, il était fort probable qu'il parvienne à trouver quelque chose qui échapperait au professionnalisme de Yemdel. Le lieutenant croisa les bras, attendant sa réponse. Peut-être pourrait-il en profiter pour demander au coiffeur de fouiller dans les poubelles à la recherche d'indices. Il y avait justement une benne béante à deux mètres de l'endroit supposé du corps. Zohar allait-il refuser ? C'était un coiffeur : il devait très certainement avoir peur de se salir ou d'abîmer sa coiffure. Yemdel allait devoir se coltiner la poubelle tout seul. Pour la première fois de la soirée, il exprima son agacement. Il n'aimait pas donner des ordres à d'autres personnes que ses subordonnés et était bien trop honnête pour laisser la poubelle au coiffeur. Parfois, être trop gentil avait bien des désavantages.
Yemdel allait se diriger vers la poubelle quand il entendit un bruit à quelques mètres de là. Peut-être était-ce seulement un chat ou un morceau de façade tombant malencontreusement dans la route. Avec un peu de chance, l'homme blessé pouvait être à proximité. Ils se devaient de lui porter secours s'il était présent, et ce même s'il était un criminel recherché. Autant envoyer Zohar. Avec un peu de chance, il aurait assez peur pour qu'il ravale son agaçante supériorité. Mais il ne fallait pas vraiment compter là-dessus.

« Tu peux aller vérifier pendant que j'inspecte les ordures ? »

Ah, oui, les poubelles, Yemdel en raffolait.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaLun 19 Jan - 11:51

Zohar n'a guère l'impression de déranger. Sa curiosité est peut-être légèrement mal placée, et il n'est pas la personne la plus appropriée pour mener une enquête - il ferait donc bien mieux de laisser le professionnel s'en occuper. Toutefois, le sauvé pense sincèrement qu'il pourra être utile au lieutenant. Ce dernier n'est-il pas tout seul ? Il aura très certainement besoin d'un coup de main, personne ne peut s'occuper d'une telle affaire tout seul. Zohar est surpris. Il ne pensait pas que des gens pouvaient commettre des meurtres ici. A quoi bon, puisque la personne finissait toujours par revenir indemne, d'après la rumeur ? Peut-être s'agissait-il d'une façon de faire souffrir. Après tout, cela ne devait avoir rien d'agréable de revenir à la vie : leur nouvelle existence n'est pas épargnée par la douleur. Bien évidemment, Zohar ignore les détails. Peut-être y a-t-il d'autres choses à propos de ces résurrections qu'il ignore. Quelque chose qui en vaudrait la peine. Peut-être devrait-il demander au lieutenant ; Yemdel, trop poli, n'a pas osé lui faire remarquer qu'il était un gêneur. Quel homme bien, vraiment, c'est rassurant de voir ce genre de personnes occuper un poste à responsabilités. Autant laisser les autres emplois à des types comme Zohar, qui n'ont pas grand-chose à apporter à la société qu'ils parasitent. Passant machinalement la main dans ses cheveux, si doux au toucher - une habitude que Zohar a pris, d'autant plus depuis qu'il s'est établi comme coiffeur -, Zohar se penche vers le sol, en écoutant attentivement les déductions de Yemdel. Visiblement, il s'agit d'autre chose que d'un meurtre ; les rumeurs étaient infondées, et le sauvé se sent un petit peu déçu à cette idée. Dommage, ce n'est pas pour aujourd'hui qu'il pourra se confronter à sa propre nature. Ce ne sont pas des traînées de sang sur le sol qui vont provoquer le déclic ; il les observe avec indifférence, n'ayant pas la moindre compassion pour la personne qui a pu subir cela. Qu'est-ce que la douleur, au juste, sinon un signal ?

Ainsi, un corps qui n'est pas mort, mais qui a perdu du sang et qui a été vraisemblablement déplacé. Zohar croit le lieutenant sur parole. Ce dernier se déplace autour des traces écarlates, visiblement tout aussi peu dérangé par cette vision - professionnel jusqu'au bout des ongles. Et Zohar se demande qui il pouvait être, autrefois. Un agent de police ? Ou un meurtrier ? Peu importe, du moment qu'il fait bien son boulot à présent. Yemdel lui est apparu comme une personne assez insensible, de toute façon. Le genre de personne assez peu émotive qui ne se laisse pas impressionner par si peu, qui met ses sentiments de côté pour protéger les autres. Une personne dévouée au bien - voilà comment Zohar envisage Yemdel. C'est quelqu'un qui ne se laisse pas abattre par la nuit, quelqu'un qui continue de briller malgré les ténèbres. Une personne dont le cœur ne change pas une fois la nuit tombée - totalement grise, comme lui au fond. En fait, Yemdel lui ressemble plus qu'il ne voudrait l'admettre, dans sa façon de faire le bien de façon froide et distante. C'est ce qui est ressorti du fameux incident du dimanche soir.

Zohar se relève et s'étire légèrement. « Voilà qui mérite une enquête, dans tous les cas. Si nous autres, simples civils, n'avons plus la possibilité de dormir sur nos deux oreilles, notre société s'effondrerait, n'est-ce-pas ? » Comme à peu près tout ce qui s'échappe des lèvres de Zohar, les mots sonnent faux. On dirait un discours que l'homme a appris par cœur avant de pouvoir se glisser dans n'importe quelle conversation sans choquer quiconque. Yemdel, entendant un bruit à proximité, lui demande de vérifier d'où cela provient. Le coiffeur acquiesce et s'éloigne un peu. S'il ne se trompe pas, le bruit provenait d'un peu plus loin dans la rue. Il aperçoit alors une forme noire allongée sur le sol, trop petite pour être un humain, mais de taille assez conséquente tout de même - et de couleur chair. En s'approchant, Zohar parvient à distinguer la forme d'un bras, sectionné peu avant le coude, entièrement vidé de son sang - d'où la teinte très pâle. L'homme, fasciné, s'accroupit et tend le doigt vers la chair morte, qu'il effleure légèrement, avec un peu d'hésitation, avant de l'enfoncer un peu plus. Curieux, comme cette sensation n'est pas du tout celle à laquelle il s'attendait. Qui plus est, il a toujours entendu qu'un corps mort était froid, mais la peau est glaciale. Intérieurement, cela ne lui fait rien. Il ne ressent pas l'envie de vomir ou de s'enfuir en hurlant - peut-être parce qu'il n'y a pas de sang. Ou alors parce qu'il y est véritablement insensible. Zohar lève la tête pour essayer de deviner son point de départ. Les volets sont fermés, sauf au dernier étage où la fenêtre est entrouverte. Peut-être que le bras provient de là. Le laissant là où il est - il ne va pas se trimbaler avec un bras, tout de même - Zohar s'approche de la porte d'entrée, et essaie d'ouvrir. Bien sûr, c'est fermé à clé, comme il s'y attendait. Tant pis, il n'a qu'à demander au lieutenant de se servir de son autorité. Zohar retourne sur ses pas et aperçoit Yemdel en train de fouiller dans la benne. Il se racle légèrement la gorge pour attirer son attention. « J'ai trouvé un morceau de corps, Yem. Mais je n'ai pas accès à l'endroit où il est tombé, j'ai besoin de toi. » Toutefois, le lieutenant ne saute pas sur ses pieds pour le suivre illico : il est beaucoup trop froid pour se laisser emballer par une telle découverte. Aussi Zohar doit-il attendre un peu avant d'avoir toute son attention, et il ne peut s'empêcher de rire en voyant l'état de son bel uniforme. « Tu es beau, lieutenant. » : lance-t-il d'une voix légèrement amusée, avant de lui indiquer du doigt l'emplacement un peu plus loin.  « Là-bas. Nous devons entrer dans cette maison, quelqu'un a jeté un bras de la fenêtre. Ce n'est pas du tout normal. » L'indifférence avec laquelle Zohar s'exprime en ferait certainement plus d'un. Quel genre d'homme ne s'émeut pas de voir un bout de corps mutilé ? Quel genre d'homme envisage cela froidement, sans pour autant faire partie de la garde ?
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaMer 21 Jan - 19:17

À nous deux, la benne.

Yemdel faillit revenir sur son ordre et échanger sa place avec Zohar, malheureusement, le coiffeur s'était déjà éloigné pour s'enquérir du bruit sinistre qu'ils avaient entendu. Zohar courait peut-être un danger : si un criminel assoiffé de sang attendait dans l'ombre pour agresser la première personne qui lui tombait dessus, Yemdel se sentirait coupable à jamais. Peu importait si Zohar en réchapperait forcément : on pouvait tout de même lui faire vivre un enfer sans le tuer définitivement. Tout ce qu'il restait à espérer, c'était que personne ne s'en prendrait à lui, et surtout, que si une personne se cachait dans l'ombre, qu'elle serait trop impressionnée par Zohar pour oser s'en prendre à lui. Zohar pouvait en effet être assez terrifiant pour dissuader les agresseurs : sans doute était-ce pour cela que, alors même qu'il traînait souvent dans les quartiers les plus dangereux de la ville, il ne lui était jamais rien arrivé.
Cela ne réglait pas son problème de benne à ordures. L'odeur était bien entendu immonde. Yemdel avait l'habitude des odeurs nauséabondes, mais celle-ci était plus forte et répugnante que la moyenne. Yemdel disposait d'une paire de gants de cuir qu'il utilisait pour ce genre d'occasions peu ragoutantes, mais il n'avait rien pour protéger le reste de son corps. Son uniforme allait avoir besoin d'un nettoyage intensif le plus tôt possible. Il remonta tout de même les manches pour s'attaquer méticuleusement à ce travail. Farfouiller parmi les restes de nourriture parfois fermentée et les débris divers dont on préférait ne pas connaître la provenance n'était pas l'exercice le plus agréable du monde. L'envie était forte de retourner rapidement les poubelles sans chercher à déterminer leur contenu exact pour aller à l'essentiel. Lorsque l'on était aussi consciencieux que Yemdel, ce genre de raccourci était bien évidemment inacceptable. Le lieutenant sortit les poubelles une à une, inspecta le fond de la benne, qui ne contenait que des relents écœurants, puis éventra bien proprement les sacs pour explorer leur contenu, avant de les remettre l'un après l'autre dans la benne. Aucun corps ou morceau de corps n'y avait été caché ; on ne pouvait pas vraiment appeler cela une bonne nouvelle, mais c'était plutôt réjouissant. En revanche, il avait trois couteaux différents, et Yemdel était en train de les inspecter l'un après l'autre lorsque Zohar revint vers lui.
Yemdel ne savait pas ce qui l'embêtait le plus : le fait que les gens jetassent leur couteau sans prendre la moindre précaution, ou le fait qu'il avait trois couteaux sans parvenir à dire s'il s'agissait d'une des armes du crime ou non. Il élimina d'emblée le couteau de cuisine tordu et émoussé qui était dans un tel état d'usure qu'il n'aurait pas pu servir à ces sombres activités. En revanche, les deux autres couteaux étaient des armes potentielles. Ils étaient trop dépareillés pour avoir été utilisés ensemble. Dans sa main gauche, un élégant poignard à la garde richement décorée qui semblait bien conservé, à l'exception de trois trous dans la lame qui semblaient avoir été faits par de l'acide. Dans sa main droite, un couteau à lame courbe qui était particulièrement laid et dont la garde était quant à elle très usée. Les deux armes étaient à peu près aussi différentes l'une de l'autre qu'il était possible de l'être. L'une semblait pouvoir être utilisée, mais elle était particulièrement étrange et devait être difficile à l'usage. L'autre était parfaite, si ce n'étaient ces mystérieux trous. Les armes n'apportaient aucune réponse, mais multipliaient les questions : étaient-elles à l'origine du crime ? Avaient-elles été abandonnées là par hasard ? Pouvaient-elles vraiment être utilisées pour... ce qui avait été fait dans la rue ? Il était encore trop tôt pour le déterminer.
Yemdel apprécia peu la remarque du coiffeur sur son uniforme, qui faisait sa fierté et qui était effectivement dans un bien mauvais état. Malgré toutes ses précautions, le tissu avait pris l'odeur de la benne et quelques déchets avaient taché le vêtement. Il ne fit cependant aucune remarque, se contentant d'adresser à son encombrant coéquipier un regard meurtrier qui indiquait qu'il n'était pas d'humeur à en entendre plus. La meilleure façon de faire oublier ce détail dérangeant était finalement de changer de sujet et de revenir sur ce qu'avait déclaré Zohar.

« Un bras, tu as dit ? En effet, ce n'est pas du tout normal. »

Voilà qui était curieux. Personne n'aurait songé à se débarrasser aussi grossièrement d'une preuve à quelques mètres de la scène de crime, encore moins quand un inspecteur et son collègue improvisé s'étaient décidés à ratisser le quartier. La personne qui l'avait jetée n'avait fait preuve d'aucune prudence si Zohar avait été capable de déterminer l'endroit d'où le lancer avait eu lieu. Deux incohérences pour un bras, c'était beaucoup. Ce bras posait tant de question que Yemdel n'eut même pas le temps d'être choqué par le calme du coiffeur. Cela étant, de sa part, plus rien ne l'étonnait vraiment.
Yemdel tendit les deux couteaux à Zohar pour les faire inspecter. Au point où il en était, le coiffeur serait peut-être capable de lui en apprendre un peu plus sur leurs propriétaires ou sur la façon de s'en servir. Puisque aucun des deux n'était un couteau de barbier, Zohar était hors de tout soupçon. Le bras l'innocentait également, mais il se pouvait qu'il y ait une autre arme dans les parages. Pendant ce temps, Yemdel alla constater la présence du bras à quelques mètres de là. La scène était exactement comme l'avait décrite Zohar, sans grande surprise. De la fenêtre entrouverte, aucun son ne sortait, pas même un cri humain désespéré. Yemdel ne savait plus quoi penser. S'il y avait eu un blessé, on l'aurait très certainement entendu.
Il attendit de voir Zohar à ses côtés avant d'annoncer :

« C'est un piège, à n'en pas douter. Tous les éléments semblent bien trop évidents pour être honnêtes. Quelqu'un attend visiblement de nous que nous entrions. »

Yemdel se retint de lancer un second regard noir à Zohar, en référence à l'événement du dimanche soir dont ils ne souhaitaient pas parler. Tout ce que je peux dire, c'était que cet événement s'était très mal fini, et que cette histoire risquait probablement de connaître une fin aussi tragique.
Ils n'avaient pas vraiment le choix. Ils pouvaient faire comme si rien ne s'était passé. Yemdel rédigerait alors un rapport où il expliquerait pourquoi son enquête n'avait rien donné. Ce serait d'ailleurs bien préférable, puisque Zohar n'avait encore rien fait de préjudiciable et qu'il valait mieux en rester là. Mais Zohar allait poser problème : il allait vouloir entrer de toute manière, comprendre le fin mot de l'histoire et allait s'attirer une foule d'ennui. Yemdel était responsable de la sécurité des citoyens, même les coiffeurs dont le plus grand don était de se trouver dans des situations dangereuses. Parce qu'il ne pouvait pas retenir Zohar, Yemdel céda. Force est de reconnaître que cela lui fut bien difficile :

« Bon, d'accord. On entre. On jette un coup d'œil, mais pas d'action irréfléchie, d'accord ? »

Yemdel s'assura que Zohar avait bien compris. Comme il ne le pouvait pas, il abandonna cette idée. Le lieutenant enfonça la porte de la demeure dans un grand grincement. Personne ne réagit dans la maison, ce qui n'était pas bon signe. Ou ils étaient attendus, ou les habitants étaient en train de prendre la fuite. S'ils étaient innocents, ils se seraient déjà manifestés. Regrettant de ne pas avoir appelé de véritable renfort, Yemdel dégaina et s'enfonça dans le couloir sombre. Il espérait que Zohar allait rester bien derrière lui et ne rien tenter de téméraire, mais il avait l'intime conviction que ce vœu ne se réaliserait jamais.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaJeu 22 Jan - 20:40

Un bras qui tombe du ciel. Un cadavre qui disparaît sans laisser d'autres traces que quelques gouttes de sang. Et le cadre nocturne, cette nuit sombre propre à réveiller les pires profondeurs de l'âme - sauf la leur. Voilà la scène sur laquelle se joue le drame, et Zohar se fait l'effet d'un acteur plus que d'un enquêteur. Pourquoi ? Parce que tout cela est surnaturel. Comique, dans le sens négatif du terme. L'enquête policière n'est qu'une parodie, au fond, de celle que l'on peut trouver sur Terre : il y a meurtre sans qu'il y ait mort. La victime finit toujours par se relever. Le sauvé pourrait presque en rire. Pour lui, un monde dans lequel on vit éternellement est un enfer. Surtout lorsque, comme lui, on n'a rien pour combler le manque. Le désir de Zohar le brûle de l'intérieur. C'est son moteur, ce qui lui permet d'avancer malgré sa démotivation. Aussi pessimiste que le coiffeur puisse paraître, il garde espoir. Un jour, sa vie sera différente. Plus excitante. Plus emplie. Plus intéressante. Tout simplement vivante. Zohar n'est pas loin de ce bras sans vie qui gît sur le trottoir. Il n'est qu'un bloc de chair sans âme et sans ambitions, attendant de voir le temps passer. Yemdel, il est différent. Il est froid, distant, il est professionnel ; il y a une véritable ironie dans son rapport avec le monde. Pour autant, il semble être au dessus de la moquerie. Il exprime simplement ce qui est décalé, et les autres l'observent d'un air étrange, se demandant bien ce que peuvent dire ses paroles. Zohar, lui, le comprend. C'est juste quelqu'un qui ne s'intéresse guère à ses propres sentiments. Une personne que seule la raison dicte. D'une certaine façon, c'est effrayant. Des personnes comme ça ne se laissent guère attendrir ; elles ne vous sauveront qu'après avoir mesuré le pour et le contre - même si, dans le cas de Yemdel, il aurait tôt fait de penser que c'est là son métier, et n'y verra donc pas trop d'inconvénient.

Pourtant, Yemdel est froid. Il semble bien plus dérangé par l'état de son uniforme que par le fait de fouiller les poubelles. Aurait-on garanti la sécurité de ses précieux vêtements, il n'hésiterait sans doute pas à se lancer dans la fouille s'il estime que cela peut lui être utile. De sa recherche, il a trouvé trois couteaux, que Zohar examine avec attention. Bien entendu, le couteau de cuisine est au dessus de tout soupçon. Le second est tout à fait intéressant : un poignard, n'est-ce-pas une armée idéale ? La lame courbe du troisième couteau pourrait certes convenir aussi, mais... Zohar n'en voit guère l'utilité pour un assassinat. Ne serait-ce pas mieux pour éplucher des légumes ? Il n'en sait trop rien, mais il préfère parier sur le poignard, plus suspect. Il le tend donc à Yemdel, en expliquant : « Je pense que c'est celle-là que tu recherches. » Il indique la lame en signe d'explication, et rejette le couteau de cuisine. Il conserve toutefois le couteau à lame courbe - on ne sait jamais.

Pour Yemdel, la situation actuelle est un piège. Il est impossible que quelqu'un jette un bras depuis l'intérieur, c'est sans doute un appât. Il est vrai que ce n'est pas tous les jours que des bras tombent du ciel. Toutefois, Zohar hausse les épaules, faisant comme si c'était possible. « Qui sait, il s'en passe de drôles de choses, dans ce monde. Il y a de sacrés tarés. » Le coiffeur en a rencontré. Des gens qui ne vont pas très bien dans leur tête mais qui sont plutôt inoffensifs, c'est sans doute pour cela qu'on les tolère sans trop protester. Il a même pu s'occuper de la chevelure de certains d'entre eux, une expérience qu'il n'est pas près d'oublier - Zohar se souvient toujours des coupes qu'il a eu l'honneur de réaliser. Toutefois, il dit surtout cela pour essayer de contredire la logique de l'incident du dimanche soir. Non, les choses ne se dérouleront pas de la même façon, il s'en fait la promesse. Cette fois, les choses se termineront bien. Ils ne peuvent pas reproduire les mêmes erreurs alors que désormais, ils se connaissent plus ou moins. Il comprend cela dit la réserve de Yemdel. Lui-même ressent une forme d'appréhension à l'idée d'entrer là-dedans, même si ce sentiment est étouffé par sa curiosité dévorante. Le lieutenant doit le ressentir, puisqu'il lui propose d'entrer, tout en l'exhortant à la prudence. Zohar lui lance un regard noir. Est-il du genre à faire des actions inconsidérées ? Sa seule motivation, c'est de trouver quelque chose qui peut lui plaire ; et il a déjà remarqué que la peur et le danger ne changeaient pas grand-chose en lui. Certes, elles sont prenantes, et le sauvé peut avoir réellement peur : toutefois, elles ne font que chatouiller son instinct de survie, elles ne lui donnent pas le goût de la vie. Et une fois qu'elles le quittent, Zohar est toujours aussi vide, sinon plus qu'avant. Ce n'est donc pas quelque chose de souhaitable pour lui.

Zohar suit Yemdel à l'intérieur de la bâtisse, remarquant que le lieutenant n'allume pas la lumière. Le sauvé n'en est pas réellement dérangé, il y a  tout de même un peu de lumière qui lui permet de distinguer là où il met les pieds, en provenance de l'extérieur ; il n'en demande donc pas davantage. Yemdel s'enfonce dans la cage d'escaliers, faisant légèrement grincer les marches qui n'ont pas l'air de première jeunesse ; Zohar en fait de même, avec cependant un peu plus de bruit. Il n'est pas habitué à marcher discrètement, c'est loin d'être un sujet de préoccupation pour lui. Le lieutenant s'arrête au premier étage qu'il arpente de long en large, comme pour s'assurer qu'il ne s'y passe rien de dangereux. Un réflexe que n'aurait jamais eu Zohar : lui serait monté directement au dernier. Au final, ils y arrivent quand même, c'est simplement qu'ils ont mis un peu plus de temps. Le sauvé se demande si Yemdel a fait un repérage des lieux. Lui-même a tenté de les observer attentivement, mais bon, dans le noir, c'est assez difficile de repérer quoique ce soit.

La tension monte quand ils arrivent au dernier palier. Zohar est capable de le sentir. D'ailleurs, lui-même se sent quelque peu nerveux. Pourtant, il ne va rien lui arriver, n'est-ce-pas ? Il ne mourra pas. Donc il n'a pas à s'en faire. Devant eux se dresse une porte à travers laquelle filtre un peu de lumière. Zohar va coller son oreille contre le bois, mais n'entend absolument rien. Il fait donc signe à Yemdel que derrière règne le silence, quand bien même la lumière indique une possible présence. Il s'éloigne de la porte quand tout à coup, un homme ouvre grand la porte et les observe sans la moindre surprise - il a dû les entendre monter. Il jette un coup d'œil au bel uniforme taché de Yemdel et ne s'intéresse quasiment pas au coiffeur. « Oh, vous êtes de la Garde impartiale ! Belle nuit, n'est-ce-pas ? En quoi puis-je vous être utile ? » Il s'efface légèrement, et Zohar en profite pour pénétrer à l'intérieur, laissant au garde le soin d'expliquer la raison de sa présence. C'est son boulot, non ? Le sauvé observe la pièce et siffle d'un air admiratif. Des corps, partout à travers la pièce... mais certainement pas des corps morts. Ils n'ont même jamais été vivants : ce ne sont que des morceaux de plastique façonnés de manière à ressembler à des membres humains. Ici, une main, là un genou. Il y a même des pièces un peu plus, comment dire, exotiques, comme un œil bien rond, brillant comme du verre, posé sur une surface plane s'apparentant à une table et constituée d'une planche montée sur des tréteaux. En somme, l'homme est un artiste qui s'amuse à fabriquer des corps humains. Fausse alerte, donc.

… est-ce vraiment le cas ?
Un type qui fabrique des reproductions du corps humain en taille réelle, c'est suspect. Et puis, qu'en plus, un bras tombe de la fenêtre ? Zohar n'est peut-être pas un enquêteur émérite, mais il trouve cela bizarre. Sans compter qu'un élément le perturbe. Cette flaque rouge, minuscule, à côté d'une porte fermée. Le coiffeur traverse la pièce et s'abaisse. En touchant, il se rend bien compte que ce n'est pas de la peinture. C'est vraisemblablement du sang.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaSam 24 Jan - 16:27

L'odeur fut ce qui surprit le plus Yemdel lorsqu'il entra dans la bâtisse. Derrière l'odeur de renfermé dominante dans toutes les pièces, un relent plus subtil le prenait à la gorge et lui donnait envie de tousser. Déterminer la nature de cette odeur secondaire était difficile, car elle se sentait à peine. Toutefois, elle évoquait des produits chimiques assez forts. Derrière le lieutenant, Zohar ne paraissait pas indisposé. En tant que coiffeur, il devait manipuler un certain nombre de produits toxiques et devait être habitué à ce type d'odeur. Le lieutenant était sur le qui-vive et s'efforçait de repérer toute forme de vie dans les pièces qu'ils croisaient. Toutes ces salles étaient manifestement abandonnées. Une fine couche de poussière recouvrait les meubles et le sol : impossible de pénétrer dans la pièce sans se faire remarquer. Les différentes pièces qu'ils croisaient, salon, bibliothèque ou encore cuisine, étaient en parfait état. Aucun signe de pourriture ou d'usure, ni le moindre signe de bagarre. Tout semblait comme si le propriétaire des lieux avait déserté sa maison depuis quelques temps. Cependant, les pièces étaient parfaitement rangées, comme si ce départ était volontaire, et surtout, le couloir était quant à lui parfaitement entretenu. Yemdel avait à peine la place pour s'y déplacer avec son épée et espéra ne pas faire de mauvaise rencontre, qui s'achèverait à son désavantage. Si on l'attaquait par l'arrière, Zohar prendrait tout, mais le lieutenant ne songea pas à s'en inquiéter : le coiffeur saurait faire face au danger s'il lui tombait dessus. Au moment de monter les escaliers jusqu'au premier étage, Yemdel ne put s'empêcher d'éprouver un peu d'inquiétude. Les escaliers étaient étroits et il serait difficile de se défendre dans un tel lieu. Fort heureusement, ils ne rencontrèrent personne, pas plus qu'au premier étage. Toujours suivi de Zohar, Yemdel observait attentivement autour de lui pour vérifier qu'ils n'étaient pas en danger. Contrairement au rez-de-chaussée, le premier étage semblait occupé, puisque les traces de poussière ont disparu. Quatre chambres de part et d'autre du couloir constituaient ce premier étage. Tous leurs volets étaient fermés et une lumière tamisée régnait dans les chambres, toutes décorées d'une couleur différente : vert pomme, saumon, bleu marine et rouge corail. Aucun bruit ne parvenait des chambres, mais on entendait distinctement des pas résonner. Le bruit venait de l'étage supérieur. L'odeur chimique se renforça ; Yemdel faillit tousser, mais il réussit à se contenir. Toute cette scène lui paraissait bien étrange : il s'attendait à être attaqué, mais on laissait les deux intrus se diriger vers l'étage suspect. Un mauvais signe pour le lieutenant.
Au dernier étage, la configuration était à peu près la même, mais cette fois-ci, toutes les portes étaient fermées. Yemdel voulut ouvrir celle de droite, mais elle était bloquée, sans doute verrouillée par le propriétaire des lieux. Dans son dos, le coiffeur s'agitait : il avait apparemment repéré une porte suspecte face à eux, puisqu'il alla coller son oreille derrière. Yemdel aurait préféré procéder de façon méthodique, mais il ne pouvait pas crier après Zohar sans révéler précisément sa présence, ce qu'il répugnait à faire, alors même qu'il était évident qu'ils étaient déjà repérés. Zohar revint vers lui pour lui signaler le rai de lumière jaillissant sous la porte... avant d'être interrompu dans son élan par la porte qui s'ouvrit. Le lieutenant faillit jurer : un civil se tenait entre son suspect et lui. Il ne pourrait jamais protéger Zohar dans ces conditions. Avant qu'il eût le temps d'interpeller l'individu, le nouveau venu prit la parole pour les accueillir. Il laissa même Zohar entrer, alors que Yemdel mourrait d'envie de lui crier de rester dehors. Décidément, ce Zohar faisait tout pour se mettre en situation difficile. Il avait heureusement eu l'idée de laisser les couteaux au coiffeur : il n'était pas totalement démuni. Se retenant de gronder Zohar, le lieutenant choisit d'occuper l'habitant pour rendre service à son apprenti collègue.

« Contrôle de la Garde. Un corps estimé mort a été signalé à la Garde il y a quelques minutes et a disparu. Un bras est tombé de votre fenêtre peu de temps après. Nous venons vérifier que vous respectez bien la loi et ne vous adonnez pas à des mutilations coupables. »

Sans s'en rendre compte, Yemdel avait fait passer Zohar pour un garde lui aussi, alors qu'il n'en avait pas du tout l'intention. Cela étant, il était plus simple d'expliquer sa présence ainsi : comment justifier en effet qu'un coiffeur qui avait l'apparence d'un tueur fou l'accompagnait en pleine nuit lors de ce contrôle ? L'individu suspect ne souligna pas le fait que Zohar ne portait aucun uniforme - il eut également le bon goût de faire semblant de ne pas remarquer le mauvais état de celui de Yemdel. Il jeta un coup d'œil à l'intérieur de son cabinet, où Zohar restait bouche bée dans une attitude qui n'était pas du tout professionnelle, puis se retourna vers Yemdel.

« Êtes-vous sûr que vous aviez affaire à un corps ? Il s'agissait peut-être d'un ivrogne qui s'est effondré sur les pavés, et vous aurez confondu son sang avec le contenu de son estomac. Pour le bras, en revanche, je peux vous fournir une explication. Entrez dans mon laboratoire, je vous prie. »

Méfiant, Yemdel serra la main sur son épée et s'avança jusqu'au seuil, qu'il se refusa à franchir. Tant de précaution était désormais inutile, puisque Zohar était déjà entré dans le laboratoire et que Yemdel serait tenu de le sauver si l'étrange savant fou décidait de le garder captif. Yemdel fut cependant saisi par la vision qui s'offrait à lui. Des morceaux de corps mécaniques qui encombraient cette pièce, et cette petite flaque de sang que l'œil exercé de Yemdel ne manqua pas de remarquer tout au fond. Mais le lieutenant n'éprouva aucune admiration pour ce macabre travail. Il ne manifesta aucune émotion, mais intérieurement, il était très remonté contre son suspect, qui dégradait la nature humaine par d'infâmes expérimentations. Ce dernier était cependant déjà occupé à se justifier tout en rangeant son laboratoire pour libérer un peu d'espace au sol :

« Comme vous le voyez, ce bras m'a échappé. J'étais justement en train de le remplir de sang - du sang artificiel, je précise -, mais son élasticité était bien trop forte et il a sauté par la fenêtre. Quelle tragédie ! Je regrette que vous soyez tombés dessus. »

La fenêtre du laboratoire était grande ouverte, mais Yemdel remarqua immédiatement un détail qui clochait :

« Cette fenêtre ne donne pas sur la rue. Vous étiez donc ailleurs, et je gage que cet ailleurs se trouve derrière cette porte. » dit-il en la désignant.

Si le savant paniqua, il ne le montra pas. Son sourire s'élargit encore, presque crispé, tant il était évident qu'il n'avait pas envie de les voir s'aventurer derrière cette porte. Il mit ses mains bien en évidence, comme pour prouver qu'il était totalement inoffensif, et se plaça en travers leur route.

« Oh, peut-être. Mais parlons sérieusement : allez-vous m'accuser d'emblée sans prendre la peine de m'écouter ? Allez-vous céder à vos instincts les plus primaires et me fondre dessus comme une bête affamée ? Tout de même, nous sommes entre gentlemen, alors parlons. Il serait sans doute plus avisé de m'aviser avant d'inspecter. Vous risqueriez de ne pas comprendre la nature exacte de mes expérimentations si vous fonciez tête baissée. Dites-moi, qu'en dites-vous ? »

Son ton mielleux donnait envie à Yemdel de l'arrêter sur le champ. Mais il avait un civil à protéger qui semblait préférer satisfaire sa curiosité plutôt que d'être en sécurité. Yemdel avait peur de voir Zohar foncer dans le tas et agresser son suspect. Et si ce n'était pas dans ce sens, ce serait dans l'autre : le suspect pouvait très bien les agresser s'ils essayaient de forcer le passage. Regrettant d'être seul, mais sans lâcher son épée ou abaisser sa lame, Yemdel calcula les diverses possibilités qui s'offraient à lui. Il conclut qu'il avait autant écouter le savant avant de procéder à son inspection. Il lui fit donc signe de parler et jeta un regard autoritaire à Zohar, qui lui signifiait qu'il n'avait pas intérêt à embourber la situation.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaDim 25 Jan - 16:35

De plus en plus intéressante, cette histoire. D'abord, un corps qui disparaît en laissant derrière lui des traînes de sang, preuve qu'il y a bien eu méfait. Des couteaux trouvés dans une poubelle. Ensuite, un bras qui tombe de la fenêtre d'un appartement. Et à présent, de nouveau du sang. Zohar est formel, ce ne peut être autre chose. Bien sûr, il ne prétend pas être un enquêteur de renom, capable de reconnaître du sang à première vue ; toutefois, il lui semble que c'est assez évident, il ne s'agit pas là d'un colorant rouge de très bonne qualité. Et pendant ce temps, Yemdel est en train d'occuper l'homme en se présentant comme un lieutenant de la garde. Il précise également qu'un corps a été trouvé, et Zohar et ne peut s'empêcher de rire intérieurement en y pensant. La façon dont le lieutenant en parle est comique parce qu'il semble totalement inexpressif. Comme si cela ne lui faisait strictement rien. En même temps, peut-être qu'il s'en fiche un peu, il ne fait que son métier, pourquoi s'en émouvoir ? Le plus étrange, c'est plutôt l'indifférence de Zohar, qui voit du sang et ne songe pas du tout à réagir. Comme si c'était normal, tiens. Parce que pour lui, ce n'est pas du sang artificiel, comme l'inventeur se plaît à le dire. Lui, il y voit du vrai. « Il est drôlement réaliste, votre sang. Vous le réalisez comment, pour qu'il ressemble à s'y méprendre à du vrai ? » L'homme semble vraiment remarquer la présence du coiffeur à ce moment-là, même s'il l'assimile sans doute à un garde - mais en beaucoup moins professionnel que Yemdel, car il ne porte même pas d'uniforme, et qu'il ne semble pas respecter les règles élémentaires.

De plus, comme le fait remarquer Yemdel, la fenêtre en question ne donne pas sur la rue. Zohar lève les yeux et constate que c'est effectivement le cas. La bonne fenêtre est trop éloignée, elle se trouve derrière la porte que Zohar observe. Il ne peut s'empêcher de se frotter les mains, satisfait. Est-ce qu'ils tiennent leur coupable ? Ce serait sans doute un peu dommage de le trouver aussi facilement, mais une chose est sûre : quelque chose ne tourne pas rond avec ce type, et c'est exactement ce que désirait Zohar. Une mission où il découvrirait les aspects les plus sombres de l'humanité. C'est normal, c'est la nuit. Le plus curieux, c'est le calme avec lequel le savant les observe, tous les deux. Il ne ressemble pas du tout à quelqu'un qui vient de se faire prendre la main dans le sac. Il ne semble pas du tout effrayé par ce qui peut lui arriver - en même temps, quand on ne peut pas mourir, ça se comprend. Au contraire, il suggère de l'écouter. Et le regard sévère de Yemdel veut certainement dire que Zohar a intérêt à ne rien faire de lui-même. Ce à quoi le coiffeur répond en haussant les épaules et en lui adressant un grand sourire. « Allez-y, on écoute. » : annonce-t-il au type en se redressant et en croisant les bras. Le savant acquiesce doucement, toujours aussi tranquille. Sûr de son coup, visiblement. Zohar l'admire. Quelqu'un qui a confiance à ce point en ses capacités, et qui semble trouver tout cela très amusant. Comme il l'envie. Lui-même aimerait beaucoup avoir cette confiance.

« Voyez-vous, je ne fais rien de mal. Je suis simplement un humaniste, je suis fasciné par le corps humain. » Zohar fronce les sourcils, trouvant étrange que quelqu'un qui nourrisse une attirance pour l'anatomie humaine se qualifie d'humaniste. Selon lui, il s'agit bien plus d'un courant qui met l'homme au centre de l'univers, qui souligne la place de l'homme, ce genre de choses - même s'il ne sait pas trop d'où il sort cette définition. Il le voit plus comme un scientifique, ce type. Le genre de savant fou qui ne comprend pas ce que c'est que la morale - non que Zohar le comprenne lui-même, d'ailleurs. « Ne comprenez-vous pas qu'il y a là un mystère insoluble ? Comment expliquez-vous que nos corps continuent à fonctionner comme avant alors que nous ne sommes les plus mêmes ? Comment expliquez-vous que nous puissions revivre après la mort, encore, et encore ? Cet éternel cycle de résurrection ne vous fait-il pas peur ? » Un peu, pour Zohar, mais certainement pas de la même façon que l'inventeur. Lui, ce qu'il craint, c'est l'ennui éternel, voilà tout. Le reste, il s'en fiche. Qu'il y ait une transcendance ou qu'il n'y en ait pas. Qu'ils soient les jouets d'une force maléfique ou les enfants d'une force bénéfique. Qu'importe ? L'essentiel, ce n'est pas qu'ils soient là, tout simplement ? Cet homme se pose décidément beaucoup trop de questions existentielles, alors que le plus important, c'est de trouver une façon de remplir ce temps infini qui s'étend face à eux. Faire des expériences ? C'est surtout fort ennuyeux, selon Zohar.

Aussi s'approche-t-il de Yemdel pour lui chuchoter : « En ce qui me concerne, je trouve cela assez ennuyeux comme discours. On ne pourrait pas tout simplement ouvrir la porte ? » C'est exactement ce que le lieutenant ne veut pas, que Zohar fasse des siennes, mais bon, il s'est contrôlé, cette fois. Il lui en a demandé la permission auparavant. Parce que bon, il n'est pas là pour entendre un fou discourir. Il n'a pas cherché à suivre Yemdel pour entendre de telles considérations. Surtout que pour Zohar, c'est très clair : ce mec n'a juste rien compris à Libra. Il s'ennuie, comme lui. Sauf qu'au moins, il a trouvé quelque chose qui le passionne ; le coiffeur ne peut pas en dire autant. Et puis, il y a un détail qui le chiffonne. Sa coupe de cheveux. Il n'a pas la coupe de cheveux d'un savant fou, il est trop bien coiffé ; et, il ne saurait dire pourquoi, cela le déçoit. Il aurait tant préféré avoir affaire à un vrai méchant, avec une chevelure en conséquence...
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaLun 26 Jan - 11:54

L'homme était l'idéal type du suspect. Il les laissait rentrer chez lui en signe de bonne volonté, pour leur prouver qu'il n'avait strictement rien fait de mal, mais il tenait tout de même à protéger ses intérêts et ne voulait pas les voir fouiner un peu partout. La preuve était qu'il ne voulait pas les voir s'approcher de la porte, et que cette intention était plus qu'évidente. Peut-être même que, durant le temps qu'il parlait, des éléments compromettants situés derrière la porte allaient disparaître. Il était cependant nécessaire de prendre le risque : tant que Yemdel n'avait pas cerné le profil de ce criminel et mit Zohar en sécurité, il ne pouvait pas se permettre de faire autrement. Zohar eut la bonne idée de suivre son conseil muet et d'inciter l'homme à parler pour soulager sa confiance.
Yemdel s'approcha de la mare rouge près de la porte pendant que le savant racontait son histoire. Zohar avait affirmé qu'il ne pouvait s'agir de sang artificiel, car celui-ci paraissait trop vrai. Effectivement, en comparaison des membres solitaires qui jonchaient la pièce, on pouvait raisonnablement se dire que le sang était trop bien fait par rapport au reste des créations du savant. Par la même occasion, Yemdel se trouva assez proche de Zohar pour pouvoir le protéger si le savant fou décidait de les attaquer. Car il était fou, indéniablement. Yemdel n'avait pas autant de connaissances que Zohar : pour lui, l'humanisme était une notion très vague qu'employaient les intellectuels pour critiquer ceux qui employaient l'être humain. Il savait donc qu'il était très aisé de déformer les mots et de leur donner le sens que l'on voulait, comme le suspect savait si bien le faire. En tout cas, il ne pouvait pas être humaniste : ceux qui l'étaient vraiment ne se seraient jamais permis de procéder à ces démembrements, Yemdel en avait la certitude. Le mystère de la vie éternelle et perpétuelle l'avait rendu fou, au point de le rendre incapable de trouver la paix tant qu'il n'aurait pas percé ce mystère. Cette explication était bien belle, car le lieutenant n'avait aucune réponse à fournir et devait reconnaître que c'était peut-être l'un des grands mystères de ce monde. Cependant, elle ne justifiait pas de tels actes, et Yemdel ne chercha pas à le cacher.

« Sincèrement, je ne comprends pas, remarqua-t-il. En quoi ces membres démembrés peuvent-ils vous aider à découvrir le secret de la vie éternelle ? Vous ne trouverez rien du tout dans ces bouts de chair, et vous cherchez juste une belle excuse pour justifier vos actes. Permettez-moi de vous dire, monsieur, que vous êtes abject. Vous ne devriez pas vous servir de questions aussi nobles pour vous dédouaner. »

Le savant eut l'air contrarié, puis il secoua la tête en murmurant quelque chose d'inaudible. Yemdel ne comprenait rien à rien, c'était ce qu'il pensait ouvertement. Se moquer ainsi du lieutenant n'était pas une bonne idée, mais avec Zohar, Yemdel n'osait pas mener un entretien plus musclé. Le coiffeur ne serait certainement pas choqué - et d'ailleurs, Yemdel était persuadé que Zohar serait ravi de pouvoir torturer leur suspect. En comparaison, les méthodes du lieutenant était vraiment très douces. Cependant, ce n'était pas une question morale qui le retenait. Il craignait que Zohar n'agresse le savant fou si Yemdel se montrait un peu plus sévère. Craindre les réactions de son collègue n'était pas quelque chose de très agréable. La prochaine fois, Yemdel trouverait à coup sûr un moyen d'éviter de le traîner dans cette histoire.
En attendant, le savant était toujours libre de ses mouvements et de ses paroles. Il adressa un regard peiné au lieutenant.

« Vous ne comprenez rien à rien. C'est tellement évident, pourtant ! Regardez votre collègue, je suis sûr et certain qu'il voit de quoi je parle. »

Le suspect adressa un regard compatissant à Zohar, mais celui-ci s'ennuyait trop pour comprendre. Il demanda à Yemdel s'il pouvait ouvrir la porte. Le lieutenant avait bien sûr évité de le regarder pour éviter de le voir acquiescer au savant, mais cette question le rassura. Puisqu'il avait la même envie d'ouvrir la porte, il ne fit pas la moindre difficulté. Il se retourna vers le suspect, annonça qu'ils allaient ouvrir la porte, s'attirant par la même occasion un regard à la fois peiné et courroucé, puis tourna le loquet.
Les deux enquêteurs furent accueillis par une odeur nauséabonde qui ressemblait étrangement à un mélange de produits chimiques et de corps en décomposition. C'était de ce laboratoire que venait l'odeur chimique. Il fallut habituer leurs yeux à la pénombre et à la fumée qui masquait davantage les détails. Yemdel se boucha le nez, se doutant que respirer ces produits serait très mauvais pour sa santé. Il sortit un mouchoir immaculé de sa poche, qu'il appliqua contre son nez et sa bouche, et osa enfin rentrer. Si les bennes à ordure n'effrayaient pas Yemdel, on pouvait en dire autant des placards enfumés.
Il parvint à distinguer un corps dans la pénombre, mais il était difficile d'y voir tant ses yeux le piquaient. En revanche, quelques gémissements discrets qui auraient pu être des râles se faisaient parfois entendre, si faibles qu'on ne pouvait les remarquer sans avoir ouvert la porte. Pour une fois, Yemdel se servit de Zohar comme d'un bouclier entre le suspect et lui : il avait en effet une autre personne à secourir et ne pouvait pas se charger de boulets en même temps. Yemdel procéda à quelques vérifications d'usage, telles que le pouls et la respiration, qui étaient tous deux bien irréguliers. Il éteignit ensuite l'encensoir qui diffusait une fumée si épaisse qu'il fallait garder la fenêtre ouverte pour ne pas être étouffé par elle. Nul besoin de la sentir de plus près pour sentir qu'il s'agissait d'une sorte de drogue artificielle. Yemdel saisit la victime et la tira dans la pièce d'à côté, faisant bien attention à bien fermer la porte derrière lui. Dès qu'il l'eut lâchée, il se mit à tousser à cause de toutes les saletés que ses poumons avaient reçues.
À la lumière des lampes, il était évident que la victime était dans un très mauvais état. L'odeur de putréfaction venait d'une plaie béante qui rejetait du pus, et que Yemdel avait failli toucher. L'autre bras avait déjà été remplacé par un des bras mécaniques du savant, mais la victime - un jeune homme - était si faible qu'elle ne bougeait pratiquement pas. Yemdel comprenait encore moins qu'auparavant les intentions du savant. La victime semblait cependant être sur le point de reprendre connaissance : ce serait l'affaire de quelques minutes. Yemdel aurait bien voulu s'occuper de lui, malheureusement, le savant n'avait toujours pas été neutralisé. Yemdel reprit son épée, qu'il avait laissée à l'extérieur lorsqu'il était entré dans la pièce, puis la pointa vers le savant :

« Eh bien, soit vous m’expliquez en détail ce que vous faites ici, soit nous attendons patiemment qu'il se réveille pour qu'il nous explique à votre place. C'est comme vous voulez, mais à mon avis, sa version sera bien moins positive que la vôtre. »

Le savant n'eut pas l'air de paniquer. Sans doute n'avait-il déjà plus d'intérêt à s'occuper du jeune homme. Mais l'air de prédateur avait lequel il regardait sa victime faisait bouillir Yemdel. Le lieutenant aurait bien aimé lui passer son épée à travers le corps sur le champ.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaJeu 29 Jan - 13:55

La preuve que Zohar n'est pas fait pour être enquêteur, c'est qu'il rate un certain nombre d'éléments qui pourraient se révéler fortement intéressant. Par exemple, la façon dont l'homme bouge, s'habille, parle ; en somme, l'image qu'il souhaite renvoyer aux autres. Ce sont des détails qui l'auraient très certainement aidé à comprendre beaucoup plus tôt qu'il avait affaire à un manipulateur né, quelqu'un qui aime impressionner son auditoire, jouer avec ses émotions, et les amener là où lui le désire. Non que Zohar soit une cible véritablement appropriée pour lui : le coiffeur a une fâcheuse tendance à être ennuyé par les discours, peu importe s'ils sont beaux ou non. Sans doute Yemdel est-il immunisé lui aussi : l'homme est beaucoup trop droit, beaucoup trop fier de sa profession, pour se laisser dévier de son chemin par qui que ce soit. Pauvre type. Il n'a pas de chance d'être tombé sur eux. Car la seule chose qui interpelle Zohar, ce sont les cheveux de leur suspect. Sans doute peut-on en tirer quelque chose de fort intéressant ; toutefois, Zohar ne sait pas vraiment interpréter les coupes de cheveux. Il estime juste si elles sont bien ou non, et quand ce n'est pas le cas, essaie de déterminer quelle configuration lui paraît la plus profitable pour mettre en valeur les cheveux. Dans le cas de l'homme, quelque chose de déstructuré et d'explosif conviendrait le mieux. Sans doute est-ce une façon pour le coiffeur de se convaincre du danger que représente cet homme. En soulignant un détail qui lui parle.

Yemdel s'est entre-temps approché de lui, et vérifie lui-même la flaque rouge, comme s'il ne faisait pas confiance au jugement du coiffeur. Ce dernier ne s'en offusque cependant pas, cela n'en vaut guère la peine ; et puis, mieux vaut laisser faire les professionnels. Intérieurement, il est juste satisfait de voir que le lieutenant, lui non plus, ne reste pas debout à attendre que l'homme leur déballe le grand jeu. Il est vraiment dans la posture du détective, ne s'éloignant jamais de sa quête de vérité. Zohar l'admire, même s'il a bien conscience que ce n'est pas là la solution qu'il recherche. Lui-même ne pourra jamais imiter ce calme et cette assurance. Le lieutenant ne semble pas dégoûté des pratiques du savant - en même temps, le coiffeur lui-même ne l'est pas. Toutefois, la différence entre eux deux, c'est que Yemdel prend la peine de lui répondre, en argumentant pourquoi lui n'est pas d'accord avec ce qu'il fait. Même son insulte est classe, et pire encore : polie. Yemdel est visiblement incapable de dire du mal de quelqu'un sans y mettre les formes. Mine de rien, cela fait sourire Zohar. Au fond, il l'aime bien.

Le savant se tourne alors vers lui, le qualifiant de collègue, en disant qu'il comprendrait. Zohar l'observe en retour d'un air profondément ennuyé. Non, il ne comprend pas, la seule chose qu'il comprend à Libra, c'est qu'il a intérêt à trouver de quoi s'occuper s'il ne veut pas s'ennuyer ad vitam aeternam... Le mystère de la vie éternelle ? il doute que cela puisse vraiment le sortir de là. Non, c'est une quête bien trop lassante, il ne voit même pas comment on peut se poser la question. L'homme se demande pourquoi. Zohar se pose la question du comment. Est-ce si compliqué de voir la différence entre les deux ? Encore un peu, et Zohar va se mettre à bailler. Heureusement pour lui, bien vite, ils ouvrent enfin la fameuse porte. Une forte odeur désagréable assaille le coiffeur, qui se met à tousser violemment. Ne connaît-il donc rien à l'aération ? ce n'est pas pour rien que les fenêtres et les portes peuvent s'ouvrir... Avisant Yemdel qui recouvre son nez d'un mouchoir, il en fait de même en remontant le col de son pull, vu que c'est tout ce qu'il a sous la main. Cela ne l'aide pas vraiment, l'odeur est vraiment très forte, et la fumée lui pique les yeux.

Il y a quelqu'un à l'intérieur. Une personne qui vit encore, apparemment, d'après les bruits qu'elle fait. Aussitôt, Yemdel se met en quête de la sauver, procédant à des vérifications d'usage qui intéressent à peine Zohar. Il jette un coup d'œil mais, il faut être honnête, il ne voit pas trop l'intérêt. Si elle meurt, elle finira par revenir quelque part sur Libra, non ? Rien de bien méchant, il ferait donc mieux de le laisser. Mais bon, autant demander à l'eau de ne pas mouiller, c'est impossible. Zohar jette donc un coup d'œil à l'homme de plus en plus suspect. Celui-ci était sur le point de s'enfuir, mais le regard du faux garde le fige sur place, un sourire légèrement coupable accroché aux lèvres. Très vite, d'ailleurs, il semble qu'il reprend le contrôle de lui-même, comme s'il ne se souciait pas de ce qui allait lui arriver. C'est à ce moment que Yemdel se tourne vers lui pour exiger des explications, et que le créateur s'exécute avec un calme qui égale celui du lieutenant. « Je doute qu'il vous dira quoique ce soit de négatif à mon encontre. C'est un cobaye parfaitement consentant, qui a accepté de me prêter son corps le temps de mes recherches. Il y en a, vous savez. Des gens qui sont tout aussi perturbés que moi par le fait de ne pas pouvoir mourir, mais qui n'ont pas les connaissances ni l'intelligence nécessaire pour mener eux-mêmes l'étude. Ils sont rémunérés, ne vous inquiétez pas. » C'est assez facile pour lui de dire cela alors que la victime est allongée par terre, complètement dans les vapes. Zohar se demande s'il n'a pas quelque chose en tête. Peut-être gagner du temps en attendant que quelque chose se produise. Alors la Garde impartiale n'aurait plus qu'à le croire sur parole - Zohar ne sait pas ce qui lui arriverait ensuite, mais s'il peut prouver que les gens sont consentants, il ne devrait pas avoir de problèmes. Les dérives de chacun les regardent, et du moment que personne ne souffre contre son gré... Enfin, c'est comme ça que fonctionnent les lois - même si Zohar est bien incapable de citer la moindre loi, tellement cela l'intéresse peu.

Le scientifique continue, avec un regard de prédateur. « Bien sûr, je reconnais que c'est un peu douloureux. C'est pour cela que je le fais se reposer dans cette petite pièce ; je n'arrive pas à y faire entrer un lit, donc le confort est rudimentaire, mais le mélange est nécessaire pour effacer la douleur. Même si cela donne d'affreux maux de tête. » L'homme porte la main à son front, et ce mouvement fait prendre conscience au coiffeur de deux choses. D'abord, qu'il a progressivement reculé jusqu'à se poser contre sa table de travail, couverte d'instruments en tout genre. Ensuite, que son autre main est cachée derrière son dos. Zohar est capable de constater ce fait, toutefois, il n'est pas en mesure d'interpréter ses conséquences. Car, une seconde plus tard, le bras mécanique de la victime s'anime tout seul et vient se poser contre la gorge du jeune homme, qu'il se met à serrer avec une force inhumaine. La victime est toujours inconsciente, mais un râle sort de sa gorge pendant que son bras l'étouffe. Zohar ne réfléchit pas : il saute non sur la victime - il serait incapable de le sauver - mais sur le savant, qui arbore une expression paniquée très réaliste. « Mais qu'est-ce que vous avez fait ? Sauvez-le ! » Le savant, le visage toujours angoissé - même si quelque chose de légèrement amusé brille dans ses yeux, secoue lentement la tête, ne craignant visiblement pas ce que pourrait lui faire Zohar. Il n'est même pas armé. « Un dysfonctionnement... ça se produit parfois, mais j'espérais que ça ne lui arriverait pas ! Je ne peux rien faire, impossible de contrôler le bras à distance. » Zohar comprend alors ce qu'il en est vraiment, et cela lui fait l'effet d'un coup de poing. Bien sûr. Il est en train de mentir. Il doit sans doute mentir depuis le début. Il est possible de contrôler ce bras, c'est juste que cet imbécile ne le veut pas. Furieux, Zohar lui assène un coup de poing en pleine face, ayant complètement oublié qu'il est en présence d'un lieutenant de la Garde qui n'apprécierait certainement pas de le voir utiliser la violence face à quelqu'un.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaVen 30 Jan - 19:41

L'ultimatum de Yemdel n'avait pas eu l'effet escompté. Le savant fou n'eut pas l'air impressionné pour un sou par la Garde Impartiale et avança que le cobaye était parfaitement consentant et, pire encore, rémunéré ! Yemdel était au bord de l'explosion. Bien sûr, les mensonges de son suspect étaient à l'origine de son énervement avancé. Mais ils étaient loin d'être la seule cause. Voir la victime agoniser et convulser devant lui sans rien pouvoir faire, puisqu'il n'avait pas les compétences médicales nécessaires pour le sauver, était quelque chose de terrible pour sa conscience. Yemdel ne savait pas à quel point les dommages étaient irréversibles. Un docteur qui voulait parvenir à tuer pour de bon des innocents avait peut-être fait son apparition et réussi son coup. Voilà qui terrifiait Yemdel. Et, comble de l'énervement, Zohar à ses côtés conservait un calme olympien. Yemdel ne savait pas que toutes ses explications ennuyaient le coiffeur, si bien qu'il pensait que Zohar était tout simplement un monstre d'insensibilité. Cependant, c'était le moindre de ses soucis, puisque la situation était tendue, comme il fallait s'y attendre. Parce qu'il ne pouvait raisonnablement pas passer à l'action, Yemdel décida de se contenter de manifester son mécontent.

« Allez savoir pourquoi, je ne vous crois pas du tout, répondit-il, sarcastique. Personne ne pourrait accepter de souffrir autant, simplement pour mettre fin à son existence. »

Cependant, ses paroles n'eurent aucun effet sur le suspect, qui expliqua alors pourquoi il avait recours à des drogues. Il affirmait qu'elles lui permettaient de lutter contre la douleur, mais qu'il ne pouvait rien faire pour améliorer le confort de son patient. Yemdel trouvait cela tout à fait ridicule : comment cet homme voulait-il leur faire avaler de telles sornettes ? Ses prétentions étaient tout de même bien osées. Comprenant que le lieutenant ne le croyait plus et n'avait plus l'intention de se laisser faire, le scientifique se sentit en danger. Il attrapa quelque chose derrière son dos tout en adressant un sourire franc et radieux aux deux enquêteurs. Yemdel commença à lui intimer l'ordre d'arrêter, mais le jeune homme sur le sol attira son attention. Son bras mécanique s'actionna pour l'étrangler. Yemdel se trouva face à un dilemme : foncer sur le jeune homme pour essayer de desserrer la prise du métal sur sa gorge, ou bien foncer sur le savant fou pour le forcer à arrêter ce qu'il faisait. Mais le savant, fidèle à lui-même, affirma ne pas être en mesure de le contrôler. Yemdel l'en détesta davantage, mais deux éléments lui permirent de faire un choix et de décider de porter assistance à la victime. Tout d'abord, Yemdel n'était pas certain de parvenir à comprendre la télécommande s'il l'avait dans la main : il n'avait jamais été un génie de la technologie, à moins bien sûr qu'il ne s'agît d'une arme à feu. Ensuite, Zohar finit par perdre sa patience extraordinaire pour sauter sur le savant, en criant de le sauver. Yemdel aurait pu être étonné de cet élan de bonté chez Zohar, alors qu'il le croyait corrompu jusqu'à la moelle. Mais en voyant le coiffeur foncer vers le savant, Yemdel eut immédiatement le réflexe de plonger sur la victime. Il n'eut pas l'occasion de voir le fabuleux coup de poing de Zohar, tout occupé qu'il était à essayer de sauver le jeune homme.
Ce n'était pas facile. Desserrer une prise de chair était en fait plutôt simple : la chair pouvait souffrir et se tordre, et si vous vous y preniez assez bien, vous n'aviez aucune difficulté à vous libérer d'une prise mal faite. En revanche, un bras mécanique était quasiment impossible à assaillir. Le bras était infaillible, surpuissant et très résistant. En s'attaquant à son système, on aurait pu le désactiver, mais ce système était bien trop protégé pour permettre à Yemdel de l'atteindre. Le lieutenant essaya de casser les doigts, mais cela se révéla impossible. Un craquement survint, mais ce ne fut pas celui du bras mécanique. La nuque de la victime venait de se rompre sous la pression surhumaine. Le jeune homme mourut avec une expression de douleur intense sur le visage.

Yemdel poussa un cri de rage.

Il espérait de tout son cœur que ce n'était pas la fin. Que la victime allait revivre bientôt, si possible en oubliant les derniers instants de sa vie. Il ne voulait pas que le savant fou parvienne à ses fins. Qu'est-ce qu'il ne comprenait pas, celui-là, dans la merveille qu'il y avait à renaître sans cesse ? D'avoir droit à une seconde chance, de pouvoir réparer de détestables erreurs, de vivre enfin le temps dont ils avaient tous été privés. Ce système aurait dû leur permettre d'être tous heureux, au lieu de cela, des personnes tarées décidaient de se révolter contre lui... ou d'en profiter. Yemdel était certain qu'en attendant d'avoir réussi à tuer les autres pour de bon, le savant était heureux de pouvoir tuer sans que cela porte à conséquence. Le meurtre en était-il encore un si la victime finissait pas se relever ? Certains pourraient en effet le penser, mais Yemdel s'y opposait de tout son cœur : tuer faisait souffrir et était donc un crime, même en cette terre.
Le cri se calma et le bras mécanique redevint inerte. Il était apparemment alimenté par l'énergie vitale de sa victime, puisque le lieutenant dans la volonté de rendre sa dignité au corps brisé, n'eut cette fois-ci aucun mal à déplier les doigts et à positionner le bras le long du corps. Ceci étant fait, Yemdel put enfin retrouver son calme et se leva. La situation prenait un tour détestable, mais qu'il pouvait contrôler. Il n'y avait plus de victime à protéger, puisque la victime était morte - un échec pour Yemdel, mais il n'avait pas le temps d'y penser. Le scientifique s'était rendu coupable d'expériences inhumaines et de meurtre, et Zohar... tiens, oui, Zohar. Yemdel se rappela sa présence. Il se souvint que le coiffeur avait choisi de se jeter sur le scientifique parce qu'il lui restait un soupçon de morale. Malgré tout, Yemdel ne parvenait pas à ressentir de l'inquiétude pour lui. Il avait la conviction que Zohar s'en sortirait de toute manière.

« Bon, on l'embarque. » fit Yemdel d'un ton si froid qu'il aurait pu glacer l'atmosphère de la pièce.

Ce fut en regardant Zohar et le suspect, juste devant lui, que Yemdel se rendit compte que les deux hommes s'étaient battus.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaDim 1 Fév - 21:08

Ce premier coup de poing est un déclencheur. Zohar a bien frappé, et son coup a réussi à ouvrir la paumette de l'homme, qui se met à saigner. Quelques gouttes rouges se sont collées à son poing, et le coiffeur leur lance un coup d'œil rapide, presque étonné par la force qu'il y a mis. Presque. Ce n'est pas si étonnant non plus, quand on considère la rage qui l'a animé. Cependant, le savant n'est pas du genre à se laisser faire. Mine de rien, c'est un battant, et pas uniquement un intellectuel. La force avec laquelle il se jette sur Zohar est révélatrice de sa capacité à se battre. A combien de bastons a-t-il participé ? Le coiffeur se serait posé la question s'il ne devait pas lever les bras pour se défendre face aux attaques de l'homme. Il ne la remporterait pas aussi facilement, pour sûr. Alors Zohar se jette à son tour sur lui. Pendant quelques instants, il semble qu'aucun des deux ne parviendra à prendre le dessus. Ils sont beaucoup trop proches dans leur façon d'attaquer. Toutefois, Zohar dispose d'un avantage qui lui permet de prendre le dessus. La rage qui l'anime. Et, d'un coup de genou envoyé dans le ventre, il parvient à se débarrasser de l'homme, juste au moment où Yemdel annonce qu'ils vont l'embarquer. Retrouvant son calme habituel, Zohar se retourne vers lui en lui demandant : « Et la victime ? » Le lieutenant n'a toutefois pas besoin de répondre. Zohar baisse les yeux vers le corps et remarque tout de suite qu'il y a quelque chose qui ne colle pas. Sa tête est placée de façon un peu bizarre. Il soupire. Bien sûr, dans sa rage, il n'a rien pu faire. Même pas lui porter secours : il a préféré s'en prendre à l'agresseur alors que ce n'était pas la priorité. Yemdel a lui choisi de se concentrer sur la victime. Quel comportement chevaleresque. Zohar l'admire parce que c'est un type bien, dans le fond, même s'il est aussi chaleureux qu'une porte de prison. Comme quoi, il faut parfois se méfier des sourires. La véritable bonté d'âme peut se cacher derrière une façade de glace. « Je vois. C'est peut-être mieux ainsi. » Au moins, il reviendrait à la vie, totalement indemne. Pour lui, c'était mieux. Pas pour les besoins de leur enquête.

Mais bon, le savant s'est manifestement rendu coupable d'un crime. Un petit boîtier gît à terre, là où il l'a lâché après l'attaque de Zohar. Le coiffeur se penche et le ramasse. Il s'attendait à y voir un ou deux boutons, mais en réalité, il s'agit d'une véritable manette de contrôle qui ressemble un peu à une télécommande : il y a plein de boutons comportant des nombres, des lettres et des symboles qu'il ne connaît pas du tout, ainsi que trois joysticks. Zohar pousse l'un d'entre eux, mais cela ne provoque pas le moindre effet, et il perçoit le sourire du savant qui est à terre, ayant visiblement recouvert son souffle. Zohar lui lance un regard noir. « Je me permets de vous dire que vous êtes un danger public, monsieur. » : rétorque-t-il en essayant d'imiter l'élégance innée de Yemdel pour les insultes. La sienne lui paraît un peu pauvre et artificielle, mais peu importe. Il tend la manette au lieutenant, pour que celui-ci l'examine. « C'est sans doute l'arme du crime. Vous en aurez besoin. » Il se demande si le lieutenant a une meilleure opinion de lui, désormais. Pour le moment, ils n'ont pas commis les erreurs que ce fameux dimanche soir et tout se passe encore pour le mieux. Pour le moment.

Car Zohar a l'impression que ce n'est pas fini. Yemdel va peut-être arrêter l'homme et le mener à Libra, toutefois, il reste un problème qui n'a pas encore été résolu. Le couteau et l'emplacement du lieu du crime ne correspondent pas aux activités du savant. Il est vraisemblable que ce n'est pas ce corps là qu'ils cherchaient : la victime montrait bien des signes de maltraitance, et portait des blessures d'où s'écoulait du sang. Sauf qu'il était impossible de la traîner jusque dans le placard, il y aurait eu des traces. Or celles qui se trouvent au sol montrent bien que ses blessures ont été infligées dans le laboratoire du savant : il y a donc une autre victime, quelque part. Et Zohar n'a pas vraiment d'idée d'où ils peuvent chercher. « Lieutenant... on devrait peut-être demander pour l'autre corps ? » Zohar ne sait pas s'il fait bien de parler de ce genre de choses devant un tiers, mais bon, il s'en fiche un peu, lui aussi est un civil, il n'est pas astreint aux mêmes règles que Yemdel. Il a le droit de commettre des erreurs. Sa mention éveille l'intérêt du suspect : il voit une lueur dans ses yeux. Cela le convainc sans doute de rester un peu plus, il a envie d'en savoir plus. « Quel autre corps ? Je puis certainement vous aider, c'est mon domaine... » Le scientifique se relève tant bien que mal, gêné par le fait qu'il soit ligoté. Avec sa joue ouverte, il a une sale tronche, mais cela ne l'empêche pas de garder un sourire professionnel, tout à fait maîtrisé. Le sourire d'un homme qui flaire une bonne aubaine. Instinctivement, Zohar recule d'un pas. A son avis, le savant est beaucoup trop dangereux pour le laisser avancer sur cette affaire à sa guise. Et puis, c'est un suspect, mieux vaut le tenir à l'écart. Toutefois, la décision appartient à Yemdel. C'est à lui de décider de ses collaborateurs d'une nuit.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaLun 2 Fév - 12:01

Yemdel pouvait pardonner à Zohar son manque de sensibilité face à la mort de la victime : le coiffeur avait tout de même réussi l'exploit de neutraliser leur suspect. Certes, il ne s'agissait que d'un scientifique, pas vraiment le genre de grand sportif à se défendre correctement, mais tout de même, Zohar pouvait être fier de lui. Dans le rapport du lieutenant, sa bravoure serait signalée, et il le présenterait comme un citoyen exemplaire qui n'a pas hésité à prêter main forte aux forces de l'ordre lorsque celles-ci étaient en difficulté. Profitant du fait que l'attention du coiffeur était accaparée par la victime, Yemdel en profita pour saucissonner soigneusement son suspect. L'homme était un peu sonné des coups qu'il avait reçus et regardait le lieutenant faire d'un air hébété. Il ne pouvait sans doute rien tirer de lui, mais il avait pris en flagrant délit de meurtre, ce qui était la moindre des choses. Nettoyer ce laboratoire allait également être nécessaire. Faire partir l'odeur de drogue de la petite pièce allait être très compliqué, et le logement allait être difficile à réaménager. Yemdel positionna son criminel dans un coin afin d'analyser la manette que Zohar avait récupérée. Comme il s'y attendait, il aurait été incapable de s'en servir tant elle regorgeait de boutons mal expliqués et d'options non nommées. Il remercia Zohar qui la lui avait passée et appuya sur quelques boutons pour voir ce qui se passerait. Il ne se passa rien, puisque le bras mécanique avait besoin de tirer son énergie d'une source humaine. Par acquis de conscience, Yemdel vérifia que la manette n'était pas cassée avant de la ranger dans son manteau en tant que pièce à conviction. Il s'agissait évidemment de l'arme du crime.

« Il va falloir tout brûler, commenta Yemdel en jetant un coup d'œil circulaire à la pièce. Toutes ces horreurs ne peuvent pas subsister plus longtemps. Mais nous devrons faire cela plus tard, quand nous aurons évacué le suspect et terminé notre enquête. »

Par nous, il impliquait implicitement Zohar. En théorie, il ne devrait pas faire appel à un civil pour ce genre de choses, mais en pratique, Yemdel en avait bel et bien l'intention. Il avait épargné la benne à ordures au coiffeur, mais sa générosité avait des limites. D'ailleurs, devenir pyromane le temps d'une soirée plairait certainement à Zohar, qui y verrait une occasion supplémentaire de s'instruire dans la voie du crime. S'il pouvait éviter par la suite de commettre un crime par le feu, le plan de Yemdel était parfait. Il n'avait donc aucun scrupule à l'exploiter. Zohar s'adressa à lui en utilisant son titre, comme s'il se sentait membre à part entière de la garde. Ne voulant pas encourir le risque de soulever quelques remarques chez le savant, Yemdel fit comme si de rien n'était. En vérité, il trouvait la façon de Zohar de l'appeler solennellement par son grade assez perturbante. Elle lui rappelait que Zohar pouvait être un sacré manipulateur lorsqu'il le voulait, et qu'il avait peut-être des idées malfaisantes en tête. Des idées qui rappelleraient celle de l'incident du dimanche soir, par exemple. Yemdel préféra ne pas y penser. Tout ceci était peut-être l'une des rares choses à lui faire peur.
Avant qu'il ait la possibilité de répondre, le scientifique se releva et proposa son aide, arguant qu'il s'y connaissait en matière de corps. Cela, tout l'avait bien compris. Yemdel se dit que Zohar n'avait pas frappé assez fort pour le mettre KO pendant un petit moment. D'une certaine manière, il trouvait cela rassurant : cela signifiait que la force physique de Zohar était très certainement limitée, et donc qu'il pouvait très certainement le vaincre lors d'un affrontement singulier. D'un autre côté, cela obligerait également Zohar à avoir recours à d'autres stratagèmes pour pallier ce défaut, mais il valait ne pas y penser. Yemdel réduisit le scientifique au silence d'un regard autoritaire qui impressionna son prisonnier. Le savant ne savait plus comment faire pour s'en sortir et pensait que collaborer était sa seule issue. Mais Yemdel avait déjà un collaborateur inopportun : même si le savant avait été blanc comme neige, il ne l'aurait pas embarqué dans cette affaire.

« Hors de question, refusa Yemdel, et si vous l'ouvrez encore, soyez assuré que je vous bâillonnerai si fort que vous aurez du mal à respirer. Mais ça ne devrait pas vous poser problème ; vous qui êtes fasciné par la mort, vous aurez l'occasion d'en apercevoir quelques bribes.
- Vous n'avez décidément rien compris. » se lamenta le scientifique, presque en sanglot.

Il tenta de se dégager, mais les nœux de Yemdel étaient trop bien faits pour lui permettre de se détacher. Yemdel le laissa faire : tant qu'il se concentrait sur la corde, il ne songerait pas à les embêter. Il ne pouvait de toute façon pas s'enfuir, puisqu'il était attaché à la porte. Yemdel se tourna vers Zohar. La vue du coiffeur calma son autoritarisme et lui rappela tout le danger potentiel que présentait son associé temporaire. Il se rapprocha de Zohar et baissa la voix pour ne pas être entendu du scientifique.

« On ne peut pas faire confiance à un suspect, il passe déjà son temps à mentir. Comment croire à ce qu'il dit ? Bref, nous devons continuer de fouiller le logement, pour vérifier que rien d'autre ne s'y cache, et ensuite nous pourrons reprendre notre enquête. Mais je suis assez pessimiste quant à son issue, car la victime est très certainement encore vivante et a pu partir à la recherche d'un abri. » Il ajouta ensuite sur un ton plus doux, comme s'il se sentait le besoin de consoler Zohar. « Ça arrive, parfois. »

Puis, sans attendre, Yemdel se mit à fouiller l'appartement. Il ressortit du laboratoire pour visiter les trois dernières salles de cet étage. Il avait au passage récupéré le trousseau de clé du savant fou lorsqu'il l'avait attaché, ce qui facilita grandement les recherches. La première salle qu'ils visitèrent se révéla assez décevante : il s'agissait d'une bibliothèque tout à fait banale. La moitié des rayonnages était constituée de romans que Yemdel ne connaissait pas. N'étant pas un grand lecteur, il n'en fut pas étonné. La deuxième partie de la bibliothèque contenait des ouvrages scientifiques au sujet aussi divers que les nano-technologies, la biologie et même l'énergie nucléaire. Un ouvrage, ouvert sur le fauteuil, traitait même des anciennes poteries et de leurs matériaux. Trouver l'inspiration dans ce type d'ouvrage était surprenant. Les enquêteurs ressortirent pour se diriger vers une deuxième pièce.
Yemdel ouvrit la porte sur une salle obscure à l'odeur plutôt nauséabonde. Il se demanda tout d'abord s'ils venaient de trouver un deuxième laboratoire, quand il entendit un grognement rauque venir du centre de la pièce. Aussitôt, une lumière fut allumée, éblouissant momentanément Yemdel. Le temps que le lieutenant puisse à nouveau regarder, une personne prit la parole :

« Dites-moi ce que vous faites dans ma chambre, sacripants. »

Un vieil homme énergique en pyjama était installé dans son lit. Armé de sa canne, il était prêt à en découdre avec les intrus qui avaient osé perturber son sommeil. Yemdel n'hésita pas : il entra pour tirer les rideaux et faire entrer plus de lumière dans la place encore, faisant grommeler davantage le vieillard. Désormais à contre-jour, le lieutenant le toisa.

« Vous êtes au courant de ce qui se passe à côté de votre chambre ? »

Au ton de Yemdel, on comprenait qu'il venait de se trouver un deuxième suspect.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaMar 3 Fév - 19:52

Zohar a le sentiment que ce n'est pas fini. Un sentiment que partage Yemdel. Tous deux ont l'impression que leur homme cache quelque chose. Du coup, l'enquête n'est pas terminée, quand bien même ce suspect a été appréhendé. Le lieutenant annonce qu'il faudra tout brûler et, curieusement, Zohar se sent légèrement mal à l'aise. Peut-être parce que l'impassible lieutenant de la Garde impartiale - la bien nommée - parle de détruire quelque chose. Bien sûr, c'est un feu purificateur, le coiffeur en a conscience. Le but est bien de détruire quelque chose d'avili, pour en effacer toute trace de souillure. Il n'empêche que ce constat est assez étrange dans la bouche de Yemdel, et son partenaire d'un soir le lui fait remarquer. « Dis donc, vous êtes radicaux en fait. » : fait-il remarquer, légèrement ironique. En fait, cela lui plairait très certainement, il aime bien essayer toute sorte de chose. C'est juste qu'il n'ose pas toujours demander. De toute façon, ce ne sont pas ses affaires, il ne va donc pas s'en soucier plus que cela. Tout ce qui lui importe, c'est de ne pas être écarté. Au moins, cette histoire l'occupe un peu. C'est toujours beaucoup plus intéressant que de compter les moutons en attendant d'être frappé par une idée géniale. Zohar est un opportuniste, prêt à sauter sur n'importe quelle occasion pour se divertir. S'efforçant de rester du bon côté de la ligne - s'il est un sauvé, ce n'est pas pour rien, il est censé en tirer un avantage -, mais n'y arrivant pas toujours. Au moins, ce soir, avec Yemdel, Zohar sait qu'il fait quelque chose de bien, d'une certaine façon. Cela lui semble un peu étrange, parce qu'il ne ressent rien de particulier. Aucune satisfaction, pas même l'impression d'être en paix avec lui-même. Tant que cette quête de ce qui lui passionnera durera, Zohar sera dévoré par ses désirs. Incapable d'aller de l'avant.

Le savant s'acharne sur ses entraves, espérant les relâcher assez pour pouvoir s'échapper, alors même que Zohar se dit que le lieutenant doit savoir s'y prendre. Une bonne chose qu'il n'est pas son ennemi - en même temps, depuis l'incident du dimanche soir, le coiffeur s'est persuadé qu'il valait mieux être de son coté, c'est plus sûr -, mais son collègue d'une nuit. Yemdel lui murmure dans l'oreille quelques mots afin de s'expliquer, et Zohar acquiesce sobrement. Il le trouve curieusement positif, à espérer que la victime est vivante ; cela ne colle pas vraiment à l'image que le sauvé se fait de lui. Il le pense plus froid, plus insensible. Le genre de personne à embrasser une cause avec sa tête et non avec son cœur. Sans son côté chevaleresque, Yemdel ferait très certainement un bon mercenaire. On l'engageait sur des missions et il les accomplirait sans jamais fléchir. Mais, bien sûr, il semblerait que ce type ait des valeurs bien ancrées en lui. Vendre son bras pour de l'argent ne lui a sans doute jamais traversé l'esprit.

Le lieutenant entame la fouille de l'appartement, Zohar sur ses talons. Celui-ci se compose de plusieurs pièces qu'ils explorent une à une. Ils ne passent pas tant de temps que cela dans la première, remarque Zohar ; Yemdel a sans doute l'œil pour repérer ce qui sort de l'ordinaire, et estime très certainement qu'il n'y a rien d'inhabituel dans ces salles. De toute façon, lui-même ne voit rien du tout. Il ne saurait même pas quoi chercher, alors qu'il est très doué pour repérer un épi dans la chevelure de quelqu'un. En revanche, la seconde dégage une odeur fort désagréable. Peut-être est-ce pour cela que le lieutenant zappe un peu la première : l'autre promet d'être plus intéressante. En ouvrant la porte, ils sont confrontés à un espace carrelé, qui n'aurait pas déplu à Zohar pour son propre domicile - celui-ci étant très spartiate. D'autant plus que c'est apparemment une chambre ; le coiffeur trouve le choix de décoration très audacieux. Un vieillard se tient devant eux, grand et sec, n'ayant visiblement rien perdu de son dynamisme. Lorsque Yemdel tire les rideaux pour laisser entrer un peu de lumière - même, si en pleine nuit, celle-ci reste discrète -, Zohar parvient à distinguer le visage de l'homme, affreusement ravagé par le temps, et très certainement l'abus de substances illicites pendant sa jeunesse. Ses rides sont si profondément marquées qu'on pourrait très certainement y glisser un doigt et remonter leur tracé, comme on remonterait celui d'une rivière. Des tâches brunes parsèment un visage à la peau sèche et partiellement pelée. Lui, il fait peur. « Bien sûr que je sais ce qui se passe ! Vous avez fait irruption chez Bertrand et vous l'avez accusé d'avoir commis toutes ces horreurs. » Alors comme ça, le savant s'appelle Bertrand. C'est un prénom comme un autre ; Zohar ne va pas le critiquer alors qu'il en porte un qui peut prêter à un certain nombre de surnoms ridicules - dont Zozo. Le coiffeur soupire ; pourquoi apprend-t-il des choses totalement inutiles alors que la seule chose qu'il désire savoir, c'est s'il est un suspect ? « Votre collègue n'est pas de la Garde impartiale, remarque le vieil homme. Il n'en a pas l'allure. » Zohar se renfrogne, mais ne dit rien - il a raison, après tout. Il ne ressemble pas à grand chose, sinon à une grande asperge qui s'occupe des cheveux des autres. Zohar se déplace à travers la chambre-laboratoire, se pinçant le nez à mesure qu'il s'enfonce. « D'où vient cette odeur ? » : demande-t-il avec dégoût. Le vieil homme ne réagit pas du tout comme l'aurait fait le savant : il ne sourit pas, il ne semble guère satisfait par ce qui se déroule ici. Juste lassé. « Un cadavre sous mon lit. » : conclue le vieil homme en désignant le meuble d'un doigt noueux.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaJeu 5 Fév - 20:59

Dans un premier temps, Zohar n'osait pas rentrer à l'intérieur de la chambre, mais il est évident qu'il la contemple attentivement : le regard de Yemdel parvenait à capter ses intentions. À son tour, le lieutenant fut frappé par l'apparence du vieillard. Celui-là devait être mort de vieillesse pour afficher un aspect aussi ravagé, car il n'était pas assez beau pour incarner la quintessence de la vieillesse. À moins qu'il ne s'agît d'un damné qui avait payé la jeunesse en guise de tribut. Dans tous les cas, cet homme devait être un criminel endurci, le genre de personne machiavélique que la mort ne pouvait pas arrêter sur le chemin du vice. L'homme avait peut-être l'air faible, mais son aura était puissante. Il ne faisait aucun doute que cet homme était le cerveau de l'affaire. Yemdel ne comptait pas le lâcher d'une semelle. Le vieillard était particulièrement lucide et effrayant : pour rien au monde, le lieutenant n'allait faire preuve de compassion à cause de son grand âge.

« Accusé ? répéta Yemdel. Oui, c'est vrai, il est accusé, mais votre ami a revendiqué haut et fort ses crimes. Jeter un bras par la fenêtre n'était peut-être pas l'idée du siècle, il aurait dû s'en rendre compte. Par conséquent, il mérite entièrement ce qui lui arrive. »

La logique était implacable : si Bertrand avait tout avoué, on ne pouvait les accuser de faire erreur. Le vieillard grommela « quel incapable » dans sa barbe, pensant sans doute ne pas se faire entendre du lieutenant qui tournait toujours le dos à la fenêtre. Yemdel considéra cette réponse comme un aveu de sa culpabilité, mais avant de l'embarquer à son tour, il voulait obtenir quelques précisions. Il était persuadé que le vieillard ne pourrait pas s'enfuir, puisqu'il n'avait pas quitté son lit. Sa mobilité était peut-être réduite, ou bien il était tout simplement trop âgé pour tenir trop longtemps debout. Mais avant que Yemdel ait l'occasion de l'interroger davantage, le vieillard prit la parole pour critiquer la présence de Zohar, qui selon lui n'avait pas le profil d'un Garde Impartial. Le lieutenant jetant instinctivement un coup d'œil au coiffeur, qui a l'air à peine touché par cette remarque. Il est vrai que seul Yemdel portait l'uniforme : n'importe qui aurait pu le deviner. Heureusement, Zohar se tut, laissant l'occasion à Yemdel d'élaborer une réponse convenable justifiant la présence d'un civil sur une scène de crime :

« En effet. Ce monsieur m'aide à résoudre cette enquête. Il nous arrive d'employer des consultants spécialisés dans des domaines qui ne sont pas forcément du ressort de la garde. »

Le terme de consultant convenait bien à Zohar. Mais consultant de quoi ? Yemdel ne l'avait pas défini avec certitude et n'avait pas l'intention de le définir tant que le vieillard ne l'aurait pas demandé. Pourtant, il y avait réfléchi, il s'était dit que Zohar devait être un spécialiste des esprits tortueux et des crimes. Il ne pouvait cependant pas afficher sa méfiance face au coiffeur, qui risquait d'en prendre ombrage. Un deuxième dimanche soir, non merci. À défaut, Yemdel pouvait toujours le présenter comme un spécialiste des armes blanches courtes. Cela faisait bien sûr partie du savoir d'un garde, mais Zohar connaissait des façons originales de se servir des lames... pour coiffer. C'était justement pour ces pratiques non-conventionnelles que le lieutenant avait fait appel à lui.
Le vieillard ne parut pas satisfait par l'explication : au contraire, il adressa un regard méfiant au coiffeur, comme s'il craignait ses réactions plus encore que celles de Yemdel. Le défaut de ce dernier était d'être trop droit et juste : il abordait toujours les crimes d'une façon parfaitement rationnelle et manquait d'imagination quant aux motifs et méthodes des criminels. Un coiffeur, un artiste, à la pensée moins rigide, pouvait certainement s'avérer être un meilleur détective que lui, car il penserait à des détails que Yemdel ne comprendrait pas forcément. Zohar déambulait dans la chambre, notant la présence d'une odeur particulière. Son odorat devait être plus fin que celui du lieutenant, déjà bien encombré par le sang, la drogue et les produits chimiques. Le vieillard désigna l'endroit d'où l'odeur émane. Yemdel prit les devants et repoussa le meuble pour découvrir le cadavre d'une jeune femme. Elle n'était pas en état de décomposition, fort heureusement, mais elle était indubitablement morte. Impossible de dire quand la vie la reprendrait, ou même si la vie la reprendrait un jour. Son secret découvert, le vieillard repoussa les couvertures de son lit pour s'asseoir sur son bord. Il avait l'air las et ennuyé, et était prêt à parler.

« Ce n'est pas moi qui l'ai tuée, c'est Bertrand. Il lui est tombé dessus lorsqu'elle rentrait chez elle, à deux pas d'ici. Elle était ivre. Il lui a administré son sérum et l'a tuée ensuite. Maintenant, nous attendons de voir si le sérum a agi et si elle va rester morte. »

Sa voix était neutre et terne. Elle aurait été ennuyeuse si ses propos n'avaient pas été aussi frappants. Yemdel pensa qu'elle était encore vivante lorsqu'elle était entrée dans la pièce, mais elle était aussi très certainement blessée. Le vieillard ajouta immédiatement :

« C'est la deuxième partie de notre expérience. D'une part, nous étudions les membres humains pour comprendre s'il y a eu modification lors de notre arrivée ici. Nous créons un sérum à partir de nos découvertes. D'autre part, nous créons des membres mécaniques pour créer une race de cyborg. »

Le lieutenant lui fit signe de s'interrompre en levant la main. Le vieillard bougonna un peu, mais il se tut, même si cela ne lui plaisait visiblement pas. Il resta par la suite immobile et impassible, comme si la scène qui allait se dérouler sous ses yeux n'avait aucun rapport avec lui. Yemdel se dit qu'il devrait vérifier si cet homme n'était pas déjà lui-même un robot. Si son corps était trop faible, les membres mécaniques pouvaient valoir une bonne béquille. Ses mouvements n'avaient cependant pas l'air d'être trop mécaniques. Laissant la question en suspens, Yemdel saisit les deux couteaux pour procéder à une vérification. Le lieutenant avait en effet repéré une plaie au niveau du torse qui pouvait expliquer la traînée de sang, même s'il était évident que la cause de la mort était la strangulation. Il compara les deux lames avec la plaie. La première ne correspondait pas, mais la deuxième, la courbe, était parfaitement identique à la plaie. Yemdel abandonna l'arme innocente après avoir vérifié que le corps n'était plus couvert d'aucune plaie pouvant avoir été causée par elle.

« L'arme du crime. » dit-il en se relevant.

Le vieillard ne semblait pas perturbé par la nouvelle. Ou bien il avait pensé qu'il pouvait abandonner l'arme dans la benne, en se disant que la Garde n'irait pas la fouiller tant elle était répugnante, ou bien persuadé que le couteau ne permettrait pas de remonter à eux. Ou bien il avait avait préféré se débarrasser de l'arme au cas où quelqu'un venait par ici afin de ne pas rassembler toutes les preuves au même endroit, puisqu'il ne pouvait se permettre d'abandonner le cadavre. Sans arme, il aurait très bien pu prétendre avoir trouvé un corps dans la rue. Mais le vieillard avait tout avoué parce qu'il savait que le lieutenant ne le croirait pas : pas après avoir vu Bertrand. Il maudit une nouvelle fois son complice dans sa barbe.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaDim 8 Fév - 14:17

Le vieil homme ne semble visiblement pas inquiet. A croire qu'il n'en a pas grand-chose à faire de l'autre homme - son partenaire, son complice ? Zohar trouve cela, d'une certaine façon... fascinant. A quel point deux personnes qui semblent pourtant avoir des intérêts communs n'agissent pas de concert. Très vraisemblablement, le vieillard serait prêt à abandonner Bertrand parce que celui-ci est un « incapable ». Le coiffeur est parfaitement d'accord : il faut vraiment être stupide pour jeter un bras par la fenêtre et attirer l'attention de la Garde impartiale. Il n'empêche, il semblerait bien que du côté du mal, les gens ne font aucun effort pour se soutenir mutuellement. Cela lui semble tellement étrange... Comment expliquer qu'une fois aux abois, l'être humain ne pense plus qu'à sa propre peau ? C'est quelque chose que Zohar ne parvient pas à comprendre, lui qui n'a aucun sens moral. Pour lui, ce serait normal d'abandonner les autres - et c'est précisément pour cela qu'il ne le fait pas. Peut-être que les criminels suivent la même logique, mais de façon inversé. Il n'est pas normal de ne penser qu'à soi, et c'est pour cela qu'ils le font. Pour se distinguer des autres, pour montrer qu'ils ne sont pas prisonniers des codes moraux.

Le lieutenant le qualifie de « consultant spécialisé » et, si le coiffeur n'appréciait pas le titre, il aurait sans doute éclaté de rire tant c'est éloigné de la réalité. Il n'est spécialisé en rien du tout, sinon en coiffure et en problèmes - comme cela s'est produit du fameux incident du dimanche soir. Curieusement, il se dit que Yemdel doit surtout penser à la deuxième proposition, et une ombre passe sur le visage de Zohar à cette pensée. Il a même l'impression que le vieil homme se doute de quelque chose dans le genre, car la méfiance avec laquelle il le dévisage semble s'être accrue. Mais comment le voient-ils, au juste, comme un monstre ? Bah, c'est peut-être ce qu'il est. Car quand Yemdel fait la découverte du cadavre d'une jeune femme, Zohar reste tout aussi indifférent - pour changer. Rien à faire : il a beau poser les yeux sur la peau blême ou l'angle désarticulé de ses membres, il n'arrive pas à s'en émouvoir. Il essaie ; mais qui arrive à faire naître des sentiments là où il n'y en pas ? S'il n'était qu'avec Yemdel, Zohar soupirerait. De plus en plus, il a l'impression qu'il lui manque quelque chose ; et il se demande s'il n'a pas choisi la mauvaise voie. Peut-être devrait-il faire une incursion de l'autre côté, juste une fois, pour voir. Vraisemblablement, tant qu'il restera obstinément bon, il n'obtiendra rien. Il s'en rend compte : cette enquête est intéressante parce qu'elle les confronte à des êtres vils. Des êtres qui attirent Zohar comme un cadavre attire les mouches.

Le vieil homme se met à expliquer ce qu'ils ont fait. Et Zohar ne parvient pas à s'en révulser. Alors qu'il s'agit d'un meurtre sauvage et arbitraire, il n'est pas dégoûté. Ni même effrayé ; il aurait pu être une de leurs cibles, vu qu'il habite lui aussi à Ethernite, mais curieusement, cela ne le perturbe pas. Ce n'est même pas qu'il sait particulièrement bien se défendre face à un agresseur. Simplement, il n'y réfléchit guère. La mort ne fait pas peur, pas alors qu'il est possible de revenir. De toute façon, Yemdel aussi reste de marbre. Il prend la peine de vérifier quelle était l'arme du crime, et constate d'un ton froid qu'il s'agit bien d'un des couteaux retrouvés dans la benne. Le vieux est ennuyé. Et Zohar se sent curieusement déçu. Cela veut dire qu'ils ont rassemblé toutes les pièces du puzzle. « Bien, je pense que vous allez très certainement avoir l'occasion de regretter vos actes. » : constate Zohar d'un ton glacial. La peine qu'encourt le vieil homme non plus en l'intéresse guère. Il lui arrivera ce qui lui arrivera, ce sera le prix de sa stupidité. Le coiffeur s'approche de lui et se penche vers son visage, avançant le sien jusqu'à ne plus être séparé que par une dizaine de centimètres. « Franchement, je suis déçu. J'aurais cru que vous vous défendriez mieux. » Sa voix, toujours aussi monotone, fait frissonner le vieil homme - et Zohar se demande ce qu'il a pu entendre dans sa voix. La volonté de le faire souffrir, peut-être ? La peur de ce qu'il attend ? Ou bien, tout simplement, la voix d'un monstre sans émotions ?

Zohar laisse le lieutenant s'occuper de son cas. A présent, tout est terminé, et il se sent triste. C'est là qu'il puisse ressentir du chagrin, mais désormais, il n'a plus vraiment d'occasions d'embêter le lieutenant. Il n'y a peut-être plus de secrets à découvrir ; de toute façon, ce n'est pas de son ressort. Il a très certainement fait tout ce qu'il pouvait. Il se retourne vers Yemdel, et lui demande à voix basse : « Y a-t-il encore une chose pour laquelle je puis vous être utile, lieutenant ? » Il y a deux suspects qui ont avoué leurs crimes, et il faut certainement les sortir de cette maison. Zohar peut lui donner un coup de main. Et ensuite ? il sera sans doute écarté de leurs interrogatoires, ou de quoique ce soit qu'il puisse y avoir par la suite - le coiffeur n'en sait rien, il ne s'est jamais intéressé à ce type de questions, en fait ; les activités de la Garde impartiale auraient pu éveiller sa curiosité s'il n'avait pas fallu fournir plus d'efforts pour y entrer. Il ne sait pas trop s'il regrette de ne pas pouvoir participer à la suite, ou pas. Au fond, il ne comprend pas grand-chose à la justice de Libra, c'est à peine s'il est capable de mener une enquête. Peut-être ferait-il mieux de ne pas mettre son nez dans ces affaires-là...
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaLun 9 Fév - 13:17

L'affaire était résolue. Yemdel ne ressentait pourtant aucun soulagement. Résoudre un crime ne lui apportait pas la moindre satisfaction. Ce que Yemdel aimait plus que tout au monde était de prévenir les crimes, de faire régner l'ordre, de rendre service aux autres. C'était la partie intéressante de son métier. Trouver les coupables, les punir, se battre, tout cela l'intéressait moins... alors que Yemdel avait le sentiment qu'autrefois, il avait été attiré par la bagarre et que se battre avait été une façon d'exprimer sa virilité. Il avait bien changé depuis : il s'était tout simplement assagi avec les années qui n'en étaient pas. Pendant qu'il rangeait sagement sa pièce à conviction, le lieutenant sentit Zohar agir dans son dos. Il aurait dû l'arrêter, lui expliquer que ce n'était pas son rôle d'effrayer les coupables, et que s'il voulait l'accompagner une nouvelle fois sur une scène de crime, il avait intérêt à se tenir à carreau, mais il n'en avait pas vraiment envie. Une petite entorse à ses principes moraux ? Cela ne lui ressemblait pas vraiment. Yemdel fit semblant d'être absorbé par son rangement tandis qu'il laissait le coiffeur menacer le vieillard, mais bien sûr il tendait l'oreille, au cas où la situation devait dégénérer. Le vieillard devait avoir peur, car Yemdel lui-même se sentit inquiété par Zohar : le coiffeur laissait exprimer tout son potentiel de criminel en puissance. S'il ne le connaissait pas mieux que cela, Yemdel aurait juré que Zohar allait mettre ses menaces à exécution. L'incident du dimanche soir eut pour une fois une bonne raison d'exister, car il contribua, une fois n'est pas coutume, à rassurer Yemdel. C'est dire si Zohar l'avait effrayé.
Le vieillard se laissa docilement attaché par Yemdel qui fit attention à ne pas lui couper la circulation. Le vieillard n'en éprouva aucune gratitude : son regard était toujours aussi vide qu'auparavant, mais l'intervention de Zohar semblait l'avoir un peu attristé : il était moins inexpressif que déprimé. Yemdel lui fit signe de se lever et le vieillard obtempéra paisiblement. Il vérifia que le prisonnier n'avait aucun moyen de s'échapper ni aucun objet personnel sur lui, puis il lui fit signe de sortir et de l'attendre sagement dans le couloir. Zohar lui demanda s'il pouvait l'aider d'une façon ou d'une autre. Yemdel ne pouvait pas l'abandonner dans la nature ainsi : il se devait de toute façon de bien lui faire comprendre que tout ce qui s'était passé durant la soirée devait rester confidentiel. Il ne savait pas si Zohar était capable de garder un secret lorsqu'un événement aussi gênant que l'incident du dimanche soir n'était pas en cause, mais il avait tout simplement décidé de lui faire confiance :

« Tu vas m'accompagner au QG de la Garde avec ces deux-là. Ils auront moins envie de s'échapper si nous sommes deux à les surveiller, même si je ne pense pas que notre ami l'aîné ait envie de résister. Mais pour le nettoyage, je crois qu'en fait, nous enverrons une équipe s'en charger. Avec deux cadavres, le travail serait trop conséquent pour nous deux. »

Pour ne pas laisser patienter trop longtemps le vieillard seul dans le couloir, Yemdel sortit pour rejoindre son prisonnier. Celui-ci avait agi conformément à ses instructions, sans bouger. Yemdel demanda à Zohar de le surveiller, pensant qu'il serait plus simple de laisser sous sa surveillance un prisonnier docile. Bertrand, puisque tel était son nom, se débattait dans sa salle d'expérimentation. Yemdel prit le temps de le neutraliser d'un coup sur la tempe pour le faire tenir tranquille, avant de le détacher pour l'extraire de la scène de crime. Après avoir vérifié qu'il n'oubliait rien d'important, il referma soigneusement la porte du laboratoire derrière eux. Yemdel prit la tête de la colonne en serrant le bras du savant pour le forcer à le suivre, puis ils sortirent de la maison. Yemdel laissa une nouvelle fois Bertrand seul pour refermer définitivement la porte. Il prit la peine de marquer la maison d'une croix rouge.
Derrière lui, Bertrand avait fondu en larmes. Recroquevillé sur lui-même autant qu'il était possible de le faire quand on était ainsi ficelé, le savant ne se retenait plus, sa dignité perdue. Il pleurait comme un bébé en se roulant par terre, ce que Yemdel trouva très désagréable. Le lieutenant le releva de force sans que le scientifique puisse résister. Il eut cependant l'occasion de protester :

« Relâchez-moi, je n'ai rien fait, ce n'était rien d'autre qu'un regrettable accident. »

Yemdel le secoua un peu pour le faire tuer, mais il ne réussit qu'à attiser ses pleurs. Tout en soupirant, Yemdel se demanda si Zohar lui avait fait quelque chose. Vu son état, c'était totalement possible. Mais en fait, la réponse la plus probable venait très certainement de l'attitude du vieillard. Son calme surnaturel déboussolait totalement le scientifique, qui avait trop pris l'habitude de se reposer sur lui. Son idôle était désormais brisée, foulée du pied, ruinée. Toute la dignité du savant partait donc en fumée à présent que sa dernière protection avait sauté. Yemdel fut indisposé par ses cris et le bâillonna proprement, sous prétexte de préserver le sommeil du voisinage. Et, connaissant Yemdel, il se pouvait très bien qu'il ait eu ce genre de considérations en tête.
C'est donc flanqué d'un scientifique geignard, d'un vieillard apathique et d'un potentiel sociopathe que Yemdel prit la direction du quartier général.
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MessageSujet: Re: Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé)
Quand la nuit tombe. (pv Zohar) (terminé) RxkgjUaMer 11 Fév - 20:52

Les deux suspects sont désormais mis hors d'état de nuire, et les victimes... eh bien, elles finiront bien par revenir indemnes. Donc tout est bien qui finit bien, n'est-ce-pas ? Zohar ne peut toutefois nier cet étrange sentiment d'amertume qui s'enracine dans son cœur. Comment se fait-il qu'il le regrette ? Les yeux posés sur le vieillard, étrangement docile, il cherche à comprendre. Sans doute y a-t-il deux raisons à cela. D'une part, pendant un moment, il a pu oublier son ennui. Il a eu l'impression d'être légèrement plus vivant que d'habitude, comme si le fait de se donner à fond dans une mission éveillait en lui quelque chose. Peut-être est-ce pour cela que les gens se consacrent à une activité. Lui a choisi d'être coiffeur non parce que cela lui plaît, mais parce que les cheveux des autres sont pour lui une obsession, qu'il se sent agressé quand une coupe disgracieuse vient perturber son œil. Pour autant, le fait de couper les cheveux ne l'emplit pas de bonheur ; le résultat se contente de lui apporter un soulagement plus qu'une véritable satisfaction. Reportant son regard vers Yemdel, il se demande si le lieutenant est heureux et fier d'avoir trouvé ses suspects. Rien ne filtre derrière sa carapace d'homme parfait, à tel point que cela en est effrayant.

Quelle n'est cependant pas sa surprise quand le lieutenant lui annonce qu'il va l'accompagner au QG. Zohar ne s'y est bien sûr jamais rendu. Pourquoi l'aurait-il fait ? les lieux de pouvoir ne sont pas vraiment des endroits connus pour attirer le bonheur, en règle générale, les gens qui s'y rendent tirent plutôt la tronche. Mais, pourquoi pas, ce peut être intéressant. Apparemment, une équipe de nettoyage s'occupera des lieux. Le coiffeur prend conscience que Yemdel lui confie une sacrée responsabilité. Surveiller des hommes ? S'ils s'échappent, ce sera de sa faute. Il serait sans doute plus prudent de dire non. Mais Zohar est en quête, et il se dit que, peut-être, ce qui lui manque dans son existence actuelle, c'est le sens des responsabilités. Alors en assumer une ne peut lui être que bénéfique, et il acquiesce. De toute façon, il aurait été stupide de refuser alors qu'il venait de proposer son aide au lieutenant, n'est-ce-pas ? Yemdel décide de lui laisser la surveillance du vieillard, et l'homme ne réagit pas vraiment. Zohar n'a pas l'impression qu'il est résigné, même s'il serait bien incapable de dire ce qu'il ressent. C'est un peu plus comme s'il s'était éteint. Bertrand, à côté, pousse des cris, et Zohar se demande s'il devrait aider Yemdel. Sans doute que non. Il lui a donné une instruction, et Zohar compte bien la tenir. Il n'est pas assez confiant en ses capacités pour se dire que le vieil homme restera là sagement. Et puis, qu'est-ce qu'il a à rester comme ça, il n'a donc pas envie de rester libre ? Vraiment, le coiffeur ne comprendra jamais comment fonctionnent les autres.

Déjà qu'il ne se comprend pas lui-même...

Zohar ne sait pas trop s'il doit rester proche du vieillard ou s'il peut se permettre une distance de sécurité. Alors il prend exemple sur Yemdel, et l'imite en tous points. C'est lui le professionnel. Enfin... est-ce que secouer un prisonnier, c'est vraiment professionnel ? Zohar réprime un sourire, trouvant que cela ne correspond absolument pas à l'image qu'il s'est toujours faite du lieutenant. On dirait que lui aussi peut être agacé par le comportement de certaines personnes et peut faire des actes plutôt irrationnels - du moins, c'est ce qu'il lui semble. Zohar lui emboîte donc le pas, curieusement satisfait d'être encore dans la course. Il se rend compte qu'il aime bien Yemdel, et ce, malgré l'incident du dimanche soir. Il aurait été tellement dommage de ne plus accorder de l'attention à l'autre sous prétexte que leur rencontre a très mal finie, non ? Au final, ils forment une bonne équipe. Le lieutenant droit et compétent, avec le coiffeur imprudent mais pas vraiment dangereux. J'espère que tu me vois autrement, maintenant, Yemdel. Je serais cruellement déçu autrement. Il est désormais temps de s'enfoncer à nouveau dans la nuit, cette nuit qui est censée révéler les cœurs. Elle n'a révélé ni celui de Yemdel, ni celui de Zohar ; deux hommes trop gris pour changer. Mais ces deux braves habitants d'Ethernite viennent de dévoiler leur véritable nature. Derrière leur apparence affable se cachent des monstres. Au fond, n'est-ce-pas ce que Zohar voulait voir, quand il est sorti de chez lui ? On peut dire que cette nuit aura été une réussite.
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