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 rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥)

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conscience vouée à l'errance
Bermuda
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conscience vouée à l'errance


Féminin

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MessageSujet: Re: rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥)
rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥) - Page 2 RxkgjUaLun 16 Fév - 15:21

Je quitte lentement ta tempe et j'envoie mes mains s'accrocher à tes épaules. Maintenant que ma tirade est terminée et qu'un silence vient ponctuer ma dernière sentence, je ne sais où regarder. Le silence me rappelle ma fébrilité, car j'entends mon souffle expirer toute ta lascivité. Je suis si proche de ta peau que je pourrai compter tes cils délicats. Déclamer en silence ce que m'inspire la commissure de tes lèvres. Ces baisers que je devine sur la peau rosée de ta bouche. Les terribles tentations qui roulent sur ta langue. Ces mots provocateurs que tu expires avec tant de facilité. Et. Surtout. La chaleur de tout ton souffle. Tous tes soupirs fébriles qui se terminent en soubresauts extatiques. Tu m'inspires des envies irrépressibles. Fauves. Tu aspires ma raison. Je me raccroche plus fort aux dernières syllabes de mes mots assassins pour ne plus me perdre. Je veux lâcher prise et m'écarter car je ne veux plus souffrir mon désir. Je veux profiter du silence pour chasser ma fièvre. Je veux pouvoir écouter tes réponses avec calme pour pouvoir parachever la transaction. Je ne veux plus me laisser berner. Dans le tumulte de nos souffles et nos mots j'ai tant de mal à ne pas perdre de vu l'essentiel.

Tu viens briser le silence et mes belles résolutions que j'avais eu tant de mal à adopter. Et. Je peux avouer que je ne sais pas non si je dois être effrayé ou excité quand tu passes ta main sous ma tunique immaculée. Quand, du bout des doigts tu parviens à me tendre tout entier. Quand de la paume tu fais frissonner chaque parcelle de ma peau. Quand dans une caresse tu me fais presque perdre la tête. Je m'agrippe plus à ta chemise. J'essaie de ralentir mes expirations. De ne pas offrir aussi facilement mon extase. Je veux jouer les vieux habitué. Feindre l'indifférence. Pour ne pas dévoiler ma propre immaturité. Tes lèvres sont si habiles quand il s'agit de me vexer. Je presse mes lèvres l'une contre l'autre. Mais ta main contre ma nuque me ramène à tes lèvres et ma bouche s'entrouvre pour les accueillir. Immédiatement. Avec l'empressement d'un assoiffé, car tes baisers sont oasis divines et mes lèvres me semblent aussi asséchées que le désert brûlant de Libra.

La furtivité du geste suffit à insuffler un peu plus d'ardeur à mon corps. Surtout quand je ressens tes lèvres parcourir ma peau avec tant d'acharnement. J'exulte. Mon esprit titube. Ma peau n'est qu'un frisson. Ma raison trébuche. Je peine à me concentrer. Oui. Vraiment. Je ne sais si je dois être effrayé ou excité moi aussi. Parce que quand tu finis par reporter tes lèvres sur le coton blanc j'expire un soupire déçu. Et j'ai bien dû abandonner nombre soupires ardents dans la bataille. Je regrette parfois de connaître la brûlure du désir. La facilité avec laquelle tu arrives à me perdre m'effare. Et plus je crois être habitué, plus tes gestes et tes paroles me font déchanter. Je sais que je suis redondant. Que mes pensées ressassent chaque fois les mêmes inquiétudes. Le même émerveillement. La même frayeur. Je n'y peux pas grand chose hélas. C'est autre chose de faire souffrir les autres de caresses que d'en être bouleversé soi-même.

Quand ta voix vient me conter, perdue dans mes étoffes, tout ce que tu serais disposé à avouer, je me force à t'écouter. Je sais que bientôt tu me livreras ta décision. Mes tempes palpitent. Je suis impatient de savoir. Inquiet. Car les mots de ma précédente déclaration vibre encore en moi. Et j'ai la certitude que toutes ces menaces cachent d'autres sombres vérités. Que ce n'est là qu'une pâle esquisse de ce que je pourrai ou non accomplir si quelqu'un essayait véritablement de me déposséder. De tes saphirs. De l'albâtre. De cette bouche nacrée. De l'or de tes doigts. Et je tremble vraiment à l'idée d'être porteur de tant de sauvagerie pour un seul être. Je fais silence mais mon regard féroce est significatif. Surtout que ta main court toujours et que mon épiderme la ressent plus ardemment.

Puis. Finalement tu choisis. Mon palpitant rate un battement. Canaan. Canaan. Canaan. Le nom de la ville résonne en moi. Les étales et le marché noir s'imposent. J'expire un soulagement. Ou un soupire presque déçu. Je sais pourtant que ta décision me sauve de l'abysse. De la perdition. Je relâche tes épaules et mes mains retombent, le cliquetis de la chaîne me rappelle à nos liens. Je me dis qu'il faudrait que je nous détache. Que je me lève. Que je te fasses signer. Mais tu t'acharnes. Et quand tu glisses d'un coup sur mes reins tu m'arraches un gémissement. Je ferme les yeux et tu me ramènes à nos ébats. Mon corps est bien trop docile sous tes caresses et mes doigts s'enroulent dans les pans de ta chemise. Je me tends vers l'avant comme pour échapper à ton toucher bien trop lascif et je scelle mes lèvres. J'ai besoin de me raccrocher. Mais tes menaces m'arrachent de nouveaux frissons. Un sourire intéressé. Je tente d'ignorer ma fébrilité pour provoquer moi aussi.

- Vraiment? Dis-je en remontant une main libre sur ton torse. - Seras-tu terrible? M'offriras-tu des yeux furieux si je tentai de m'esquiver vers d'autres bras, facétieux? Je peine à m'imaginer ta fureur et je me sais incroyablement curieux.

Je remonte ma main libre contre ton cou et je m'abaisse pour t'arracher un baiser ardent. Je ne veux pas rester passif car j'en ai assez de trembler seul.

- Ne crois pas qu'il sera si aisé de m'arracher pour autant mes jours et mon attention. J'ai bien envie de négocier et de revaloriser mon temps.

J'élude malicieusement, mais je ne sais plus si j'ai envie de me damner plus encore avec toi. Ou plutôt. Je sais que je serai bien trop enclin à accepter tout et n'importe quoi contre tes heures. Je sais ce que je pourrai obtenir en vendant ton attention et je sais aussi combien de pièce j'allai pouvoir en tirer. Je ne savais simplement combien de temps je tolérerai le marché. Et c'est ce qui était le plus effrayant.

Je réprime un sourire alors que tu m'annonce notre prochaine destination. Je trace des arabesques sur ta peau tendre et viens titiller ta pomme d'Adam du bout des doigts quand les tiens s'acharnent sur mon torse délicatement. Je me dis que. Décidément. Ta main me livrait bien trop de douceurs et je me surprenais à vouloir en découvrir plus. Sur les tendresses qui se cachent quelque part dans tes sourires mielleux. Presque, car toutes ces attentions tendres m'égarent peut-être plus sûrement que toute ta lascivité. Elles font palpiter ma raison et me poussent à y répondre plus encore par d'autres gestes trop sincères qu'il m'est si douloureux te t'offrir.

Alors je presse mon visage contre le tiens et réduis la distance que tu as fait installer entre nos deux corps. Je veux perdre mes soupirs dans les tiens. Ma bouche sur ta peau. Profiter des heures qu'ils te restent pour combler mes attentes et les tiennes. Je veux haleter et faire frémir mes reins jusqu'au matin. Car je suis las de nos jeux de séductions. De nos regards langoureux. De subir la frustration de mes baisers ratés. De souffrir mes pensées. De me poser des questions et de repousser les réponses. Je sais, qu'à cet instant je veux brûler contre ta peau. Je veux enfin cesser d'expirer si gauchement. Je veux tout consumer une bonne fois pour toute au lieu de gémir nos confrontations sulfureuses. Je le veux si fort que mon corps se presse impatient, car je sais que je suis trop enclin à regretter et repousser ces ballades extatiques tant mon esprit fait la girouette.

Cependant. Quand tu viens quémander une étreinte je m'écarte promptement. Comme piqué par ton interrogation. Griffé. Je voudrais faire mine de ne pas comprendre. Rire. Faire l'idiot en papillonnant des cils. Mais la brutalité de ne ma réaction rend inutile toute tentative éhontée. Tu fais renaître en moi mes doutes. Ton regard dans le mien m'arrache une grimace. Toute l'impulsivité de ce geste que tu évoques déloyalement me revient. Me saisie à la gorge. Je ne sais si en fais mention à cet instant pour te moquer. Je n'arrive pas à déceler des notes enjouées dans ta voix. Ton sérieux m'ébranle, même. Je sais seulement que je ne sais pas. Alors. Je souffle implacablement mon désaccord. - Non. J'inspire. Mes doigts recroquevillés sur tes jambes. J'essaie de chasser ce geste inassumé dans un coin de ma tête mais mais mon esprit ne cesse de me harceler.- Pourquoi donc voudrais-tu que je le fasse?

Ma gorge s'assèche et ma gêne vient marquer mes joues. Car elles brûlent et mes tempes recommencent à palpiter douloureusement. Je ne sais plus soutenir ton regard et tes lèvres. Je redoute que tu éclates de rire à cet instant. Je redoute même que tu refasses mention de la faiblesse de mes gestes. Je tire de ma main droite les chaînes qui nous relient.

- Je ne comprends pas. Et. J'inspire douloureusement pour ne pas succomber par égarement et finir par me rapprocher et combler les distances que ma prudence nous avait imposé. Je ne veux plus céder à mes faiblesses. Je reste obstinément fixé sur nos liens. - Je ne sais pas faire ce genre de chose. Je sers mes deux poings et fait blanchir mes phalanges. - Dis-moi plutôt... M'emporteras-tu Sucre? Ou préfères-tu que je me défile? Je m'écarte aussi loin que tes cuisses et nos liens me le permettait pour pouvoir te regarder entier. - Décides-toi vite car je me sais changeant. Tout mon corps te réclame, mais ce qu'il y a de plus raisonnable en moi te repousse. Je suis las d'être raisonnable. Alors prends-moi et oublies mes maladresses. Ordre ou suppliques. Je ne sais plus.


Hrp; BON. JE. VCSHJJCGGK.
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MessageSujet: Re: rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥)
rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥) - Page 2 RxkgjUaVen 20 Fév - 1:10

Bermuda me parle d'or, de trésors et de transactions, il me parle de rêves avides qui arquent son sourire et de contrats qui font vrombir sa peau jusqu'à hérisser sa nuque, mais il y a quelque chose d'infiniment précieux et d'inépuisablement rare dont Bermuda n'a pas saisit toute l'ampleur de la richesse.

C'est quand il gémit.
Bermuda gémit. Ses gémissements valent mille cris et ces mille cris l'éternité. Juste une note mi-rauque, mi-aiguë coincée en travers de sa trachée et emmurée par ses lèvres closes. J'ai envie d'aller y plonger mes lèvres et de fouiller sa gorge de la pointe mouillée de ma langue. J'ai envie, libérateur, d'excaver l'écharde de son plaisir et de la laisser germer jusque dans sa bouche. Je veux la puiser de mes mains dans les profondeurs dorées de ses reins. Ses joues sont des pierres écarlates.

Je me perds.

Lorsque j’entends ce moins qu'un cri, je me sens partir. Je sens tous mes nerfs se fendre et mes muscles se rompre, chaque minuscule écaille de ma peau se met à subir cette brûlure. Il me faut ramener en plein centre de ma poitrine toute ma volonté éparpillée en lambeaux d'envies très violentes. Je retiens un sursaut et laisse un borborygme bestial s'empaler sur mes dents serrées. Mes phalanges se plantent sur ses hanches blanches.

Je lui dis une première fois, bas avec peu d'air dans le poumon.

― Ne gémis plus comme ça.

Je reprend une inspiration, en apnée, la bloque de mon diaphragme avec ce spasme qui secoue mes côtes comme trois coups de poing. Mes paupières rabattue je cherche le noir sur ma rétine, mais ne vient s'y apposer que la vision sulfureuse et enivrante de son dos tremblant lorsque nous nous étions touchés tout à l'heure. Je me crispe, rouvre mes cils presque humides et répète une deuxième fois l'avertissement avec l'exact même tonalité.

― Ne gémis plus comme ça, Bermuda.

Alors que j'apprends, en bruissant tout bas la menace, que ma seule envie est qu'il gémisse encore. Je sais à cet instant précis que je vais le faire recommencer et que, cette fois-ci, je n'en aurai pas droit qu'à un seul ; mais des centaines qui viendront se casser contre chacun de mes os. Je n'arrêterais aucun de mes gestes tant que mon tympan n'en sera pas repu et mes désirs labourés.

Sa vulnérabilité m'affaiblit tout entier.

Je retrouve ma mesure et allonge ma respiration pour qu'elle ne suive plus les soubresauts abrupts de mes envies. Ce n'est plus qu'une brise lorsque je pose ces questions qui ne se déroberont jamais ; ses provocations, je les surmonte d'un simple regard, d'un sourire qui écorche mes lèvres pâlies d'excitation, d'un baiser qu'il vient farouchement planter sur et dans ma bouche comme l'étendard de sa conquête.

Il l'ignore et moi-même je n'en suis pas sûr, mais je me sens tout vaincu lorsqu'il s'étiole sous mes caresses. Je ne sais plus sur qu'elle parallèle du temps j'ai dit les mots suivants dans la dune d'un sourire :

― Tu as vraiment envie de connaître ma fureur ? Moi-même je l'ignore.

Et j'ai pensé aussi, dans cet imbroglio de sensations fumeuses et opaques la densité qu'appuyait sur moi l'image de ce corps juvénile touché par d'autres paumes que les miennes. Évidemment, capricieux et mauvais, je n'en avais pas envie mais j'étais le premier à tomber pour des seins, des reins et quelques poignets que j'aimais piquer de baisers et de soupirs.

Pourtant je devais aussi confesser, et ça me ressemblait peu, que jamais je n'avais eu tant à me battre, et jamais je n'avait été tant terrassé et conquis depuis ma mort.
J'avais le désir sourd d'être sa seule défaite.

Puis, il réagit avec la brutalité qu'on les vagues à s'écraser contre la coque abîmée d'un navire à ma remarque trop chaste. Ce n'est plus de la distance qu'il pourfend entre nos deux corps ; c'est un abîme féroce qui dans son vide vole toute la substance de mes artères.

Je me retiens de le plaquer aussitôt contre mon bassin, autoritaire, mais il aide ma folie à se divertir lorsque son sur son visage éclot des élans rouges. Je n'ai pas de soudains éclats de rire et de joie ; juste une douceur mutisme qui me fait sourire, doux.

― Pourquoi donc voudrais-tu que je le fasse ?
― Peut-être parce que j'en ai envie ?
― Je ne sais pas faire ce genre de chose.

Mon œil céruléen se dérobe vers la nuit de pétrole et j'abandonne la requête bon prince – elle était aussi, pour moi, bien étrangère, pareille à une peau étriquée et me gonflait de malaise.
J'oublie l'envie.

Il m'en plante une nouvelle en plein les côtes.

Cette fois, je ne vais pas le laisser s'enfuir.
Cette fois je ne vais pas le laisser tailler de ses cuisses lointaines cette césure insoutenable. Au moment même où il écarte toute la chaleur que génère son corps lascif, je le rabat sèchement contre moi. Mes mains, grandes, nerveuses et tendues, serrent ses hanches et je le presse, dans ce mouvement rectiligne contre mon bassin tout entier.
Je me redresse et je gémis, moi aussi, mais c'est sombre.
Ma poitrine se soulève aussitôt pour venir louvoyer contre la sienne, mes doigts remontent la peau nue de son dos pour y pianoter mon trouble. Je vais perdre un œil, puis deux dans le sien et dans la blondeur vagabonde de ses cils.

Je suis prêt à me couler dans son cou et mon souffle ricoche contre sa chair claire pour revenir à la naissance lèvres. Je souris.

― Est-ce que tu as demandé quelque chose ?

Alors, je l'emporte.
Je voudrais lui dire plus de dix phrases et je me dis que jamais mon tribut n'a été une telle plaie béante en plein dans ma bouche. Toutes ces assertions mortes-nées se fracassent dans mon estomac et finalement, ce n'est pas plus mal puisque je ne suis plus que primaire.

Je ne peux plus que l'emporter.
Mes mains glissent sous ses fesses et pour le soulever, et pour toucher plus encore alors que je me dresse sur mes rotules grinçantes. Pour tuer toute protestation qui ne ferait qu'exacerber cette nouvelle fureur chaude, je presse mes lèvres sur sa bouche, je l'embrasse, je rompt, je l'embrasse encore, je mords parfois et je l'embrasse.

Dans mon étreinte, il semble si léger mais c'est parce que je suis meut par ce désir qu'il ne cesse de me projeter et de me voler ; plus maintenant.

Il me faut huit enjambées pour rejoindre sa couche ondulée de satins, de dorures, de cotons blancs et surtout, de son parfum de mer.
Il est un océan que je veux étreindre.

Je suis peu délicat mais je le deviens. Je le lâche et le jette, le recouvre de mon corps qui le survole de ses genoux à son front, l'encage de mes bras tremblants et le surplombe de mes traits creusés et avides. Une presse s'abat sur mes vertèbres et mon ventre se presse contre le sien. Je l'embrasse encore, comme pour le faire suffoquer et parce que son visage rougi par les auréoles de mes brûlures m'excite.

Ma main passe sous sa tunique et la remonte jusqu'à l'horizon de ses clavicules.

― Est-ce que tu sais comme ta peau est douce ?

Je m'amuse à compter les reliefs de ses côtes sous mes doigts. Je le contemple et vais céder.

― Est-ce que tu sais comme tu es désirable ?

Un œil vers nos poignets et leurs bagues de fer et je dis en continuant mes touchers équivoques. Mon œil l'est aussi, tout en sourires. Je vais me rompre.

― Laissons-les ?

Puis, je me brise.
Je me brise, sur lui, pour lui, et ce déchirement se troue de baisers, d'étau, de délice, de révolte, de tendresse. Au bord du précipice, le ressac dans les tympans et le solfatare dans les veines, j'articule une dernière fois contre son hélix, l'haleine aqueuse :

Ne gémis pas.



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MessageSujet: Re: rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥)
rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥) - Page 2 RxkgjUaVen 20 Fév - 15:57

Je retrouve contenance dans mes hésitations. Dans mes suppliques. L'espace d'une seconde tout est clair. Trop clair. Quand mon iris se pose sur ton visage. Ton regard. Tes joues. Ta bouche. Ta jugulaire. Je sais à cet instant précis jusqu'où je suis prêt à aller pour posséder de tes soupires jusqu'aux mensonges ambrés. Jusqu'où je pouvais aller, dans ma faiblesse pour te garder jalousement. Qu'importe les moqueries. Tes jeux. Mes entourloupes. Je veux ta colère et la ressentir jusque dans ma moelle. Je veux tes éclats pour pouvoir accorder un souvenir agréable à partager dans mes nuits solitaires. Je veux ton corps et son ardeur entière pour pouvoir rallumer ces passions humaines qui vrillent délicatement mon corps et mon coeur. Je veux ta peau pour y planter mes griffes et y faire graver mon existence. Je veux ton cou pour t'étrangler, agacé, de mes mots ou de mes mains, toujours du bout des lèvres. Je veux presser ton coeur de mes doigts ou au moins l'effleurer, pour prouver qu'il m'a un jour offert ses plus beaux rythmes. Une seconde. Qui révélait à moi toute l'horreur de mes désirs. Une seconde qui me fait réaliser que je ne veux plus ressentir cela pour un autre. Une autre. Que je ne veux et ne pourrai que gérer qu'une seule tempête. À jamais. Je jure. Je jure que jamais plus on ne m'y reprendra. Que la ligne que j'avais franchis, je ne la dépasserai plus jamais. Et peut-être même plus avec toi. Surtout avec toi. Car je n'aime pas ce que tu fais de moi Sucre.

Te souviens-tu des royaumes dont je t'ai parlé. Plus haut? J'abdique à mon tour. Je te jette ma couronne. Rageur. Je t'offre mes dignités. Ma chair. Mes os. Mon souffle. Mes regrets. Le frémissement de ma bouche. Mes mains gauches. Mes plus mauvaises étreintes. Mes belles maladresses. Tout. Il t'a fallu une seconde. Juste une seconde pour pourrir tout un coeur. Corrompre un esprit. Un corps. Qui tremble sous tes mains. Sous tes doigts. Qui n'en peut plus de ne plus pouvoir ressentir ta paume. Et ces secondes de conquêtes tu les as tant multiplié que je ne veux plus compter. Je ne rêve que du miel et de l'ambroisie de tes lèvres. Tes baisers immortels m'emportent et me font rêver d'éternité. Le devines-tu seulement?

Et la seconde qui suit je la consacre entière à ma volonté. Il n'est pas encore trop tard. Je le sais. Je pourrai tout arrêter maintenant. La distance entre nous rendait les choses si faciles. Je pourrai descendre de ces cuisses tentatrices pour déchirer l'accord. M'épargner tout entier. J'étais toujours au pied de l'abysse. Mais je n'étais plus acculé. Il aurait été tellement simple de tout stopper maintenant. De suspendre la fièvre. De la repousser entière. Je pourrai. Mais maintenant que j'avais goûté à la nourriture des dieux je ne pouvais me résoudre à tout rejeter. Maintenant que je me languis de ta peau. Que je me vois dans ta pupille. Ah. Il faudrait tellement que je m'échappe.
Mais je ne le fais pas. Quand tu m'attrape férocement par les hanches. Que tu me plaques contre ton bassin. Que ta voix grogne en écho à la mienne. Que je peine à inspirer. Que mes lèvres tremblent. Je sais que je hurle en silence: damne-moi. Quand tout mon corps s'étire vers l'avant alors que tes doigts d'or tissent des promesses sulfureuses. Quand ton souffle sur ta peau me fait frémir. Quand tu viens perdre tes iris dans la mienne. J'hurle encore depuis le coeur:Damne-moi. Et quand tu m'envoies une énième interrogation lascive. Moi je ne peux que frémir, un peu rauque.

- Damne-moi.

Et je lève les bras pour les nouer instantanément à ton cou. Je ne sais si cela ressemble à l'étreinte que tu me réclamais. Je ne sais car ce geste impulsif s'est achevé avant que je ne puisses y penser. Je veux que tu m'emportes. Que tu me contes des merveilles avec tes lèvres. Ton bassin. Alors. Je ne peux que m'accrocher car mes genoux tremblent, troublés. Comme mes hanches. Mon bas-ventre. Je ne peux que m'accrocher. Et tu peux m'emmener où cela te chantes. Et quand tu me portes je ne pense plus qu'à tes mains. Je me dis que toutes les couches de nos vêtements sont trop superflus et que je voudrais les enlever férocement pour ne plus que ressentir ta peau. Et la mienne. Je ne pense qu'à mes genoux tremblants d'envie contre tes hanches. Je pense à tous les soubresauts de ton corps et du mien. L'ardeur de tes baisers ne fait qu'augmenter la fièvre et si je n'étais pas tant occupé à chercher mon souffle dans tes inspirations je me serais jeté sur les tiennes plus ardemment encore. Même quand tu n'es que morsure et que tu te fais féroce. Surtout quand tu te fais féroce. Je ne compte plus. Mon esprit est un brouillard épais. Chaque fois que ta bouche se presse contre la mienne je sais simplement qu'elle me brûle. Que mes lèvres frémissent quand elles deviennent orphelines. Que mes bras ne peuvent que s'agripper plus fort.

Soudain. Je tombe. Je le sais. Je me suis senti basculer en arrière. J'ai relâché ton cou pour atterrir dans le satin. J'aurai pu tomber dans des eaux tumultueuses et m'y noyer. Sans aucunes protestations. Aucunes. Je sais que je tombe. Que mon esprit. Plus sûrement encore. Dans l'abysse. Je ne reste pas seul longtemps. Et quand tu te penches au dessus de moi, tu m'invites à repenser à nos premiers ébats dans la cale. Je peux me rappeler de l'expression de ton visage. Celle que tu m'offre quand tu te prépares à me brûler entier avec toi. Contre toi. Je sais que ton visage arbore cette même expression. Maintenant. Tes œillades me racontent tes extases à venir. Les miennes. Je n'ai pas la même assurance que j'avais puisé dans mes ignorances la première fois. Là je redoute et je frémis d'avance. Je crève d'impatience. Ma peau quémande. Ma bouche aussi quand la tienne est si proche.

Ton regard planté dans le mien me rappelle que je ne suis pas seul à pouvoir contempler. Je me demande alors quel visage je dois bien t'offrir. Lèvres entrouvertes et souffle court. Mais tu te presse contre moi et la morsure me fait me cambrer un peu. Expirer entre mes deux lèvres roses quelques voyelles, car je ne peux déjà plus rester silencieux. Mais tu m'embrasse. Mais tu m'embrases. Mais tu me damnes. Ta langue contre la mienne picore mes dernières résistances. Mon corps entier palpite. Je voudrais t'enlacer tout entier. Je voudrais cacher toute ma faiblesse dans ton cou et ne t'offrir que des son et des souffles empressés. Haletants. Je voudrais te la faire ressentir. Vaguement. Sans te la montrer car ma fierté farouche nie toute entière. Mon embarras. Mon inexpérience. Mes soubresauts. Moi je ne sens plus que ton bassin.

Tu rattrapes mon attention dans un soupire et tu glisse ta main sur ma peau. Je me tends tout entier. Retiens mon souffle. Entre mes lèvres que je tente de maintenir scellées. Je ferme l'oeil. Pour mieux accueillir tes caresses tremblantes et te livrer toutes mes cambrures. Des pensées étranges viennent m'étreindre. Je ne me souvenais pas que la cale soit aussi lumineuse. Et. Si la pénombre m'avait permis de masquer mon visage rouge je doutais que je puisses dissimuler quoi que ce soit. Maintenant. Et je crois que je n'aime pas vraiment cela car quand tu me parles et que tes iris son braquées sur moi j'ai la furieuse envie de me dérober. Comme si tout te donner revenait à t'accorder mille victoires. Et quand tu viens me narguer, du bout des lèvres je ne peux que souffler:

-Tais-toi. Je voudrais prétendre l'avoir fait rageur, mais ma respiration haletante s'acharne à décortiquer les lettre des mots. Mes tempes palpitent férocement et je passe un bras devant mes yeux pour m'échapper aux tiens. Quand tu viens me parler de désir alors que tu me consumes je ne peux que rétorquer. Encore.
-Ah... Tais-toi...
Mes lèvres se pincent. Je tremble. Ma peau me brûle. Je voudrais plus ressentir la tienne contre la mienne. Mes genoux se pressent. Mes hanches connaissent déjà le mouvement. Je voudrais te demander de cesser de me tourmenter ainsi, mais je sais que si je te l'avouais tu t'appliquerais plus encore. Je veux tes délices. Du bout des lèvres. Je suis trop impatient. Mais je veux ta peau contre la mienne. Ton souffle. Ta tendresse. Celle que tu ne m'offres que lorsque tu veux mes reins. Que tu ressens le besoin de me confier quand l'ardeur m'arrache quelques larmes surprises. Quelques peines charnelles. Celle qui me bouleverse et me coupe le souffle. Celle qui fait s'étirer mes gémissements confus en a et mes soupires. Celle qui me m'essouffle. Celle qui me dévore quand, lassée elle se mue en quelque chose de plus primitif. Celle qui me damne entier. Et j'ai perdu le fil si bien que lorsque ta bouche murmure un ordre je ne peux qu'y désobéir. Et plus tu me demande de ne plus gémir, plus tu me donnes envie de le faire. Il n'y a plus rien de logique. Plus rien. Et cela même quand sur mes lèvres ma main vient se perdre pour essayer d'étouffer, rebelle, mes sursauts extatiques. Cela même si j'ai promis d'écouter tes requêtes. Cela même si j'ai promis de les exaucer docilement. Je ne ne peux le faire car tout ton corps hurle contre le mien d'expirer plus fort. De gémir plus encore. Et. En réponse à ton ordre déraisonnable je te jette en offrande une centaine de murmures rauques et enfiévrés. Un pour chacune des parcelles de mon épiderme que tu fais désirer.

***

Et je pense que je t'ai étreint avec tendresse. À un moment. Et je pense que l'on s'est brûlé. Je pense que nous avons échangé mille baisers. Je pense que mes ongles ont marqué ta peau quand, emmêlés, je ne savais plus différencier ton corps du mien. Je pense que ta bouche à parcouru mon corps tremblant. Entièrement. Que les cliquetis de nos liens battaient moins fort que ton coeur et le mien. Je pense t'avoir tout abandonné. De ma fierté à mes reins. Tout. Que tu m'as vaincu.

Je sais qu'après. Épuisé. J'ai fermé les yeux, après un ultime baiser. Que je me suis endormi. Bien trop comblé.

***

Je me suis réveillé. Dans les draps. D'un coup. Je ne sais pas depuis combien de temps j'étais étendu, la joue contre l'oreiller. Sur le ventre. Je tire sur la chaîne, comme pour vérifier que tu es toujours là, car mes yeux papillonnent encore pour mieux chasser le sommeil.
- Sucre?
J'essuie mes paupières et j'esquisse un mouvement, mon esprit estimant que j'avais assez lambiné comme cela. Mais. Au moment même où je tente de me lever, ma peine se rappelle à moi.
- F-

Je scelle mes lèvres et retourne docilement sur le ventre. J'étouffe mes jurons et je masque ma souffrance dans mon oreiller. Quelques minutes. Puis. Je tourne le visage pour observer le tien. Avec attention. J'ai de nouveau l'esprit clair puisque mon corps plus que satisfait, peinait à se remettre de nos ébats du matin et du soir. Et je me demande bien comment de tels élans passionnés pouvaient distiller tant de plaisir et de douleur dans un même temps. Je me demande si, mon corps pouvait s'habituer pour ne garder que le meilleur. Je me demande si toute ta tendresse tu pourras me l'offrir un jour, en d'autres circonstances. Parce que. Quand tu enlaces mon corps frémissant tu le fais avec tant de douceur que j'en perds plus encore la tête. Entre tes doigts je me sens précieux. Couvé. Désiré. Et je dois bien avouer ne pas détester cela.

Je n'ai plus de malice dans l'oeil quand je viens embrasser ton menton. Quand je me dis que je veux t'offrir une étreinte. Me blottir dans ton cou immaculé. Quand mon corps se tourne inconscient pour se presser tendrement contre le tien et que mes lèvres grognent une plainte douloureuse. Quand ma bouche veut se presser avec égarement contre ta peau juste pour te confier un millier de douceur. Quand tout mon corps n'est qu'une esquisse d'amant. Je n'ai plus rien de facétieux. De provocateur. Mes tempes battent de nouveau trop fort. Je me fige. Agrippé à ta chemise que je n'avais pu ôter à cause de nos liens. Le front contre ta peau. Je souffle, dans un soupire.

- Jamais plus on ne m'y reprendra...

Je me souvenais de cette promesse que je m'étais faite. Il me semblait important de ne pas la perdre de vue. Car mes envies honteuses de douceurs m'effrayent. Me bouleversent. Que la douleur de mes reins est intense. Que je me demande même si je serai en mesure de faire bonne figure le matin venu, à Canaan. Que tu rends mon coeur sourd à force de palpitation. Qu'il nous faut encore signer ce fameux contrat et que je n'ai pas la force de me traîner jusqu'au bureau pour te le rappeler. Je soupire. Las. Je me demande si tu avais cherché à me rendre trop tremblant et douloureux pour faire annuler notre accord. Et je crois bien que si c'est le cas je ne t'en voudrais pas. Car si nous avions été dans une situation inverse je pense que c'est ce que j'aurais fait. Je ne suis pourtant pas perdu pour autant car tu es toujours lié à moi et, je compte bien te garder jusqu'à ce que tout soit enfin finalisé.
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MessageSujet: Re: rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥)
rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥) - Page 2 RxkgjUaDim 22 Fév - 2:40

Je suis un homme d'ennui.
Je suis un homme d'ennui et de lassitude. Ne se suivent pas deux soupirs sans que le premier ne me ravisse et le second me déçoive. Je n'ai pas pour habitude de m'extasier longtemps sur la découverte de nouvelles lèvres, la fragrance d'un coup blanc et lubrique ou le goût salé d'une sueur sur ma langue quand je constelle des ventre.

Rien n'aurait pu plus m'exciter, me satisfaire et me contenter que la première fois où Bermuda a abdiqué.
Je suis un homme de guerre et de conquête, un peu lâche certes, parfois mauvais, mais qui se complaît dans la jouissance de ses victoires. Après ces douzaine de soirées, autour d'une table en bois brut, la choppe de rhum devant nos nez rougis d'alcool, après toutes ces nuit où il avait refusé mes avances – souvent peu sérieuses –, rien n'aurait pu plus assouvir mes désirs de domination et de pouvoir que cet instant où, dans la cale à la pénombre de sel, Bermuda s'était donné tout entier. Je repense à ses joues vermeil, ses lèvres humides de désir, sans langue touchant la mienne et la cambrure de son dos qui tressautait à chaque fois que j'y passais mes doigts.

J'étais satisfait, conquis, victorieux, immolé dans la jouissance typiquement mâle de la souveraineté. C'était une extase, une perfection, un anéantissement de tout ce qu'il aurait jamais pu se produire après cet incendie.

Et pourtant, nous avons recommencé.
J'ai fait une première fois l'amour à Bermuda, puis, je lui ai fait l'amour une deuxième fois.

En soi, ce n'est pas un événement extraordinaire. Quand bien même je sois un homme d'ennui, il m'arrive d'aller quémander plusieurs fois d'affilées les reins d'un partenaire.

Ce qui est extraordinaire, ineffable et brutal, c'est que cette fois là, c'était encore mieux.
C'était encore mieux.

Pourtant, il n'y avait pas eu conquête, bataille, douleur, violence. Quelques morsures, des griffures quand mon bassin le cognait trop fort, des cris – de plaisir -, et, à certains instants, des caresses chaudes et tendres.
C'était la le mot juste qui se coulait avec étrangeté sur le souvenir tumultueux de notre contact : la tendresse.

La tendresse ne m'était pas complètement étrangère mais j'avais pour habitude de la contrôler. Je la donnais avec parcimonie à des poitrines qui se soulevaient de plaisir, plantant des baisers sur des côtes et caressant des épaules nues et suppliantes.

Mais cette fois, j'en avais donné beaucoup, et sans y prendre garde, et sans plus rien contrôler ; tout m'échappait, et quand j'avais enfoui mes gémissements rauques dans le creux de son cou, j'y avais déversé toute une dévotion qui m'était inconnue. J'avais aimé ça – j'y repensais, et je l'aimais encore.

Je repensais au safran qui l'empourprait de ses joues à la pointe de ses oreilles quand je laissais tomber sur lui mon regard le plus haletant. Je repensais à la chaleur qu'expiraient ses souffles près de mes tympans, contre ma tempe, quelque part près de mes clavicules et le plaisir que j'avais à faire glisser son haleine sur ma langue. Je repensais à ses mains, belles, blanches et fines qui se perdaient dans mon dos, parfois l'abîmant, alors je l'embrassais comme si je devenais cupide de ses lèvres.

Combien de fois avais-je scandé son prénom au rythme de mes coups de reins. Il me semblait l'avoir ancré sur le bout de ma langue.

J'avais trop aimé ça et je décelais, dans cette passion qui m'était inconnue, une gêne soudaine et capiteuse. Pendant ces instants où j'étais dans ses bras, je m'étais perdu en baisers, en caresses, en gémissements et en complaintes. Je m'effrayais un peu, moi, le grand Sucre, homme d'amertume et d'hypocrisie qui avait encore plus aimé étreindre un homme la deuxième fois que la première.

Je ne pouvais m'empêcher de penser à la prochaine fois, à cette troisième fois où je lui ferai l'amour, à cette quatrième fois, cette cinquième, cette sixième... Et je savais déjà que chacune surpasserait la précédente.

Routinier dans la mort depuis dix ans, j'appréhendais, assombri, cette nouvelle sensation.
J'avais été un homme d'ennui ; je devins un homme d'obsession.



*



Je me suis réveillé, tiré hors du duvet de ma satisfaction lorsqu'il a prononcé mon prénom. Cet appel, perdu dans les draps de satin et de coton, m'a remémoré que, lui aussi avait scandé mon nom quelque part entre deux soubresauts de plaisir.
Je déteste cette appellation que la mort m'a tatoué sans me demander mon avis, mais dans sa bouche, il se pare de teintes de plaisir.

Je retiens un sourire. Je suis encore somnolent ; l'amertume ne m'a pas encore gagné et je profite de cet instant de répit ou je me plais à sentir sa tiédeur si près de mon corps et le parfum de sa peau repue.

Il m'est plus dur de retenir un très grand éclat de rire lorsqu'il étouffe un gémissement qui n'appartient plus au domaine du bon. J'étais pourtant certain d'avoir été délicat, mais peut-être est-ce toujours un peu douloureux lorsque ces choses là deviennent trop intenses.

Mon visage se lisse lorsqu'il vient embrasser mon menton et cette tendresse, couplée à ses mains qui viennent serrer ma chemise (je pensais l'avoir perdue), et à tout son corps qui bascule contre ma poitrine, me rend encore fébrile.

Je ne comprends pas ; je pensais que nous nous étions suffisamment embrassés pour que je cesse de brûler pour quelques heures.
Il me rappelle l'étreinte que je lui avais demandé et j'en tremble.

Ce sont ces gestes doux qui me tirent définitivement de mon demi-sommeil. J'ouvre mes paupières et les cligne quatre ou cinq fois. Allongé sur mon flanc, dans cette position, il ne peut pas distinguer l'éveil qui m'anime. J'ai ce désir perturbateur de vouloir poursuivre ce silence indolent et je reste immobile encore un peu.
Juste encore un peu de ce temps où je sens son souffle ricocher contre ma poitrine. Mon menton est encore tiède de son baiser.

Puis, je rompt la scène mais ce n'est pas pour la briser. Je l'ignore encore, mais je la sublime.
Je viens presser un baiser sur le haut de son front.

C'est après que je fausse tout en laissant échapper un rire léger. Je passe mon bras par dessus lui et je l'enserre plus fort contre ma poitrine en prenant garde de ne pas être brusque.
Je n'assume pas cette tendresse obscure.

― Pourtant, j'ai prévu d'autres choses pour toi, je souffle dans un sourire.

L'instant d'après, je relâche cette étreinte. Mon bras s'écarte de ce corps que je désire encore enlacer et, pour détourner mes envies, je m'étire comme un chat. Je baille, tend mes muscles l'un après l'autre et je termine en m'appuyant sur ma main entravée. Je prends soin d'insuffler des centimètres entre nos visages.

Mais, dès que je repose mon œil brumeux sur lui, je ressens encore ce besoin d'embrasser son front (aussi, ses joues, ses lèvres, sa tempe, sa mâchoire, son cou, sa poitrine, je voudrais tout embrasser).

Je lève une main, douce et prudente, et comme il y a quelques heures, je saisit une de ses mèches blondes entre mon pouce et mon index. Je la fais rouler sous mes phalanges. C'est délicat. Je souris en la replaçant correctement sur son front. Je recommence l'opération avec une mèche qui dépasse, tentatrice, de sa nuque sèche.

Je ne cesse jamais mon sourire.

Mes doigts glissent de sa nuque à sa joue et s'approchent de la paupière close de son œil meurtri. Lui aussi, j'ai envie de le caresser, d'y planter un baiser, de l'effleurer d'une caresse. Je me retiens et stoppe le chemin que trace mon doigt près de sa cicatrice.

― Comment est-ce arrivé ?

Ma voix est un murmure encore apprivoisé.

Mais soudain, je me sens froid et j'ai une descente de fer dans le ventre.

Je retire ma caresse, rabat mon poignet sur le matelas de paille. Mon œil se détache – c'est une délivrance – de son visage clair pour venir détailler mon poignet gauche. Le fer y a laissé une morsure violine que j'impute à nos mille secousses.

Je voudrais me lever ou plutôt, je dois me lever, et partir, et je commence à me redresser, ma chemise tombant de mes épaules. Maladroitement assis, je passe une main dans mes cheveux, les frotte négligemment et baille encore, sans jamais le regarder.

― Tu as une clé pour détacher ça ? je demande en désignant les fers qui nous lient. Ce n'est pas que, mais je n'ai pas envie de m'attarder plus longtemps ici. Et puis, j’imagine que tu ne veux pas que je te porte encore, princesse ?

Je l'ignore.
J'ignore Bermuda et son corps allongé que je devine sous les draps. Mon regard va fouiller les trois vitres de sa cabine et j'y discerne l’esbroufe de l’aube.

Alors, je balance les mots qui feront de nous à nouveau un pirate et un confiseur dans toute la nonchalance de ma crainte.

― Quand serons-nous à Canaan ?





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MessageSujet: Re: rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥)
rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥) - Page 2 RxkgjUaDim 22 Fév - 18:15

Je reste figé contre son torse. Je ne sais pas quoi faire. Ni quoi dire. Tout me semble étrange. Alors que je sers plus fort les pans de la chemise. J'expire quelques sourires doux. Je me sens dormir. Serein. Bien trop serein. Et pourtant la mer ne balance pas assez le navire. Comme elle le fait quand j'ai besoin de dormir. Quand j'ai besoin d'arracher mes yeux des pierres précieuses. Des pièces. De la soie. Quand. Épuisé. Mon corps n'aspire plus qu'au repos mais mon esprit enfiévré refuse de m'accorder du répit. Et. Allongé ainsi, je me sens dormir. Je me sens capable d'ignorer les quelques protestations belliqueuses de mes passions pour le brillant. Le clinquant.Et c'est étrange. Vraiment. Je n'avais jamais été enclin à tant de procrastination, car, pour moi, il ne s'agissait que de cela. Je ne comprends pas comment je pouvais trouver grâce dans tes soupires. Tes silences. Comment je pouvais même envisager de rester immobile. Sur ta peau.

Et. Quand. Tu viens déposer un baiser sur mon front je me sens partir de nouveau. Je ferme l’œil. Attentif au contact. Je plisse les lèvres. J'accueille bon grès, malgré toutes ces sensations. Mon front picote. Mon souffle palpite. Mon cœur expire. Je ne sais plus trop. Mais cela me déconcerte entier. Et me ravis tout entier. Tu rappelles en moi toutes ces douceurs que je rêvais d'ourler sur ta peau. Et c'est étrange. Vraiment. Parce qu'il n'y a rien de nécessaire dans ces gestes. Rien d'indispensable. Rien de bien cohérent. Toute l'impulsivité et la douceur de ces étreintes me rendent presque fébrile et font arquer mes lèvres. De plaisir. Parce qu'il me semble que j'aime cela. Vraiment. Trop. Et quand un étreinte suivie d'un rire léger vient m'achever, je me sens trembler.

Mes lèvres s'assèchent. J'ai le cœur dans la gorge et j'ai la certitude que seuls tes baisers pourront sauver toutes les parcelles de ma peau que tu assèches à force de brûler. Et si tu n'étais pas mis à parler pour répondre à mes plaintes peut-être que je me serai de nouveau perdu, car, mes mains, je ne le remarque que maintenant sont posées sur ta peau. J'assume mon geste pourtant et remonte pour les accrocher à ta mâchoire, pour mieux accrocher ton regard avec le mien.

- Mh. Peu importe ce que tu prévois, je m’octroierai un jour de repos mérité.

J'esquisse un sourire insolent et ramène mes mains sur le matelas. Je me perdais dans mes pensées alors que tu t'échappes, comme si tu étais sensible à mon trouble.Je te remercie silencieusement, alors que mon pouls redevient régulier et que je retrouve mon calme. Mes lèvres s'étirent avec regret alors que tu bailles, nonchalamment Je lutte pour ne plus arracher les distances. J'essaie de me concentrer sur autre chose. Tu reviens pourtant, me titiller de la main. Tu caresses mes cheveux et moi je frissonne. Je maudis la facilité avec laquelle tu parviens à arracher frissons et émois. Je pince mes deux lèvres et je subis le geste en silence. Quand tu passes sur ma nuque j'ose ouvrir un œil pour protester. Chasser tes douceurs et prétendre ne plus supporter ces caresses. Mais quand je vois ton sourire je fais retomber ma main sur le matelas. Que fais-tu de moi ? Je ne sais plus où tu me perds. J'ai de nouveaux mille questions dans le creux des lèvres. Et des baisers. Des millions de baisers. Je me sens généreux. Affreusement généreux. Et je n'aime pas cela.

Tu quittes ma nuque pour remonter sur ma joue, je ne peux que le sentir, car tu remontes délicatement vers mon œil meurtris et là encore. Je ne peux retenir un geste inconscient qui agrippe ton poignet pour l'empêcher d'avancer plus. Ta question me ramène sur une mer déchaînée. Dans la brume d'un abordage qu'il avait fallu repousser. Dans la tourmente des éclats furieux de mille lames luttant pour transpercer la peau des autres. En sauver. Je me rappelle la douleur. Les derniers instants de mon œil. La pointe de la lame qui m'avait mordu, sans aucune pitié. Je sers les dents. Je me rappelle de l'orage. J'inspire maladroitement et les légers tremblements sur ta peau témoignent encore de la brutalité de cette journée. Je relâche ton poignet et je recule.

- Ce n'est pas important.

Je souffle et tu t'écartes finalement. Comme mordu. Je ne t'en tiens pas rigueur. Je regarde ton dos fuyant et je m'installe contre l'oreiller. Je prends quelques secondes pour reprendre bonne contenance et maintenant que tu es aussi loin je peux enfin respirer plus facilement. Même si, j'ai l'impression que la distance me ramène plus encore à ma douleur. Je soupire toute ma lassitude. Les enchères de Canaan allaient être belles. Je prête une oreille distraite à tes remarques, en tirant sur les fers. Une grimace sur le visage en m'imaginant me traîner sur le sol. En feignant que. Non. Tout allait bien.

- Mon bureau. Premier tiroir. Au passage si tu pouvais signer notre accord une bonne fois pour toute, j'estime avoir assez donné de mon corps. Je ponctue ma phrase d'un sourire entendu et je tire sur la chaîne. J'estimais que. Pour aller jusqu'au bureau. Il allait fatalement falloir que je me lève. Je me redresse. Lentement. Très lentement. En plissant les lèvres et les yeux. J'accorde encore quelques grimace en étouffant mes soupirs, en profitant que ton dos soit le seul témoin de ma douleur. Je réduis la distance pour m'installer sur le rebord, enroulé dans les draps. Je marmonne dans un soupire une dernière plainte.


- Vraiment. C'est toi qui prendras. La prochaine fois.



HRP: BON. Je trouve ça extrêmement moyen je suis désolée çç
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MessageSujet: Re: rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥)
rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥) - Page 2 RxkgjUaDim 22 Fév - 23:38

Et je me demande, quand il me touche – surtout quand il me touche – si nous allons recommencer.
Allons nous recommencer, Bermuda ?
Ces élans nouveaux ne me terrifient pas. Ils me troublent.

Je me trouble lorsque je sens ses doigts encore tièdes de sommeil écorcher mon torse, remonter vers ma mâchoire. J'ai l'envie de les embrasser, un à un, lorsqu'il les plante près de ma joue et qu'il me vrille de son unique œil abyssal. Mais si je les glisse dans ma bouche, contre ma langue, plus jamais je ne les délivrerai.

Je cède et mon corps tremble pour les infimes secousses qui courent dans ses muscles. Je contemple l'agitement de ses traits de marbre chaud, sa bouche qui ne devient qu'une fine ligne d'horizon où le soleil s'égare et que je veux recouvrir de mon pouce, puis le détachement avec lequel ses lèvres finissent par s'écarter et papillonner sur son visage.

J'écoute ses paroles et quand je lui tourne le dos et que le froissement des draps bruisse dernière moi, je respire un peu plus.
Je respire un peu plus d'amertume – voilà qui me sied davantage.

― Mon bureau. Premier tiroir.
― Tu ne peux pas te lever que tu me demandes ? je dis dans un rire.
― Au passage si tu pouvais signer notre accord une bonne fois pour toute, j'estime avoir assez donné de mon corps.

Et à ça aussi, je ne répond qu'un autre rire que je vais chercher dans les graves de ma gorge. Pourtant, dès que je le sens se lever, dans mes reins, et que je vois le drap glisser de mes cuisses pour me laisser nu, j'esquisse un mouvement qui m'est peu familier.
Je me prends la tête dans la main.
C'est bref ; de suite, je me recoiffe, passe mes doigts sur mon crane et rabat mes cheveux blonds et désordonnés en arrière.

Je sens mon pouls anormal.

Je profite des bruit étouffés de ses pas – qui sont étrangement lents – pour partir à la recherche de mes sous-vêtements. Je tâtonne sous la profusion des étoffes superflues et déniche d'abord ses haillons luxueux, puis mon caleçon que j'enfile avec mollesse.
J'aurais pu rester nu ; j'aurai pu, aussi, me parer de ses écarlates et de ses velours, mais je pense qu'il ne me seraient pas allés.

Je suis un homme trop négligé.

Ce n'est qu'à cet instant que j'ose enfin relever un œil hésitant vers lui et je manque de me sectionner la langue. Je n'aurais pas dû ; les draps blancs rehaussent la roseur de ses joues, et même s'il a une grimace fichée sur le bout de la bouche, il est toujours aussi désirable.
Je le lui avais dit, tout à l'heure, juste avant de fondre mes baisers sur lui, qu'il était désirable, et il devrait vraiment, vraiment prendre garde à ce que je dis.

Ma mauvaise humeur se meut en espièglerie.
Je bondis sur mes rotules et me presse jusque lui, l'euphorie mesurée sur le visage. Il me tire un autre sourire quand je commence à distinguer les nuances de sa fragrance.

― Vraiment. C'est toi qui prendras. La prochaine fois.

Donc nous recommencerons.

― Si tu veux.

Hors de question, bien sûr.
Mais je ne suis pas là pour une autre chamaillerie ni pour que nous croisions le fer. Encore une fois, j’évite de croiser son œil qui m'écrase plus à lui seul que s'il en avait mille. Je me courbe, fouille son bureau, entrouvre son tiroir et contient ma curiosité pour n'en extirper que la petite clé rouillée.

Dans un sourire satisfait mais terne, je défait le lourd bracelet qui m'a laissé ses vestiges énamourés. Puis, doucement, j'attrape le poignet de Bermuda, contemple ses angles blancs mordus de pourpre et dans un cliquetis, le libère à son tour.
Mais je ne le lâche pas de suite. Mon pouce se faufile sur ses blessures en y dessinant des cercles tendre.

J'ose relever mes yeux vers lui et je me rend compte qu'il y a vraiment trop peu de distance entre nous. Je n'aurais pas dû le regarder, par encore, pas de si près alors que je peux voir toute la chaleur de son corps affluer à ses joues.
J'aime les mèches éparses de ses cheveux décoiffés.

Il ne me suffit que d'un instant pour que je lève encore ma main et l'approche de sa mâchoire et de sa joue. Mon corps se penche vers lui, mon visage s'approche, et mes lèvres qui s'apprêtent à lui prendre encore un baiser.

Je veux glisser mes doigts dans sa nuque et l'embrasser, une fois de plus. Ce serait très tendre.

Mais je tue mon geste.
Je m'arrête et soupire, rabat ma main désireuse dans mes cheveux et tire brusquement son siège qui gémit sur le parquet pour m'atteler à la signature de ce fichu contrat.

― Vraiment, Bermuda, vraiment.

J'attrape sa plume, mes lèvres se serrent pour taillader mon visage. L'encrier de dérobe à ma vue quand je scrute son secrétaire et sa paperasse éparpillée. Cette seconde de frustration suffit à me faire flancher.

― Oh et puis -.

D'un coup, je me redresse encore, pétri d'impulsion. J'appuie mon corps contre le sien et, comme je l'avais désiré, je passe ma main sur sa nuque de sel et je l'embrasse.
C'est un baiser long, langoureux et doux.

Quand je me détache, je n'ai plus qu'un sourire d'enfant sur les lèvres. Je m'étire, comme si mon éveil éclatait juste maintenant et je reprends ma place dans son trône pourpre. Après avoir fait craquer mes doigts, je me saisis une bonne fois pour toute de la plume et trouve enfin l'encrier. J'y trempe la pointe, mais au moment de l'abaisser sur le cuir parcheminé du contrat, je relève un air amusé vers lui.

― Dois-je rajouter des clauses à notre contrat ? Comme, par exemple : « je certifie que je coucherai avec Sucre à chaque fois qu'il me le demandera et que je gémirai à ses moindres caresses comme une jouvencelle. » Ça me paraît pas trop mal, non. Pas toi ?

Un rire s'échappe et ma tête bascule un peu en arrière. La plume roule entre mon pouce et mon index. Je reprends, la tessiture plus grave :

― Ou alors, peut-être ça. « Je fais de Sucre ma propriété et je serai le seul à pouvoir le toucher. »

Ma tête penche un peu et mon œil cobalt l'observe par dessous ma malice. Je souris.

― Je plaisante.

Avant d'apposer d'une encre pressée ma signature nette au bas du parchemin pour lequel nous avons tant soupiré ensemble.
Ce sans y ajouter la moindre clause.



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MessageSujet: Re: rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥)
rois de l'azur • bermuda (un peu explicite OLÉ) (terminé ♥♥) - Page 2 RxkgjUaDim 1 Mar - 19:06

Chacun de mes pas me donnaient envie de repartir en arrière. Drapé dans ma dignité et ceux en soie de mon lit je regrettais. Chacun des pas que j'arrachais en dépit de mes hanches en feu qui m'interdisaient d'en exécuter des trop rapides et brusques. Je m'installe près du bureau et je veux poser mon regard sur toi. Je veux te présenter ma sérénité factice. Je veux repenser une dernière fois à la nuit. Chasser une seconde encore Canaan et toutes ces subtilités. Je ne voulais pas penser aux distances que je voudrais parcourir à coup sûr de mes bottes. Je veux pouvoir graver ce matin, car j'ai l'impression furieuse que, tous nos gestes et nos soupirs s'envoleront, hors de mon navire. De mon bureau. Qu'il ne restera plus rien ni personne pour témoigner du raffut monstre que tu avais provoqué en moi. Que j'ai aimé et détesté si fort. Je commence seulement à rassembler les morceaux de ma raison et à recueillir ce qu'il y a de plus raisonnable et sérieux en moi. Car une fois le contrat signé et le matin avancé, vingt-quatre heures se seront écoulées. Il ne restera plus rien de tendre ou d'intime entre nous. Plus rien.

Tu t'élances dans mes secondes d'égarement et tu me rejoins avec docilité. Je souris lorsque tu obtempères et que tu accèdes à ma demande. Je lis dans tes yeux du défi et tu sais déjà que j'aime autant tes provocations que les miennes. Tu évites mon regard et moi je m'installe un peu plus confortablement tout contre le rebords. Tu attrapes la petite clef cachée dans le tiroir et tu défais tes liens. Je n'aime pas me dire que nous ne sommes plus relié. Que. Rien ne t'empêche à cet instant de tout abandonner et de ramasser tes vêtements. Tu pourrais t'en aller et moi je n'aurais même pas la force de courir ou de bouger plus que nécessaire. Je fixe ton poignet endolori tandis que tu attrapes le mien, sans doute aussi usé. Et. Finalement les fers tombent. Je reste concentré sur tes gestes. Je n'ai plus que ta trahison en tête. Car je sais que si la situation avait été inverse je serai parti séance tenante sans demander mon reste.

Mais. Tu ne le fais pas. Tu appliques de tes doigts de tendres caresses sur mon poignet. Et moi je ne peux que constater que ta gorge est près de ma bouche. Que tes doigts apportent du réconfort à mes peines. Du corps et de l'esprit. Je repousse la trahison et le sérieux de notre accord pour ne profiter que des dernières minutes que tu accordes. J'ai l'impression que ton menton dérive vers le mien quand je redresse la tête. Que ta main qui effleure ma mâchoire subrepticement va m'étreindre encore.

Tu reprends tout. Et tu t'éloignes pourtant. Tu installes une grande distance entre nous. Et j'aurais pu jurer avoir ressenti ton baiser ces quelques secondes où ton corps n'était qu'à quelques centimètres du mien. Je me pince les lèvres et je me dis que, peut-être j'ai tout imaginé. Et. J'applaudis silencieusement ta décision quand tu saisis ma plume. Il valait mieux couper court aux élans insensés que nous semions depuis l'aube. La nuit était finie et il était tant que nos corps s'en rendent compte avant de refaire une bêtise monstre.

Et. Alors que je me tourne vers le bureau pour graver encore l'instant où tu parachèverais notre lutte tu surgis. Tu bondis sur tes pieds. Je n'ai pas le temps de mettre un sens à tes mots. Car tu arrives. Tu presses tes deux lèvres contre ma bouche. Tu fais entrouvrir les miennes avec facilité, la main contre ma nuque. Je sais compter. Je sais qu'il n'y a plus rien qui me retient à tes lèvres. Le soleil a chassé les dernières minutes que nous accordaient notre contrat. Et pourtant. Je ne romps rien. Je ne repousse pas ta bouche. Ton baiser. Et je crois même l'avoir partagé avec avidité. Je sais compter. Et. Pendant tout ce temps où tu scellais des sombres promesses sur mes lèvres j'ai perdu le compte de la seconde et de la minute. J'ai juste l'impression persistante que ce fut long. Trop long.

Tu retournes au bureau, malicieux et moi je soupire encore quelques surprises. Je me remets et je passe ma libre sur mon front. Cela restera entre nous. Je sais que jamais je referais référence à ce dernier baiser volé impunément. Je fixe le bazar monstre que tu as laissé sur mon bureau. Sur mes draps. Sur ma peau. Avec l'insouciance d'un homme habitué à dévaster des âmes sans jamais paraître lui-même affecté. Je sais que tu vas signer. Je sais que tu vas le faire et je puise du réconfort dans cette simple certitude. Tu es assis. Tu as le contrat devant tes yeux. Et. Alors que tu relèves la tête et que tu m'assènes une remarque fourbe je te dévisage un instant scandalisé et amusé.
- Je ne gémis pas comme une jouvencelle! Ou du moins je l'espérais. Je me dis, l'espace d'un instant qu'il faut vraiment que je trouve de quoi combler les trois jours restants. Si tu devais à chaque baiser tout chambouler et faire palpiter mes veines trop fort je ne sais pas ce qu'il adviendra de moi à la fin. Si je pourrai me remettre de ces heures consumées. Je pourrai prendre goût à ta paume et à tes lèvres. Et finir par les convoiter trop jalousement. Pour mon propre bien. Et. Ta secondes déclaration viens soutenir mes dernières pensées et le sérieux de ta voix me fait tiquer tout entier. - Ce n'est certes pas la peine. Je n'ai pas le désir de te posséder. Surtout quand je vois avec qu'elle application tu t'acharnes à saccager mes appartements. C'était bien rangé avant ta venue, tu sais? Et je ponctue ma dernière repartie par un sourire insolent. Et toi tu finis par signer.

Parfait. Je m'éloigne avec la lenteur d'un condamné qui s'en va regagner sa couche une dernière fois. Quand je m'enfonce dans mon lit j'ai la désagréable impression que tu ne te contenteras pas de mon bureau. Que tu n'as pas fini ton carnage. Que tes prochaines provocations seront plus terrible encore que toutes celles que tu m'as lancé jusqu'à présent. Et je tremble. Et d'impatience et de peur. Vraiment. Avant de m'enfoncer de nouveau dans un sommeil profond.


HRP ➖ Voilà tu peux mettre le terminé en titre ♥ (J'espère que ça t'ira !!)

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