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 Des rubis sur tes phalanges [PV Osaël]

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conscience vouée à l'errance
Bermuda
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Féminin

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MessageSujet: Des rubis sur tes phalanges [PV Osaël]
Des rubis sur tes phalanges [PV Osaël] RxkgjUaLun 27 Avr - 20:05

J'ai de la rouille dans la bouche. De la rouille et du fer. J'ai de la rosée sur le coin de l'iris. Souvenir de bave et de sueur, quand elles coulent des autres et non de moi. Puisque je ne m'abaisse jamais, même lorsque je me cache dans les retranchements les plus sombre du rhum et sa transparence et l'ambre délicieux et acre, à laisser perler les deux. C'est comme des larmes. Des larmes brutes et il faut dire que je n'ai pas assez d'emportement dans l'âme pour les laisser couler. C'est ce que je crois.


J'ai encore sur les os des traces de fêlures et de craquelures puisque les poings des autres ont frappé des corps et que j'ai été saisi tout entier par la violence. J'ai sur la peau encore du rouge et du poisseux- dans le gosier aussi puisqu'il me semble que j'ai trop ri de la décadence- jusque sur la langue et les phalanges. Puisqu'il me semble que j'ai trop accroché les combats et saisi trop volontiers toute la rage des combattants. Je l'ai saisi comme j'ai saisi la clameur de la foule. Sans pouvoir les comprendre. Les phalanges pressées sur la grille. J'ai perdu le souffle tant j'ai ri. Tant mon œil a brillé. De l'excitation j'en ai ressenti. Jusque dans le bout de mes ongles. Elle a fait retrousser ma bouche.


J'ai encore dans la tête des images technicolors. Des visions cauchemardesques où les corps deviennent lambeaux et ombres. Des coups. Filigranes fulgurantes qui s'incrustent sur la chair. Du rubis. Sur l'incarnat. Des perles sales. Dégoûtantes. J'ai les oreilles soûlées . Souillées. De sons déchirants, déchirés, rauques, animales comme des plaintes inhumaines qui lacèrent ce qu'il y a de plus courtois et doux dans le monde. D'exhortations béates et violentes-plus violentes encore que la litanie féroces des gagnants et des perdants- des hommes préservés, qui comme moi se sont égratignés l'iris et la raison devant ces spectacles qui rejouent la mort et la douleur. Qui incrustent dans l'esprit inconsciemment et qui réveille chez les sauvés et les damnés des angoisses terribles. Ils sont morts. Ils en ont souffert. Et c'est gravé. Cette peur. Dans leur peau. Dans leurs muscles. Dans leurs os. Dans la mémoire des faux-corps. C'est peut-être pour cela qu'ils trouvent encore du plaisir et de l'excitation.


J'ai encore dans le nez des odeurs. Toujours le fer. Toujours la rouille. Et la poussière. Et l'asphalte qui a tout drainé. Et les os. Quand ils se cassent en mille éclats, ils n'ont pas d'odeur, mais la douleur qui l'accompagne a secoué mes entrailles. À fait retrousser mon nez. Ma bouche. Il y a aussi la sueur. Et quand elle suinte des corps décharnés, usés d'avoir tant lutté pour survivre et gagner. Elle est plus désagréable encore et entêtante. Elle sature encore le ciel et la lune artificielle. C'est dans l'air. Dans les souvenirs. Dans la brume qui vient tout recouvrir. Les traces. Avant que la garde ne s’amène. Elle est toujours aussi âcre. Ou peut-être que c'est juste moi qui suis trop ivre et dodelinant, puisque je suis encore sobre, mais que la folie des autres est une contagion. J'ai encore la tête et les sens trop pleins. J'ai de l'incompréhension dans l'iris et dans les coins de ma bouche qui s'étire encore au hasard dans la nuit. Sourire ou grimace. Exutoire ou désastre.


Je ne suis pas certain de comprendre.


Je suis trop curieux pour ne pas demander. Vouloir. Saisir un peu de cette violence du bout des lèvres. Comprendrai-je alors ce qui motive les phalanges des combattants ? Et les gorges barbares du public ? Si ce n'est pas pour l'argent alors… Serais-je en mesure de saisir ce qu'il y a de plus subtil dans la grossière et vibrante violence ? Je ne suis pas certain. Il me semble que j'ai aussi des éclats dans le bout des doigts. Sur mes phalanges. Je n'en ai jamais vraiment fait l'étalage. Dans une cage. Mais il y en a quand même. Je voudrais connaître la différence. Entre la mienne et celle des autres.

Alors j'ai attendu. J'ai attendu que la foule se taise. Que le silence reprenne ses droits sur le monde qui a tant saigné. J'ai posé mon dos trop droit sur la brique. J'ai attendu. Que le sang cesse d'éclater. Que la foule se disperse. Qu'il ne reste plus alors que des cadavres ou presque. Que des ombres et des visages tuméfiés. J'ai attendu que la brume se lève. Et. Quand il ne restait plus que moi et l'inconnu j'ai marché.


Et je marche encore. Je marche encore. Sans hésitation. Et alors que je n'étais plus qu'à quelques centimètres de toi j'ai tendu la main. Mes phalanges trop violentes. Pour saisir avec trop de délicatesse la pointe de ton menton. Mon œil a accroché chaque plaies. Traces. Sur la pommette. Le menton. L’œil. Est-ce qu'il y a de la beauté sur ton visage ? Il y au moins des tâches de rousseurs qui constellent la peau délicatement. Et c'est peut-être ce qu'il y a de plus délicat puisque les traits sont trop brouillons et trop sales. Je relâche ton menton. Je m'accroupis et je saisie les phalanges abîmées. Comme pour saisir les restes de fureurs. Les comprendre. J'espère. Mais je ne vois rien que du sang et des poings usés. Je dis :

- Je ne comprends pas.

Mes lèvres s'étirent perplexes. Je crois que c'est une grimace. Je relâche tout et je vais appuyer sur un bleu.

- Tu sembles si laid.

Je vais chercher un mouchoir dans ma poche et j'essuie une joue. Pour découvrir la belle chair qui se cache sous le sang séché.

- Tu sembles si démuni.

J'essuie encore. La sueur. Sur le front.

- Tu sembles si usé.

J'essuie le sang et la bave sur la commissure des lèvres. Le menton.

- Et pourtant. Il y a encore de la fureur dans tes yeux.

Me frapperas-tu si je demandes encore ? Puisque je ne comprends pas et que je suis sur le point de rire. De rire encore. Avec un peu de désespoir dans le gosier.

- Est-ce que tu aimes tant la souffrance ?

Je crois que je peux rire. Je jette ma bienveillance comme je te jette mon mouchoir sale du bout de mes doigts blancs. Je me redresse.

- L'aimes-tu tant et si fort qu'il te faut la distiller chez les autres ? Mais regardes-toi, maintenant. Pourrais-tu me dire ? Me raconter ? Maintenant que tu es si laid. Si démuni. Si usé. Si furieux. Ce qu'il y a de si fou en toi, chez les autres ? Je demande, finalement. Méprisant, mesquin, rieur, mais surtout curieux. Affreusement curieux. Et peut-être. Peut-être que je pourrai comprendre. Ou peut-être pas. Mais je crois que je veux savoir.
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