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 Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]

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coeur souillé de noirceur
Sucre
Sucre
coeur souillé de noirceur


Féminin

MESSAGES ▲ : 332
DATE D'INSCRIPTION ▲ : 09/01/2015
AVATAR ▲ : France ▬ Hetalia
DIT ▲ : chevalier.
ANECDOTE ▲ : son tribut est qu'il est condamné à ne plus jamais dire la vérité. il est accessoirement confiseur et claustrophobe.
FICHE RS ▲ : crache ton miel •

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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaMer 11 Mar - 22:21

Je pensais, résolu, que nous allions faire l'amour.
Je pensais que nous allions faire l'amour car il me semblait que mon corps n'était plus capable d'autres gestes ; il n'était plus capable de paroles et sur ma langue ne gisait plus que les syllabes tendres de son prénom ; il n'était plus capable de plaquer une paume sur sa poitrine nue pour le repousser mais mes doigts cherchaient toujours à s'agripper à chacun de ses angles pour le rapprocher de moi ; il n'était plus capable de se hisser sur ses rotules, désireux d'un ailleurs plus moelleux, uniquement pressé par l'urgence de le toucher ; ma tête vrombissait furieusement à l'idée des baisers, des étreintes, des élancements, du balancement régulier, des gémissements à venir. J'étais un incendie dévastateur, obsessionnel et qui gardait, en combustible rare, unique même, exceptionnel, des soulèvements de tendresse.
Je n'avais plus que Bermuda dans ma bouche et mes désirs.

Cette certitude inexorable était confortée par tous les ébranlements qui agitaient la peau de Bermuda, par tous les cris, ténus et aigus, parfois graves, souvent indiscernables, qui franchissaient le mur clos de ses lèvres. Il n'avait pas conscience que ses membres, en répondant aux attentions de mes caresses et de mes baisers que j'étalais par centaines sur sa peau douce – anormalement douce, uniquement douce – prenaient des postures et des mimiques qui ne faisaient qu'affamer l'avidité de mes envies.
Je pensais que nous allions faire l'amour quand il s'est laissé dévêtir, docile et patient sous mon regard fébrile, quand il a caché son œil sous sa main en laissant juste transparaître la pointe de son nez et le creux de ses lèvres, quand il a rabattu ses bras contre sa poitrine et m'a donné envie d'étreindre ses hanches, quand il a prononcé trois fois de suite mon prénom, quand ses poumons se sont enlisés dans les soupirs, quand ses pommettes translucides se sont gorgées de rose et de rouge, quand ses reins se sont arc-boutés, quand sa tête a basculé en arrière et ma offert toute la lubricité de sa nuque dans une expiration muette – oh, ça, j'en mourrais, j'en mourrais de désir -, quand il a fait tout ça, j'ai cru que nous allions faire l'amour.

J'avais trop fait stagner en moi la frustration, me murant dans les silences, m'exprimant dans un vocabulaire pauvre et maladroit, cherchant frénétiquement à faire s'entendre la vérité, laissant mon désir enfler au point de déborder de mon corps tout entier, si bien que je pensais que rien n'y personne ne pourrait m'arrêter désormais.

Libra pourrait mourir sous mes yeux, que je ne dévierai pas de Bermuda.
La fin pourrait sonner, fatale, mon immortalité m'être soufflée, ses poings s'abattre sur mon torse, un châtiment divin tomber du ciel, sa dague se planter en plein dans mon cœur, je ne m'arrêterais pas. J'avais la fureur dans mon avant bras qui tremblait en retenant mon poids, dans mes lèvres qui s'entrouvraient d'impatience, dans mon œil qui le contemplait et le jugeait magnifique, dans mon épaule pansée et soudainement indolore.

Même si la fenêtre entrouverte de la cuisine se fermait soudain, je ne me retiendrais pas de lui faire l'amour.

Mais tout ça, je le pensais dans cet instant suspendu entre deux soupirs, quand nos joues étaient rouges, nos soupirs erratiques, nos regards impatients et surtout, surtout, quand il n'avait pas encore parlé.



*



J'aime entendre ses ordres, quand il me dit d'arrêter mes gestes, qui s'apparentent presque à des supplications. Mais j'avoue que je les perçois peu, obnubilé par mes mouvements, par le plaisir que je ressens jusque dans mon ventre et surtout (et étonnamment), par le plaisir que je lui donne.

Probablement aurais-je continué à ne pas l'écouter, obsédé dans mon objectif de saisir tout son corps, s'il ne m'avait pas enlacé. Ce geste, comme à chaque fois qu'il noue ses bras autour de moi, m'ébranle et ramène ma conscience dans mon crâne dans un claquement sec.
J'ai aussi un soulèvement dans mes os et dans mon bassin qui ne cherche plus qu'à se presser contre le sien.

Mes sourcils se haussent, prête à interpréter ses paroles – il va bientôt, bientôt quoi ? Mais Bermuda fait alors quelque chose d'extrêmement soudain pour moi, d'extrêmement dangereux et d'extrêmement nouveau.

Il me touche à son tour.
J'avais déjà ma frustration et mon désir à leur paroxysme ; je ne comprends pas pourquoi, à cet instant là, je n'ai pas éclaté. Je me souviens avoir serré mes dents, très fort, plissé mes yeux avec tout autant de force et étouffé mon gémissement le plus abrupt dans une inspiration sifflante. Tous mes muscles se sont contractés dans une spasme violent.

J'ai très vite cherché à retrouver son regard, pour savoir s'il se rendait compte dans quels retranchements il me poussait, cruellement indolent, lorsque j'ai alors compris ce qu'il essayait de me faire comprendre.
J'avais peut-être été trop loin avec mes caresses et, maintenant, je devais retenir un sourire. J'aurais voulu lui répondre, lui dire quelque chose, glisser quelques mots mais Bermuda m'en empêcha en m'ébranlant encore.

Il me déshabilla à mon tour. Sous la surprise, la tête cognée de désir, je me laissais faire. Mais le pire était les mots qui accompagnaient ses attentions.
Ce qu'il me disait, Bermuda, ce qu'il me disait à cet instant là, ça me rendait fou. Il ne pouvait pas me dire qu'il voulait me toucher là, il ne pouvait pas me dire que nous devions être deux, il ne pouvait pas me dire qu'il avait envie que je le prenne sans que je le fasse d'un coup, sans aucune autre forme de procès.

Mais ce qu'il ne pouvait pas faire, non plus, c'était me donner me donner ces gestes et venir poser, dans toutes l'innocence de sa fébrilité, sa main sur mon entrejambe nue.
Non, il ne se rendait pas compte à cet instant là du bouleversement qui m'enfiévrait et de la stupeur qui se muait sur mes os.

Je n'avais pas pour habitude d'être un réceptacle des attentions et je savais, aussi, que c'était la première fois qu'il me touchait comme ça.
J'en ai frémi ; j'en ai gémi. De la même manière que j'avais déjà été secoué par cette fois là, dans la cale, quand il avait épongé mon visage, où cette autre fois où il m'avait soudainement enserré, ou encore tout à l'heure quand il avait éclaté d'un rire sincère, là, maintenant, je me perdais encore.

Je me sentais, en la présence de ses attention, très faible et trop vulnérable.
C'était la première fois qu'il me touchait ainsi. Je n'avais pas l'habitude. J'en ai perdu mes moyens. J'ai fait quelque chose d'horrible pour moi même – quelque chose qui m'aurait débecté, à un autre moment, quelque chose qui m'aurait écœuré, dégoûté.

Je l'ai fait passer avant moi.

Je me suis débarrassé, d'un mouvement bancal des jambes, de mon caleçon accroché à mes chevilles. J'ai écouté, transfiguré, chacun des mots qui franchissaient ses lèvres en souffrances. Je me suis retenu mille fois de venir l'embrasser encore et, quand il m'a avoué une deuxième fois qu'il se sentait incapable retenir son plaisir plus longtemps, le visage bloqué entre ses deux paumes chaudes, j'ai souri.

Avant, j'ai pris le soin de venir me couler sur lui, de m'accouder près de sa tête et de passer mon bras sous sa nuque afin de pouvoir venir me nicher dans son cou. J'ai blotti mon nez, froid, dans la peau brûlante de son cou et j'y ai expiré des soupirs. Mon corps, au dessus du sien, était nu. Son torse heurtait le mien, ses cuisses les miennes, et mon bassin s'allongeait contre le sien.
Je retenais mes mouvements.
Le visage caché dans les plis brûlants de sa peau, je souriais doucement. J’espérais qu'il n'apercevrait jamais ce sourire, puisqu'il était un peu amusé certes, mais aussi très tendre. Je pris une grande, une immense inspiration pour rassembler toutes mes forces. Je savais qu'il m'en faudrait beaucoup et que je me haïrais probablement, demain, quand je repenserais aux mots que j'allais prononcer. D'abord, j'accédais à sa requête ; je brûlais de l'assouvir.

― Bermuda, j'avouais-je, rauque.

Je prenais bien trop de plaisir à prononcer son prénom.
Je me pressai plus fort contre lui, resserrait l'étreinte de mon bras autour de sa tête. Extatique et doux, je fourrageai mon nez dans son cou. Je devais le lui dire mais mon sourire s'entendait dans mes mots :

― Ça m'ira, Bermuda, si tu ne te retiens pas. Ca m'ira. D'accord ?

Mon bras libre, celui qui dont l'entaille avait été pansé et dont l'adrénaline de l'excitation endormait la douleur se faufila entre nous pour venir caresser son torse, son ventre et y faire poindre des caresses.

― Ça m'ira.

Puis tomba plus bas sur son entrejambe.
Moi, je ne pouvais retenir ni mon sourire, ni mon désir, ni mes soupirs, ni les grondements qui roulaient dans ma gorge lorsque je le touchais. D'un coup, je me suis écarté, redressé et mis à genoux. Évidemment, que je n'en pouvais plus, évidemment que me contrôler était la plus grande des souffrances que j'avais subi en ces dix années de mort.
L’œil vif, les gestes rapides, j'ai attrapé son bras pour le forcer à se redresser à son tour. Je l'ai déshabillé, j'ai retiré sa chemise une bonne fois pour toute. Ce n'est pas que j'en avais envie de l'avoir complètement nu, c'était que j'en avais besoin.


Il m'avait dit qu'il ne pourrait pas se retenir ; je le pourrais à peine plus. Et je rappelai, entre le dix-neuvième et le vingtième baiser que je venais chercher sur sa bouche entrouverte :

― Ça m'ira, si tu ne te retiens pas, d'accord ? Bermuda.



*




Nous avions fini par nous endormir.
Peut-être avions nous subi trop de revirements – les colères, les menaces, les rires, ses attaques, mes attaques, nos plaintes, nos gémissements, nos désirs scandaleux, nos faiblesses sulfureuses – mais nous nous étions vite endormis.
Pendant quelques minutes, après, nous étions demeurés immobiles, essoufflés, nos épaules se soulevant au rythme de nos respirations désaxées. Au bout d'un temps – un temps infini – elles avaient fini par s'apaiser et reprendre, lentement, une cadence plus normale, moins insensée, moins folle, moins furieuse.

J'ai tâtonné autour de moi, la peau humide, la main incertaine et tremblotante pour m'emparer de la serviette que j'avais inutilement glissé sous son corps. J'ai nettoyé sa peau, doucement, puis je me suis levé.
J'ignore ou j'avais trouvé la force de me redresser et j'attribuais ce courage inconnu à tout ce qui venait de traverser mon corps, mais toujours est-il que j'avais accompli cet exploit. Debout sur mes genoux faibles, j'ai pris son poignet et je l'ai invité à me suivre, sans prononcer un seul mot.
J'en étais incapable. Je l'ai juste conduit jusqu'au lit pour qu'il s'allonge et après avoir sorti du placard ma dernière couverture, je me suis allongé à mon tour en la rabattant au dessus de nos deux corps.
J'ai tenu à l'enserrer dans mes bras ; je me suis endormi.

Nous n'avions pas fait l'amour, mais ce que nous avions fait était peut-être encore mieux ; et pour moi, c'était si infiniment et brutalement nouveau, tout étranger que j'étais à recevoir de l'attention et à en prodiguer une si douce, que je m'endormais troublé.



*



Je me suis réveillé avant lui.
A travers la fenêtre en demi-lune qui trônait sur le flanc du lit perçait un jour très lumineux, comme chaque jour qui se suivait dans le ciel clair de l'Eden. Je demeurais dans un instant de flottement, ignorant de la douleur de mon épaule, toujours pétri par les sensations d'hier mais sans réussir à y calquer des souvenirs.

Puis, je me suis rappelé, petit à petit, de tout ; et j'ai souri.
La première chose que je vis en écartant mes paupières, en dehors de la lumière crevante du jour, fut lui. Il était couché, sur le flanc, son corps orienté vers moi. La couverture s'arrêtait quelque part au dessus de ses reins. Sa peau nue émergeait de sous la laine et accueillait la couleur pâle du soleil.
Je l'ai regardé un instant ; d'abord son visage, puis ses épaules, ses clavicules, sa poitrine qui se soulevait en même temps que son souffle bien plus calme qu'il y a quelques heures, puis de nouveau son visage.
Un immense hématome s'étalait autour de son nez. Je grimaçai, passai ma main dans mes cheveux et me rappelait leur nouvelle longueur. Deuxième grimace.
Mon regard, à demi endormi, très tendre malgré les vestiges de mon coup, glissa sur ses lèvres, ses joues, les ailes de son nez qui s'écartaient à peine lorsqu'il expirait doucement, son front lisse, son œil clos et celui abîmé. Je restais un moment dessus et, cette fois là, je ne résistais pas.
Je me penchais et déposait un baiser sur son œil blessé ; j'en retirais un plaisir tiède.

La deuxième chose que je vis fut, lorsque je me relevais de mon baiser, l'absolu et inimaginable bordel de mon appartement. Mon visage vira d'un rose bienheureux à un blanc horrifique et ma bouche s'ouvrit grand.
J'en restais stupéfait ; il existait un pirate qui n'allait pas s'en sortir indemne.

Stupéfait et vaguement en colère, je finis par sortir du lit en prenant garde de ne pas trop le réveiller.  D'un coup d’œil, je vérifiai le pansement de mon épaule. Il était resté blanc et j'espérais que la plaie ne s'était pas rouverte dans nos embrasements d'hier soir.
Dans tout les cas, dissimulé ainsi sous le coton, il ne pourrait pas le vérifier.

Petit à petit, j'ai remis de la vie dans l'appartement – oh, non, je n'ai pas touché au capharnaüm, rangé les placards évidés, les tiroirs renversés, les buffets éventrés de leur contenu, je lui laissais ce plaisir pour quand il se réveillerait, quand même – mais j'ai erré en provocant progressivement les bruits du quotidien. Je me suis cherché des vêtements, je me suis habillé – la chemise à demi-mise, à cause de mon bras, je devrais lui demander un coup de main – je suis allé dans la cuisine chercher de quoi déjeuner, je suis passé dans la salle de bain me rincer le visage.

Cette vie là était très étrange par rapport à celle que nous avions secoué quelques heures plus tôt. J'espérais, au fur et à mesure de mes bruits ordinaires, qu'ils le tireraient progressivement de son sommeil.

Quand j'imaginais qu'il fut suffisamment réveillé, je vins me planter devant le lit, un sourire sur les lèvres, une tasse de café blanche à la main et une boule de vêtements coincée sous mon bras mort. Je laissai tomber le tas de tissus sur le lit, juste devant lui.

Mon sourire était très arqué ; il luisait de menace et de représailles.

― Tu devrais t'habiller, tu risques d'avoir du boulot, aujourd'hui. Au fait, tu veux déjeuner ?



*



Je pouvais affirmer, dans une certitude absolue, que lui demander de venir m'aider à la confiserie était la meilleure idée de dédommagement que j'aurais pu avoir.
Durant tout le trajet – malheureusement court – pour me rendre de mon appartement jusqu'à la boutique aux murs de verre, j'eus beaucoup de mal à réprimer mon fou rire. Bermuda flottait dans les vêtements trop grands que je lui avais passés – les siens étant toujours mouillés – et avait sur le visage une galaxie violine qui s'étendait d'une pommette à l'autre.
Je n'aurais vraiment pas dû rire, mais son air dépenaillé m'attendrissait.

Pour me faire taire, je dus allumer une cigarette et cacher mon sourire.

Nous arrivâmes à la boutique en retard ; j'avais pour habitude de commencer la fabrication des guimauves aux aurores et nous devions être au milieu de la matinée. De toute façon, j'avais été absent pendant plusieurs semaines. Je n'aurais pas beaucoup de clients aujourd'hui – il faudrait attendre que le bouche à oreille fasse son travail pour annoncer ma réouverture.

Heureusement, il restait d'autres confiseries en vente ; mais pour les guimauves qui, elles, exigeaient d'être fraîchement préparées et qui, en plus, étaient le produit phare de mon commerce, il allait falloir en relancer la production.

Puis que j'étais handicapé (gravement, très gravement, il ne faut pas l'oublier) par le coup de dague, et que j'avais accroché mon bras en écharpe autour de ma poitrine, j'affectai Bermuda à l'arrière boutique à la fabrication des guimauves. Je lui montrai les deux grandes cuves de fonte, les gros sacs de sucre, d'amandes et de gomme qui devaient chacun peser approximativement vingt kilos. J'expliquai en lui mettant une louche disproportionnée dans la main :

― Tu devras t'occuper du mélange et du pétrissage, d'accord ?

Je ne connaissais pas trop les termes techniques ; j'avais appris sur le tas, parce qu'il me fallait un métier en arrivant dans la mort.
Parfois, je me demandais ce que j'avais bien pu faire autrefois.

― Si tu veux la recette, dis-je en lui montrant une feuille salie par les ingrédients et accrochée au mur. Je ne finissais pas ma phrase. Mon tribut était envahissant lorsqu'il s'agissait de transmettre des consignes. Essaie de ne pas te planter, veux-tu ? Je vais aller m'occuper des clients, avec ton air, j'ai bien peur que...

Mais encore une fois, je ne terminais pas mes mots, me sentant à nouveau partir dans un rire. Je cachais ma bouche rieuse derrière mes doigts, puis les passais dans ses cheveux pour les ébouriffer.
Je me souvenais encore, alors, en le laissant, que les miens étaient drôlement courts, désormais. M'installant derrière le comptoir, un sourire accroché aux lèvres, je lançai suffisamment fort pour qu'il entende :

― Et si tu essaies de t'enfuir, je le saurai, Bermuda !



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conscience vouée à l'errance
Bermuda
Bermuda
conscience vouée à l'errance


Féminin

MESSAGES ▲ : 177
DATE D'INSCRIPTION ▲ : 05/01/2015
AVATAR ▲ : United Kingdom • hetalia By Sucre ♥
DIT ▲ : Sale Rat / Capitaine, à votre guise.
ANECDOTE ▲ : Bermuda est né de la cupidité•hermaphrodite• il écrit en indianred
FICHE RS ▲ : Je la revendrai à prix d'or

Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 Empty
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaVen 13 Mar - 0:49

Il y a des choses que je ne sais pas. Et j'ignorais, quand j'ai avoué piteusement que mon corps se tendait trop. Que j'ai attrapé ton visage dans mes paumes. Quand j'ai effleuré ton bas-ventre toujours de la paume. Qu'il n'y avait pas qu'un seul moyen de s'étreindre avec fébrilité. Que j'aimais vraiment trop ton visage et surtout tes yeux. Je n'ai jamais tant aimé l'azur. Que j'aimais quand ta peau se pare de rouge et qu'elle tremble. Que tes lèvres soupirent et expirent leur fébrilité. Mais. Ce que j'aime le plus c'est de comprendre que je suis la cause de tous ces tremblements. Quand tu me touches je suis toujours égoïstement préoccupé des palpitations de mon propre corps. Mais comme ce soir est différent. Très différent de ces ébats sur mon bateau. Je ne peux que constater que je suis plus réceptif aux soubresauts entier de ton être.

Il y a des choses que je ne savais pas avant ce soir. Vraiment trop. J'ignorais que j'aimais sentir ton corps cogner contre mon torse. J'ignorais que j'aimais tes étreintes. Ces étreintes peut-être aussi maladroites que les miennes. Qu'elles pouvaient m'apporter tant de sérénité. Me picoter aussi agréablement la nuque, les tempes et le palpitant. J'ignorais même que tu étais capable d'en prodiguer. J'ignorais que j'étais capable, et c'est important, de vouloir. De désirer et de faire des choses que j'ai toujours trouvé inutiles et risibles. J'ai toujours pensé que je n'étais pas homme, femme, vagabond à me laisser égarer par les jeux du corps. Que, jamais, jamais je ne me serai retrouvé dans les bras d'un homme. Et surtout. Surtout d'en être à ce point troublé et vaincu. J'ignorais que j'étais capable d'agir de manière si irrationnelle alors que rien ne m'oblige à le faire. Non. À cet instant précis où tu glisses ton nez froid sur ma peau et que tu la brûle encore; rien ne m'oblige à t'enlacer. Encore. Et pourtant je le fais. Comme toi tu m'enlaces. Je le fais parce que j'en ai l'envie. Sincère. Non parce que je le dois. Ou que je l'ai promis. Et c'est important. Très important parce que jamais je n'aurais pu l'imaginer avant. Mais. J'en ai envie. Et vraiment. Ce n'est pas normal. Non. Et pourtant j'ai l'intime conviction que je n'ai pas tant changé. Ou que ma soif d'or se soit éteinte. Je sais. Je suis certain même que si ce n'étais pas toi, alors tout serait différent. Vraiment différent. Et peut-être que c'est parce que nous nous sommes touché et que nous n'aurions pas dû. Ou que j'ai trop aimé tes provocations. Nos luttes. Comme j'aime ta belle arrogance. Comme j'aime et je déteste l'égoïsme de tes inconstances. De tes gestes. Que j'en admire la liberté. Vraiment. Que je te sais tant pétri de défauts et que je crois bien trop les aimer et les détester dans une même mesure. Et. Que tu m'as trop conquis avec tes tendresses. Je me dis que c'est un désastre et que nous avons dépassé trop de limites pour pouvoir revenir en arrière. Que tout cela finira probablement très mal.

Je glisse mes doigts dans tes cheveux courts. Malgré tout. Et j'aime notre proximité. Et je me dit que je commence à savoir quoi faire de mes bras et de mes caresses maladroites qui tremblaient jusqu'alors de ne pas savoir où se poser. Je commence un peu à comprendre tes frissons ce soir parce que je ne suis plus égoïstement concentré sur moi, mais aussi sur toi. Et c'est important. Je ne doute pas pour autant, qu'à partir de ce soir je serai trop égoïste avec toi. Et tant pis. Tant pis pour toi. Il me semblait pourtant t'avoir fait comprendre que, je n'étais pas un homme facile. Tant pis pour toi.

C'est trop tard. J'aime trop quand tu dis mon nom. Et quand tu viens expirer ces trois syllabes sur ma peau je le redis. Tant pis pour toi. Et pour moi. Peu importe si ce n'est pas normal. Je suis trop attentif et avare. Tu as dit que cela t'irais. Et tu le redis encore. Tu le redis, enfouis contre ma peau.

- Vraiment? Et je demande plus pour convaincre mon esprit. Je suis prêt à tout croire quand tu te presses contre moi. Et. Après tout. Je n'avais aucune raison de douter. Et. Quand je me dis que cette pause salutaire, a fait détendre mes muscles tu viens réveiller ma fébrilité.


***

Je crois que je pourrais m'assoupir. Je suis certain même que je le pourrai. Et pourtant je ne suis pas sur mon bateau. La mer ne tangue pas sous mes pieds. Mais je pourrai m'endormir sur le sol. Vraiment. Ma paupière est lourde. Et pourtant pendant toute la semaine, je n'ai pas pu fermer l'oeil. Ou si peu. Et. Je sais que j'ai déjà eu envie de dormir quand tu l'as déjà suggéré avant de me distraire. J'inspire doucement et j'expire. Je dodeline de la tête. Quand tu décides de te lever. Et que tu y arrives alors qu'il y a peu tes genoux tremblaient. Tu te lèves et tu attrapes mon poignet pour me donner suffisamment de force. Je réussi à tenir sur mes genoux. Et. C'est incroyable. Parce que j'étais certain d'être trop épuisé pour être capable de faire un seul pas. Et pourtant. Je marche. Lentement. Je butte sur les objets et je jure entre mes deux lèvres. Je ne lève pas assez mes jambes. Alors je me raccroche à ton bras quand je manque de tomber. Et je me traîne docilement jusqu'au lit. Ce sera nettement plus confortable que le sol. Et je m'installe sur le lit sans plus de cérémonie.

Je me dis, allongé sur le lit que quelque chose ne va pas. Je fixe la place vide, même si j'ai l'oeil qui brûle d'être resté trop longtemps ouvert. Encore rouge de s'être trop écarquillé alors que tout mon corps tremblaient sous tes caresses. Je me dis que je n'ai pas encore assez bu pour pouvoir dormir. Je ne suis pas sur mon bateau. Je n'ai pas la mer. Je n'entends pas le bois grincer. Tout est trop silencieux. Je me demande bien combien de minutes et d'heures ma cupidité me laissera en paix. Et pourtant. Pourtant j'aurais tellement pu m'endormir quand tu me regardais. Quand tu t'occupais de me nettoyer alors que je peinais à reprendre mon souffle. Et quand tu m'enl-

Mais tu viens t'allonger. Tu nous couvres d'une couverture en laine qui m'irrite la peau. Et tu m'encages dans tes bras. Et. Je n'ai pas la langue ambrée. Je n'ai pas avalé des somnifères. C'est dur à croire. Mais je crois que. Ma paupière est trop lourde. Ta respiration lente et régulière bercent mes oreilles. Je me dis que finalement. Je tangue parce que tu me fais tanguer. Et c'est difficile à croire.

- Dors bien Sucre. Je grogne doucement et surtout spontanément. Et je n'articule pas bien alors tu ne peux pas comprendre. Mais ce n'est pas grave. Je le dirai une autre nuit. Et je m'endors, cette certitude nichée sur le coin de mes lèvres.

***

Je me suis endormi. Et je me suis réveillé. Et c'est difficile à croire. Et à comprendre. Mais je me suis endormi sans peine. En quelques secondes. Mais j'aurais pu dormir longtemps. Très longtemps. Mais j'ai la tête qui palpite trop fort. Qui fait mal. Sans raison. Et j'entends des bruits. Je constate que, tu n'es plus au lit quand je palpe le matelas. Et qu'il est trop froid pour que je puisse imaginer que tu venais juste de le faire. J'aurais préféré que tu sois encore là. Que tu me dises bonjour comme moi je t'ai dit bonne nuit. Mais est-ce peut-être trop demander. Je ne sais pas. Est-ce qu'il faut qu'on soit ami pour se dire bonjour et bonne nuit? Je veux demander. Mais j'ai la bouche pâteuse. Je frotte ma paupière pour chasser le sommeil. Et j'éternue. Et je constate que c'est encore trop douloureux. Et je me rappelle ton coup de tête. Je grogne quelques jurons, mais j'ai la gorge un peu douloureuse. Trop asséché par le sommeil, sans doute. Je ne dirai pas bonjour. Alors. Puisque j'ai mal au nez et qu'il éternue et que je sais que tout est de ta faute. Surtout qu'il est affreusement tôt. J'ai tellement de sommeil à rattraper. J'aurais pu dormir tout le jour. Et la nuit. Si tu ne t'étais pas levé. C'est certain.

Tu arrives. Justement. Le visage orné d'un sourire trop solaire qui me fait plisser les yeux. Tu tiens à la main une tasse de. De. Quelque chose. Qui sent fort. Et de l'autre un tas de. Quelque chose. Mon front palpite trop fort et je me sens trop groggy pour essayer de deviner ce que tu peux bien m'amener avec un pareil sourire. J'ai l'intime conviction que cela ne va pas me plaire. Finalement. Tu arrives à mon chevet. Et tu laisses tomber sur mes genoux un tas de vêtements. Et tu me dis que je devrai m'habiller. Parce que le travail attend. Je fais des efforts. De grands efforts pour me concentrer. Et. Je me rappelle finalement.

- La confiserie. Je dis, trop rauque. J'éternue une nouvelle fois et je détail les vêtements. J'étale la chemise. Le pantalon. Le sous-vêtement. Ma lèvre s'arque. De déplaisir.

- J'espère que c'est une plaisanterie...?

***

- Attend-moi! Je proteste à demi-caché derrière le mur, que j'avais escaladé la veille. Tu marchais déjà en avant. Insouciant. Et pourtant. J'avais appris que tu ne plaisantais pas avec le travail. Tu ne semblais pas te rendre compte de ce que tu m'obligeais à faire. Je réduisais la distance que tes pas avaient installé entre-nous.

- J'ai l'air d'avoir détroussé les vêtements d'un homme. Murmurais-je l'oeil mauvais. - Je n'ai jamais eu si honte. Et. Venant d'un homme, qui, de temps à autre enfilait des robes et des escarpins ce n'était pas une déclaration légère. - J'aurais préféré me balader nu. Et le jour bien trop avancé pour que j'apparaisse ainsi vêtu. Il y a bien trop de monde. Bien trop d'acheteurs potentiels devant lesquels je me tournais en ridicule. Je fixais le sol. En jurant entre mes lèvres. Je me serrais contre le mur, la tête dans mes épaule. - Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas laissé chercher mes affaires à l'Absinthal? Nous n'étions pas si loin, pourtant. Mais. Au lieu de me répondre tu ris. Et tu t'allumes une cigarette. Je recule d'un pas et me renfrogne, les mains enfoncées dans les poches de ma veste, seul vêtement que j'avais pu récupérer et enfiler. Mon pantalon était encore trempé. Mon t-shirt toujours tâché de sang. Mon sous-vêtement... Et bien. Je n'étais pas si désespéré au point de porter le même deux jours.

J'avais dû plier les manches. Faire un bord au pantalon. Serrer ma ceinture. Et. Je n'avais même pas pu récupérer mes dagues, puisque tu m'as pressé. Et que. J'ai trop mal au nez et au front pour pouvoir penser correctement. Et je ne les ai même pas ramassé. C'est à peine si, j'ai eu le temps de faire une toilette sommaire. Très sommaire puisque que j'ai passé le plus clair du temps à éructer devant mon reflet. À cause de l'hématome que tu m'as infligé.

J'ai éternué. Encore. Et j'ai fini par oublier. Perdre le fil de ma pensée. J'expire mon mécontentement. Je ne suis pas franchement d'humeur à sourire pour donner le change. Tu fumes et je n'aime pas cela. Tu vas sentir le tabac et je n'aime pas cela. Tu ris de mon accoutrement et je n'aime pas cela. J'ai mal au nez. Mal au front et la gorge trop sèche. Et dans tout ce tourment et ces désagréments j'ai oublié. De demander si on peut se dire bonjour et bonne nuit. Que je crois que j'aime l'amertume du café sur ma langue et que c'était la première fois que j'en buvais. Parce que je ne bois que du rhum et de l'eau. Mais j'aime le café. Maintenant. Ce n'est certes pas le bon moment. Et le jour n'est pas assez bon pour que je puisse te dire bonjour. Et je crois que je ne dirai même plus bonne nuit. Puisque toi tu ne le fais pas et que tu ne le mérites certes pas.

Je continue d'avancer. Alors. Résolu. Je supporterai la journée. Je tiendrai ma promesse parce que je suis un homme de parole. Mais. Que j'étais trop fatigué. Trop mal. Trop d'humeur maussade pour mettre du cœur à l'ouvrage.

***

Je fixe les cuves, tandis que tu me laisses entre les mains une chose. Qui ressemble à une cuillère mais qui n'en est pas une. Puisqu'elle est trop creuse. Trop grande. Bien trop grande et qu'il n'y a pas de géant à nourrir sur Libra. Et quand tu me parles de mélange et de pétrir quelque chose je te fixe. L'oeil froncé et le sourcil plissé. Je regarde la recette sur le mur quand tu me la montres. La lis rapidement sans comprendre ce que tu me demandes. Et tu me laisses. Après une énième boutade sur mon apparence qui fait plisser mes yeux et claquer ma langue de déplaisir. Pour aller vers le comptoir.


Je reste seul. En plein milieu. Alors que tu me dis de ne pas m'enfuir. Je sers la cuillère géante. Et dis, d'une voix toujours un peu rauque. - C'est cela. Je vais m'enfuir. Habillé comme un miséreux. Un bleu aussi grand que ton front au milieu du visage. Si je fais cela les rafleurs vont m'attraper. Et j'ai bien eu assez de mal à leur échapper la première fois que j'ai posé le pied dans la belle capitale. J'ai failli rajouter. Mais. L'heure n'était pas aux confidences. Tu voulais que je travaille. Et. C'est ce que je comptais faire. Même si je n'étais pas certain que je sois le mieux placer pour... Pétrir et mélanger-peu importe ce que cela implique et signifie- tes guimauves. Je n'ai jamais rien cuisiné. Jamais rien préparé. Et. Si je finissais par me tromper et bien tant pis. Tant pis. J'aurais eu au moins l'audace d'essayer. Et. Si tu finissais par perdre ton sourire mesquin et insolent ce sera parfait.


Je ne suis pourtant pas aussi inconscient et malveillant. Je me doutais que si tu avais le choix ce n'est pas à un pirate que tu demanderai de l'aide. Et puis. Je t'ai blessé et je comptais assumer les responsabilités de mon acte. Quelques jours au moins. Jusqu'à ce que je n'en puisse plus et que mes pas me mènent vers de nouveaux trésor. En attendant. J'avais promis d'aider. Et c'est ce que j'allais faire. Je retourne donc vers le mur pour relire la recette et j'accroche la cuillère à la cuve puisque le bout était incurvé. Certains mots m'étaient inconnus. Mais. Je finissais par faire le rapport entre le mot louche et la cuillère que tu m'avais donné. Et. De toute façon je ne voyais pas ce que cela aurait pu être d'autre. Il me semblait que je pouvais mettre des ingrédients dans cette énorme cuve en étain avec cette cui- cette louche.

Je retourne vers les énormes sacs sur lesquels j'avais vu le nom des ingrédients dont j'allais avoir besoin. Je traîne le sac qui porte la mention "sucre" vers les cuves. C'était lourd. Et. Vraiment. Je me demande ce que tu aurais fait si je n'avais pas accepté de t'aider.

-Est-ce que je peux manger pour goûter?
Je demandais, en haussant la voix tandis que je ramenais la gomme non loin du premier sac. - Je n'ai jamais mangé de gomme. Ni d'amande. Déclarais-je, curieux. Et pour le sucre. Et bien. J'avais eu l'occasion d'en voir avant. J'étouffe un nouvel éternuement dans le plis de mon coude. Je renifle et étouffe un juron. J'ouvre les sacs et je décroche la louche pour mettre la quantité de sucre demandé dans la recette. Scrupuleusement. Je me concentre si fort que j'en oublierai même comme j'ai mal et comme je suis de mauvaise humeur. Presque. Parce que je suis curieux. Très. Et je me demande comment l'assemblage de ces deux ingrédients finissent par faire des carrés mous et parfois colorés.
- J'ai mis les deux ingrédients. Qu'est-ce qu'il faut que je fasse après? Les mots sont trop sales. Je signale en fixant le paragraphe recouvert d'une matière rosâtre. J'esquisse un sourire taquin et je rajoute. - Peut-être que je devrai ajouter des épices?


➖ il y a encore des fautes mais je corrige demain =w=
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaSam 14 Mar - 0:34

Je l'avais quitté un sourire sur la bouche et le goût de la cigarette sur le bout de la langue ; pourtant, j'avais surtout ressenti le besoin impérieux de m'isoler.
Il me fallait, même si ce n'était que pour quelques minutes, me couper de lui, de son prénom, des sourires qu'il plaquait sur mes lèvres dans sa plus grande indifférence maussade.

Rompre la proximité qui s'était lovée entre nous était devenu nécessaire. Une fois la grande louche de fonte qui, à elle seule, devait peser entre un et deux kilos et le tablier de cuisine bleu marine fourrés dans ses mains blanches, j'avais disparu loin de lui, hors de son immense et inconsciente portée.
Je n'avais même pas courbé ma nuque ni tourné mon visage pour le regarder encore, pour détailler son œil sceptique et poser sur lui un sourire mi-amusé, mi-attendri.
Pourtant, j'en avais eu envie.

Et c'était bien là toute la suite du problème qui se posait à moi depuis hier.
Comme à chaque fois que j'étais troublé, agacé, voire hésitant, j'eus une envie brutale de fumer. Je venais de terminer ma cigarette quelques minutes auparavant mais il était courant que je les grille les unes à la suite des autres, les pensées bric-à-brac, la ligne des sourcils froncés et la bouche réfléchie. Mais je venais à peine d'ouvrir la boutique – je ne pouvais pas négliger mon poste au bout de quatre minutes.

Puis, aussi, Bermuda était dans la pièce d'à côté.

Debout derrière le comptoir, un bras ballant, l'autre ramené contre mon torse et enroulé dans une écharpe de fortune, je contemplais apathique le vide silencieux de la confiserie. Mon œil courut sur le parquet ciré, rebondit sur les présentoirs qui, faute de guimauves, se retrouvaient à moitié abandonnés, sur les bocaux remplis de sucre d'orges emballés, de caramels mous qui collaient aux dents et de berlingots striés de couleurs pimpantes.
Les doigts de ma main gauche pianotèrent sur le bois du comptoir, remontèrent sur la caisse enregistreuse que j'ouvris par habitude dans un tintement vieillot, la refermèrent aussitôt en constatant la pauvreté de son contenu. Puis, ils s'immobilisèrent le long de ma cuisse.

Entre mon épaule qui me faisait mal et mes pensées qui m'embrumaient les tempes, je me retrouvais fatalement désœuvré. Alors, je me pris la tête dans la main et poussai un soupir.

C'était un geste qui commençait à devenir bien trop courant en présence de Bermuda, mais il me semblait que c'était la seule réaction que mon corps parvenait à exprimer face aux chocs répétés de nos multiples incohérences.

Depuis que j'étais réveillé, ce matin là, que je m'étais paré de rire, d'ironie et de malice, que j'avais drapé ma tendresse de taquineries, que j'avais osé l'indifférence du travail et la sécheresse abrupte de quelques ordres, mon esprit n'était plus très clair.
Je ressassais.
Je ressassais chaque péripétie de la veille, pâlissant lorsque je songeais à la façon dont il m'avait attaqué à plusieurs reprises, verdissant en me rappelant mes mèches blondes chuter sol en formant des boucles rondes, me crispant en me remémorant tout le reste, surtout le reste.
J'avais beaucoup aimé. J'avais beaucoup aimé tout ce qui s'était produit et ma bouche en gardait une sensation mêlée de surprise et de joie comme un fourmillement électrique. Ces impressions m'étaient étrangères ; j'étais devenu, en dix ans de mort, assez routinier d'indifférence et d'ennui. Maintenant, j'étais troublé.

Mais ce n'était peut-être pas le pire.
Le pire était que, depuis ce réveil, dans mon appartement mis sens dessus-dessous, sur mon lit éventré, mes draps défaits, mon matelas tâché de sang, depuis ce matin là, je me rendais compte que j'appréciais beaucoup la présence de Bermuda.

J'avais apprécié chaque pan de sa présence avec légèreté. J'avais apprécié ses airs bourrus qui juraient avec l'hématome épaté qui s'étendait tout autour de l'arête droite de son nez, j'avais apprécié ses plaintes et ses protestations, le visage qu'il avait exhibé lorsque je lui avais préparé une tasse de café, ses remarques acerbes qui répondaient à mes moqueries, ses gestes récalcitrants, ses engagements tenus, et surtout, surtout, dans tout ça, j'avais apprécié qu'il ait accepté de me suivre à la boutique.

Voilà pourquoi j'avais ressenti ce besoin nécessaire de me couper de lui et de le reléguer à l'arrière boutique. Il me fallait, dans ma confiserie sans clients et sans guimauves, un silence qui m'aidait à réfléchir.
Or, je réfléchissais, là, tout de suite, mes doigts glissant dans mes cheveux courts, mais je trouvais que ça m'aidait peu. Je ne comprenais toujours pas pourquoi je riais autant, depuis ce matin, pourquoi je pouffais dans ma barbe, pourquoi je ne suais pas à l'idée de ne plus avoir mes longueurs blondes et pourquoi je me plaisais à le savoir dans une pièce attenante à la mienne.

Mes poumons aspirèrent un grand et profond soupir. Sur le point d'être expiré dans un grognement, il fut coupé par les réflexions de Bermuda qui me parvinrent depuis les cuisines. Je me laissai aller à sourire encore.

Il y avait une, deux minutes à peine, je voulais tailler une brèche dans notre proximité – je voulais réfléchir, me poser loin de lui et l'influence tiède que je le sentais exercer sur moi. Pour me débarrasser de lui, je l'avais laissé sans trop d'indications – c'était assez dangereux de ma part, vu ce qu'il avait fait à mon appartement, j'aurais du me méfier à l'idée le laisser seul dans mes cuisines, au risque de les retrouver explosées.
Mais désormais, je n'étais plus très sûr de vouloir rester loin de lui. Je m'inquiétais en sachant très bien le talent de dévastation qu'il possédait.
Je tapotai le comptoir. Je passai une nouvelle fois ma main dans mes cheveux, balançai mon regard à droite, à gauche, cherchant une occupation pour éviter de le rejoindre.

Je ne devais pas retourner le voir, j'avais la certitude que je devais maintenir cette distance qui se résumait à quelques murs et un porte entrouverte. Nerveux, j’attrapai un chiffon pour essuyer, sans attention, la maigre poussière des présentoirs mais au bout d'une dizaine de gestes, mon corps finit par céder.
Il se tendit dans sa direction et mes pas finirent par me reconduisirent dans l'arrière boutique. Je m'appuyai au chambranle de la porte, le bras et le chiffon enfoncée dans la poche de mon pantalon, l’œil scrutateur et un sourire au bout des lèvres.

Je n'avais pas tenu longtemps – et j'avais l'agréable surprise de découvrir qu'il n'avait rien fait sauter.
Parfait.

Je l'observai s'affairer autour des larges cuves de fer et assistais, avec beaucoup de plaisir, à l'expression naturelle de son ingénuité.
Lorsqu'il demanda à goûter les différents ingrédients, le trouble qui engluait mes pensées s'étiola aussitôt ; mes traits se lissèrent et mon sourire, sur ma bouche, devint plus évident.

― Tu as envie de goûter ? Je ne suis pas contre.

Je me décollai du chambranle de bois vieillit et m'approchai de lui, nonchalant. Je m'arrêtai sur sa gauche, attentif, pour observer ses gestes.
De manière assez abrupte, je m'aperçus qu'il n'avait plus le parfum de sel et d'océan. Il avait une odeur de laine.

Je le découvrais appliqué et je dus me forcer à retenir encore un sourire ; j'aimais aussi ce pan de sa présence, ce sérieux qui jurait avec mes caprices, cette minutie qui rompait avec la violence des coups qu'il infligeait et son dévouement consciencieux.

Je n'avais jamais pensé Bermuda très fiable, mais autrefois, je n'avais pas non plus pensé que je puisse faire passer les désirs d'un autre avant les miens. Je retins une grimace.

― La gomme, ça n'a presque pas de goût, pour ne pas dire aucun. Ce n'est pas très intéressant à manger, mais tu peux, si tu veux ? Pour les amandes, elles risquent d'être amères, comme elles sont un peu vertes, dis-je en désignant le sac débordant de cosses d'un mouvement de la tête.

Puis je m'éloignai de lui et récupérai un morceau de gomme et une coque d'amande verte dans les sacs de toile. Je les lui déposai dans le creux de la main avec un sourire tiède.

― Je crois que j'ai aussi d'autres parfums, probablement du citron, de la rose, de la violette, du chocolat, de la vanille. Est-ce que tu as envie de goûter aussi ? questionnai-je sincèrement.

Je continuai d'observer le moindre de ses faits et gestes, pris d'une fascination curieuse par le mouvement de ses mains qui m'était si familier. J'étais celui qui, habituellement, gorgeais les cuves de sucre et de gomme et qui y mêlais la lourde louche pendant des heures.

Lorsqu'il se plaint de l'illisibilité de la recette – je la regarde très peu, j'ai appris à improviser – je proteste à peine. Ça n'a pas d'importance puisque, j'ai décidé sans le savoir, en venant greffer mon corps dans la cuisine, que j'allais moi aussi participer à la confection. Dire que, ce matin, je n'avais que mon dédommagement en tête – nous voilà à créer à quatre mains.
Son sérieux coule sur moi comme ses autres élans ; ce n'est pas bon, et même dangereux.

Je m'accroupis sous les cuves pour faire démarrer le feu et j'explique, concerné, en observant les timides flammes poindre sous la fonte :

― Après, il va falloir faire chauffer tout ça à feu doux afin que les ingrédients se mêlent entre eux. Mais le plus important, ce sera de mélanger – avec la louche que je t'ai donné -, en faisant des gestes amples afin de faire rentrer le plus d'air possible dans la pâte.

Je me redresse, mes genoux grincent et alors, je casse mon sérieux ; je n'arrive jamais à l'être trop longtemps. Un sourire taquin corne la commissure de mes lèvres quand je le regarde :

― Et il y en aura pour deux heures de mélange.

Et je sais à quel point cette tâche est harassante – je suis très heureux, pour aujourd'hui, et peut-être pour demain et d'autres jours, de m'être trouvé un commis à qui refiler cette pénibilité, et ça soulève un autre rire. Mais quand il me demande pour rajouter ses épices, mon front se plisse, suspicieux :

― Mmh, quel genre d'épices ? Pas encore tes demandes de guimauves au rhum, j'espère ?

Je ne suis pas certain que les goûts de Bermuda soient très fiables – il a une obsession trop prononcées pour l'alcool de canne à sucre – et le ton chantant de sa demande n'augure rien de bon pour les palais raffinés. Je pose sur lui un œil méfiant, mais c'est une erreur.

C'est une erreur parce que je le regarde et qu'à chaque fois que je le regarde, j'ai des élans affaiblis ; voir le voile purpurin de son nez pince un peu mes côtes, et je n'arrive pas non plus à ignorer les multiples éternuement qui ponctuent ses grognements depuis ce matin. Ma tête se penche sur le côté alors que je le détaille (et je ne sais pas combien de fois je l'ai détaillé comme ça – trop, sûrement). Je redeviens sérieux et ma voix se fait basse.

― Comment tu vas, Bermuda ?

Je fais un pas supplémentaire pour m'approcher de lui ; comme si je souhaitais le voir davantage, ou comme si réduire la distance entre nos visage permettrait d'obtenir une réponse rien qu'en jetant mon œil bleu sur lui. Mais je fais plus encore, je lève ma main et vient la plaquer sur son front pour chercher à jauger sa température.

― Est-ce que tu te sens malade ?

Ma main ne suffit pas à comprendre – je n'ai jamais été doué pour ce genre d'attentions – alors je la retire et la remplace par mes lèvres.
Je les pose sur son front sans déposer de baiser. Le geste dure quelques secondes avant que je ne les retire. Je lui présente deux sourcils froncés et deux yeux pas tout à fait inquiets mais préoccupés.

― Je crois que je n'arrive pas à savoir si tu as de la fièvre. Je ne suis pas très doué pour.

Et j'avoue, dans un rire léger qui ose mimer la décontraction en enfouissant le malaise.

― Peut-être parce que je n'ai jamais fait ça avant ?


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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaSam 14 Mar - 17:40

Je suis déçu. Vraiment très déçu même en glissant le morceau de gomme que tu m'avais donné dans la bouche. Tu m'avais prévenu. Le goût n'est certes pas intéressant. Et. Je suis certain que l'odeur ne devait pas l'être non plus. Hélas. Je ne pourrai pas vérifier mes dire aujourd'hui. Puisque j'ai toujours mal au nez et qu'il est, étrangement encombré à chaque fois qu'il a des soubresauts et qu'il me fait éternuer. J'avale le morceau de gomme sommairement mastiqué. Non sans difficulté. J'ai la gorge trop sèche et des difficultés à déglutir. Cela me fait soupirer un peu. Et. Au bout de quelques efforts je parviens à le finir.
- Tu as raison. C'était vraiment très fade.

Je mange l'amande en fixant le fond de la cuve pendant que tu t'accroupis et que tu l'allumes. Je plisse les yeux et les lèvres. J'aime l'amertume, puisque de toute évidence c'est amer, et je la mange avec plus d'entrain tandis que tu m'expliquais la suite de la recette. J'étais intrigué. Vraiment. Je me demandais encore comment de la poudre blanche et des petites billes fades pouvaient se transformer en carrés moelleux. Mais. Je crois que je commence à comprendre que c'est le feu qui va faire-fondre? Réduire?-Les ingrédients. Pour former une masse compacte. Ou liquide. Ou gluante. Qu'il faudrait que je mélange. Je hoche la tête les sourcils froncés par la concentration. J'attrape la louche que j'avais de nouveau suspendu pour pouvoir mélanger. Mais. Avant que je ne puisse poser la question tu me signales, sur un ton amusé, que j'en aurais pour deux heures. J'avale presque de travers l'amande et l'information. Si bien que je toussote et je m'exclame.

- Deux heures?! C'est une plaisanterie?
Je me tourne vers toi, après avoir reposé la louche sur le rebord de la cuve. Je me masse les tempes. Puisque j'ai le front trop douloureux et la tête parfois trop lourde ou trop légère. -Tu veux dire que je dois rester debout devant et mélanger. Pendant deux heures? Tu veux dire que tu espères sincèrement que je reste planté devant tes cuves gratuitement? Mais je vais mourir d'ennuie! Si mon esprit est assez patient et qu'il me fait rester dans tes cuisines si longtemps. Je secoue la tête. - Si mon esprit vagabonde trop je sais que je vais partir. Sans pouvoir honorer mon engagement. Et c'est un problème. Surtout que. Je n'ai pas réellement l'intention de sortir une nouvelle fois en pleine matinée. Mais si je ne suis pas suffisamment distrait, je sais que je sortirai, malgré mon accoutrement, pour aller courir après je ne sais quel merveilleux trésor. Je soupire et retourne vers la cuve pour observer les ingrédients. Je soupire encore. Puisqu'ils n'ont pas pas encore fondus-au bout de deux minutes- et que, je suis déjà presque lassé de les préparer. Et. Je me dis que. Lorsque tu auras le dos tourné j'essaierai d'augmenter la température des cuves. Que cela ira plus vite et que. Peut-être que le temps d'attente diminuera. J'éternue de nouveau dans mon coude.

Deux heures. Je secoue la tête. Je serai incapable de tenir si longtemps, sauf si je peux trouver le moyen de satisfaire ma cupidité. Et. Je ne suis même plus certain de vouloir faire cet effort titanesque pour toi. Puisque tu n'as toujours pas dit bonjour. Et pourtant tu sembles de bonne humeur et si quelqu'un devait le dire il valait mieux que ce soit toi parce que ton jour semblait meilleur que le mien. Et. Il me semble que c'est ce que les gens font quand ils se connaissent et qu'ils se côtoient suffisamment. Ils se disent bonjour. Et c'est important. On ne me dit que très rarement bonjour. Et c'est peut-être pour cela que je voudrais que tu le dises.

Mais ce n'est pas un bonjour qui va régler mon problème. Je soupire plus fort en ressassant l'inutilité de ma précédente réflexion. Ce n'est certes pas cela qui va me faire rester dans cette cuisine. Qui retiendront mes pieds. Parce que je n'ai pas envie de me ridiculiser. Encore. Ni même de trahir si facilement mes promesses-Je suis un homme de parole, moi- seulement par ennuie.
- Et. Tu sauras que, le rhum n'est pas une épice, mais que je suis certain que des guimauves au rhum seraient délicieuses. Puisque j'aime le rhum et que cela semble meilleur que des guimauves ... À la violette. Par exemple. J'éternue. J'ai déjà eu l'occasion de sentir ce parfum douçâtre et je suis certain de le détester. Comme je déteste le chocolat. Et pour le reste... Je ne peux rien affirmer puisque je n'ai jamais goûté. Mangé. Je n'ai pas assez vécu et je n'ai pas exercé assez mes papilles. Je suis vraiment curieux et je me dis que dans ces deux prochaines heures assommantes que tu m'avais prédit j'irai risquer ma langue un peu partout dans ta cuisine. Même si cela ne suffirait pas à étancher ma soif d'or, j'espérais la distraire suffisamment.

J'en était à peu près arrivé à cela quand une nouvelle question vient accaparer mon esprit. Je me tourne vers toi et je hausse un sourcil. Surpris par cette sollicitude soudaine. - Je vais bien. Je suppose? Comment sait-on qu'on va mal? Parce qu'il me semble avoir affirmé la veille que j'allais mal. À cause de mon nez. De ma respiration qui peinait quand tu embrassais trop ma bouche. Quand tu me touchais. De ma peau qui palpitait trop fort contre la tienne. Mais je n'ai jamais pensé un seul instant l'être véritablement. Mal. Et même maintenant que tu ramènes ta main trop froide sur mon front. Que j'ai toujours mal à la tête. Que ma gorge est trop sèche et un peu brûlante. Que j'éternue. Je ne peux m'empêcher de sourire et d'être quelque peu touché par cette sollicitude- malgré le fait que tu sois responsable de ma douleur- que tu m'offres volontiers. Et que je te retourne sans trop me poser de question. Dans un moment d'égarement je demande.
- Est-ce qu'on peut se dire bonjour maintenant? Et bonne nuit?
Tu viens poser tes lèvres contre mon front. Je plisse l'oeil et ma bouche. Je ne comprenais pas vraiment ce que tu cherchais à faire. Et je me suis demandé un instant si ce n'était pas dangereux de laisser le sucre et la gomme sans surveillance. Seulement un instant car j'aime trop notre proximité pour en faire la remarque.

Quand tu viens me parler de fièvre j'esquisse un pas en arrière, pourtant. Et je dis. Un peu trop abruptement. - Je n'ai pas de fièvre. Je n'ai pas attrapé le froid. Et. Je suis même convaincu de cela. - Tu as dit que c'était affreusement douloureux. Et. La seule chose qui est affreuse ici c'est l'hématome sur mon visage. Je rétorque dans un sourire insolent.

Et puis. Tu viens avouer que tu n'as jamais cherché la fièvre auparavant. Je me rapproche, alors, inconsciemment. Surpris par cette déclaration. Il me semblait pourtant que tu avais vécu longtemps. Très longtemps ici. Que tu marchais. Que tu faisais des guimauves. Que tu buvais. Que tu papillonnais. Que peut-être tu t'ennuyais bien avant moi. Que tu as croisé peut-être tout Libra, au cours de tes années d'errances. Mais cet aveu me désarçonne entier. Et pourtant je dis, avec tout l'égoïsme qui me caractérise. -Ne cherche pas la fièvre chez les autres. Et je le dis aussi mon iris plongées dans les tiennes. -Tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour les autres. Juste pour moi c'est suffisant. Je m'inquièterai pour toi-parce qu'il me semble que tu m'inquiètes déjà- en retour. Et c'est suffisant. Je déclare, résolu. Mais je soupire. Finalement en te tournant le dos. - Enfin. Je suis certain que beaucoup de monde s'inquiète pour toi. Et. Surtout les clientes qui minaudent devant toi. Et vraiment. Il me faudra beaucoup d'effort et de volonté pour ne pas aller leur crever les yeux. Ou. Les assommer avec cette immense louche.

J'éternuais une nouvelle fois, reniflais péniblement et je commençais à mélanger le contenu de la cuve avec peu de volonté. Cette pensée me ramène au problème initiale. À savoir. Vaincre ma cupidité. Même si, discuter avec toi suffisait pour le moment à la distraire. Et. Me dire que je finirai par vendre ton temps soulevait en moi quelques protestations. J'ai si mal à la tête. Et toutes mes contradictions m'épuisent si bien que je préfère ne plus trop laisser mon esprit s'évader.

- Sucre? Est-ce que tu as du rhum? Ou de l'eau? J'ai la gorge trop sèche et trop brûlan- Oh. Le mélange commence à fondre. Je signale, avec un peu trop d'enthousiasme. Mais. Je me félicitais d'avoir anticipé cette réaction. Je n'étais pas émerveillé. Mais plutôt impressionné et intrigué. Le sucre et la gomme fondent bien et je crois que je commence à comprendre comment tu fabriques tes guimauves. Et je suis satisfait. Parce que j'aime comprendre les choses. - Quand est-ce que l'on va mettre les amandes? À moins qu'on en fasse vraiment au rhum. Tu m'as promis d'en faire. Je rappelle en souriant et puis. Je fronce les sourcils. Papillonne de l'iris. Ce n'est pas normal. Et je pose ma main gauche à plat sur le mur pour me retenir après avoir récupéré la louche de la main droite. Étourdit. Car j'ai eu la sensation que j'aurai pu m'écrouler. Et cela ne m'arrive que lorsque que j'oublie de manger. Ou quand je ne dors pas assez. Je soupire. - J'aurai vraiment pu dormir toute la journée et la nuit tu sais? Même si ta couverture m'irrite la peau. Une fois l'étourdissement passé je me remets devant la cuve. Et je recommence à mélanger amplement. - Est-ce que je pourrai goûter d'autres choses? Je demande. Avec moins de cohérence que d'habitude. Mais je mets cela sur le compte du mal de tête qui fait palpiter mon front. - Cela me permettra de tenir une heure. Tout au plus.
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaDim 15 Mar - 2:19

Je me demande combien de fois j'ai été captivé par ses gestes et combien de temps ça va continuer encore.
Pourtant, il ne fait presque rien – il récupère les ingrédients que j'ai fiché dans sa main, les porte jusqu'à ses lèvres qu'il entrouvre à peine (je ne peux même pas distinguer le bout de sa langue) et commence à mâcher. Mais mon œil, immobile et épieur, ne cesse de remonter de ses mains à sa mâchoire qui tressaute sous le mouvement répétitif de la mastication.

J'ai trop de fascination pour la plus minime de ses postures ; le vague tremblement de ses mimiques ; la furtivité de ses réflexes ; l'engrenage de ses articulations ; la lumière qui imbibe sa peau ; la cambrure de son dos ; les grimaces de son visage ; la cicatrice de son œil qui suit les muscles de son front ; ses phalanges fines qui tiennent parfois les manches d'une dague ; le coin de ses lèvres ; ses poignets.
J'avais cette impression tenace, qui serrait mon ventre et qui me disait que lorsque le corps de Bermuda se mettait en mouvement, le monde allait forcément en être troublé – et surtout le mien. C'était une sensation très désagréable et qui me poussait à le détailler d'une façon soutenue dans laquelle je perdais l'égrainage des secondes. Parfois, je n'en avais même plus de sourire.

Puis, je devais me faire violence pour détourner mon regard de sa silhouette – mais je savais que je finirais toujours par y retourner.
C'était très mauvais signe et je crois bien, aussi, qu'il était désormais trop tard pour que j'essaie de lutter contre. Alors, je me contentais de tirer un sourire hors de mes lèvres.
Il était une très belle vision, et même lorsqu'il était en colère. Là, il m’époustouflait dans la simplicité du quotidien.

J'avais les lèvres et l’œil espiègle lorsque je lui avais parlé de la préparation des guimauves et, lorsqu'il embrassa la difficulté de la tâche du pétrissage, je ne pus m'empêcher de pouffer. Je cachai ma bouche derrière mes doigts à la manière d'un enfant un peu trop grand et écoutai son emportement indigné avec beaucoup d'amusement.
Sa réaction allait au delà de mes attentes. D'une manière générale, il allait toujours au delà de tout.

Mais ses dernières précisions m'ébranlent et, sur ma bouche, mon sourire se fait plus discret. Je ne pouffe plus, je n'ai plus de gaminerie pétillante dans les yeux et, lorsque je replonge ma main dans la poche de mon pantalon, je n'ai sur le visage que l'expression contrôlée d'une joie factice.

De rieur, je deviens curieux.
Je deviens curieux de ses mots et des phrase qu'il laisse sortir de sa gorge et qui pourtant perdent leur sens pour moi. Je suis curieux de la filigrane qu'il tisse entre ses réflexions et j'ai envie de savoir ce qu'implique son esprit et le vagabondage qui semble tant le frustrer – vagabondage, le mot me semble familier.
J'ai envie de fumer.
J'ai envie de fumer à quand je le découvre ainsi et quand je comprends, par ses plaintes, qu'il existe en lui des choses qui sont trop fortes et qui peuvent le faire partir. J'ai, soudain, un jet amer comme les amandes vertes qui inonde ma bouche, provoqué par mon ignorance méprisante qui me revient à la face. Mais c'est aussi un peu parce que je n'ai pas envie qu'il parte.
Je me contente de sourire et d'ignorer le goût de ma langue. Je passe – comme à chaque fois que je ne peux pas avoir le contrôle et qu'il existe des choses plus pressantes, je passe et mon soudain dépit, et l'envie de me griller une clope. Je gorge mes poumons d'air.

Parler – entendre sa voix, ses réflexions, ses demandes, ses caprices, ses protestations -, converser avec lui, le regarder, le détailler me permet d'enfouir cette crispation nouvelle et étrangère. Mon sourire élastique reprend de sa tiédeur et lorsque je fouille sa peau à la recherche de la fièvre, je retrouve ma légèreté indolente.

Bermuda a cette faculté déconcertante de me faire tomber de l'âcre à la paix ; et vice versa.

Je ris encore une fois lorsqu'il étale tout son ingénuité par rapport à la maladie alors que ma paume est placée sur son front. Mais lorsque je viens le toucher de mes lèvres, je me dis, bon sang, heureusement que ma bouche est forcée d'être close car je ne sais pas ce que j'aurais pu lâcher à ce moment là.

Je ne comprends pas ce qu'il me demande. Je m'écarte et, déconcerté, je murmure, vague, un froissement perplexe nouant mon front :

― Se dire quoi ?

Je ne comprends pas pourquoi il s'intéresse soudain à des formules de politesses alors que nous sommes au milieu de la matinée et que nous ne sommes ni à l'aube, ni dans la nuit. Il perce entre mes sourcils un pli contrarié et, pour la deuxième fois (et ce que je sais ne pas être la dernière, loin de là), je décide de laisser passer encore.
Je ne peux pas m'attarder sur cette incohérence, je hausse les épaules et lisse mon visage ; je me préoccupe plus de sa peau tiède qui m'a parut peut-être un peu chaude.

A la mention de la fièvre, Bermuda se pare de défense et l'effarouchement de ses traits clairs m'arrache un sourire. Non, plus que ça – je vais rire encore, je sens la bête glapissante d'amusement grimper dans mon œsophage et je sais que je ne dois pas me laisser aller.
Le sujet est sérieux.
Mais lorsque, maladroit, innocent peut-être, immature ou enfant, il se trompe de formulation (je l'avais déjà remarqué une fois, sans le reprendre), j'ai un premier hoquet. Puis, lorsque je comprends enfin l'ampleur de l'importance qu'il a accordé à mes plaisanteries sur le rhume, je me fige.

Pendant une, deux secondes peut-être, je reste choqué et abasourdi comme un éclat de marbre.
Puis, j'éclate de rire.

C'est un rire très naturel – peut-être trop pour moi – et très bruyant. Il part de mon ventre, remonte dans ma gorge et s'échappe de mes lèvres alors que ma tête bascule en arrière. Mes épaules ne tolèrent plus ces spasmes euphoriques et se soulèvent au même rythme que mon diaphragme – mais j'ai mal, bon sang, j'ai mal à l'épaule ! La douleur qui fustige mon articulation ne fait que redoubler mon rire et ma souffrance. Je n'en peux plus ; ma main gauche vient se plaquer sur mon ventre, je me penche en avant et cherche maladroitement un appui contre lequel m'échouer.
Je ris a en avoir les yeux mouillés.

Je ris et c'est Bermuda qui provoque ça.
Je crois que ça m'est peu arrivé en dix ans ; il me fait faire des gestes qui me sont trop inconnus et déjà que je ne savais pas vérifier la fièvre.

Quand je me redresse j'ai deux larmes à chacun de mes deux yeux. Je ris encore, renifle, essaie de taire mon fou rire et m'essuie la paupière de l'index. Je dois éclaircir son incompréhension et j'essaie de formuler, le souffle hachuré :

― Vraiment, Bermuda je -

Mais je ne peux pas terminer puisqu'il s'approche soudain, comble l'espace qui nous séparait d'une enjambée et me force à cambrer légèrement ma colonne en arrière. Je l'observe et je vois, dans son œil topaze, le sérieux dur des paroles dont il me recouvre.
Petit à petit, à chaque sommation qu'il enfile, un sourire germe sur mon visage – et si le reste de mon corps pouvait sourire, probablement que j'aurais des sourires dans les yeux, dans le cou, sur mes mains, dans mon dos, sur mon ventre, partout, et rien que pour lui.
Je souris.

Je souris parce que suis touché.
Il l'ignore, mais Bermuda vient d'entailler ma poitrine d'une crevasse béante ; c'est très doux. J'ai envie de cacher mon sourire derrière mes doigts tellement je le sens chaud. J'ai envie, aussi, de l'embrasser et je ne sais pas si il se rend compte à quel point je veux ramener mes lèvres sur sa bouche. De mon regard je le suis lorsqu'il se retourne et j'avoue, bas, ma bouche étouffée par l'entrave de ma main, l’œil rivé sur son dos :

― Je le ferais.

Et c'est tout ce que je suis capable de dire, là, maintenant, le reste de mes mots devenu inaccessible. Sauf lorsqu'il glisse sa remarque sur mes clientes qui m'arrache un sourire-grimace. Je passe une main au dessus de son crâne, les ébouriffe avec affection et soupire, taquin, avant de me détourner :

― Ah, si tu savais Bermuda.

Si il savait, Bermuda, toute la haine qui troue mes côtes lorsque je les regarde, eux, et comme leur insipidité me débecte, et leur futilité m’écœure, comme j'ai envie de vomir lorsqu'ils ou elles minaudent et que je leur rend leurs sourires au centuple. Il ne prononcerait plus ce genre d'aberration qui ranime ma rancœur.
Je ne suis pas sûr qu'il me sache grand misanthrope du monde et de la mort ; je ne suis pas sûr, non plus, qu'il interprète mes paroles correctement, mais ça ne je m'en aperçois même pas.

Il se remet au travail, consciencieux, et je reviens me planter à sa gauche. J'assiste, intéressé, à sa découverte du procédé de fabrication de la guimauve – il me tire des sourires et des tremblements faibles.
Mais lorsque ses gestes (ses gestes à lui, ceux que j'observe tout le temps) commencent à devenir erratiques, mes sourcils se froncent.

Je lui avais dit, que je le ferais ; je lui avais dit que je m’inquiéterais pour lui. Alors je me demande pourquoi je n'ai pas le réflexe de chercher à le retenir. Je l'observe, impuissant, prendre appui contre le mur puis revenir à sa position initiale. Ma bouche est sèche ; ses paroles se suivent comme des sursauts et je sens les muscles dans mes doigts se tendre.
Je trouve que la peau de ses joues, dont je commence à connaître chaque couleur, est plus rose.

J'ai envie de chercher à nouveau la température sur son front mais je sais que ce serait inutile ; je n'y arrive pas. Je fais un pas pour revenir près de lui, suffisamment près pour sentir la chaleur qu'il dégage. J'incline mon visage sur la droite et je demande après ses plaintes sur le sommeil, sérieux :

― Est-ce que tu veux rentrer te reposer ?

Sans m'en rendre compte, je lève ma main pour venir la poser dans sa nuque. J'y dépose quelques caresses du bout des doigts, dans l'espoir de sentir quelque chose – rien. J'ai juste trouvé le plaisir que j'ai toujours à toucher sa peau ; avec quelques élans inquiets.

― On ajoutera les amandes après une heure de mélange, à peu près. Elles servent à donner un un peu de croquant aux guimauves. Elles sont plutôt populaires. Par contre, il faudra les couper en petits morceaux pour ne pas se casser toutes le dents dessus, je précise, déconcentré.

La recette, je m'en fiche un peu – j'ai la certitude que quelque chose ne va pas chez lui et je veux le lui dire.

― J'espère que tu es mal -

Je me mords la langue violemment pour me faire taire – saleté de tribut de merde. Agité de colère, je détourne le visage une brève seconde pour retrouver mon calme.
Voilà donc pourquoi être mauvais avec les gens ne m'avais jamais dérangé en dix ans d'errance. Les choses étaient beaucoup plus faciles lorsqu'il n'avait pas introduit ses gestes dans mon quotidien et tout bouleversé.

― Ton mouvement n'est pas bon, dis-je pour canaliser ma frustration.

Je viens me glisser derrière lui et je passe mon bras encore intact, le gauche, celui que j'utilise le moins, par dessus le sien. J'enserre son poignet de mes doigts et, avec douceur, tâche de le guider.
Son mouvement n'était pas si mauvais.

― Tu vois, un peu plus comme ça, peut-être ? C'est en grande partie l'air que provoque ce geste qui rendra les guimauves moelleuses. Et tu trouveras la plupart des ingrédients que tu peux goûter dans le garde-manger, j'ajoute en désignant la porte brune d'un bref coup de tête.

Mais alors que je suis dans son dos et que mon menton commence à se poser sur son épaule, et que je sens sa fragrance s'imprégner de l'odeur du sucre, quelque chose me taraude.
Finalement, je n'ai pas réussi à le laisser passer et j'oscille entre le scepticisme de l'interrogation et un profond agacement qui s'entend dans mes mots.
Mon visage se crispe à nouveau.

― De quoi tu parlais, avec cette histoire de bonjour et de bonne nuit ? La journée est avancée pourtant, non ? Et je l'ai déjà dit autrefois, je crois. Peut-être.

Je m'embourbe, maladroit, la ligne des sourcils plissée, ignorant encore que certaines banalités tendres que je n'ai jamais manié en dix ans de mort peuvent compter.




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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaDim 15 Mar - 19:11

Je chasse les derniers étourdissement de mon être tandis que je sens tes doigts venir parcourir ma nuque. Je frémis un peu, car je les trouve trop froid aujourd'hui. Et. J'ai l'habitude qu'ils soient chaleureux et tendre. Et. Pourtant. Ils sont toujours tendre. Juste trop froid. J'ai envie de les saisir dans ma paume pour les réchauffer. Mais je me retiens. Je n'ai pas oublié qu'il y a peu je tombais presque. Je crois même apprécier les notes glacées que tu joues sur ma nuque. Et j'espère même que tu t'y arrêtes plus longtemps que quelques secondes. Je sais pourtant que j'espère trop. Comme à chaque fois que tu te laisses aller à la tendresse. J'aime beaucoup trop cela.

Et je pensais, jusqu'alors que je n'étais pas du genre à me laisser faiblir pour quelques caresses. Et je le pensais vraiment jusqu'à ce que tu me fasses aimer avec trop de ferveur chacun de tes gestes doux. Que tu viennes me ravir et m'émerveiller du creux de tes lèvres. Que tes sourires et tes manières me captivent plus qu'ils ne le devraient. Je ne pensais pas aimer cela tant je n'en ai jamais reçu et désiré avant cela. Je crois que si tu venais à tout reprendre je ne le supporterai pas.

J'éternue encore, dans mon bras, mais je n'ai pas eu mal. Je n'ai pas eu mal parce que j'étais trop bienheureux. Et c'est bête, mais quand tu me demandes si je veux rentrer je suis un instant très tenté. Je pourrai acquiescer. Parce qu'il est vrai que j'ai encore sommeil. Mais. Rapidement. Je chasse cette idée. Et je dis en soupirant. - Je n'ai pas la mer pour me bercer. Pas de rhum. Pas d'opiacé. Tu ne seras pas là pour veiller mon sommeil troublé. Ou. Au moins pour me souhaiter un bon repos. -Il faut que je tangue pour trouver le repos et entraver mon esprit. Cependant je savais aussi que ce n'était pas la seule chose qui me faisait repousser ton idée un peu trop prestement.

La perspective d'être seul dans ma chambre d'hôtel ou ton appartement ravagé fait naître en moi quelques peurs irrationnelles. Je me demande bien ce que je pourrai faire devant le carnage monstre que j'ai provoqué dans ton appartement. Que. Je finirai par comprendre avec quel application et acharnement j'ai retourné-vraiment tout retourné- tes meubles. Simplement pour te soigner. Je me demande aussi ce que je pourrai faire dans ma chambre d'hôtel. Vide. Quand je repenserai à ton rire. Les soubresauts de ton corps quand il se courbe, tourmenté délicieusement par mille éclats de rire qui me donnent envie de rire à mon tour. Qui me donnent envie de t'étrangler ou de me rembrunir, mauvais et boudeur. Je ne suis plus certain de vouloir faire face, seul, aux conséquences de la nuit dernière. Il y a certaines de choses que je n'ai pas envie d'entendre ou de comprendre dans ma grande lâcheté. Alors je dis. - Et. Il est hors de question que j'apparaisse de nouveau en pleine rue dans un tel accoutrement.

Et je serai trop tourmenté. Bien trop tourmenté de te savoir seul dans ta boutique. Avec tes blessures. Les traces sur ton visage et ton épaule blessée, je ne doute même pas qu'une âme charitable ne se propose de t'aider. Et quand tu viens dans mon dos et que tu saisis mon poignet après avoir souhaité- espéré même - que je sois mal et que tu commences à m'expliquer très sérieux quelque chose à propos de l'air, des guimauves et des amandes je soupire les lèvres pincées. - J'espère que tu ne traites pas tous tes subordonnés ainsi. Mais c'est vrai que je ne sais pas si tu apprécies à ce point les minauderies de tes clients pour les emmener dans tes cuisines. Si tu saisis leur poignet avec autant de délicatesse pour leur expliquer avec soin comment tu fais des guimauves. Je ne le sais pas comme tu l'as souligné plutôt. Je me demande aussi si tu sais à quel point cette perspective me fait grincer les dents. Que c'est aussi cela qui me fait rester devant cette cuve.

Je soupire. Si je m'écoutais. La moitié du paradis passerait sous ma lame. Sans que je me sente mal de leur infliger quelques douleurs en représailles. Et si je soupire c'est simplement que j'imagine le temps que je serais trop enclin à perdre. Des futurs acheteurs que je serais trop prompt à blesser férocement. Tellement tu me rends irascible. Et terrible. Vraiment terrible.

J'éternue une autre fois et je renifle, de manière très peu élégante. Je me reconcentre sur le mélange et non sur toi. Tu prends trop de place dans mon esprit quand tu es si proche. Et je remets plus d'énergie dans mes mouvements, ou je passe toute la frustration de mes précédentes pensées. Et quand je me dis je pourrai me reconcentrer entier sur les guimauves tu viens poser ton menton sur mon épaule et tu grogne, visiblement agacé, une question qui me ramène à mes fureurs matinales.

Je plisse les yeux et j'entrouvre mes deux lèvres. Mais je les referme immédiatement. J'ai du mal à organiser mes pensées et tout ce qui me vient à l'esprit ressemble un peu trop à mon goût aux prémices d'une tempête. Je ne veux pas être accusateur et futile. Ce serait si facile. Pourtant. De l'être. Ma volonté s'étiole un peu lorsque je ressens-trop- ton souffle contre mon épaule et ma joue brûlante. - Personne ne m'a déjà dit bonjour. Je veux dire... C'est compliqué, plus compliqué que cela en à l'air. - Je ne parle pas de politesse. Et ce n'est pas important habituellement. Mais avec toi rien n'est habituel. - Je me demande Sucre. Je me demande si je pourrai te dire bonjour et embrasser tes paupières pour te le souhaiter vraiment. Si tu toi tu me le diras et que tu m'enlaceras quand tu le feras? Je fronce les sourcils et je dis, les tempes palpitantes et le front douloureux. Je soupire péniblement. - Dis comme cela c'est très étrange. Mais. Il me semble que c'est important d'avoir quelqu'un à qui dire bonjour et bonne nuit. Mais ce n'est pas important avec les autres. Juste avec toi. Je mélange plus énergiquement le contenu de la cuve. Et je dis sur un ton de reproche. -Tu ne m'as pas laissé te dire bonjour. Te dire que j'aime bien le café et que c'est la seconde fois de ma vie que j'ai partagé ma nuit. Tu ne m'as pas dit bonjour et je pensais que c'était important de le dire.

Je relâche la louche et je passe sous ton bras pour quitter ton torse devenu inconfortable. Je dis, déçu. - Mais. Je ne sais pas grand chose et peut-être que ces chose- là n'ont pas d'importance finalement. J'ouvre tes placards et je cherche quelques petites choses à goûter. Puisque j'ai l'impression que je pourrai tomber. Encore. Mes chevilles ne sont décidément pas très fiables. - Peut-être que je ne devrai pas vouloir tant partager avec toi, mais il y a beaucoup de choses qu'il me semble que je devrais te dire. Et. Peut-être que c'est ridicule. Et que tu ne veux même pas les entendre. Et comme j'ai la tête légère et un peu chaud et que ma langue semble bien décidée. Bien décidée à t'accabler de mots et de pensées incohérentes qui m'ont torturé l'esprit pendant des semaines et surtout. Surtout depuis hier. Et que je me sens trop tanguer et trop libre de parler avec toi. Je sens monter en moi trop de fureur et d'incompréhensions que j'ai peut-être trop retenu. Je sais que je ne suis plus en état de le faire maintenant et ce sera terrible. Je saisis un flacon brun et dépose une goutte sur mon index.

- Faut-il qu'on soit ami? Oh. Je n'aime pas la vanille. Ennemi? C'est vraiment désagréable sur ma langue. Pour qu'on puisse se dire bonjour sans que cela paraisse déplacé ? Je déteste vraiment la violette. Je pensais que ce n'était pas déplacé qu'on se le dise maintenant. Je crois que j'ai faim Sucre mais je n'en suis pas certain. Et ma journée n'est vraiment pas bonne, parce que je mal à la tête. Et soif aussi. Et j'ai le nez encombré. Et bleu. Il me faudrait une chaise parce que je vais tomber je crois. Et je suis si mal habillé que c'est certain, tu vas penser que je suis disgracieux. Et-

Je me rattrape aux portes du meubles, mais elles n'ont pas l'air de pouvoir me soutenir beaucoup. Comme mes chevilles et mon corps traître. Je lâche quelques jurons et quelques remarques sur le bonjour. Comme si c'était ce qui m'avait le plus ennuyé aujourd'hui. Je me rattrape au rebord. Mais. Mes chevilles vont lâcher. Mon oeil est troublé. Ou ma vision. J'ai trop de faiblesse dans le bout des doigts. Et surtout. Surtout. La tête lourde, de nouveau.

Je m'installe contre le mur et je m'assois. Sur le sol. Comme un pauvre. Aujourd'hui est une très mauvaise journée. Je ramène mes deux genoux contre mon torse et j'enfouis ma tête dedans. Pour quelques minutes de repos et je dis en geignant. - On dirait que je suis ivre. Est-ce que tu es certain que la vanille et la violette soient comestibles? Le tintement de la cloche m'arrache un énième soupire. Surtout quand je pense à quel point je me suis de nouveau emporté et à quel point je suis trop enclin à divaguer.
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaMar 17 Mar - 0:02

A ce moment là, alors que mon menton s'appuie sur son épaule et que des ondes chaudes se dégagent de sa peau blanche, je me sens particulièrement imbécile.
Une ride de colère et de frustration barre mon front et je ferme les yeux.

Je me sens imbécile – et le mot est faible, je m'insulterais bien – d'avoir ramené dans notre conversation un sujet qui aurait probablement mérité d'être enfoui profondément, comme un trésor que personne ne réclame. Je me sens imbécile et en colère d'y avoir juste pensé. Je ne comprends pas, alors que ma main se dégage tout juste de son poignet, alors que je sens son dos qui s’emboîte contre ma poitrine à la manière d'un engrenage parfait, je ne comprends pourquoi je m'obsède pour ces affligeantes banalités. Je ne comprends pas pourquoi ce détail, ce minuscule détail me semble si important ; pourquoi l'inflexion de sa voix m'a parue différente à ce moment là ; pourquoi mon esprit à tourné, comme un siphon détraqué, autour de cette question ; pourquoi j'ai la sensation qu'une bête grignote ma poitrine ; pourquoi j'en parle.

Pourquoi moi, Sucre, je parle des banalités, pourquoi je m'arrête sur ses demandes et pourquoi je ne ressens que l’irrépressible besoin de répondre à ses requêtes.
J'ai pour habitude de vouloir plaire ; mais vouloir faire plaisir m'est définitivement étranger.

Je voudrais me mordre la langue mais, je me l'entaille tellement souvent que j'ai bien peur un jour d'en perdre un bout. Moi qui ait pourtant le don de me taire à merveille, je me dis que pour cette fois là au moins, j'aurais du la fermer.

J'ignore ce qui bringuebale en moi, mais je me sens pire que la coque d'un navire acculé dans le tempétueux passage d'un détroit.
Il y a tellement d'autres choses à penser plutôt que ces politesses – par exemple, Bermuda qui me semble tomber malade et l'inquiétude qui urge dans mon ventre. Non, c'est une mauvaise idée ; si je pense à sa santé, je vais être mille fois plus incohérent encore, comme lorsque je m'acharne sur le mouvement de son bras pour remuer la pâte blanche des guimauves alors que, très sincèrement, je n'en ai rien à faire.

J'avais exigé dédommagement. Je voulais réellement ré-ouvrir la confiserie et remplir mes comptes désespérément creux. Il fallait que je rembarque ma vie, mais voilà que je me prends d'une lubie pour des détails du quotidien ; je me sens perdu, irrité et très irritable.
Je dois lui dire de se taire et de ne pas répondre à mes bêtes divagations mais, le temps que je me décide, la bouche acariâtre, Bermuda a déjà pris la parole.

Je m'attendais au pire, quand ses mots ont commencé à se former comme des bulles au dessus du chaudron de fonte. J'étais même prêt, dans un élan violent d'agacement, à me repousser et repartir ouvrir et fermer indéfiniment le tiroir-caisse de la confiserie pour tuer le temps.
Mais ne je m'attendais pas à ça.

Ses paroles étaient très simples.
Elle étaient si simples et si dénuées de de reproche, de colère, de sursauts ou de l'ironie mordante qui dentelait souvent sa bouche que j'en restai interdit.

Le menton appuyé sur son épaule et mes yeux curieusement tournés vers l'angle doux de ses pommettes, je me pétrifiai ; je crois que j'en perdis même mon souffle. Il fallait croire que, dans ma mort, je n'avais plus l'habitude de la banalité.

Peut-être avais-je oublié à quel point elle me manquait. Peut-être avais-je oublié qu'autrefois, elle comptait pour moi et que, dans une existence ou j'étais un humain capable d'exprimer toutes les vérités qui agitaient son ventre, la banalité était tout ce qui m'apportait des élancements paisibles.

En l'écoutant, j'imaginais un morceau de vie – un morceau de vie d'ailleurs, de maintenant, de plus tard peut-être – où je me plairais à croiser un visage ; sentir un parfum familier ; déposer un baiser sur une nuque ; échanger des convenances ; plaisanter ; lui dire bonjour.
Alors que ces réflexions fulminaient dans mon crâne, je me disais que ces bris de vie que je n'avais jamais imaginé se planter sur la mienne auparavant me conviendraient.

Et c'est pire que ça.
Plus ses mots se suivent, plus ses idées s'infiltrent dans mes désir et secouent ma surprise, plus une idée folle s'impose et se grave sur mon corps. Ces banalités, ces échanges dont je comprends peu à peu toute la tendresse dont ils sont gorgés, je me rends compte qu'ils me sont accessibles.
Dire bonjour, ça n'implique pas de vérité.
Dire bonne nuit, ça n'implique de vérité non plus.

Ce pourraient être des mots que je dirai, encore et encore, chaque matin, chaque soir, même le midi s'il le fallait, et jamais mon pénible tribut ne pourrait pénétrer leur douceur. Ce seraient aussi des mots que je ne dirai qu'à lui.

Très soudainement, je me sens euphorique. Mon visage s'éclaire, brillant sous la poigne de cette illumination et j'ignore pourquoi je sens cet embrasement dans ma poitrine. J'ai si rarement pu tromper mon tribut tout en restant sincère mais, cette fois, je le sais, je pourrais l'être.

J'en suis tellement stupéfait de joie que j'ai envie de lui dire là, maintenant, tout de suite. J'ai envie de nicher mon nez près de son oreille, de humer le parfum sucré et salé de ses cheveux et de lui dire : « bonjour, Bermuda », même si ce serait absolument incohérent et risible. Mais je ne le fais pas, puisque l'instant d'après, il réveille en moi les même embruns coupables qu'hier soir lorsque je l'avais frappé.

Bermuda me repousse (encore, combien de fois l'a-t-il fait, c'est comme s'il tenait à le faire à chaque fois), et si la veille il m'avait reproché d'avoir agit, maintenant c'est mon inaction qu'il me plante entre les omoplates. Je me rembrunit, l’œil sombre et je pense, à cet instant là, que ce n'est pas que contre lui que je suis furieux.
Mes yeux bleus s'abaissent vers le plancher.

J'ai envie de prononcer tellement de phrases et de contrecarrer tellement de ces affirmations que tous mes mots s’effondrent dans ma gorge. Quand il s'égare jusqu'au garde-manger, j'ouvre trois, quatre, cinq fois les lèvres dans l'espoir de réussir à formuler sur leur pâleur un peu de vérité. C'est peine perdue ; je soupire. Je fais quelques pas pour suivre sa courses mais mes jambes sont alourdies, comme ma poitrine et mon visage. Face au spectacle du capharnaüm qu'il provoque dans le placard, je suis partagé. Je grimace, crisse des dents et tente vainement, dans ces élucubrations qui me désarçonnent, d'implanter un peu de ma parole.

Mais c'est à ce moment là que je me rends compte comme elle est écrasée par la sienne.

― Écoute je -
― Et si...
― N-
― C'est plutôt...
― Tu devrais -
― Berm -


Mais alors que je suis sur le point ou d'exploser, ou d'imploser, l'arête du nez pincée entre mon pouce et mon index furieux, Bermuda dit quelque chose qu'il n'aurait jamais du prononcer et qui me met hors de moi.

― Et je suis si mal habillé que c'est certain, tu vas penser que je suis disgracieux.

Alors qu'il ne pourrait jamais être laid pour mon œil ; je me dois de le détromper et, je bondis vers lui. Il me stoppe dans mon élan et me désarme encore, comme à chacune de nos batailles, les amères comme les tendres, et bascule contre la porte du placard pris de faiblesse.
La surprise me fige et c'est pétri d'inquiétude que mon visage suit sa chute progressive.

J'ai vraiment, vraiment très envie de me prendre la tête dans les mains et de crier. Depuis quand mon existence est un tel bordel ? J'ai le cœur qui bat très fort lorsque je me presse à ses côtés. La vulnérabilité de sa posture m'essouffle. Je m'accroupis juste devant lui, mon bras rabattu sur mon ventre.

Ce que je lui offre, c'est un regard taillé dans une colère aussi fine que celle qui meut ma bouche. Je ne résiste plus, me prend la tête dans les mains (c'est très bref, moins d'une seconde) puis relève mon visage chaud vers lui.
Et je le jette.

― Est-ce que tu te rends compte, franchement ?!

C'est un savon jeté au visage sans haussé le ton ; ma voix part juste un peu plus dans les aigus, mais ça, c'est la faute du désespoir.

― Est-ce que tu te rends compte, franchement, Bermuda ? Et ne dis plus jamais -

Je m'arrête brutalement à cause de ma damnation et prend une grand inspiration froide pour maîtriser ma colère. Mon regard est brûlé de menace quand je le plante dans le sien, les sourcils froncés.

― Ne dis plus jamais (je n'arrive pas à continuer). Bermuda, tu es –

Pourquoi j'ai-je pas le droit le plus légitime qui soit. Je veux juste lui dire : tu es beau.
Je gémis de colère. J'opte, le dégoût dans la bouche, pour une contrefaçon.

― Est-ce que tu as idée comme tu es beau ? Et non, voilà, la violette et la vanille ce n'était pas comestible, ça t'apprendra, je mens honteusement pour évacuer la violence de ma frustration.

J'enfouis alors mon visage dans ma main pour tenter de calmer mes fureurs et, évidemment, c'est quand je commence à retrouver mon calme (et ce contrôle qu'il me dérobe souvent) que la clochette de la boutique retentit.
Me voilà de nouveau emporté.

― Femme respectable !

Et me voilé tiraillé entre le client qui m'attend probablement dans la boutique, devant le comptoir, en train de choisir les maigres sucreries qu'il va acheter et Bermuda, recroquevillé contre le mur que j'ai deviné malade – et c'est ce qui me met tant en colère, aussi.
Je me redresse d'un coup en faisant grincer l'articulation de mes rotules. Je gronde et peste :

― Est-ce que tu te rends compte, franchement ?! Et toi tu -

Comme la nuit précédente, lorsque je n'arrivais pas à m'exprimer devant lui, je plaque mon index sur ma bouche pour l'intimer au silence le plus absolu mais surtout à l'immobilité la plus totale. J'espère que le regard noir que je lui lance est assez équivoque.

Je retourne à l'avant de la confiserie. Entre les étalages erre une habituée – une dame que j'ai longtemps imaginé plus âgée que moi, mais on ne sait pas vraiment à quel point nous sommes vieux ici. Je me force pour greffer un sourire sur ma bouche mais je suis essoufflé lorsque j'arrive derrière me comptoir. Notre dialogue se résume à peu près à ça :

― Bonjour !
― Bonjour.
― Cela fait longtemps que la boutique n'avait pas été ouverte, vous avez eu des soucis ?
― Des vacances, plutôt, je dis dans un rire.
― Vous auriez pu prévenir, quand même !
― Je suis vraiment désolé.
― Mais qu'est-il arrivé à votre bras ?!
― C'est un accident, rien de grave.
― Et votre visage aussi ?
― Ça, c'est un chat.
― Et vous vous êtes coupés les cheveux ?
― Ah, oui, je ris faiblement.
― Une envie de changement ? Je vois que vous avez beaucoup changé en quelques semaines.
― On peut dire ça. Vous souhaitez acheter des sucreries ?
― Oui j'aimerai bien, mais je ne vois pas les guimauves ? Surtout que j'adore celles à la rose.
― Non, j'ai eu un problème avec la livraison des ingrédients qui a provoqué du retard dans la fabrication. J'en suis aussi désolé.
― Oh, c'est tellement dommage. J'avais tellement envie de manger des guimauves. Ce sont mes sucreries préférées, vous savez ?
― Vous souhaitez prendre autre chose, à la place ?
― Je ne sais pas trop. Mettez-moi quelques berlingots ? Non, pas tant. Un peu moins. Un peu plus, voilà, comme ça, encore un et c'est bon.
― Comme ça, ça vous va ?
― Oui c'est bon. Je peux avoir des bonbons à la bergamotes ? Merci, non, juste un ou deux, pour mettre dans le thé.
― Est-ce que ce sera tout ?
― Non, des bonbons à l'anis aussi. Voilà, comme ça, merci.

Et pendant tout ce temps ou nous échangeons ces paroles commerciales, moins d'une minute passe, mais je me sens mourir.
Je me sens mourir parce que Bermuda est dans la cuisine, seul, parce qu'il est malade, parce que je suis noyé d'inquiétude et parce que ce n'est pas avec lui que je suis en train de parler.

Je n'ai jamais eu envie de banalités avec d'autres.

Trop de colère transparaît dans voix translucide et mon débit pressée ; la cliente part, froissée. Je retourne dans l'arrière-boutique, furibond. Heureusement, il n'a pas bougé – ou s'il a bougé, je ne m'en suis pas aperçu – et je retourne m'accroupir en face de lui. Je dois calmer mon front qui palpite sinon une veine va se rompre sous ma peau. Je me lève à nouveau, récupère un gobelet dans un placard et je vais le remplir d'eau dans l'évier. Pendant ce temps, je réfléchis, je me contiens. Quand je retourne vers lui et que je m'accroupis, mes traits sont moins tendus. Je lui met le gobelet d'eau dans les mains avec une grande délicatesse qui jure avec ma fureur passée. Mes sourcils sont encore durs. Mon regard sec lui ordonne de boire et j'attends qu'il le fasse.

Mais je lève ma main et je pose ma paume sur sa joue pour la caresser. La tendresse du geste soulève ma poitrine d'un soupir et ferme mes paupières.
Sa peau est si chaude.

Alors, je me penche en avant et je l'embrasse. Il n'y a plus aucune trace de colère dans mon baiser ; juste de la tendresse et de la préoccupation. Je souris à nouveau, très doucement. Je dis en m'écartant :

― J'aurais du t'embrasser dès le début, j'aurais su que tu avais de la fièvre.

Je relève à nouveau ma main pour qu'elle enveloppe sa joue. Je poursuis, le timbre adouci, comme si je cherchais à ne pas l'effrayer :

― Je crois que tu es malade, Bermuda.

J'en suis même sûr et certain, et je sais aussi, grâce à ses maladresses ingénues, que ces sensations doivent être nouvelles pour lui. J'ai un amusement complice sur ma bouche souriante, mais il est très faible. Je baisse ma main dans son cou. Contre mes phalange, la température de sa peau fine me choque.
Je me trouble. Je me sens terriblement incapable et impuissant.

― Qu'est-ce que je dois faire ? Est-ce que je dois t'amener voir un médecin ? Je suis presque sûr que je n'ai pas de médicaments ici, ni chez moi.

C'est à se demander qui a vécu dix ans et qui n'a même pas franchi sa première année. Embarrassé, mes yeux dérivent à droite et à gauche et je me gratte l'arrière du crâne. Je reviens poser mes doigts sur son front puis sur sa joue, encore.

Brièvement, quand je le regarde, je repense aux guimauves que nous avons abandonnées. Ça fait maintenant trop longtemps qu'elle n'ont pas été remuées – et je les avais complètement oubliées. Au moment où nous en sommes, si je vais couper le feu, elles vont durcir et la pâte va devenir collante et inutilisable. A l'inverse, si je les laisse chauffer mollement, elles vont petit à petit se cristalliser en caramel. Dans les deux cas, elles sont absolument ratées.
Je décide de les laisser brûler. Je soupire :

― C'est mort pour les guimauves.

Je poursuis, avec de fausses reproches sur la langue :

― Tu es vraiment un commis... Est-ce qu'un jour tu vas arrêter de foutre le bordel partout ou tu passes ? Tu me – tu fais trop de choses.

Et bien sûr, il fallait bien que je reparle encore de ça ; mon obsession me lacère. Je détourne furtivement les yeux.

― Pour cette histoire de bonjour, de bonne nuit, tout ça... Je n'ai pas -

Je me coince la langue sous les molaires, inspire un bon coup et poursuit en fixant son œil vert :

― Est-ce que tu te rends compte que je pourrais m'habituer, Bermuda ? Je pourrais m'habituer à ce que tu me le dises, à avoir ces attentions et si je m'habitue, je les exigerai à chaque instant. Ce n'est pas... Je n'ai jamais... Ce genre d'habitude. Je – j'aimerais...

Chacune de mes hésitations est ponctuée par mes yeux fuyants et concentrés.

― Je voudrais... Vraiment.

Mais je ne termine pas ma phrase. Ce qu'il va vraiment se passer, c'est que je vais me rompre. Je sens que mes nerfs ne tiennent plus et je courbe la nuque. Vaincu, je lâche :

― Tu ne vas pas rester ici.

Et je me sens obligé de préciser en hissant mon regard vers le sien. Il est un peu triste :

― Tu ne vas pas rester ici parce que tu vas tomber malade, Bermuda. Il te faudra te reposer.

Je termine avec un seul mot, murmuré comme un ordre :

― Rentre.

Et, atterré, c'est seulement au moment où l'injonction franchit mes lèvres que je m'aperçois, de mon véritable désir : je n'ai pas envie qu'il parte.




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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaMar 17 Mar - 22:13

Je ne me rends compte de rien. Non. Quand tu me le demandes. Je ne me rends compte de rien. Parce que je ne suis pas capable de le faire. J'ai de la brume dans l'oeil et dans mon front. Ma bouche n'en finit plus de s'assécher. Comme mon gosier. Je n'ai même pas la force de relever la tête pour t'observer. Mais c'est plus par manque de courage. Je ne savais pas que j'étais un tel couard. Avant. Mais je n'ai plus de bravoure dans les tripes. Je regrette. Je regrette l'impulsivité de ma langue. Je regrette les mots sincères que ma bouche, enhardie par la légèreté fébrile de mon être à cru bon de te balancer. Je ne savais pas qu'il n'était pas forcément bon de dire les choses. Je ne suis pas avare avec mes mots. Je dis les choses. Comme elles viennent. Même si avec d'autres je les enrobe plus de douceur et d'hypocrisie. Comme je le ressens. Je n'éprouve pas de honte à dire les choses. Je n'éprouvais pas, serait plus juste. Je me sens trop libre de dire les choses avec toi. Et ce n'était pas important avant. Il n'y avait pas de regret après. Jamais. Combien même j'ai blessé. Provoqué. Agacé. Enchanté. Ce n'était pas important. Parce que je m'en fichais.

Ce n'est pas que je n'aime pas les gens. Ils exercent sur moi une fascination étrange. J'ai la curiosité de m'étonner entier sur les gestes du quotidien. De vouloir comprendre les choses. Qu'ils font. Je m'étonne quand je vois deux être entrelacer leur doigts. Et je ris en pensant que cela ne doit pas être pratique de marcher ainsi. Je m'étonne des "bonjour" et des "bonne nuit" susurrés du bout des lèvres ou avec le sourire. J'ai envié. J'ai ri aussi. Mais j'ai envié surtout. Je me suis imaginé mille fois. L'oeil rivé sur mes parchemins et mes contrats. Dans mes nuits solitude. Je me suis imaginé le dire. Sincèrement. Et le recevoir en retour. Plus par ennuie que par nécessité.

Et maintenant que je pourrai le dire. Que. Vraiment. Je voudrais le murmurer contre ta peau blessée. Que je voudrais étreindre ces mots et les recevoir. J'imagine quel plaisir se serait. Quel bonheur. Quelle joie. D'entendre de ta bouche "Bonjour Bermuda". Je pense que je voudrais compter sincèrement. Assez dans ta vie. Dans ta mort. Pour l'entendre. Parce que tu comptes assez dans la mienne- et c'est peu dire puisque que je me fiche éperdument des autres habituellement- pour que je te le dise. Que je me languirai de te le dire même quand tu seras resté à terre et que je serai en mer. Tu comptes. En bien et en mal.

Je ne me suis jamais intéressé vraiment à l'impact de mes mots. Je n'ai jamais cherché chez les autres les blessures et les plaisirs. Qu'importe comment ils se sentent. Comment ils ressentent. Je dis mes mots. Je n'attends pas forcément qu'ils réagissent. Qu'ils répliquent. Je m'en fiche. J'ai des sourires pour atténuer la violence de mes sentences. Des pleurs pour faire passer mes insensibles vérités. Je m'en fiche. Je m'en fichais en vérité.

Je regrette. J'ai envie de récupérer tous mes mots. Surtout quand je sens vibrer dans l'air ta colère qui fait trembler ma paupière et mon souffle. Je ne me rendais pas compte. Vraiment. Et c'est important. Et encore une fois j'ai l'envie impulsive. Irrépressible. De te le dire. De formuler des syllabes. Assembler des mots. Tisser des phrases tremblantes et sincères.

Tu comptes pour moi.
Tes mots comptent.
Je ne veux pas que mes mots te blessent
Comment te sens-tu?
Je pense que mes mots comptent pour toi aussi.
Cela me fait très-trop-plaisir.
Je m'intéresse à toi. Sincèrement. C'est la première fois. C'est incroyable.
Sucre. Tu comptes vraiment pour moi.


Et je ne m'en rendais pas compte non. Mais le dire. Le formuler serait trop hâtif. Surtout maintenant. Quand tu me regardes avec trop de fureur dans l'oeil j'ai la bouche trop desséchée pour pouvoir susurrer des douceurs. Et surtout. Surtout. Je serai trop enclin à regretter surtout que je comprends à peine la portée de mes mots. Je voudrais comprendre tout ce qu'ils provoquent. En toi. Uniquement. Et. Étreindre ton corps s'ils blessent et que je n'arrive pas à les retenir. Deviner la frustration qu'ils engendrent. Comme mes gestes. Le bonheur et le plaisir. Je veux pouvoir tout comprendre et que tu me dises ce que tu ressentes parce que cela m'intéresse. Que je ne m'en fiche pas. Que ce n'est pas un désir égoïste.

J'attends les mots. Et les reproches. Je fixe tes lèvres parce que c'est difficile de croiser ton regard. Tu buttes encore sur des phrases. Tu t'arrêtes et tu recommences. Je fronce les sourcils. Ce n'est pas la première fois. Et pourtant tes gestes sont si libres. Je me dis qu'il s'agit de maladresse, pourtant je sais que ta langue est habile. Avec les autres. Cela m'agace un peu mais j'écoute. Même si mon front palpite. Est-ce si difficile de dire ce que je suis? J'attends donc patient. Et puis tes mots s'enfilent. Gauches. Tu me demandes si je sais que je suis beau. Je secoue la tête péniblement. Non. Je ne sais pas. Tu ne me l'as jamais dit. Alors que je l'ai dit plusieurs fois. Sans même chercher à te faire plaisir. Et tes mots sont importants. J'y accorde vraiment beaucoup d'importance. Ils comptent. Beaucoup. Et j'ai un sourire. Malgré les maladresses. Tu me trouves beau et c'est important. Même si ce n'est pas dit simplement. Je fronce les sourcils, concernant la suite de ta phrase. Pourquoi caches-tu des produits qui ne sont pas comestibles dans une cuisine? Que devrais-je en tirer? Je n'ai pas l'esprit assez clair-Et c'est de ta faute, c'est souvent de ta faute- surtout si je suis empoisonné à cause de tes flacons mystérieux.

Tu jures, en entendant la sonnette de ta boutique. Moi cela me fait soupirer. Il me semble que je voulais dire des choses. Mais ce n'est sans doute plus le bon moment. Et c'est tant mieux. Parce que je n'ai pas le courage. Tu te lèves. Je te suis du regard et je tends l'oreille. Tu me demande encore si je me rends compte-C'était cela que je devais te dire!- et tu m'intimes et le silence et l'immobilité. Comme la veille. Je hoche la tête. Et puis de toute façon, où pourrais-je aller, les jambes flageolantes et la tête trop prise. Je hoche la tête. Je pose la tête dans mes genoux et j'attends. Parce que je me rappelle ce que je dois dire et que peut-être. Seul. Je pourrai trouver un peu plus de bravoure. Quelques part. Je suis certain. Pour dire que cela m'importe et que je voudrais que tu me dises. Je veux écouter. Les milliers de choses que tu pourrais dire. Tes colères. Les comprendre et les accepter. Sans être lassé.
Bonjour.

J'ai la gorge nouée. Soudainement. Je relâche mes jambes. Sur le parquet. J'ai un goût désagréable sur le bout de la langue. La paupière close. Ce n'est qu'un mot. J'essaie de me convaincre. Juste un peu de politesse. C'est vraiment difficile de passer outre. Une conversation polie. J'en ai des semblables avec mes clients. Sauf que je ne dis pas bonjour. Je n'ai jamais eu envie de le souhaiter. C'est sans importance. Mais je crois que cela en a trop. Pour moi. Et c'est peut-être cela le problème. Tu as dit bonjour. Sans réfléchir. C'est moi qui pense trop. Tu as dit bonjour à quelqu'un d'autre, alors que je brûlais que tu me le dises en premier. Et même par politesse cela aurait été suffisant. Et même si ce n'est pas important. Pour toi. Je voulais vraiment que tu me le dises. Même tardivement. En premier. Parce que je suis égoïste. J'ai la gorge sèche. Je crois que je suis furieux. Plus encore que ce matin. Plus que jamais. Et si je n'avais pas encore des étourdissements, je serai parti. Parce que cela compte. Et que j'ai une petite douleur dans la poitrine. Je donne un coup rageur dans le plancher. Pour maitriser mon emportement. Et que je suis trop furieux.

Ce n'est pas tant contre toi. Mais j'en veux. À cette cliente. À mes propres égarement. J'ai des jurons plein la bouche. Surtout quand, mon orgueil blessé palpite trop fort dans mes tempes. Et je suis vraiment blessé. Parce que je ressens de la douleur et un peu d'autre chose qui vient picoter mon oeil unique. C'est cela. Je suis blessé. Je rejette la tête en arrière et je la cogne-sans le faire exprès cette fois-encore rageur et je pose à plat mes paumes devant mes yeux. Comment en étais-je arrivé là? Depuis quand? Je me souvenais qu'avant je n'en avais rien à faire. Quand tout cela ne comptait pas. Quand je n'étais pas trop enclin à te révéler mes désirs les plus profonds. Si ridicules soient-ils. Pour que tu ne les bafoues pas, sur un coup de tête. Tes mots comptent vraiment trop. Et je sais. J'imagine très bien que tu l'as dit sans réfléchir. Ou. Peut-être un peu. Que tu ne sais pas tout ce que tu ravages chaque fois que tu ouvres la bouche ou que tu me touches.

J'aurai voulu savoir ce que je ravageais en toi. Si mes mots avaient de l'importance. Et je me dis. Que vraiment. Je m'exprime trop mal et que tu n'as pas compris comme c'était important. J'ai envie de croire que tu ne l'as pas dit dans le but de me blesser. Comme parfois j'aimerai croire que, tu ne me réserve pas le pire chaque fois que tu esquisses un geste. J'ai trop l'habitude de penser au pire, c'est comme cela que j'ai appris à penser. Pour ne pas être déçu. Et je voulais commencer à croire au meilleur. Enhardi comme j'étais à cause de la nuit dernière. J'aurai préféré je crois que cela ne compte pas. Et que je n'attache pas tant d'importance à tes badineries. Comme je tique quand tu dis que c'est un félin qui t'as blessé. Que tu réduis mes actions à un banal accident. Je ne sais pas ce que je veux et j'espère. De tes mots. Et je veux vraiment partir parce que je me rends compte. Je prends finalement conscience du ridicule-je n'ai pas d'autres mots, ou alors ils sont encore moins clément- de mes pensées. Et je ne suis pas certain que je puisse imputer cela à ma faiblesse ou mes douleurs. Je donne un autre coup dans le plancher. Je suis ridicule. Surtout le souffle coupé par la peine.

La porte se ferme et tu reviens. Ma respiration à quelques soubresauts. J'essaie de retrouver mon calme. Mais. C'est difficile et je ne veux pas imploser devant toi. Il me semble que j'ai suffisamment fait aujourd'hui. Que j'ai été suffisamment ridicule. Que je ne veux plus dire que cela compte. Tu t'accroupis devant moi et je vois que tes traits sont toujours tendus. Les miens sont crispés. Il ne faut pas que j'éclate. Tu te relèves. J'expire les derniers soupirs saccadés qui se nichaient dans le fond de mon estomac. Tu glisses de un verre d'eau dans la main. Avec douceur. Elle se confronte à la colère qui me brûle encore les entrailles. J'ai la gorge trop nouée pour boire. Et pour protester. Et le dire. Quand, du regard tu m'invites à étancher ma soif. Je pense que je préfère rester assoiffé. Mais. Tu ne me laisseras pas le choix. Je bois donc. Même si je peine à avaler. Tout me reste en travers de la gorge. Malgré cela. J'ai toujours le gosier sec. Et les lèvres arides.

Tu poses. Inconscient. Ta main contre ma joue et tu te penches en avant pour m'embrasser. Avec trop de tendresse. Je voudrais dire que je ne suis pas d'humeur. Quelle me révulse encore plus l'estomac. Il t'est trop facile de passer de l'énervement à la tendresse. Tu m'embrasses trop facilement, tu me touches trop facilement. Tu me fait trembler trop facilement. Tu ne te rends pas compte. Tu ne te rends pas compte que les mots aussi c'est important pour moi. Parce que j'ai du mal à comprendre la signification de tous tes élans tendres. Et cela me fait palpiter le coeur entièrement. Le malaise étrange dans ma poitrine à plus d'emprise. Je sais que je vais tendre les bras et te verser un torrent de reproche contre la peau. Que je vais m'accrocher à ton cou. Que le malaise qui me ronge le coeur tu vas le dissiper comme à chaque fois que j'interprète mal tes mots et tes gestes. C'est la promesse que scelles sur mes lèvres et qui soulage un peu mes fureurs.

Je n'ai pas le temps de le faire. Parce que j'ai trop d'hésitation dans les doigts quand les tiens font frémir ma peau. Tu t'écartes en souriant, j'aime ton sourire habituellement. Cependant quand tu me dis que j'ai la fièvre. Que tu t'écartes. Je n'ai plus ni envie, ni la possibilité de le faire. Je m'agite. Et je repense aux mots de la veille. C'est affreusement douloureux et l'on s'en remet rarement. J'ai l'estomac qui se soulève. Je secoue la tête. Ce n'est pas possible. Et. La nouvelle semble plus te faire sourire que moi. Je ne suis pas d'humeur à sourire. D'autant plus que je suis plus furieux et que même ma peur-irrationnelle sans doute- semble moins ardente. Tu annonces avec légèreté que je suis malade. C'est terrible. Vraiment terrible. Et il n'y a pas de quoi rire. Vraiment. Mais quand tu poses ta main contre mon cou et que tu fixes mes yeux paniqués. Que je vois qu'ils ne sont pas si rieurs que ta bouche. Sans que je puisse expliquer pourquoi, une certaine douceur se love dans ma gorge. Dans mon ventre. Et pourtant c'est terrible. Et je vais souffrir atrocement. Et je ne m'en remettrai sans doute pas. Tes interrogations et ton inquiétude font picoter ma peau délicatement. Je pourrai presque que croire, que cela a du bon d'être souffrant. Et que je compte pour toi aussi. Je voudrais dire que cela ne me dérange pas d'aller au médecin si tu m'y emmène. Mais je me contente d'expirer.
-Je ne sais pas non plus. Et. À quoi bon prendre des médicaments si, c'est affreusement douloureux et mortel. Je voudrais rajouter. Mais j'ai la bouche toujours sèche et quand je crache ces six mots, qui n'apportent rien. Que je peine sur les syllabes je me rends compte que j'ai peut-être-sûrement- attrapé le froid. Mais ce n'est pas important. Parce que tu poses ta paume sur mon front. Mes joues. Soucieux. Que je peux me permettre de croire que je t'inquiète. Comme je te l'ai demandé. Et que tu prêtes peut-être plus attention que je le pense à ce que je quémande. Inconscient. Cela me fait plaisir. Et j'en oublie presque ma déception et ma colère.

Presque parce que tu m'accables. Ce n'est pas le moment. Mais tu le fais quand même. Et même si c'est vrai. Même si, depuis la veille j'ai retourné peut-être un peu trop ton appartement. Et ton armoire. Même si à cause de la fièvre je ne t'ai pas été très utile. Si les guimauves sont gâchées. Que tu es très sérieux-Et j'aime ce sérieux-à propos de ton travail. Je n'ai pas envie de l'entendre. Le pire. Le pire c'est que je suis inquiet maintenant. Je pense que tu vas me chasser de tes cuisines. Et même maintenant je ne le supporterai pas. Et ce n'est pas le moment parce que je n'en mène pas large. Avec tout ce que tu provoques. Je ne sais pas quoi faire de mes reproches. Je voulais vraiment que tu me dises bonjour en premier. Et tu ne t'en doute pas puisque tu m'as embrassé comme si cela pouvait tout excuser. J'ai attrapé le froid et je ne vais pas m'en remettre. Mais tu t'inquiètes. Et cela me fait plaisir. Même si j'ai peur. Et maintenant. Maintenant tu ne trouves rien de mieux à faire que de m'inquiéter et de me faire tes reproches? Il faudrait que tu te rendes compte. Toi aussi. Que tes mots sont importants. Qu'ils me bouleversent plus que ceux de n'importe qui d'autres. Vraiment. Parce que je suis à deux doigts. Vraiment. D'éclater. Peu importe comment. Mais je vais le faire.

Tu n'as toujours pas l'air de le comprendre et pourtant mes traits tirés. Tendus. Sont équivoques. Mais tu ressens le besoin de reparler. De reparler de ce que je m'acharne depuis tout à l'heure. - Je ne veux rien savoir. J'en sais déjà trop. Je vais éclater je le jure. Je ne veux pas savoir si tu pourrais t'y habituer. Si cela te plairais. Si tu exigerais que je te le dises. Je trouve cela malvenu. Surtout que tu l'as dit à quelqu'un d'autres. Et que cela compte quand même parce que je le voulais pour moi. En premier. Peu importe s'il s'agit de politesse. Je m'en serai contenté. Alors ma lèvre supérieur se retrousse. Comme à chaque fois que je me sens trop excédé.

- Tais-toi Sucre. Tu ne te rends pas comptes de ce tu me dis. Ne me demande pas de me rendre compte si toi-même tu ne le fais pas.

Et peut-être que je l'ai dit trop bas et que tu ne m'entends pas. Ou que tu ne comprends pas. Ou peut-être que je délire et que que j'ai cru le dire. Je cherche ton regard quand il fuit. Je suis trop furieux-Et tu ne te rends pas compte que je le suis- et agacé pour me contenter de phrases incomplètes que tu ne sembles même pas avoir les tripes de terminer. Je ne comprends pas ce qui ne vas pas avec toi. Mes phalanges blanchissent tellement je sers les poings pour me contenir. Tes hésitations me font tanguer dangereusement.

Mais quand je crois que tu ne peux rien dire de pire. Tu me dis que je vais rentrer. Je me fige entier. C'est à peine si je respire. Je dois me concentrer. Parce que toutes tes déclarations m'étonnent trop. Tu relèves la tête pour me dire de rentrer. Et pourquoi? Parce que je vais tomber malade. Je ne comprends pas. Puisque que tu dis que je le suis déjà. Tu l'as dit. Je ne vois pas ce que cela change? Je secoue la tête. Une première fois. N'as-tu pas dis que tu t'occuperai s de moi si je suis malade? La veille. Tu l'as dit. Je me souviens. Parce que tes phrases ont de l'importance. Surtout celles qui me font tant plaisir. Tu réitères une troisième fois. C'est une sommation cette fois. Un ordre. Je dépose mes paumes sur mes deux yeux. La bouche tordu.

Je ressasse. Ne m'as-tu pas demandé de rester la veille? Ne m'as-tu pas dit :Reste, Bermuda? N'ai-je pas dis:Je resterai. Dans un tremblement? Je crois que mes épaules s'affaissent. Je ressasse encore. Où souhaites-tu que j'ailles? Puisque tu ne me donnes pas les clefs de ton appartement je pense que ce n'est pas là-bas que tu veux que je me rendes. Ne viendras-tu pas avec moi? Pourtant tu as dis. Et je l'ai retenu. Mais à quoi bon. Je n'en peux plus. J'éclate. Je dis. -Je ne comprends rien. Je ne comprends rien. Je ne comprends rien. Et tu ne comprends rien. Je le dis avec une intonation différente à chaque fois. Peiné. Furieux. Blessé. Résigné. Je secoue la tête et je souris amer. -C'est d'accord. Je prends appuie contre le mur. -Je vais rentrer. J'ai les jambes qui tremblent un peu mais je suis résolu. Il faut que je sorte de cette cuisine. Et surtout que je ne vois plus ton visage. -Je vais rentrer. Je me détache du mur et je me dirige vers la porte. Je jette, les chevilles tremblante ton tablier bleu que j'ai peiné à enlever. Je n'aime même pas le bleu. Trop brusquement pour prétendre que je ne suis pas affecté. Je saisis ma veste et l'enfile. Je m'arrête au seuil de la porte. Une microsecondes. Je me fais violence pour ne pas me retourner. J'ai hésité. J'ai voulu dire au-revoir. Mais à quoi bon. De toute façon on ne s'est même pas dit bonjour.

***

J'avais dit que je ne le supporterai pas. Toutes ces fois où j'ai pensé que tu me rejetterais. Que tu me chasserais. J'ai dit que je ne le supporterai pas. Mais tu ne m'as jamais repoussé. Tu m'as toujours rattrapé et étonné. J'ai pensé que je pouvais m'attendre au meilleur. Mais cette fois. Tu ne m'as pas retenu. Parce que je ne t'ai pas laissé faire. Après-tout, je ne sais même pas si tu l'aurais fait. Tu m'as quand même demander de m'en aller trois fois. Ce que j'ai fait. Parce que j'ai éclaté. De colère et d'incompréhension. Et. Peut-être même de peine. Parce que tu comptes vraiment pour moi.

J'ai pris le chemin de l'Absinthal. Puisque j'ai toujours les clefs de ma chambre dans ma poche. Celle de ma veste. En pestant. En éternuant. En défaillant. Si bien que je devais me tenir parfois aux murs pour me retenir. Comme un ivrogne. Et par ailleurs je sais que je vais terminer les bouteilles qui trainent dans mon sac. Et si j'en suis réduit à vouloir boire le matin c'est que je vais vraiment mal.

Je voudrais que cela ne compte pas tant. Pas au point de faire palpiter ma gorge douloureusement. Pas au point de me donner envie de hurler. Ou de me cogner le poing contre le mur-Ce que j'ai toujours trouvé ridicule avant- tellement je n'en peux plus. De ressasser. Je n'ai pas pu dire les choses. Et j'ai l'impression d'avoir du gravier dans la bouche. Je voudrais que cela ne compte pas. Et que cela ne me bouleverse pas plus que la perspective d'être malade. D'avoir attrapé le froid. Alors que tu m'as dit que c'est atrocement douloureux et que je ne vais sans doute pas m'en remettre. Je souffre déjà trop. Et c'est de ta faute. Si bien que je me fiche comme d'une guigne du froid et de la fièvre.

J'avais dit que je ne le supporterai pas. Et je ne le supporte vraiment pas.

***

Je me suis réveillé. En sueur. Il me semble que j'ai trop bu. Puisque j'ai la tête qui tangue. Que j'ai encore l'oeil brillant. Qu'avant midi j'étais déjà ivre. Misérable loque, qui, après un simple rejet à voulu noyer sa dignité dans le liquide ambrée. Je ne sais pas si j'ai mal au front à cause de la fièvre ou de la gueule de bois. Je ne vois pas la différence et ce n'est pas ce qui palpite le plus douloureusement. Je me suis extirpé du lit que je n'avais même pas pris la peine de défaire. J'ai enlevé mes-tes- vêtements pour tituber difficilement jusqu'à la douche. Et j'y suis resté. Pour faire partir la sueur. La douleur. Nettoyer ma peau et mes cheveux. Pour faire partir le sucre. Je suis resté sous l'eau claire et trop tiède. J'ai ragé. Eructé. Juré. Irascible et mauvais. J'ai dû t'insulter de furoncle. De peste. De bouton. Purulent. Suintant. Cent fois. J'ai grogné contre mon imbécilité. Je me suis insulté aussi. J'ai ressassé tous mes mots. Les tiens. Du plus tendre au plus blessant. J'ai fait l'inventaire. De tout ce que tu m'avais fait subir. Et moi aussi. De tous les trésors que tu m'avais offert. Que j'ai compté. Que j'ai enfoui jalousement.

Jusqu'à ce que mes idées soient claires et que je sache.

***

J'ai refait le chemin en sens inverse. Propre. Changé. J'ai pris mon sac et j'ai quitté l'Absinthal. La lumière brillait ses derniers éclats. J'ai marché sur les pavés. Résolu. Les pensées plus clair même si je me sentais toujours brumeux. À cause de la chaleur de ma peau. Je savais ce que je voulais faire. Et dire. Mais pour cela il fallait que je revienne à la boutique.

J'ai poussé la porte de la confiserie. J'ai regardé d'un mauvais oeil tes derniers clients. Puisqu'ils contrecarraient mes plans. Et les regards trop appuyé de certains me faisaient froncer les sourcils. Et. Ce n'est pas le moment de me laisser aller à de nouvelles colères. Je force mon oeil à se concentrer sur autre chose. Si je venais à croiser ton regard alors je n'aurai plus la force de faire ce que j'ai à faire et dire. Alors je m'accroupis. Comme la première fois que je suis rentré dans ton commerce. Je plaque mon front trop chaud et mes deux mains tout contre les vitrines transparentes qui me séparaient des confiseries que tu avais confectionné. Mon sac posé à coté de moi. Et j'ai regardé. J'ai abîmé mon regard de longues minutes durant. J'ai tout observé et j'ai même froncé les sourcils en découvrant des bonbons à la violette et à la vanille. En entendant les clients en acheter. Et. Pourtant je suis certain que tu as dit que ce n'est pas comestible. Je suis resté silencieux. Jusqu'à ce que les derniers clients s'en aillent.

Alors je me suis redressé. J'ai marché jusque le comptoir. Je me suis hissé sur mes deux pieds. J'ai tendu les bras en avant pour saisir ta nuque. J'ai déposé mes lèvres sur ton menton. Comme la première fois que je t'ai embrassé et j'ai dit. - Bonsoir, Sucre.
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Féminin

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ANECDOTE ▲ : son tribut est qu'il est condamné à ne plus jamais dire la vérité. il est accessoirement confiseur et claustrophobe.
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaJeu 19 Mar - 22:21

Je me suis fait violence.
Je me suis fait violence et c'est une barbarie que j'ose si peu d'ordinaire et bien trop souvent lorsque je m'approche, enserre et touche la fureur attendrissante qu'est Bermuda. Après avoir embrassé ses lèvres brûlantes comme une aube, effleuré son front presque moite, après être revenu sur la rondeur pâle de sa joue pour en tenir toute la douceur, je me suis fait violence.

Je n'avais pas envie qu'il parte.
C'était le dernier de mes désirs et j'avais pour habitude d'être un homme capricieux. La contrariété et la frustration me seyaient atrocement mal – je préférais, dans toute la suffisance de mon égoïsme, assouvir mes envies dans la brutalité de l'immédiateté.
Mais là, j'avais envie de le garder auprès de moi ; juste un peu plus longtemps, suffisamment pour rire de lui, pour taquiner la moue colérique de sa bouche, pour lui exiger de réussir des centaines de guimauves en sachant très bien que la pâte était déjà ratée, pouvoir le contempler, le détailler, l'admirer, me perdre quelque part sur le pli de ses lèvres.

Or, je m'étais fait violence et je lui avais demandé – exigé – de rentrer parce que mon inquiétude pour lui me boursouflait de partout.

Je reproduisais exactement le même schéma étranger et pénible de la veille lorsque, pétri d'émotions tendres que j'éprouvais dans mes os pour ce que j'imaginais être la première fois depuis ma mort, j'avais hissé son plaisir sur un piédestal de douceur ; j'avais tenu à ce qu'il soit le réceptacle de mes gestes et que les fourmillements de mes caresses le fasse soupirer, aigu et grave à la fois.

Je me souviens, à ce moment là, d'avoir été heureux.
Je me souviens m'être trouvé bête, au début, de favoriser les émotions de Bermuda, comme si j'en étais venu à me mépriser moi-même et mes faiblesses. Mais je n'avais jamais éprouvé tant de joie que le moment où j'ai commencé à le toucher, et où il m'a touché en retour, et où nous nous sommes touchés, ensemble.
C'était très nouveau.

Je crois bien que ça m'a changé.

Là, Bermuda est malade et, dans ce sacrifice que j'exige de moi, je n'éprouve plus aucun plaisir. J'ai juste la poitrine tremblante et ma colère lointaine et diffuse qui continue de faire frémir mes trapèzes et mes tempes. Pendant un long instant, je me suis demandé pourquoi et j'ai rivé mon œil bleu sur sa peau fébrile en espérant y puiser des réponses (alors que je n'y puisais que l'envie de l'embrasser encore en prétextant l'excuse de la fièvre).
Puis j'ai compris que, si cette fois là, le sacrifice était si désagréable, c'était parce que je ne serais pas avec lui. S'il rentrait – à l'appartement, je me rendais compte que je n'imaginais pas d'autre retour que celui de son corps dans mes draps ou sur le tabouret de la cuisine, une tasse de café à la main – s'il rentrait, je resterais définitivement seul entre les murs translucides de ma confiserie.
Bermuda m'avait habitué à la tiédeur de sa compagnie.

Cette pensée me pinçait les côtes et tordait l'axe de mon cœur.
Je me sentais un peu idiot mais de toute façon, j'étais résigné ; je le devenais petit à petit en sa présence.

Par contre, je fis quelque chose d'absolument stupide, emporté, puéril et dangereux : je me projetai.
Je me projetai dans l'attente de sa réponse, mes yeux scrutant les tressautements de sa peau que j'attribuais à son mal. Je me projetai dans une minute, deux peut-être, dans trois heures, quatre jours en avant. Je me projetai lui répondre, lorsqu'il aurait accepté, que nous allions rentrer ensemble ; je m'imaginai lui dire que j'allais m'occuper de lui, le veiller, le provoquer, bien sûr (je ne peux pas concevoir un temps où nous ne nous sautons pas à la gorge), mais je m'imaginai aussi poser un gant de toilette humide sur son front pour faire baisser sa fièvre, embrasser la pointe de son nez (je ne l'ai jamais fait), lui apporter du vin chaud dont il m'avait parlé, l'étouffer dans l'étreinte ferme et tendre de mes bras, m'endormir auprès de lui, l'embrasser au réveil.
Lui dire bonjour.
J'eus envie de sourire.

Appliqué, je réfléchis soigneusement à la formulation que mes lèvres allaient laisser jaillir. Dans ma tête, je testai plusieurs possibilités pour tromper mon tribut.
Finalement, j'optai satisfait pour : « Nous allons rentrer ensemble. »

Bien sûr, nous ne sommes jamais rentrés ensemble.

Alors que je planifiais ma conduite et mes mots à venir, je ne cessais de surveiller attentivement chacun de ses gestes. Bermuda, devant mon œil devenu brillant de préoccupation, a secoué la tête. J'ai attribué ce refus têtu à sa fièvre. Puis, il a plaqué ses deux paumes sur ses yeux, comme s'il venait de vivre entre ses côtes un violent déchirement. J'ai aussi attribué ce sursaut à la fièvre tout en me disant : vivement que nous rentrons et tant pis pour les guimauves. Après, il a eu une réaction très étrange, un peu incohérente, des paroles confuses ; il a répété plusieurs fois qu'il ne comprenait rien et moi, j'ai soulevé un sourcil étonné. Qu'y avait-il de si compliqué dans ma proposition ?

J'ai levé ma main pour venir la poser, rassurante, sur son épaule mais mon mouvement s'est suspendu entre lui et moi lorsque j'ai vu son sourire.

J'ai vu beaucoup de sourires de Bermuda.
J'ai vu les sourires que l'alcool doré distillait sur ses lèvres, les soirs de beuverie. J'ai vu les sourires charmeurs et séducteurs, les sourires féminins et carmins. J'ai vu ses sourires factices, provocateurs, taquins, malicieux, enfantins, capricieux, entendus, explicites et équivoques. J'ai vu beaucoup de ses sourires, même les plus naturels et les plus tendres comme ceux qui ont accompagné ces éclats de rire qui m'ont ébranlé jusqu'aux chevilles. J'ai même vu ses sourires colériques, ceux qui forcent sa bouche à se torde alors qu'il troue mon corps d'une lame, ou quand je l'exaspère, surtout quand je l'exaspère.

Mais un sourire comme ça, jamais.
Mon ventre est devenu un roc ; j'ai compris que Bermuda était au delà de la colère ; mais pourquoi, le l'ignorais.

Bermuda me disait qu'il ne comprenait rien, mais j'étais celui sur qui muait la stupeur. Mon visage s'est froissé en mille plis d'abord d'incompréhension puis d'ébahissement et je suis resté, face à la brutalité de son revirement, pétrifié.

Je crois que c'est pour ça que je ne l'ai même pas vu partir.

J'ai entendu ses mots, que j'ai trouvé très durs et qui se sont cassés sur ma joue – pourtant, il me disait qu'il était d'accord, qu'il allait rentrer, je n'avais plus qu'à glisser ma phrase, celle que j'avais tant préparé mais elle s'est effondrée dans ma gorge.
J'ai perçu, comme un coup de poing dans l'estomac, la fureur noire qui rendait ses muscles tremblants. Il s'est levé, a titubé et je l'ai suivi du regard. Il a jeté le tablier au sol, difficilement, erratique, engourdi de violence. Il est allé vers la porte.

A ce moment là, je me suis redressé à mon tour et j'ai dit :

― Bermuda att -

Et j'ai profité de cet instant très bref où son corps est devenu immobile pour tendre mon bras dans sa  direction. Ma main s'est refermé sur du vide.
Il n'était plus là.



*



Je suis resté seul dans l'arrière boutique, englué entre les différents placards métalliques et le crépitement régulier de la guimauve fondue. Évidemment, je n'avais aucune idée de ce qui venait de se fracasser sur mon crâne, ni où est-ce qu'il était allé chercher cette fureur incendiaire,, ni ce sourire qui m'asséchait la bouche.

Je comprenais juste que Bermuda venait d'exploser dans mes mains.
Elles en étaient meurtries et sanguinolentes, comme si mille bris de verre coupants s'étaient enfoncés dans mes paumes. Je n'arrivais plus à les refermer ; mes paupières non plus. Mon œil était sec.
En vérité, je crois que j'en étais meurtri, moi aussi, mais j'étais trop stupéfait pour l'admettre. Il me fallait encore garder quelques bribes d'orgueil.

Debout dans la cuisine, j'ai tourné sur moi même, regardé à droite et à gauche avant de passer une main dans mes cheveux courts. Les points piquaient la peau insensible de mes paumes et rebondissaient entre mes phalanges. Il allait revenir. Il allait forcément revenir – je me disais que ça avait été trop soudain pour que la même impulsivité ne le ramène pas ici.

C'est peut-être cette pensée qui a conservé le sourire de ma bouche : un sourire incrédule et infiniment confiant à la fois.
Évidemment, que je ne pouvais pas me tromper.

J'ai attendu une minute, deux, puis cinq, à faire quelques pas dans la cuisine, observer patiemment la pâte blanche dans la cuve se déformer sous la pression des bulles, ranger les flacons qu'il avait dérangé sans gêne dans le garde-manger, passer un chiffon humide sur la plan de travail. Je tenais à conserver toute ma normalité puisqu'il allait resurgir, colérique, peut-être en m'enfonçant une dague dans le ventre. Je ne lui en voudrai même pas. J'en riais déjà – j'ai ri, pour de vrai, même si ça ressemblait à un cliquetis bancal.
Puis, probablement vers la sixième minute, alors que ma main replaçait une fiole de clous de girofles et que mes lèvres chantonnaient, arquées, un air qui m'était inconnu, j'ai compris.

Bermuda n'allait pas revenir.

En réalité, on ne pouvait pas dire que j'étais surpris.
Depuis la veille, j'avais cette certitude intrinsèque qu'il finirait par s'en aller – c'était au delà de l'évidence même. Mais je n'imaginais pas que ça se passerait comme ça, ni que ce serait si tôt ; ni, non plus, que ça me mettrait mal. Si ça m'avait mis un peu mal, j'aurais pu passer outre vraiment, j'aurais pu passer outre.

Sauf que là, c'était de l'ordre de l'insoutenable.

D'un coup, je me suis accroupi. Le haut de mon corps s'est recroquevillé sur lui même pour cacher mon visage et ma main est venue glisser de mon front jusqu'à l'arrière de mon crâne.
C'était une posture d'abandon ; je restai ainsi un moment intemporel tout en me disant, la lèvre très lourde, que j'étais vraiment très con.



*



Je m’acharnais à plonger mon corps tout entier dans la platitude de la normalité.
Très vite, ma bouche à retrouvé le sourire léger que j'avais l'habitude d'offrir au nez retroussé du monde. J'ai relevé les manches de ma chemise sur mes avant-bras (ça m'a pris beaucoup de temps, chaque geste était si anormalement lent), et j'ai entrepris de reprendre la fabrication des guimauves.

La cuve abandonnée puait le caramel ; je l'ignorais.
Il me fallait recommencer une fournée de guimauves puisque la précédente avait été un échec passable. Très sérieux, la ligne des sourcils abaissés presque jusqu'à mes paupières supérieures, je tâchais de ramener sur le plan de travail ciré tous les ingrédients : le sucre glace, la gomme, les amandes, l'arôme de rose, des noix, du beurre. Je m’aperçus, au bout de plusieurs minutes, que j'apportais trop d'ingrédients et je les replaçai dans le garde manger ; certains au mauvais endroit.
Je retournai sur le plan de travail et entrepris de couper les amandes pour les intégrer à la pâte de guimauve en petits morceaux croquants – les clients aimaient particulièrement cette texture mixte. Le grand couteau était maladroit et gauche dans mes mains et, à plusieurs reprises, je manquai de m'entailler l'index. Je devais manquer de concentration ; je me reprenais.

Une fois les amandes effilées, j'ai essuyé mon front en sueur et cherché vaguement l'horloge avant de me rappeler qu'il n'y en avait pas, dans la cuisine. J'ai soupiré, bu un verre d'eau, entreposé toutes les amandes effilées (il devait au moins y en avoir un kilo) dans un récipient puis je les ai vidé dans la cuves.
J'y ai rajouté le sucre, la gomme et trois flacons d'arôme de rose et du beurre – je suis presque certain qu'il y a du beurre dans les guimauves. J'ai allumé le feu au maximum de sa puissance et j'ai regardé et entendu le sucre gémir en fondant.

Ce n'est que lorsqu'une douleur vive m'a mordu la paume que j'ai cessé de contempler le spectacle caramélisé de la seconde cuve. Le visage froissé, j'ai inspecté mes mains – mais ce n'étaient plus des mains, mais des poings.
Je les serrai si fort que mes ongles imprimaient des demi-lunes rouges sur ma peau. Je devais être plus tendu que je ne le pensais.

Tellement tendu que, glacé d'une impulsion soudaine et bestiale, j'ai pris ma veste et je me suis cassé. Je n'ai même pas fermé la boutique derrière moi.



*



Après ça, je compris assez vite que j'étais furieux.
Je pouvais sentir la colère faire ployer chaque interstice de mon corps. J'avais mal aux paumes à m'en claquer la langue sur le palais. Mes narines étaient resserrées et ma respiration sifflante et brusque. J'inspirais à peine ; j'expirais mille soupirs. Mon front était si froncé que je commençais à en avoir mal à la tête ; j'avais deux trous dans lesquels on pouvait y plonger des doigts sur chaque tempe ; ma veste en cuir claquait, soumise, à chacun de mes pas furibonds ; je bousculais des passants ; je ne faisais plus attention à mon tribut ; j'avais chaud, vraiment trop chaud ; ma gorge était étranglée ; mon cœur battait très fort.

Il battait si fort que j'en choppais la gerbe. Je me retins de vomir sur la foule hétéroclite de la citadelle blanche, même si j'en crevais d'envie.
J'étais soudain très amer.

Je n'étais pas – plus – imbécile et j'embrassais désormais toutes les raison de ma soudaine fureur et elles tenaient en un seul prénom.
Cependant, incertain, ridicule et fébrile, j'oscillai sans cesse ; certaines fois, ma colère transpirait sur mon front et je m'indignais qu'il ait osé me laisser de cette façon (quelle sale petite raclure !) ; d'autres fois, je me drapais de mon orgueil le plus titanesque et, les poumons froids, j'osais me suggérer qu'il ce qu'il s'était produit était d'une dégoûtante insipidité.

Après tout, ce n'était que lui, et si ce n'était que lui, ça ne devait être rien - absolument rien.
Ce genre de choses ne devaient pas compter. Lui, il ne comptait pas. Nous avions juste bu ensemble. Les autres étaient pareils. Tout ça, ça ne valait rien. Avant, c'était mieux. Il n'était rien, rien de plus qu'un commerçant.
C'étaient les pensées qui me seyaient le mieux.

Durant toute mon errance dans le quartier d’albâtre pour rentrer chez moi (je me trompai trois fois de chemin alors que le trajet était en ligne droite), je fulminais, rongeais, dévorais tellement toute ma rancœur que j'eus le temps de reprendre l'amertume qui me collait depuis dix ans.

Ce jour là, je fis mille pas en arrière.

Et tout aurait pu s'arrêter là.
Je n'aurais pu être qu'une bile noire et amère, dégoûtante, méprisante, orgueilleuse et égoïste et me convaincre qu'il n'avait rien été, absolument rien, totalement rien, jamais rien, rien du tout et moins, cent fois moins que rien.
Tout aurait pu s'arrêter là si je n'étais pas retourné chez moi.

Quand j'ai ouvert la porte, je me suis pris le spectacle de son bordel en plein dans la gueule. Mon visage se démantela d'abord par la bouche, puis les yeux et enfin tous mes traits s'affaissèrent. Ce fut très bref. L'instant d'après, je n'avais sur mon visage plus qu'une colère étouffante. Je claquais violemment la porte en repartant m'engouffrer, main dans la poche, dans les rues de Libra.
Il était midi.

Si j'avais été tant en colère à ce moment là, ce n'était pas parce que je retrouvais mon appartement dans un état lamentable ; ces angles matériels comptaient peu pour moi.
C'était surtout que sa présence, enfouie dans chaque objet qu'il avait soulevé, chaque tiroir qu'il avait renversé, chaque placard qu'il avait éventré me revenait à la face comme un coup de poing. J'en avais eu le souffle volé.

Si, à ce moment là, je n'avais pas été séquestré par sa présence, je n'aurais jamais été si puissamment furieux. Et si je n'avais pas été furieux, je n'aurais pas cherché à vouloir taire cette crise qui me labourait la poitrine.

Je n'aurais pas cherché à le repousser de la façon la plus évidente qu'il soit : en allant m'enfouir dans d'autres bras.



*



Tout était si proche de Canaan.
La ville revenait sur le bout de ma langue comme une plaie acide alors que l'air chaud de l'après-midi poissait sur mes joues. Mon bras était toujours relevé contre ma poitrine et me valait des regards curieux et quelques uns outrés de mon indifférence maussade. Le balancement régulier de mes cheveux sur la ligne de ma mâchoire aurait dû me manquer mais je ne m'en apercevais même pas. J'avais le crâne tumultueux, gorgé de colère et de froideur, de mépris et d'obsession. Je voulais vraiment, vraiment étreindre des corps, comme lorsque je m'étais perdu de poitrines en poitrines et de bassins en bassins dans les grandes villes du paradis.

Je ne voyais pas ce que je pouvais faire d'autre. Ma fureur était primaire ; mes désirs aussi. Il me fallait me noyer sous les parfums capiteux et les fragrances de sueur. Il me fallait des reins. J'en avais vraiment besoin – n'est-ce pas ? Tout était si proche de Canaan, après tout.

Tout était si proche que je comprends pas pourquoi, arrivé devant la porte en fer du bordel et la main sur la poignée, j'ai fait demi-tour en me mordant violemment la langue et en jurant le nez en l'air.



*



J'ai fini par retourner à la confiserie.
Je n'y croyais pas vraiment moi-même puisque j'avais erré pendant toute cette journée de fureur et de confusion. Mes pensées s'étaient entrechoquées, féroces. J'avais voulu coucher avec la moitié de Libra. J'avais fait demi-tour. J'étais retourné à l’appartement. Là-bas, j'avais commencé à ranger une partie des affaires mises en désordre puis, énervé, j'avais abandonné. Je les avais jeté par la fenêtre, une à une – mes affaires. J'étais allée les chercher. Je les avais mises à la poubelle. J'étais ressorti. Je suis allé devant des hôtels en cherchant une allure, un visage clair, des cheveux miel. Je me suis arrêté devant l'Absintal et j'ai fumé quatorze cigarettes les unes à la suite des autres. J'ai laissé une nidation de mégots devant la porte vitrée. Je suis reparti. Je suis retourné à la boutique, quelques secondes, puis j'ai fermé la porte, je suis allé dans la rue, dans les parcs, je suis revenu à l'appartement mais j'ai rebroussé chemin dans les escaliers.
Je suis retourné à la boutique.

Dans la cuisine, j'ai renversé le placard. J'ai renversé d'autres choses aussi, mais le placard, c'était l'objet le plus encombrant.

Dans mes errances, j'ai décidé aussi que j'allais vendre la confiserie et que j'allais partir dès ce soir. Je crois que je suis très sérieux à propos de ça – l'air de Libra m'essouffle.

C'est normal, que j'aie envie de m'enfuir – c'est quelque chose qui me va bien, la lâcheté, et si j'avais des bribes de ma vie d'avant, probablement rirai-je d'ironie. J'ai la fuite dans les artères et ça m'arrache des sourires amers.

Quand j'ai ouvert pour la deuxième fois aujourd'hui la confiserie, je me suis planté derrière le comptoir et j'ai attendu. Mes actions étaient très incohérentes et je ne pouvais m'empêcher de sourire. Quelques clients sont passé et sur la moitié d'entre eux j'ai laissé des éclats de colère m'échapper. Puis, j'ai conclu chaque vente avec cette question ?

― Est-ce que vous voulez acheter la confiserie, par hasard ?

Ils ont tous refusé et s'ébahissant face à ma saute d'humeur. Moi, j'en riais. Je regardais le jour tomber et le soleil, rond comme une orange sanguine, se faire avaler par les silhouettes des bâtiments. Il me fallait juste un peu d'argent pour partir – je n'avais plus de fric, vraiment, en plus ce bâtard avait -, mais une fois quelques pièces je m'en irai. J'avais besoin de me changer les idées.

J'avais décidé de rester jusqu'à la fermeture et je comptais, l’œil délavé d'ennui, les clients qui se succédaient.

Il n'en restait plus que trois avant que je ne ferme lorsqu'il entra dans la confiserie. Ma première pensée en l’apercevant, la bouche saccadée, fut la suivante.

Il est splendide.

L'instant d'après, j'avais le souffle coupé de colère et la stupeur suintait de mon visage figé. J'avais beaucoup de pensées à ce moment là, très violentes et très destructrices, mais aucune sur laquelle j'arriverais à porter des mots. Seule une phrase m'écrasait : comment osait-il.
Comment osait-il revenir ici.
Comment osait-il être nonchalant.
Comment osait-il m'ignorer.
Comment osait-il poser ses mains sur les vitres.
Comment osait-il être beau.
Comment osait-il être là.

J'ai du faire une drôle de grimace puisque la cliente que je servais à esquissé un mouvement de recul. J'ai plissé mes lèvres, très fort et je crois que mes sourcils étaient si froncés qu'ils se touchaient presque. Ma tempe palpitait et mes lèvres brûlaient comme un cachet de cire chaude.

Je ne supportais pas sa présence et, comme je le détestais, comme je le détestais tant à ce moment là, je fis l'unique chose qui me permettrait de supporter son passage moqueur : je me parais d'orgueil.

M'occupant des autres clients, je l'ignorais avec le même soin qu'il appliquait à ne pas croiser mon regard. Je devins soudain très aimable, volubile et souriant avec mes clients. Mon timbre était frais et sucré, rehaussé des tonalités chaleureuses.
Je voulais vraiment le rendre mal.
Je voulais, lorsqu'il s'approcherait de moi, lui parler avec la même indolence que j'offre à mes clients – et je voulais qu'il s'en rende compte. Je voulais le repousser de cette façon ; je voulais le supplanter ; je voulais sublimer ma colère dans l'indifférence ; je jubilais.

J'étais prêt.
J'avais tout préparé, appréhendant le départ du dernier client avant lui, lovant mes phrases acerbes dans ma gorge, anticipant le ton faussement amical que j'allais lui jeter au nez. J'étais certain que j'allais gagner. Je n'attendais plus que son premier coup.

Bermuda s'est avancé près du comptoir et a dit :

― Bonsoir, Sucre.

Et il m'a embrassé le menton.

J'ai perdu à ce moment là.
J'ai atrocement perdu – j'ai tout perdu, ma colère, ma fureur, ma froideur, mon orgueil, les phrases mauvaises que j'avais savamment préparé dans le tumulte océanique de ma tête, le trou dans ma poitrine, les tempes palpitantes, la bouche amère, le regard noir, les muscles avides de bestialité.

J'ai tout perdu.
Je crois que j'ai arrêté de respirer, aussi. Je suis resté immobile un long, long, très long moment, uniquement animé par la trace chaude qu'il avait laissé sur le bout de mon menton.

Je devais avouer que je ne comprenais plus rien ; mais j'avais rarement compris les choses en sa présence et, sa présence était de nouveau là.
J'ai baissé mes deux yeux vers lui, après qu'il m'ait dit bonsoir, après qu'il m'ait embrassé et je n'ai pas souri. Je l'ai juste regardé, longuement en restant dans le silence.

Après tout, c'étaient mes mots qui l'avaient fait exploser. Je me suis tut.
Puis mon corps a ordonné qu'il était temps de bouger et en faisant grincer mes articulations froides, j'ai commencé à marcher. J'ai contourné le comptoir, poussé le petit portillon qui permettait d'accéder à l'espace de vente et j'ai entrepris de ranger des prospectus et des friandises qui avaient été dérangées en lui tournant le dos.

A ce moment là, je souriais déjà, mes mains s'occupant fébrilement. Et quand je décidai que je l'avais suffisamment fait attendre et que je ne tenais plus, je fis trois grandes enjambées pour le rejoindre.
Je lui embrassai le front.

― Bonsoir, Bermuda.

Mais comme mes baisers ne suffisaient jamais, j'enroulai mon bras libre autour de sa nuque et le plaquait contre moi. Je vins nicher mon visage dans son cou, la pointe de son nez près de sa peau et ma bouche contre sa clavicule.
Je le serrai fort, très fort. Je l'embrassai une deuxième fois là où je le pouvais.

― Bonsoir.

Encore un baiser – ça fait trois. Un rire nerveux commença a soulever mes épaules dans un soubresaut intenable. Je riais ; j'étais très ridicule et j'avais honte.

― Bonjour, Bermuda.

Mon étreinte se resserra ; il ne partirait pas, pas cette fois. Rire me faisait mal à l'épaule, mais je n'arrivais pas à le contrôler. Le soulagement s'écrasait au sol à chacun de mes sursauts. Je cachai mon visage tremblant dans son cou. Mon sourire adoucissait ma voix grave.

― Bonne nuit. Bonsoir. Bonjour. Bonsoir. Bonne nuit.

J'aurais tellement voulu enrouler mon deuxième bras autour de sa nuque car, j'aurais été sur, de cette façon, qu'il ne puisse plus du tout partir. Petit à petit, la nervosité de mon rire disparut dans sa peau. Je l'embrassai plus de dix fois durant tout le temps où je me dissimulais contre la peau chaude de son cou en énumérant toutes les tendresses du quotidien. Je n'avais pas vraiment envie qu'il voie mes yeux luire.

En me décollant de lui, j'ai poussé un profond soupir et j'ai reniflé un peu. J'avais un sourire taillé sur ma bouche et même le coin de mes paupières se soulageait de joie.
Et pourtant, j'étais tellement furieux – furieux, absolument furieux, et si heureux en même temps ! La sensation était vraiment très paradoxale et je ne l'assumais pas. Je ne relâchai pas la prise de mon bras. Je partis dans un autre rire.

― Ah, Bermuda !

Dans mon rire s’infiltraient les petits tremblements de la peur qui s'enfuit – ça aussi, c'était une sensation étrange. Je ne me sentais plus vraiment réel ; et lui, bloqué entre mon bras et mon avant-bras et mon torse, il ne l'était plus vraiment non plus.
Je me suis légèrement écarté et j'ai laissé la distance se nicher entre nous. Mon regard est tombé sur le sien, mais il était assez confus.
Puis j'ai dit :

― Ah, Bermuda, je te déteste. Je te déteste tellement.

La surprise m'a écarquillé les yeux comme deux flaques bleues. Je restai silencieux une seconde avant d''éclater de rire basculant ma tête en arrière.
C'était trop.

― Apparemment, pas autant que je le pensais.

Évidemment qu'il ne comprendrait pas mais j'étais si en colère et si euphorique à la fois que j'exigeais pouvoir me permettre toutes les incohérences. J'ai relâché l'étreinte de mon bras, déposé un baiser sur son front (encore, à chaque fois il me brûle la bouche) et j'ai continué de ranger la boutique pour la fermeture. J'ai commencé à étreindre les lumières des présentoirs tout en disant :

― Tu ne portes plus mes vêtements ?

Qu'étais-je en train de raconter.

― Est-ce que tu es toujours malade ? Est-ce que tu vas mieux ?

J'éteignis la lumière du deuxième, puis du troisième présentoir. J'ouvrai le tiroir de la caisse et plongeai, poignée après poignée, les pièces dans le fond de ma poche. Machinalement, je poursuivit :

― Où étais -

Mais je m'interrompis brusquement en relevant mes yeux vers lui. Non, je m'en fichais – je m'en fichais de savoir où il avait bien pu être maintenant qu'il se tenait, droit, dans ma confiserie. C'était rare que je suspende volontairement une phrase. Mais je devais lâcher toutes ces paroles pour taire mes tremblements et continuai, tout sourire :

― Je t'en veux aussi, terriblement. Les clients étaient furieux de ne pas avoir de guimauves. Ah et, je vais vendre la confiserie, aussi.

Sans plus commenter, je suis allé récupérer ma veste dans l'arrière-boutique et je l'ai jeté sur mon épaule. J'ai glissé ma main sur tous les interrupteur pour éteindre les lumières.
Nous nous sommes retrouvés dans le noir de la fin de journée.

Je me suis approché de lui en faisant cliqueter les clés de la confiserie dans la main et, lorsque j'ai été suffisamment près de lui pour, je me suis penché au dessus de son visage pour l'embrasser sur les lèvres. Il avait toujours de la fièvre.

J'ai ri, encore, tout bas.
J'aimais beaucoup deviner son corps dans la pénombre du crépuscule.
Je devrais tellement le mettre à la porte.
J'étais si en colère et si soulagé.

Je me sentais aussi vulnérable qu'un enfant. Je crois bien que je le déteste trop.

Encore une fois, je l'ai embrassé sur ses lèvres chaudes et je suis passé devant lui pour sortir hors de la boutique. Là, j'ai tenu la porte de verre, une cigarette éteinte à la main ; je souriais, je crois, bien plus fort que je n'avais jamais souri en lançant, l’œil complice :

― Rentrons ?


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Bermuda
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ANECDOTE ▲ : Bermuda est né de la cupidité•hermaphrodite• il écrit en indianred
FICHE RS ▲ : Je la revendrai à prix d'or

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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaVen 20 Mar - 23:34

J'ai embrassé ton menton. J'ai saisi ta nuque. J'ai dit bonsoir. J'ai même dit bonsoir Sucre. Et je l'ai dit avec trop de tendresse dans la bouche. Des millions de sourires sur le coin de mes lèvres. J'ai dit bonsoir. Avec détermination. L'assurance que tu y répondrais enfin. Je l'ai dit les lèvres humides. Dans un souffle. Infiniment chaleureux. Peut-être trop bas. J'ai dit bonsoir. Contre ta peau. Comme j'aurai pu le murmurer comme un secret. J'ai imaginé mille fois cet instant sur le chemin de la confiserie. Je m'étais imaginé gratifier cette déclaration d'un sourire vainqueur. Puisque je suis venu comme un client et que j'ai eu la certitude qu'ainsi tu me le retournerais. Avec politesse. Ou non. Je me suis imaginé que je ne n'y accorderai pas d'importance. Je désirais ces mots. Égoïste et têtu. Il me fallait les obtenir. Pourtant j'ai dit bonsoir. Avec plus de douceur que je n'en ai jamais prodigué. À qui que ce soit. Je n'ai jamais songé un instant, alors que mes syllabes tissaient avec bienveillances et sincérité deux mots. Que sur le bout de ma langue ton nom avait la saveur de l'ambroisie. Non. Je n'ai jamais songé un seul instant que c'était ridicule ou déplacé. J'ai dit bonsoir. À quelqu'un pour la première fois. C'est important. Et je n'ai qu'une hâte à présent. C'est que tu me le retournes.

J'ai de nouveau ancré mes pieds dans le seul. Sans jamais cesser de te fixer. Mes bras étaient étendu sur le comptoir. Je me dis en te regardant que tu m'avais manqué. Même s'il n'y a pas de sourire sur tes lèvres. Que j'étais très furieux. Jusqu'alors. Que mon poing à tant tremblé qu'il a martelé le sol, pour la contenir. Que tu m'as fait me sentir mal. Affreusement. Ridicule. Affreusement. J'ai bu comme un pochard. J'ai insulté et juré comme le pire des charretiers. Tu m'as rendu misérable et furibond.

Même là. Je me sens ridicule. Je me demande si j'ai bien dit les choses. Je repense aux fois où j'ai entendu les autres le dire. Toutes ces fois. La réponse venait assez rapidement. Comme j'ai tendance à imaginer la pire situation, que tu restes fixement devant ton comptoir, je pense tout de suite que tu ne le diras pas. Pourtant je m'étais dit que j'allais faire l'effort de croire un peu plus en toi. Sous la douche. Tu ne me repousses jamais même quand j'ai déjà été inquiété par mille rejets. Il faut que je commence à croire un peu plus. Un peu plus en tes gestes. Tes mots. Tes étreintes. Tes baisers. Il faut parce que j'en ai très envie. Je me dis même que si tu ne me le dis pas je le dirai. Encore. Dix fois. Cent fois. Mille fois. Jusqu'à ce que tu cèdes. Et tu vas céder. Parce que je t'étreindrai encore. Je t'embrasserai. Cela fait trop longtemps que nous ne nous sommes pas accordé la moindre caresse. J'ai trop de fourmillement dans les doigts. Trop de passion pour tes lèvres. Trop de bonheur dans nos embrassades. Je ferai l'effort de conquérir encore ta peau et ton esprit. Toutes tes colères. Je ferai l'effort. Pour toi. Parce que c'est ce qu'il me semble que je peux faire. Maintenant que j'ai les idées claires. Que tu comptes trop pour que je m'en aille. Même quand tu m'as chassé de ta cuisine. Que j'ai envie de hanter ton sillage, même quand je sais que je suis inutile. Que j'ai trop réfléchi à un moyen de vaincre ma naissance pour pouvoir le faire. Que j'ai retrouvé mon courage sous la douche. Je ne compte pas abandonner.

Tu finis par bouger. Enfin. Je regarde tes gestes. M'accroche à tes pas. Compte les silences. Je te vois t'affairer dans ta boutique. Je fronce les sourcils. Je modère mon impatience-et ce n'est pas une mince affaire- en me rappelant que je me suis promis de le faire. Je patiente. Et puis. Finalement après une dizaine de soupirs impatient tu es venu. Un sourire aussi beau que le jour accroché aux lèvres. Aussi chaleureux qu'un après-midi lumineux. Aussi léger pour mon coeur qu'une légère brise. Tu as embrassé mon front et tu m'as dit. Bonsoir.

Je suis resté figé tellement je ne l'attendais plus. Tellement je pensais que j'aurai du te l'arracher après avoir concédé des centaines de bonsoir. Mais tu l'as dit. Et à moi. Je n'ai aucun doute là-dessus. Tu as dit bonsoir. Tu as dit mon nom. Et c'était doux aussi. Je n'ai pas entendu de nuances enjouées dans tes mots. Ni même poli. C'était un bonsoir. Le plus beau de Libra. Rien que pour moi. Sincère. Tellement sincère qu'il me semble que j'ai rougi. De joie. Tu as étreint mon corps immobile et hébété. Comme si cela faisait une éternité. Toute ma peau s'est réchauffée en un instant. Tu ne le sais pas mais tu enlaces un flambeau éteint et vaincu. Tu le rallumes. Le nez contre mon épaule. J'ai agrippé ta chemise au niveau de tes omoplates. Pour t'étouffer comme tu m'étouffes. Saisir tes tremblements entre mes deux mains. Les enserrer jusqu'à ce qu'ils soient rassurés et qu'ils rassurent les miens.

Ce n'est pas bien grave si je me consume dans tes bras finalement. Si tu me repousses encore. Un jour. Et que je meurs trop blessé. Ce n'est pas grave si je suis de nouveau furieux. Et toi aussi. Si tu me fais trop patienter entre deux étreintes. Tout n'a plus aucune espèce d'importance. J'ai les lèvres trop plissées. Les mains trop crispées. Des palpitations partout. Parfois même je me rappelle que je dois respirer. Chaque fois que tu dis bonjour et bonsoir et bonne nuit. Que tu déposes des trésors sur ma peau. Je suis émerveillée parce que je trouve cela beau. Dans ta bouche. Je trouve cela incroyablement merveilleux. Affreusement troublant tellement je suis heureux.

Je sais qu'il faut que je réponde. Sauf que je n'ai que ton nom dans les joues. Sur ma langue. Dans le coin de mes lèvres. Et tout ce que je m'essouffle à expirer ce sont les deux syllabes de l'homme le plus éreintant, usant, incompréhensible, tendre, énervant, moqueur, égoïste, attentionné, beau, irréfléchi, séducteur, terriblement énervant, détestable, aimable, insupportable, stupide, égocentrique, énervant, douillet, attendrissant, difficile, insouciant, énervant-je l'ai déjà dit- de Libra. Même si tu as des soubresauts rieurs. Que je ne les comprends pas forcément. Ce n'est pas important parce que j'aime aussi quand tu ris. Que j'ai trop de bonheur et que je ne sais pas quoi en faire. Je reste bêtement dans tes bras. Un sourire trop grand et sincère sur ma bouche.

Tu t'écartes et je n'ai plus ton souffle sur la peau. Je peux voir ton visage et perdre mon iris dans la tienne. J'obtiens de nouveau un soupire, je veux tendre les mains et attraper ta mâchoire. Mais tu ris de nouveau. Après avoir expiré mon nom. Ma bouche s'étire encore et je me dis que je vais rire moi aussi à force. Surtout quand je me dis qu'il y a peu j'étais ivre mort dans ma chambre d'hôtel. Mes passions à l'agonie. Que j'ai attrapé la maladie, le froid, que ce sera bientôt douloureux. Qu'elle va m'achever après des milliards de souffrance -tu me l'as dit et je l'ai si peu exagéré - que je regretterai ce jour-là. J'ai envie de rire. Tellement tu me rends ridicule. Et que tes lèvres qui frémissent mon nom entre deux éclats me ravissent. Et puis. Tu viens dire que tu me détestes et ton visage s'écarquille. Tu restes silencieux. Moi-même je suis silencieux. Je ne comprends pas cette pause. Mais ton hilarité reprend, après que tu aies jeté contre ma peau une phrase mystère que je ne peux comprendre. Ce n'est pas important. Puisque que j'aime ton rire, quand ta tête bascule en arrière et que je peux voir ta gorge et que je l'embrasse avec un sourire. Furtivement. J'ai encore trop de brume et je ne suis pas en état de tout comprendre. Ce que je sais c'est que j'ai obtenu ce que je désirais. Et plus. Tu sembles rire sincèrement. Tu m'as étreint et que moi aussi. Si bien que je me surprends à me demander si je n'avais pas rêvé la matinée.

Tu finis par m'embrasser le front et par relâcher ma nuque. Tu ne sembles plus avoir de tremblement dans le corps. Et moi non plus. Je n'ai même plus l'impression de tanguer. Ou d'avoir trop bu. Tu repars. Tu commence à éteindre les lumières. Je reste immobile. Parfaitement. J'observe le moindre de tes gestes parce que c'est tout ce qu'il me reste. Que je suis trop heureux de ce qui vient de se passer. Mon esprit, cependant, se réactive quand tu me poses une question. Je réponds dans un souffle.
- Non. J'ai trop sué dedans. Je les laverai q- Je m'interromps. Je ne sais pas encore si tu me permettras de venir chez toi. Mais je me reprends et je dis. - Quand on sera rentré. Parce que j'ai la certitude que tu vas rentrer. Puisque tu fermes la lumière et que je viendrai aussi. Parce que je l'ai décidé. Et que j'ai bien réfléchi. Je sais que même comme cela ma naissance me permettra de rester. Un temps seulement. Court. Relativement. C'est déjà cela. Ton inquiétude me bouleverse de nouveau. C'est vrai que je suis malade. Et comme j'aime quand tu t'inquiète je dis en contenant mon sourire. - Je vais encore très mal. Mais c'est faux. Parce qu'avant d'être soule je l'étais. Très mal. Et j'ai beaucoup trop souffert. Si bien que je me suis écroulé d'ivresse. -Mais je peux dire que ta chemise sens trop le tabac. Je n'aimerai pas que ta peau sente le tabac. Je n'aime pas la cigarette et le tabac. J'ai assez de fièvre et d'incohérence dans la tête -elle est douloureuse quand même- pour pouvoir le dire sans avoir de dégoût sur la bouche. Tu reviens vers moi et tu te tournes vers la caisse enregistreuse pour récupérer la recette du jour.

J'ai des picotement dans les doigts. Comme à chaque fois que je peux voir de l'or. Et des pièces. Ma cupidité voudrait hurler que tu ne devrais pas les saisir avec tant de négligence. Parce que quelques-unes pourraient tomber. Et ce serait terrible. Tu les glisses dans tes poches et moi je sais que je suis beaucoup trop méticuleusement tes gestes inconscients. Il me faudra beaucoup d'effort. De concentration. Pour ignorer le bruit des pièces qui s'entrechoquent contre ta cuisse. Il faudrait que tu les mette dans une bourse. Un porte-monnaie. Quelque chose. N'importe quoi. Tant que tu ne me rappelles pas que tu as de l'or sur toi. Que je pourrai tendre les doigts et les glisser dans ta poche pour les dérober. Et cela me révolterait de le faire, mais, crois-moi ce ne sera pas ma faute. Parce que vraiment. Je voudrais les compter. Tout de suite. Avec la fébrilité d'un créancier. C'est difficile de l'ignorer. J'inspire un peu trop abruptement et cela me fait tousser un peu. Je me rends compte que j'ai la gorge trop sèche. Que je suis trop sobre. Cela demande trop de concentration. Et je suis trop malade pour l'être suffisamment.

Je détourne péniblement les yeux. J'essaie de me convaincre qu'il y a une bourse plus pleine encore dans mon sac. Et c'est affreusement pénible. Avec n'importe qui d'autre vraiment. Je ne m'embêterais pas tant à oublier ma cupidité. Je chercherai à m'emparer des pièces dans ta poche. Sauf que tu es Sucre. Et cela change tout. Laisser éclater ma cupidité et lui laisser contrôler mes désirs et ma volonté maintenant reviendrait à tout gâcher. Je plaque mes deux mains sur mes yeux. J'essaie de me concentrer. Sur ta voix. Quand tu me dis que tu es en colère. Je relâche mon visage et je te fixe. Tu n'as pourtant plus l'air furieux. Moi aussi j'étais furieux. Il faut que le dise. Que je demande si tu es toujours furibond. Puisque je ne veux pas que tu le sois et je veux être attentif. Mais le tintement bon sang! Le tintement. Les clients aussi. Mais je m'en fiche. La confiserie aussi? Je me demande combien tu en tireras. Mais je ne devrais pas. Parce que je veux savoir pourquoi. Pas combien. Mais le bout de mes doigts tremblent.

Tu ne t'attardes pas plus et tu t'en vas. Je n'ai même plus la force de regarder. Écouter est un supplice. Ma tête palpite en entendant les pièces s'agiter dans ta poche. Je vais finir par te détrousser. Vraiment. Et ce serait terrible. Vraiment terrible parce que tu n'es plus vraiment furieux et moi non plus. On va rentrer même j'en suis persuadé.

Quand je t'entends venir je place mes mains dans mon dos. Je scelle mes doigts. Le laisser près de tes poches. C'est désastreux. Parce quand tu m'embrasses tu me raccroches. J'aime tes lèvres. Mais ta cuisse contre la mienne me rappelle alors. Et j'ai soif. Et la fièvre. J'ouvre les yeux. Je fixe tes cheveux dorés auréolé de l'orange crépusculaire. Tes yeux précieux. Je voudrais hurler parce que tu es si beau. Que je devrais te le dire. Surtout quand tu m'embrasses une seconde fois. Mais dans un coin de ma tête il y a toujours ta main qui parcours le tiroir-caisse. C'est si difficile bon sang. Tu t'en vas. Le tintement. Tu souris. Il faudrait que je fasse une remarque. Je voudrais souligner que pour quelqu'un de furieux tu souris bien trop. Et dire que j'aime ce sourire. Surtout quand tu l'étires pour me prévenir que nous rentrons. Ce nous est important. Vraiment. Puisque cela signifie que toi et moi allons rentré. Comme nous sommes venu. Ensemble. Que dans mon humeur trop mauvaise de la matinée je n'ai pas pu profiter de l'instant. Quand la solitude se mue. Que je deviens nous avec toi je crois que je suis heureux. Et je devrais le dire. Mes lèvres se plissent et je grogne. Je n'en peux plus de subir. Et vraiment. Je n'ai pas d'autres mots parce que cette cupidité n'a jamais tant bousculé mes envies, puisqu'elles se confondaient.

Je me retourne. M'accroupis devant mon sac pour y chercher une poche en cuir. En jurant sur mes doigts qui tremblent trop. Je glisse le contenu dans une poche intérieur. Puis. Je fais quelque pas et entoure ta taille. Je plaque mon contre ton dos. La bourse vide contre ton ventre. Avec fébrilité. -Range. Ta. Poche. Il faut que j'humecte mes lèvres et que je rassemble mes pensées puisque mes doigts sont trop proches de ta poche. -Range-y tes pièces. J'en ai besoin. Suppliais-je. Je sais que je ne choisi pas les bons mots. Je presse plus mon front. - Il faut. Parce que le bruit est trop. Insupportablement. Déconcentrant. Je vais devenir fou. Ou voleur. Et c'est certain que je m'en irai les joues couvertes de hontes. Ma stupide cupidité contentée. Et je vomirai de regret. - Tu comprends? Je demande, en rassemblant mes idées. - Et après. J'irai mieux. Parce-que. Dans l'état pitoyable où je suis. Il ne me reste plus que des suppliques. Mes doigts tressautent sur ton ventre. Je sais que tu ne feras pas forcément le difficile. Mais je ressens le besoin d'expliquer. - C'est. Juste. J'ai le froid. La fièvre. Et. Les vagabonds. Tu vois? Je ris nerveusement. Je remonte ma main gauche, pour saisir les doigts de ta main blessée pour retrouver les sensations de ta peau. M'éloigner de l'or. J'inspire. - Tu sens trop la cigarette. Je dis en grimaçant. Surtout que j'ai toujours un peu mal au nez et que je l'ai fait trop fort. J'essaie de reprendre bonne contenance. C'est plus facile, en me raccrochant à toi. - Je voudrais qu'on rentre ensemble. On pourrait manger ensemble aussi? J'enchaine sans transition. Je parle pour ne plus trop penser. - Je n'ai pas mangé depuis hier midi? À part de la gomme. Et une amande. Et du café. Et toi? Maintenant que j'y pense je me dis que je commence vraiment à avoir faim. - Et tu me raconteras ta journée. Et je te parlerai. Et ce ne sera vraiment pas ennuyant. Sauf si je m'en vais avec l'argent du tiroir-caisse. Je secoue la tête. - Ce n'est jamais ennuyant de t'entendre parler. Puisque je m'intéresse à ce que tu dis. Que je peux te demander et que tu réponds toujours. Je ne sais plus trop si je dis cela pour toi ou pour ne pas faire fléchir ma volonté. Je glisse la bourse dans la poche avec toute cette volonté que j'ai réussi à trouver. J'y dépose la bourse puisque ta main libre tient une cigarette et que je tiens l'autre trop fermement l'autre entre mes doigts tremblants.
- Je vais attendre plus loin. Dans la rue. Et quand ce sera fait. Quand ce sera fait on marchera ensemble. Je te raconterai comme j'étais ivre à l'hôtel. Et tout ce que j'ai à dire. Je vais attendre.

Je retourne dans la boutique pour saisir mon sac. Je te dépasse. Creuse une distance raisonnable. Quinze mètres. Pas moins. Pour ne pas que j'entende. Que je vois. Je m'accroupis et je me prends la nuque entre les mains. Je n'ai jamais tant éprouvé de difficultés à contrôler ma naissance. Il faut que je repousse le souvenir du métal. Dans un coin de ma tête. Distraire mon esprit. Je n'ai plus ton odeur pour le faire. Ni ta main pour me raccrocher. Mais le souvenir de ta voix qui me dit bonsoir. De ton rire qui m'arrache des sourires. De l'or de tes doigts. De tes cheveux. Et j'aime les caresser. Je compte sur mes doigts nos étreintes. Le nombre de fois où tu as dis mon nom aujourd'hui. Je ressasse. J'ai moins de mal à respirer.

Et. Après une éternité je me suis redressé. J'ai retrouvé un sourire. Quelque part. Je réalise soudain. Tu m'as dit bonsoir. Je te l'ai dit aussi. Et c'est ce qu'on dit aux personnes qui comptent. Et. Nous allons vraiment rentrer.

Ensemble.
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DIT ▲ : chevalier.
ANECDOTE ▲ : son tribut est qu'il est condamné à ne plus jamais dire la vérité. il est accessoirement confiseur et claustrophobe.
FICHE RS ▲ : crache ton miel •

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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaLun 23 Mar - 1:02

Il y a quatre minutes à peine, je le haïssais.
Il y a quatre minute je macérais dans mon arrogance et me barricadais dans mon amour propre ; mes muscles étaient froids ; mon sourire découpé dans la mauvaise-foi ; mes pensées saumâtres ; mon calme impassible ; ma fureur destructrice.
Je sentais, de mon front colérique à mes doigts irritables, mon mépris grandir et gonfler à en faire rougir ma peau et briller mon œil.

Il y a quatre minutes à peine, je voulais lui faire du mal.
Je voulais le mettre mal – je voulais, j'aurais aimé qu'il tombe de fièvre devant moi et que je porte sur lui une paupière glacée de dédain. J'aurai voulu qu'il crache, injuste, que mon indifférence l'excède et que l'insignifiance de nos échange l'outre. J'aurais voulu l'ignorer et jeter, vulgairement, honteusement, tout ce qui avait fait frémir nos peaux, rougir nos joues, mouillé nos lèvres. J'aurais voulu exhiber, en conquérant brutal et impitoyable, notre hier, notre nuit, nos étreintes, nos mots, mes efforts, ses efforts, nos caresses, nos soupirs, nos prénoms, et j'aurai tout jeté au sol. J'aurais tout écrasé, réduit à l'infime en me parant de ma superbe et sans jamais déchirer le sourire de convenance que ma bouche aurait brandi.
J'aurai fait beaucoup de mal (à lui, à moi), incapable de crier ou simplement dire ce qui m'avait tant peiné. Moi même, je l'ignorais.

Je suis enfant et revanchard et mes caprices sont désastre.
Heureusement, heureusement que Bermuda m'a dit bonsoir et que, lorsqu'il a posé ses lèvres sur le bout de mon menton, il a fait voler mon orgueil en mille morceaux de douceur. Je serai incapable de tout ramasser.

Je ne comprends pas ce qu'il me fait.
Je ne comprends pas ce que sa bouche me fait lorsqu'elle lâche des mots je me casse, lorsqu'elle dépose des baisers je me plie, lorsqu'elle s'orne de sourire je m'abaisse et lorsqu'elle se plisse de souffrance j'accours.

Je ne me reconnais plus, mi-heureux, mi-furieux, stupéfait par la présence de Bermuda qui m'est devenue nécessaire.
Il me semblait, autrefois, que je n'avais besoin de rien d'autre que moi-même. Après dix ans d'autosatisfaction je n'aurai jamais cru pouvoir être percuté si fort par son sourire blond aux fragrances d'écume.

Il y a quatre minutes à peine, je le haïssais.
Il y a quatre minutes, je voulais vraiment lui faire mal.
Voilà que, maintenant, je n'arrive plus à rattraper ma fureur qui pourtant était si légitime. Elle m'échappe, s'enfuit, se dérobe à mes phalanges et il ne reste en moi que ce profond et étranger besoin.

Maintenant, j'ai juste envie de l'embrasser.
Plus encore que de l'embrasser, puisque ce que je ressens et qui est innommable est au delà du picotement que j'ai sur mes lèvres, dans mon ventre, sur mes doigts, j'ai envie d'être avec lui. Quand je lui tiens la porte de verre et que je m'apprête à embraser le bout de ma cigarette, j'ai envie d'être avec lui. Quand je l'invite à rentrer, ensemble, tous les deux, nous deux, j'ai envie d'être avec lui. Quand je lui souris, j'ai envie d'être avec lui et j'ai une drôle de rêverie qui passe dans mon regard.

Je ne me reconnais plus. Je ne comprends pas ce qu'il me fait.
Ce n'est pas comme si ma colère avait totalement disparue – non, je la sens battre, tapie dans mes veines, remontant jusqu'à mes tempes. J'ai toujours de la rancœur et des reproches qui grimpent dans mon œsophage mais ces peines là, je crois que là, tout de suite, je m'en moque.

Je suis heureux qu'il soit revenu. Peut-être est-ce là le mot que je cherche, ces élans qui font sursauter mes rires, cette euphorie colérique qui tord ma bouche.
Je crois que je suis heureux – quelle drôle de sensation, j'en ai envie de détourner mes yeux et de cacher ma boucher derrière mes doigts. C'est à se demander si je l'ai déjà été un jour, autre fois, dans ces souvenirs qui m'ont été dérobés.

C'est pourquoi, quand je lui tiens la porte, et quand je finis par m'éloigner, j'ai la filigrane d'un sourire tiède sur mes lèvres. J'observe le ciel qui se pare de grenat et je me dis que oui, nous allons rentrer, et que je ne suis jamais rentré avec quelqu'un autrefois, que je n'ai jamais eu de coude jouxtant le mien sur le chemin du retour ni même une conversation anodine.
Je me sens ridiculement bien.

Mais, d'un coup, il enserre ma poitrine et c'est si abrupt dans mon indolence que mon souffle se coupe. Je cesse de respirer et de sentir autre chose que sa chaleur (brûlante, il est toujours fiévreux) qui s'étale crépusculaire sur mes omoplates. Je crois d'abord qu'il s'agit d'un élan soudain de tendresse, ou d'affection alors mes lèvres conservent précieusement leur sourire ; puis, je m'aperçois que ses bras sont trop nerveux pour être doux, sa respiration trop contrainte pour être désireuse. Il plaque une bourse de cuir sur ma poitrine. Mon sourire se métamorphose, lent, en figure d'incompréhension :

― Bermuda qu'est-ce que -
― Range. Ta. Poche.

Et dans cet ordre qu'il expectore comme le plus grand supplice, je n'entends que le sifflement suraigu de sa souffrance. Je reste interdit et je crois bien que, pendant un instant, je n'ai plus eu de sang dans le visage. Mes lèvres sont lourdes et vides.
Je ne comprends pas ce qu'il passe et aussitôt je m'interroge sur le mal que j'aurais pu commettre. Vraiment, je veux si peu, si peu lui faire du mal. Je ne comprends pas et je me dis que je n'ai pas envie que ma colère remonte. Elle était pénible.
Je ne peux rien faire d'autre qu'attendre alors, le visage statufié, l’œil tremblant dans le marbre, j'attends. J'attends que Bermuda parle et qu'il laisse s'insinuer hors de lui tous les mots qui le coupent.

Et Bermuda m'explique, patiemment, hachurant ses paroles, supportant une respiration difficile. Mes doigts se referment, légers sur la bourse de cuir et petit à petit, à mon tour, je comprends.
Je ne suis ni idiot, ni imbécile et je comprends les aveux terrible qu'il murmure dans mon dos, près de ma nuque mais je n'arrive pas à l'écouter.

J'ai beaucoup de mal à l'écouter parce que je ne supporte pas de l'entendre si mal.
J'ai n'ai qu'un seul désir ; celui de faire volte-face et de pouvoir le voir, et de pouvoir enserrer sa joue, et de pouvoir presser mes lèvres contre les sienne mais j'ai l'impression que ce serait une maladresse provocante.

Je suis prêt à accéder à toutes ses requêtes – j'ai toujours été prêt à accéder à toutes ses requêtes.
Je me suis vendu à lui. J'ai voulu lui donner ma langue. Je me suis inquiété pour lui. Je lui ai dit que je lui apprendrais. Je lui ai dit bonsoir (et bonjour, et bonne nuit, et tous ces mots qui comptent), j'ai toujours voulu accéder à ses requêtes.

Je ne dérogerai pas pour celle là – mais l'entendre ainsi me broie mon air.
C'est un crève-cœur que de devoir garder mes bras immobiles alors que je ne souhaite que l'étreindre. Quand il vient nicher ses doigts contre les miens je les serre à mon tour et je voudrais les soulever jusqu'à ma bouche pour les piquer de cent baisers. Je reste immobile. Ses paroles se suivent, rapide, fugace, mais chacune d'elle m'entaille.
Je voudrais lui répondre que oui, nous allons rentrer ensemble, oui, nous allons manger ensemble et nous parlerons, beaucoup, et il parlera plus que moi et je me pencherai en avant pour déposer des baisers sur son front, mais je n'ai plus ni mots, ni salive.

Il y a un mot qui plante une barre transversale dans ma gorge.
Vagabond.

Ce n'est pas une surprise mais je crois que je n'aime pas cette appellation. Je préfère de loin son prénom.

Bermuda s'en va – Bermuda s'écarte, repasse dans la boutique et je reste désœuvré, près de la porte de verre, à suivre toutes les arabesques que tracent ses chevilles sur le sol. Il s'éloigne, fait beaucoup de pas et va se ficher là-bas, un peu plus loin dans la rue. Il se recroqueville.
Moi, je n'ai plus de sang nulle part.

Des passants lui lancent des regards curieux ; je me surprends à penser qu'ils n'ont pas le droit de lui lancer ces œillades là.

Je laisse tomber mon regard dans la pochette de cuir vide qui gît toujours dans ma paume surprise. Je relève à nouveau les yeux vers Bermuda, qui n'a pas bougé, puis à nouveau vers la sacoche. Dans ma tête, mes pensées sont une fumée opaque et scandaleuse. Tout se vrille et s'entrechoque dans un brouhaha qui me donne mal à la gorge. Ma bouche se plisse ; je déglutis difficilement.

C'est bon, ça y est, je le sens, c'est trop tard.
Voilà – je suis profondément et salement en colère.

De nouveau la bile engorge ma bouche et la noie d'une amertume noire. Mon visage s'assombrit comme dévoré par une ombre. Mon poing se contracte et mes nerfs reluisent. Je tourne le dos à la rue et je pénètre dans la boutique.
Le silence de la confiserie me prend la gorge.

Pas un seul instant je n'hésite sur ce que je dois faire. J'extirpe, une à une, de ma main valide, les pièces de ma poche. Je prends le soin de la ranger dans la pochette en cuir qu'il m'a donné et durant tout le transvasement, mon visage m'est poreux comme du granit.
Ranger les pièce me coûte affreusement – si ce n'était que moi, je les balancerai à travers la confiserie. Mais il m'a demandé de les placer à l'intérieur et j'ai trop pris l'habitude d'accéder à ses demandes.

Pourtant, je suis furieux.
Je suis furieux et cette fois ce n'est pas contre lui et pas vraiment contre moi ; c'est une fureur plus habituelle que ressasse mon ventre depuis des années.
Je suis en colère contre le monde.

Je n'ai pas aimé recueillir la souffrance de Bermuda. Je n'ai pas aimé ses expiration erratiques ; depuis mon dos je pouvais sentir le déchirement qui tendait chacun de ses muscles.
J'ai rarement eu ma cage thoracique si comprimée.

Je suis furieux ; c'est intolérable.
Je ne supporterai pas qu'il puisse avoir un autre tourment que moi.

Quand toutes les pièces sont rangées dans la pochette de cuir, je vais jusque dans la cuisine et m'approche du vide-ordures. J'hésite, un instant, l’œil scrutant la peau brune rembourrée de fer. A l'intérieur se trouve des folies passées, les désirs d'échappatoires, des caprices égoïstes.

Je décide très vide ; je soulève le couvercle du vide-ordure et jette la bourse dedans.
Puis rapidement je repars. Je franchis la porte de verre, me retourne, sors à nouveau les clefs que j'avais rangé dans ma poche, ferme le verrou et tire d'un bras sur le rideau de fer. Il s'abat dans un grincement métallique.

L'espace d'un instant, je me demande s'il n'est pas parti – si j'ai mis trop de temps, si ce n'était qu'une diversion, si lui aussi rêvait d'échappatoire, même si je me souviens qu'il a dit qu'il attendrait.
Il a dit qu'il attendrait.
J'ai un tremblement de cœur et je tourne ma nuque ; ma poitrine se délie.

Il est toujours là.

Ce n'est que lorsque j'inspire à nouveau que je me rends compte que j'avais bloqué mon souffle. Il reprend, doucement, et c'est avec la même douceur que je m'approche de lui.
Il est de nouveau debout, dans la rue, et je ne comprends pas pourquoi il détonne autant et pourquoi il n'y a pas davantage de passants outrés par sa présence.
Il me scandalise toute entier.

Je ne tolère définitivement pas sa souffrance.
Je m'approche de lui, dans son dos et, sans prévenir, je l'enserre dans mon bras. Ma voix est rauque et ma respiration courte quand je murmure, à mon tour, le nez niché dans ses cheveux dorés :

― Est-ce que ça va mieux ? Est-ce que c'est mieux, maintenant ?

Je n'ai plus rien, strictement plus rien sur moi. Je n'ai jamais eu beaucoup d'objets de valeur en ma possession et, s'ils doivent être son tourment, alors je me dépouillerai de tout.
Ma cuisse, contre la sienne, est lisse. J'ai tout jeté. Je n'ai même pas ramené la bourse et je me dis, peut-être, que j'aurais dû.

― Ça ira, d'accord ? C'est bon, regarde, c'est bon. C'est bon ?

J'ai envie de crier de n'avoir qu'un seul bras – je voudrais pouvoir le retenir dans un étau inébranlable. Je sens son parfum d'eau et d'alcool. Ma main glisse de son épaule à sa poitrine, à son ventre, à sa hanche et je viens attraper son poignet. Je le tire, délicat, pour le poser contre ma poche. J'en frémis presque.

― Tu vois ?

Je me souviens avoir voulu qu'il soit mal ; là, j'en ai le dégoût.
Je n'ai pas aimé les brûlures de sa voix. Je caresse son oreille de la pointe de mon nez et je l'embrasse sans bruit. Mon bras revient l'enserrer.
J'ai la poitrine qui bat trop fort.

― Nous allons rentrer, maintenant. Nous allons rentrer, et nous mangerons, ensemble, et nous discuterons, tous les deux. Si tu le veux, nous pourrons même nous battre, tu pourras m'attaquer, tu pourras même me recoudre après.

Je laisse un rire s'échapper.

― Nous pourrons même boire ensemble. Nous pourrons nous dire bonne nuit. Nous pourrons même -

J'ai une hésitation qui meurtrit ma langue. Je me comprends si peu, en sa présence.

― Nous pourrons même dormir ensemble, encore. Je t'enlacerai.

Puis je prends une grande inspiration pour gonfler mes poumons de courage ; je n'y suis pas habitué, à tout ça. Je souris à sa nuque :

― Et je prendrai soin de toi aussi, pour ta fièvre. J'essaierai de l'apaiser – au moins celle là.

Mes derniers mots sont lâchés dans un grognement.
Non, je n'aime définitivement pas ça ; j'ai une jalousie brumeuse dans le crâne, une colère intenable et une ignorance qui m'étrangle.

Je ne suis pas imbécile ; mais je me sens impuissant.
Enfin, je relâche mon étreinte qui l'encage et je m'écarte de lui. Un léger rire s'échappe de ma gorge, plus nerveux que heureux, mais je n'oublie pas que c'était ce mot que j'ai mis sur mon euphorie-colère.

Je fais un pas en arrière puis vient me placer à côté de lui. Par réflexe, ma main plonge dans ma poche pour récupérer ma cigarette que j'avais rangé et la brandit devant mes lèvres.
Je tourne mon regard vers lui et je me rappelle qu'il l'a dit, non pas une, mais deux fois qu'il n'aimait pas l'odeur du tabac sur moi.
Il n'aime pas non plus le parfum de femme ; je ne l'aimerais pas non plus sur lui.
Je souris et rabat mon bras. Je laisse la cigarette éteinte au bout de mes doigts. Je ne peux pas fumer. Il me faut faire autre chose, absolument, où je vais me casser.

J'ai eu trop de tremblements en trop peu de minutes.

Alors que je commençais à remonter la rue, je m'arrête soudain et fait volte-face. Je me plante devant lui, lève ma main jusqu'à sa mâchoire et je l'embrasse.
Voilà où je met toute mon euphorie, toute ma colère, toute mon inquiétude, toute ma rage, toute mon injustice et toute ma bile ; je la sublime dans ce baiser que je lui donne.

J'ai l'impression que douze morts m'ont frappé depuis que je l'ai embrassé comme ça. Mes muscles le ressentent aussi puis qu'ils se tendent, nerveux, brûlants et je le presse, je le force à reculer sous l'impulsion ferme de mon baiser.
Je tiens vraiment sa mâchoire, sa nuque, son cou. Mon bras blessé s'agite ; je veux, à défaut de pouvoir tenir ses hanches, le caresser. Je me détache de lui, grogne et sourit à la fois :

― Est-ce que tu te souviens que je suis possessif ?

Et je repose un autre baiser sur ses lèvres ; je dois vraiment arrêter de le faire car des regards finissent par s’accrocher sur nos épaules.
Je me sens totalement dépossédé ; affreusement inquiet ; j'ai encore senti la température de ses lèvres ; et surtout, il m'a manqué.

Il m'a manqué et ça m'ébranle.

J'ai une œillade complice pour lui quand j'avance à nouveau, la main de nouveau dans la poche de mon pantalon :

― Alors, comme ça, tu as été ivre à l'hôtel ?

Et nous reprenons notre chemin, et j'ai de nouveau un sourire comme la lune sur mes lèvres et des rires qui s'enfuient, heureux, de ma gorge qui se secoue.
Très vite, nous arrivons devant l'immeuble ou se trouve mon appartement et si la joie grappille des éclats dans mes rire, très vite mon visage se fait gêné. La pâleur ocre du crépuscule cache la décomposition rouge de mon visage.

Plus nous avançons dans la cour, plus nous croisons des tas hétéroclites d'objets que je reconnais – dans un coin, je crois même qu'il y a ses vêtements de la veille, près des poubelles. Je me racle la gorge, gêné et le débit de mes paroles se fait plus fort pour masquer ce pseudo-malaise.

Puis nous montons les escaliers. Le corridor est étroit. J'aime sentir la présence de Bermuda derrière moi. Je crois que j'ai rarement monté ces escaliers en colimaçon avec quelqu'un. Je vois ma porte entrouverte, mais je suis trop paisible pour me rappeler. Je pense juste à sa chaleur dans mon dos. Je voudrais me retourner et l'embrasser encore. Je pense que nous rentrons ensemble – c'est vraiment la première fois. J'ai beaucoup aimé partir avec lui, ce matin, mais là c'est très différent.

Je me demande si je pourrais le gérer.
Je pousse la porte (que je ferme rarement) et je me fige sur le seuil.

Nom d'une chienne, je me rappelais pas avoir laissé un bordel pareil.
La honte me mord les joues.

Je crois que je suis peut-être un peu trop excessif, quand je suis en colère. Je toussote encore et détourne brusquement ma nuque.
Puis que je suis toujours extrêmement digne, j'ai une attitude d'une exemplaire maturité : je fuis.

― Je – je vais aller te préparer quelque chose à manger. Tu peux aller t'allonger, si tu veux ? Enfin, là ou – enfin, quelque part.




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Bermuda
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaJeu 26 Mar - 20:15

Il faut croire que mes résolutions ne sont pas assez fortes. Je crois que je suis effrayé même. Complètement terrifié. Que tu puisses trouver du dégoût dans mon obsessionnelle naissance. Et c'est étrange. Et c'est invraisemblable. J'ai toujours été si fier. Jusqu'à hier soir. Jusqu'à ce que dans tes outrages tu aies eu l'audace de me demander une étreinte après m'avoir cogné. J'ai toujours été très fier, vraiment très fier, de mon statut de vagabond. Je n'ai jamais renié ma nature. Peu m'importait vraiment de le dire et le clamer. Et s'il y a du dégoût sur les visages alors tant pis. 


Je ne supporterai cependant pas d'en voir sur le tien. Et cette certitude me révulse. Entièrement. Je sais que si je pense ainsi c'est parce que je t'accorde beaucoup-trop- d'importance. Que je suis -encore une fois trop- préoccupé par toi. Et j'aimerai vraiment que cette partie de moi ne te repousse pas. Que tu acceptes. Ou peut-être pas. C'est compliqué. Trop confus. J'ai les entrailles qui se tordent à l'idée que je ne sois plus qu'à tes yeux une entité cupide. Que tu ne dises plus jamais mon nom avec tendresse. Je n'aimerai pas que tu oublies, pour quelques secondes d'égarement, de perdition que j'aime prononcer ton nom. Que je t'ai donné, résolu et sincère mes bonjour et mes bonsoir. Mon attention. Entière. Et c'est si cher. Si précieux. Et ce que j'ai offert je ne peux le reprendre.


Je pose mes deux paumes sur mes yeux. J'ai peur et tu prends trop de temps. Quand reviendras-tu? J'ai dit que j'attendrais. Et je pourrais attendre des années. Bouffé par l'angoisse. Je soupire. Repousse un frisson. Je ne suis pas certain de vouloir comprendre et pourtant mon esprit tire déjà ses conclusions. Tu comptes. Et ce n'est pas une bonne chose. Parce que j'ai trop envie de faire attention maintenant. À ce que je dis. Ce que je fais. Et quand je croyais enfin être capable de penser au meilleur, de sombres inquiétudes s'insinuent en moi. Une nouvelle fois. 


Je n'ai jamais eu honte de mon comportement. Je n'ai jamais eu à la regretter. Jamais. Et c'est étrange vraiment. Puisqu'il me semble que je ressens quelque chose qui s'apparente à de la honte. Je la sens palpiter dans mes joues. Dans mes tempes. C'est incohérent. Si incohérent que j'ai toujours besoin de sentir mes paumes contre mon visage. Pour me soutenir.
 

J'ai toujours été le premier à dire qu'une naissance ne définit ni un être, ni ne le résume. J'ai toujours essayé de traiter mes pairs ainsi. Je me demande. Je me demande si quelqu'un m'a déjà traité ainsi? Si tu seras toi, Sucre, capable de voir Bermuda et non cupidité. Je pince les lèvres, j'ai la bouche trop sèche et tu mets trop de temps à revenir vraiment. Je réalise péniblement que ma vie n'avait pas vraiment de sens. Et c'est atrocement pénible puisque je pensais vraiment que j'avais de quoi m'enorgueillir. J'ai pourtant trop longtemps étouffé mon être entier. Je ne vivais pas vraiment. Je ne comprenais pas. Avant. Avant que tu ne comptes trop. Suffisamment. C'est étrange à dire. Et à penser surtout, mais je suis capable de désirer. Et c'est normal de le faire. Je peux quémander autre chose que de l'or. Je peux souffrir et être blessé cause de toi, parce que tu comptes. Je suis capable d'être entièrement ravi et presque comblé juste quand tu m'enlaces. Que tu m'embrasses. Que tu me touches. Que tu m'étreins, entre mes reins. Que tu me donnes mille tendresses. Que tu susurres. Mon nom. Que tu dis nous. Quand tu prends la peine de m'écouter. De répondre. De m'apprendre. Il y a des choses que je peux combler. Il n'y a pas vraiment que l'or. Ce qui impose ce désir à mon être ne devrait pas prendre le pas sur tout le reste.

 

Et c'est étrange de ne le réaliser que maintenant. Je me demande où et quand je me suis fourvoyé. Combien de temps? Il faut que je médite cela l'esprit clair. Mon front palpite trop douloureusement. Et c'est important. Alors je range péniblement ces pensées. Je relâche mes mains, toujours agité. J'appréhende toujours trop ton retour.  Je reste obstinément fixé sur l'horizon. Je me demande si tu vas poser des questions-tu poses tellement de questions- et je ne sais pas si je veux y répondre. Quand tu reviendras.

 

Il me semble que j'étais en apnée. Que je ne respirai presque plus. Que l'air s'engouffrait difficilement dans mes poumons. Qu'ils quémandaient encore, quand je souriais au jour déclinant. Qu'ils peinaient moins quand même, puisque j'avais compté. Que je n'ai plus que quelques pensées éparses trop arides. Il y a surtout les promesses et les éclats. Des baisers et des étreintes. Je veux croire que tu n'as pas remarqué. Je veux me reprendre. Faire semblant de n'avoir jamais supplié dans ton dos. Parler. Tout simplement. Ne plus y revenir. S'il y a des questions alors, je vais les repousser. Juste les mettre de côté. Un temps. Je vais m'empresser de répondre à chaque provocations sournoisement lancées. Je vais rire. Avec plus d'entrain qu'habituellement pour qu'enfin tu oublies cet être tremblant. Et vraiment je crois que j'étais en apnée, jusqu'à ce que tu m'enlaces. Toujours tendre.



Ce n'est pas comme si tout était comme avant. Tu ne me taquines pas. Tu ne poses pas de question. Tu t'agrippes juste avec force. Et faiblesse. Puisque tu trembles. Je sens que tu trembles. Entier. Je sens ton souffle ricocher difficilement sur ma peau. Ton nez fourrager dans mes cheveux. Je sens tous tes soubresauts sur ma peau. Dans mes muscles. Et dans mes os. Je la ressens et elle me bouleverse tout entier. J'écoute attentif chaque inflexions de ta voix. Chaque nuances. Elles me bouleversent et me ramène à mes propres tremblements. Je vais chercher ta main. Pour l'agripper encore trop faiblement. Puisque je recommence toujours à respirer. Que je n'ai plus l'esprit assommé d'inquiétudes inutiles. Que je n'ai plus à subir les conclusions incohérentes de mon esprit. Tout est inutile et parasitaire puisque toi tu es là. Que tu me donnes de l'air.


- Tout va bien.
Je murmure. Et je me demande si je le dis pour me rassurer. Ou te rassurer toi. Puisque tu trembles toujours. Que moi aussi. Que tu n'es ni taquin ni insolent. Que je n'ai pas l'habitude vraiment qu'on soit si inquiet pour moi. Je voudrais dire. Prendre l'initiative de reprendre notre routine. Tes sourires. Mes protestations. Les tiennes. Mes sourires. Entre mille baisers. Colères. Et tant d'autres choses. Moins insoutenables que cette étreinte et ces petites secousses. Même si j'ai chaud et que je trouve tant de soulagement et de tendresse ainsi pressé contre ta poitrine. Je hoche la tête de nouveau alors que de nouvelles questions mêlées de déclarations. Chaotiques. Franchissent tes lèvres. Je hoche la tête car je ne suis pas certain de pouvoir soutenir une autre déclaration. Puisque dans un frisson  tu glisses ton bras valide de mon épaule à mon poignet en faisant tout frissonner. Tu poses ma main contre ta poche. Et je soupire et je frotte ma nuque avec ma paume libre. Infiniment soulagé. On va pouvoir rentrer maintenant.
 

Tu presses ton nez contre mon oreille et tu m'accordes une nouvelle étreinte. Mes mains reviennent s'accrocher à ce bras. Puisque c'est toujours mieux que de les laisser ballants. J'écoute toutes tes déclarations. Attentif. Qui font écho  à celle que j'ai énoncé. Pour me raccrocher. Je ris en entendant ta dernière suggestion et je dis. 

- Je crois qu'on s'est suffisamment battu pour aujourd'hui. 

Cependant, j'ai la certitude que je t'affronterai encore. Que toi aussi. Que ce n'est pas grave. Puisque rien ne va changer. Tu resteras le même. Moi aussi, ou presque. Tout ira bien, puisque tu dis qu'on va boire ensemble. Et si on peut boire ensemble malgré tout c'est que vraiment tout va bien. Je hoche la tête, encore. Et même quand tu me proposes de dormir avec toi, j'opine du chef encore une fois. Puisque j'aime vraiment ce nous, puisqu'il implique que tu ne seras pas seul. Que moi aussi. Ce n'est pas si grave si la couverture m'irrite la peau tant que je peux m'accrocher à la tienne. La caresser ou la blesser. Taquin ou rageur. Il me semble même que c'est important. Puisque je ne dors jamais avec personne. Que je n'aime manger avec personne. Que je peux bien consentir à t'offrir mes bras si tu m'offres les tiens.


Tu finis par dire que tu chasseras ma fièvre. Pas celle qui me ronge, celle qui me fait flancher. Tes derniers mots sont grognés. Mais tu ne rajoutes rien de plus. Tu te contentes d'une étreinte. 
-C'est déjà suffisant. C'est suffisant Sucre. Je le dis résolu. Après tout je ne sais pas ce que je peux et je dois m'attendre de toi. De cette relation étrange, que je n'arrive pas vraiment à définir. Je sais simplement que pour l'instant je ne peux pas demander plus. Demander mieux. Puisque je sais que cela suffit à me faire sourire. À rassurer toutes mes peurs. Tu t'écartes. Je récupère mon sac. Je suis rassuré et contenté. Rien n'a changé. J'ai l'esprit libre, complètement puisque tu t'es donné la peine de laisser tes richesses dans ta boutique. Je n'ai pas envie de demander. Je veux simplement profiter. On va rentrer ensemble. Ce n'est ni extraordinaire  ni même enrichissant. C'est un geste d'une grande banalité. Elle n'est pas affligeante. Puisque j'ai du bonheur dans mes sourires. Que ma tête me fait moins mal. Tu viens te placer à côté de moi. On marche. Et c'est tout. Mais c'est suffisant. Je sais que le trajet n'est pas très long entre ton appartement  et ta boutique. Que je ne pourrais pas tout dire ce que j'ai envie de dire. Alors je réfléchis. Je choisi soigneusement mes phrases.


Alors que je m'apprête à entrouvrir la bouche, tu te retournes. Pour m'embrasser. Fébrilement. Trop fébrilement pour un endroit aussi bondé. Je veux lever les bras pour accueillir tes lèvres. Mais ta bouche se presse plus encore. Comme ta langue. La paume de ta main sur ma peau. Il me semble que, surpris j'ai effectué quelques pas en arrière, mais j'ai répondu à ta fébrilité. Je l'ai soutenu. Jusque ce que tu t'écartes pour souffler, énigmatique, contre ma peau rouge. Mais tu reviens contre ma bouche qui s'étirait dans un énième sourire. Je dépose mes paumes contre tes joues pour retenir ton visage. Jusqu'à ce que tu te détaches. Que tu me renvoies à l'une de mes précédentes déclarations. Je récupère mon sac pour accrocher la lanière à mon épaule et je te rattrape, la main bêtement accroché au pan de ta chemise. L'autre sur mon front, affreusement gêné. Affreusement content. Je grogne. 

-Je ne comprends pas la moitié des choses que tu dis, que tu fais, Sucre. Mais j'ai un autre rire quand je finis par déclarer. - Et si je deviens un ivrogne ce sera de ta faute. Entièrement. Je commence alors à décrire, sans épargner aucun détail sur l'état de ma chambre d'hôtel après cette cuite monumentale. J'agrémente même mon récit de quelques commentaires provocateurs.

Et la scène devait être terriblement banale pour quiconque se risquait à regarder dans notre direction. Mais c'était suffisant. Vraiment. 

***

-Mais. Que s'est-il passé ici?! Je m'étrangle en avançant lentement, l’œil écarquillé.
 

Je regarde le désastre, figé devant ce spectacle désolant. Tout ce que j'avais pris soin de retourner. Les tiroirs. Les armoires. Tout était vide. Ou semblait. Je marche, toujours écarquillé. Je fouille, avec application. J'essaie de me rappeler de l'apparence de la pièce ce matin. Il me semblait qu'il y avait plus de linge sur le sol. Que les tiroirs n'étaient pas retournés. Et mon affolement contrastait très franchement avec ton calme.

-Ce n'est pas le moment de préparer quoi que ce soit. On dirait qu'un cambrioleur s'est introduit et a tout dévasté! 

Je pose mon sac et fait le tour des pièces, les lèvres pincées. Très mécontent que quelqu'un ait dérangé tout ce que j'avais moi-même entrepris de retourner. Qu'il ait osé volé tes affaires. - C'est parce que tu laisses tes fenêtres ouvertes. Et ta porte? On t'a pris tes affaires Sucre. On t'a pris tes affaires alors qu'il y en avait tellement peu! Je déclare, toujours incrédule. Je secoue la tête et pose ma veste sur la chaise. Hébété et furieux. Et vraiment je ne sais même pas d'où je tire tant de colère. Puisque tu ne semblais même pas affecté. -  Je ne sais pas encore qui a fait cela mais je si je le retrou- Mon pantalon! Les pièces ! Celles d'hier. Je précise en  vacillant près de la table du salon. Il n'était plus étendu sur l'autre chaise. Et pourtant j'étais certain de l'avoir mis à sécher là. -Je voulais vraiment les récupérer. Je geins, piteux. Et je crois que je suis vraiment trop agité. Que je devrais m’asseoir, mais mes pas me ramènent dans la cuisine.


J'ouvre les placards. Fixe le sol. Plus rien. -Et mon caleçon! Mais qui irait volé des choses pareils! Je dis, les mains sur ma nuque. Véritablement perdu. Je ne sais plus où accrocher mon regard. Où ne pas regarder. Des souvenirs fugaces de la veille me reviennent. Et il ne reste plus rien sur le sol. Plus rien pour prouver que nos caresses de la nuit dernière, intimes et infiniment tendres aient bien eu lieu ici. Dans cette cuisine. Et c'est important. Et c'est énervant. Écœurant. J'ai la tête qui palpite trop douloureusement.  Je fais quelques pas vers la fenêtre. Fixe l'horizon quelques instant comme si j'allais pouvoir y trouver le visage du vandale/cambrioleur. Et. Alors que je m'apprêtais à m'écarter pour aller faire l'inventaire des choses dérobées je me penche en avant, les mains appuyées sur le rebord. Je me penche tellement que, étourdi par ma fièvre je manque de basculer complètement dans le vide. -On dirait qu'il y a des choses dans la cour.
 


Après quelques secondes d'observations supplémentaires je retourne sur le sol. En grognant quelques jurons. Je réalise alors, l'esprit un peu brumeux. -Je n'aurai jamais assez de vêtements pour le reste de la semaine.  Je me traîne jusque dans le salon, les chevilles un peu faible. Pas un seul moment je ne m'arrête de chercher dans l'appartement mes affaires. Un quelconque indice sur le voleur. Le tout en proférant mille menaces, toutes incroyablement douloureuses et terribles. Mais je ne suis jamais tendre avec les voleurs.
 

Après quelques minutes, je m'arrêtais de chercher. Dégoûté. Il ne restait en tout et pour tout que mon cache-oeil en cuir et les draps tachés de sang de la veille. Je n'avais même pas retrouvé mes dagues. J'éructais encore une dernière menace, une dernière malédiction.
 - Que la peste l'emporte.
 

Je suis vaincu.  Frustré. En colère. Fatigué. Ma tête me tourne trop. J'ai faim. Le froid. Et il faut que je me rende à l'évidence. Ce n'était pas ce soir que je pourrai l'arrêter et lui faire payer. Je m'installe alors sur le lit, la tête dans un de tes coussins.
 

Je ferme les yeux. Je m'impose quelques minutes de repos. Juste pour me rappeler des événements de la matinée. Ceux de la soirée. Je presse le coussin contre ma joue. Puisqu'il porte l'odeur de tes cheveux et que je crois l'apprécier. Que tu m'apportes toujours le calme. Je reste allongé. Les yeux clos. J'essaie de convaincre ma tête qu'il y a plus important qu'un voleur. Que des dagues. Des vêtements. Quelques pièces oubliées dans une poche. Oubliées. Vraiment. Et c'est important de le signaler puisque c'est la première fois que cela m'arrive. Je veux chasser mes désirs vengeurs. Toutes mes colères. Il faut que je me concentre. Que j'arrête de me focaliser sur les choses. Il me semble que je devrais faire l'effort de les oublier. Pour me reporter mon attention sur ce qui est vraiment essentiel. Important. Tu as dis qu'on mangerait ensemble. Et c'est important. Je ravale toutes mes injures. Chasse mes colères brumeuses.
 


Après quelques minutes je me redresse. Il me semble que j'ai soupiré mille fois. Que j'ai trop laissé de temps entre nos dernières paroles tendres. Que j'ai peut-être trop porté attention au bazar et sans doute pas assez à toi. Alors que tu as dit que tu allais me préparer quelque chose à manger. J'abandonne le coussin et je dis maladroitement. - Je ferai des efforts. Je grogne, l’œil fixé sur le lit. -Je veux dire. Que je veux faire plus attention à toi. Peu importe mes vêtements. Les pièces dans la poche de mon pantalon. Et mes dagues. Elles étaient belles tu sais? Il y avait de l'or sur la garde et- Je secoue la tête péniblement. - Je veux dire que je veux vraiment rester avec toi. Et j'ai réfléchi. Puisque j'ai le froid et que je ne peux pas t'aider. Il faudra me tuer. Je te laisserai faire. Et comme cela je pourrai rester.  T'être utile, comme j'ai promis. Je ne sais pas combien de temps, ce n'est pas facile de lutter contre ça. J'humecte mes lèvres et j'organise le fil de mes pensées. -Mais je sais que je veux vraiment rester. Que la promesse que j'ai faites me le permettrait. Je rajoute confus. Il me semblait, que lorsque j'ai réfléchi au moyen de distraire ma cupidité sous la douche les choses étaient mille fois plus claires. -C'est vraiment épuisant de réfléchir avec la fièvre. Je grogne. J'essaie de repenser à mes phrases. Si jolies et libres, habituellement. Si pleine de sens.  Je soupire une énième fois et me rapproche du bord du lit. Je tends les bras en avant pour réclamer, capricieux, égoïste, insolent. - Enlace-moi Sucre. Enlace-moi et prends soin de moi. Tu as dit que tu le ferais. Je me sens un peu ridicule, les bras tendus, dans le vide. Mais qu'importe. Je l'avais déjà été plus. Je le serais plus encore. C'est une certitude. Et j'ai vraiment envie d'une étreinte. Je rajoute, les sourcils froncés. - Pour récompenser mes efforts. Tu m'en demande tant. Puisque je n'obtiendrai sans doute que peu d'or de notre marché. Et que je suis déterminé à faire semblant de ne pas en être sincèrement mortifié. - Ce n'est pas déplacé de t'en demander?Je demande, incertain. J'ai si peu l'habitude de désirer autre chose que la richesse. Je suis presque tenté de replacer mes mains sur le lit. Mais il me semble que c'est important d'insister.  - Enlace-moi Sucre. Parce que j'ai vraiment envie que tu le fasses. Et tu m'as montré que ce n'est pas anormal de demander des étreintes quand on en a envie.
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DIT ▲ : chevalier.
ANECDOTE ▲ : son tribut est qu'il est condamné à ne plus jamais dire la vérité. il est accessoirement confiseur et claustrophobe.
FICHE RS ▲ : crache ton miel •

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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaSam 28 Mar - 1:59


J'avais oublié.
Il m'avait été arraché tant de joie, de soulagement, de tremblements, de colère, de fer dans la bouche, de palpitations dans la pulpe de mes doigts, de violences tendres, de désirs de ses lèvres, de colère mutine, de manque béant, de rires francs.
Il m'avait été arraché tant de soupirs quand je marchais à ses côtés que j'en avais tout oublié.

J'avais oublié que j'avais été furieux et mauvais. J'avais oublié que la digue de ma raison s'était rompue dans la paroi irascible de mon crane ; que mon raccord à la réalité avait été fendu ; que j'avais laissé ma brutalité impulsive dominer mes mains ; qu'elles s'étaient affairées à tout supprimer ; qu'elles avaient voulu casser l’amoncellement de sa présence ; qu'elles avaient démantibulé son parfum de sel qu'il avait laissé sur mon parquet ; que j'avais tout jeté par la fenêtre ; que je j'avais cherché par la splendeur de mon incohérence à l'oublier, lui.

Je n'avais même pas réussi ; il m'avait obsédé et maintenant vaincu.

Je me rappelai ma folie avec la honte à la gorge et évidemment que j'avais fui – il ne me restait plus que ça à faire – puisque j'ignorais à ce moment là si j'allais m'effondrer d'embarras ou, plus sobrement, être pris d'un fou rire. J'ai dissimulé mon visage, obliquant vers la cuisine, voûtant légèrement mes épaules et portant mes doigts à ma bouche comme si mes phalanges allaient retenir le rouge de grimper jusqu'à mon front.

Ce ne fut pas suffisant.

― Ce n'est pas le moment de préparer quoi que ce soit. On dirait qu'un cambrioleur s'est introduit et a tout dévasté !

Et la bouche tiède contre mes doigts et l’œil bleu fuyant, je pouffe. Oui, moi, Sucre, je pouffe et j'essaie avec cent échecs de retenir ce rire incontrôlable que je sens grimper sur ma langue. L'étouffer dans ma trachée donne l'impression que je m'étrangle et j'expire un hoquet maladroit qui fait mouiller mes yeux et tressaillir mes narines. Il ne doit pas m'entendre ; il ne doit surtout pas entendre et ma surprise, et ma gêne parce que je ne sais pas si je serai capable de le lui expliquer.

Il y a beaucoup d'ironie dans l'idée que je me sens prêt à mourir de honte ; j'ai l'habitude d'entretenir avec la mort un rapport plus amer.

Je me réfugie dans la cuisine pour me couper de sa présence et de ses exclamations qui nourrissent mon hilarité. Il faut que je m'occupe – il est nécessaire que mes mains et ma tête se trouvent accaparées sinon je sais que je vais finir par céder. J'ouvre les placards, le frigo, puis les placards à nouveau à la recherche d'un plat à lui préparer (au moins, la nourriture, je ne l'ai pas jetée par la fenêtre, à croire que j'avais conservé une bribe de lucidité).

Je crois que je rirai tant que j'en aurai mal au ventre et dans le même temps, je me sens particulièrement imbécile.
Bermuda à cette habitude agaçante de propulser mes humeurs dans des extrêmes brûlants et de me le faire apprécier.
Je ne comprends plus, et je n'ai jamais compris, ce qu'il faisait de moi. J'ai très envie, une poignée dans la main, le nez levé vers un paquet de pâte, de me prendre la tête dans la main.

Mais à l'autre bout du salon, je l'entends protester et je dois me retenir de pouffer encore ; ma dignité est en miette.
Je dépose ma veste de cuir négligemment sur le bar et sors du frigo une demi-douzaine d’œufs achetés la veille après mon retour de Canaan. J'opte pour une omelette puisque je suis un cuisinier passable et qu'il faut bien accaparer ces phalanges qui me démangent. Ma tête est un peu bancale et confuse, mais dès que je commence à casser les coquilles dans le saladier d'acier, le calme s'épanche sur ma nuque et je pense.

Je pense que nous sommes ensemble.
Je pense que c'est la première fois que j'invite quelqu'un dans mon appartement de cette façon complice.
Je pense que c'est Bermuda et que son prénom, dès que je le pense, se love sur le bout de ma langue ; je pense en sentir son goût.
Je pense que nous avons discuté ensemble, que nous avons ri, que j'ai ri de son alcoolisme alors que ma poitrine était encore gémissante de ses tremblements.
Je pense que je suis bien. Je pense aussi qu'il me fait trop rire. Je pense qu'il me rend trop violent en joie comme en peine. Je pense qu'il erre, furibond, dans mon appartement à la recherche d'un voleur qui n'existe pas et que ça me rend léger. Je pense que je perd mon amertume peu à peu.

C'est assez effrayant.

Je pense que je serai incapable de lui avouer et j'ignore la perception qu'il aurait de moi si je confessais, les lèvres basses et l’œil fuyant que j'ai éventré mon appartement dans l'espoir d'effacer son souvenir. J'ai envie de grogner et de me frapper ; il m'arrive d'être très idiot et je crois que la colère me réussit peu.

Je suis peut-être un peu excessif – peut-être.

Je n'ose toujours pas croiser son regard par peur que les rires fassent imploser mes lèvres. Je bats les œufs avec plus de minutie que nécessaire mais tout est prétexte pour le fuir ; j'ignore ce qu'il pourrait faire de moi si je posais mes cils sur sa nuque blanche et courroucée.
Probablement que je l'embrasserais – j'ai perdu le compte de nos baisers, mais je sais que je lui en donnerai mille autres encore. J'aime goûter la tiédeur salée de sa peau.
Je me mords sévèrement la langue ; à penser à ça, je ne vais pas résister bien longtemps. Mes sourcils sont froncés.

Il peint tant d'arabesques sur mon visage.
Je voudrais ne pas l'écouter mais je ne peux m'en empêcher et mon hilarité gonfle comme un monstre d'humiliation dans mon diaphragme. Sa remarque sur la fenêtre me raidit un peu – peut-être un jour, devrais-je lui expliquer mon problème, qui me semble parfois moins grave que son alcoolisme extrême – et quand il parle de mes affaires, j'étouffe un autre rire.

J'ai tellement envie de le regarder.
Je me concentre sur le battage des œufs – comment cette tâche si simple peut me paraître si pénible.

Mais d'un coup il m'achève.

― Mon pantalon !

Je lâche un glapissement hilare dont j'espère, par pitié, qu'il a plus l'air d'un sanglot que d'un rire (ce serait plus digne). J'ai la larme au coin des yeux et, dans ma surprise, je manque de renverser la préparation de l'omelette et tout ce qui se trouve autour – je rattrape au dernier moment le poivrier.
J'ai le visage décomposé et je me demande, vraiment, ce qu'il peut bien me faire. J'écrase mon front contre le plan de travail, ma tête dans mon bras, des hoquets fous dans les épaules.

Faites qu'il ne regarde pas dans ma direction, je ne saurai pas comment assumer le rire qui perle à mes yeux et qui soumet mon dos.

― Les pièces ! Celles d'hier. Je voulais vraiment les récupérer.

Et à cause des tremblements qui nous ont transpercés je me fais un peu plus sérieux, ravale mon rire et me redresse en me raclant beaucoup la gorge. Ma voix est rauque, cassée, comme malade lorsque je dis le sourire aux commissures et la tendresse sur la langue :

― Je t'en donnerai d'autres.

Et je le les donnerai toutes, si il le souhaite, et si cela peut propager ses sourires.
C'est alors qu'il surgit dans la cuisine alors que ma main émince des oignons un peu vieux et asséchés – j'espère qu'ils auront toujours du goût.
Je rassemble tous mes efforts pour résister à l'envie de l'observer. Je coupe le deuxième oignon en deux parties égales. Ma respiration est sifflante et contrainte - et s'il me voyait rire ?

― Et mon caleçon! Mais qui irait voler des choses pareilles !

Non, c'est beaucoup trop.
C'est beaucoup trop – comment ne me voit-il pas pleurer ? Je dirai, s'il demande, que ce sont les oignons et je n'aurai jamais cru un jour éprouver le désir de mentir. Mes rotules manquent de se dérober sous moi et j'ai un rictus incontrôlable sur les lèvres.
Il va me voir, et je devrais tout lui expliquer – lui expliquer que j'ai jeté son pantalon par la fenêtre, et son caleçon, et sûrement pleins d'autres choses dont je n'ai plus qu'un souvenir brumeux de furie.

J'étouffe un autre glapissement et, faisant preuve d'un contrôle extrême dont j'ignorais être capable, je prends une grande inspiration mains je fais cette erreur que je fais si souvent.
Je le regarde.

Sa présence me frappe et m'aspire tout entier. Le battement répétitif de la lame tranchant les oignons s'éteint. Sur ma bouche contractée, mon sourire s'étiole. Lentement, progressivement, les coins tombent comme de petits morceaux de météorite. Mon front de défroisse et mon regard se fait mer d'été.

Je regarde Bermuda et je ne suis plus étonné d'être choqué par le coup de sa présence.
Je savais bien qu'il ne fallait pas que je pose un œil sur lui et me faire avaler maintenant par la vision de sa négligence confirme mes craintes.

Je regarde tout. Je regarde ses mains qu'il porte dans sa nuque, l'air contrit qui plisse sa peau anormalement lisse, l'angle que forment ses coudes quand il les relève et qu'ils pointent, accusateur, la fenêtre entrouverte. J'observe les manches qui s'enroulent autour de ses avant-bras qui soulignent leur finesse, ses poignets de verre qui s'extirpent, timides et blancs, de l'étau du tissu, les pans qui enlacent ses hanches, sa silhouette qui s'étire, ses clavicules dévoilées par son col, sa nuque claire que j'imagine mouillée comme lorsque nous étions sous le jet tiède de la douche.

Je regarde tout et trop longtemps au point que je n'ai plus de sang dans les lèvres et plus de raison sur le front.
Bermuda est trop proche de moi et, nos quatre chevilles fichées sur le parquet de la cuisine, nos murmures de la veille me reviennent brutalement font vrombir mes tempes.

Tout mon corps de tend ; j'ai dans la bouche une sensation très lourde qui est au delà du désir. J'ai du mal à respirer, l'air est devenu opaque. Je suis le tracé de son corps d'un œil subjugué.

Il s'est passé quelque chose ici, dans cette cuisine, que mes mains de peuvent pas oublier – comme tout le le reste de mon corps.
Bermuda continue ses errances et fait basculer le haut de son corps par la fenêtre. Aussitôt je m'alerte, le ventre retourné, lâche le couteau dans ma main et la tend pour le retenir son épaule.

― Hé -

Mais je stoppe mon geste à mi-chemin, juste au dessus de sa peau.

Heureusement, il repart en arrière, remet ses talons sur le sol.
Je déglutis. Je ne l'ai pas touché.

Je crois que, si je l'avais touché à ce moment là, je lui aurait fait l'amour.

Je reporte mon visage sur le plan de travail et j'ai beaucoup de mal à me concentrer sur la recette de l'omelette. Ma bouche est tarie.

― Je n'aurai jamais assez de vêtements pour le reste de la semaine.
― Nous en achèterons, j’enchaîne, machinal.

Comme si j'avais le besoin de toujours rassurer ses plaintes.
Bermuda s'en va – heureusement, il s'en va et quand son dos s'éloigne de mes mains je respire à nouveau. L'air pénètre brutalement mes poumons et pour la deuxième fois depuis que nous avons franchi le seuil dévasté de l'appartement, j'ai envie de me prendre la tête dans les mains. Je me contente de rejeter ma tête en arrière en jurant contre ma fébrilité.

Dire qu'il y a deux minutes, moins, une peut-être, je retenais un rire fou qui me perçait le ventre ; mes humeurs sont trop instables et, avec l'océan qu'il abat sur moi, je ne suis pas sûr d'être tout à fait immortel.

Il est l'océan et il me noie tout entier.

J'hésitais encore à lui confesser ma bêtise, un air faussement coupable étalé sur les pommettes, une main nerveuse caressant mes cheveux courts mais quand il commence à entonner ses menaces, je n'ai plus aucune hésitation.
Je suis pâle et résolu ; Bermuda ne devra jamais savoir ce que j'ai fait de son pantalon, de son caleçon et de ses autres biens (et les miens, mais c'est si secondaire).

Peut-être pourrais-je aller les récupérer pendant la nuit – quand suis-je devenu si pathétiquement couard ? Je termine de couper les oignons et me fait la réflexion que cuisiner à une main est peu pratique. Je sale, poivre, rajoute un fond de fromage et de la noix de muscade qui traînait dans un placard. Je tourne le bouton du gaz et pose une lourde poêle sur les petites flammes jaunes et bleues et j'attends, désœuvré.

Il est si calme maintenant, que fait-il ? Je m'amusais de ses réactions, je me plaisais des sursauts aigus de sa voix et de ses jurons indignés. J'ose, et je sais que c'est dangereux, tourner vers lui un œil curieux.

Je n'aime pas ne plus entendre ses mots. Et comme s'il entendait ma plainte, il m'en offre alors des terribles qui font flancher ma nuque.

― Je ferai des efforts.
― Je veux dire. Que je veux faire plus attention à toi.
― Je veux dire que je veux vraiment rester avec toi.

Et il continue de dire toutes ces phrases alors que moi, je reste ébranlé sur le parquet de la cuisine, les lèvres entrouvertes prêtes à attraper chaque mot qui surgit hors de sa bouche.

Il ne se rend pas compte.
Bermuda ne se rend pas compte de ce qu'il me fait et des choses qu'il me dit ; moi-même je ne me rends pas très bien compte mais je sais que ma poitrine est sur le point d'imploser.
J'ai la gorge très serrée. C'est un peu comme si on me l'étranglait, mais avec une grande douceur. J'ai envie de frotter mon visage dans ma main, mais mes muscles ne répondent plus.

Il faut vraiment qu'il se taise.

― Bermuda.

Mais je n'arrive pas à sortir son prénom, il se coince dans ma gorge. Je détourne le regard, le fiche sur l'omelette que j'ai renversé dans la poêle. Elle cuit doucement. Mes joues sont chaudes.

Je n'entends plus que mon cœur dans mes tympans.
Je vais aller chercher ses dagues – cette nuit, quand il dormira, je me lèverai et j'irai récupérer ses dagues, et chacune de ses affaires, et j'ignore comment j'expliquerai leur apparition demain matin mais je veux lui rendre ce à quoi il tenait. Et je vais lui dire, aussi, il le faut, qu'il se trompe sur la maladie, qu'elle n'est pas si grave, qu'il en existe des terrible mais que celle qu'il a fait juste rosir ses joues. Et je vais lui dire, aussi qu'il ne peut pas dire des choses comme ça, qu'il ne se rend pas compte de ce qu'il me fait, que j'ai la lèvre qui tremble, que je suis heureux et que je crois bien qu'il m'arrive quelque chose.

Ce genre de chose là. J'en suis pétrifié.
Je n'ose toujours pas heurter son regard et il me parle encore de sa nature que j'estime si injuste. J'ai un élan de colère qui resurgit mais j'ai un tel brouhaha dans mes veines que je le laisse partir.

Je ne peux pas me permettre d'être en colère alors que je tombe pour lui. Je remue vaguement l'omelette.

Puis il me donne un ordre qui attire mon attention et cette fois, lorsque je le regarde, c'est très différent de tout à l'heure ; puisque cette fois, je ne peux pas résister.
Il tend vers moi ses deux bras et oscille, tantôt autoritaire, parfois hésitant, en me réclamant une étreinte.

S'il savait combien je veux lui en donner.
Dire que j'ai fait tant d'effort pour que nous puissions avoir un repas décent. Mes muscles hurlent d'aller le rejoindre mais je prends le temps, dans une prise de conscience salvatrice, de couper le feu – je ne vais pas incendier l'appartement, pas ce soir.

En trois enjambées je suis auprès de lui et à chacune d'elle, mon sourire se fait plus grand et plus heureux. Je m'arrête devant ses bras tendus, son air renfrogné et je ris un peu ; c'est léger et si sincère.

Il me réclame de l'enlacer mais j'ai un bras entravé. Je déteste cette situation.
Je m'agenouille devant lui et lance goguenard et la bouche écornée d'un sourire :

― Ah oui ? Je t'en demande tant ?

Juste avant de fondre sur lui et d'apposer, minutieux, mille baiser sur les mille reliefs de sa peau et de glisser, avide, mon bras autour de lui. Je love mon torse contre le sien, je me presse contre lui et je veux, j'exige, j'ordonne par ma respiration erratique qu'il m'enlace-lui aussi à son tour.

Mais ça ne me va pas alors j’interromps un baiser que je gravais sur ses lèvres en grognant. Je m'écarte et, l'air furieux sur le front, je retire l'écharpe qui retenait mon bras blessé et la jette agacé au fond du salon.
Je me moque d'avoir mal, si c'est pour l'enlacer, je prendrai tous les coup de dague. Déplier mon bras m'est difficile et me fait grimacer mais je le fais et, quand mes muscles sont chauds à nouveau, je viens l'enserrer contre moi. Plus encore, je m'enserre contre lui, je glisse sur lui et je le rejoins sur le lit qui n'est même pas fait (encore une fois). Je le surplombe.

A aucun moment je ne cesse de l'embrasser et de l'enlacer. Il ne peut pas avouer de telles choses, ni ordonner de telles tendresse sans que je m'effondre pour lui.

Se rend-il compte de ce dont je viens de me rendre compte.
Je me détache un peu de son visage, le souffle court :

― Est-ce que tu sais que tu t'agites trop, Bermuda ? Tu es sûrement encore fiévreux, tu devrais être plus calme.

Je l'embrasse encore puis m'arrête pour venir cacher mon visage dans son cou. Je bascule sur le flanc, m'allongeant sur le lit le tire de mon bras contre moi pour ne pas qu'il s'éloigne trop de mon étreinte.
Je le veux au plus proche.
Je ne veux pas qu'il parte ; je ne veux plus que nos étreintes soient brisées ; je veux qu'il me dise ses choses encore même si elles m'asservissent de plus en plus.
Pour lui, ça ne me dérange pas. Je vois ses clavicules ; nous sommes censés manger ensemble.

J'enroule mes deux bras autour de sa nuque pour répondre encore à ses ordres et je sais qu'il n'aura plus besoin de les répéter ; je l'enlacerai beaucoup. Un soupir heureux trouve son chemin jusqu'à mes lèvres pressées contre ses cheveux.

― Je prendrai soin de toi. Je prendrai soin de toi, et je vais le faire maintenant.

Et je sais de quelle façon j'ai envie de prendre soin de lui, là, tout de suite.
Tout mon corps, de chaque muscle à chaque articulation réclame ce qui obsède ma tête. Mais j'essaie de dire quelque chose de très important :

― Bermuda, je -

Mais ça m'est impossible.
Je soupire encore et je finis par m'écarter de lui même si ça me coûte tout mon air. Je me redresse et lui lance ce même regard qui l'intime de ne pas bouger (même s'il est très tendre), puisqu'il existe une infinité de demandes ou d'aveux que je ne peux pas prononcer.

― Tu m'attends ?

Et je me lève hors de lit avec la frustration de ne pas l'avoir dévêtu.
Mes pas me portent jusqu'à la salle de bain où je récupère un gant de toilette que j'humidifie et une bassin que je remplis d'eau froide. Je reviens auprès de lui et réitère les gestes d'il y a un instant. Je m'agenouille, pose la bassine près de mon genoux et l'invite lui aussi à se redresser.

Ma main vient prendre la sienne.
Par envie, je lève ses doigts jusqu'à mes lèvres et je les embrasse. J'y dépose deux baisers – à combien sommes-nous ?

Puis, avec beaucoup de délicatesse, je lève la main tenant le gant mouillé et vient caresser doucement son front, ses tempes, la ligne de son menton, son front encore, un peu son œil blessé – qu'il ne me repousse pas, il ignore à quel point j'aime son imperfection lacérée.
Je refroidis son visage avec beaucoup de précaution.

Je souris, doucement ; j'ai le soudain souvenir de et lui et moi dans une cale sombre où il m'offrait ce genre d'attention tendre.

― Je ne te tuerai pas, Bermuda. Je suis presque sûr que ce n'est pas nécessaire.

Je plonge le gant dans la bassine d'eau froide et recommence mes caresses. Je descends cette fois ma main jusque dans son cou pour qu'il sente la fièvre s'atténuer. Je vais jusqu'à ses clavicules et j'en frémis.
Je n'ai toujours pas lâché sa main.

― Tu devras manger, aussi. Ce serait bien si tu mangeais, non ? Et après...

Je m'interromps, j'ai beaucoup de mal à retenir la fuite de mes pensées. Je plisse les yeux et ma réflexion tapisse mes paupières pliées. Je prends une grande inspiration et mouille à nouveau le tissu bleu imbibé. Cette fois, je remonte les manches de son chandail, précautionneux, comme si je manipulais un trésor.
C'est à peu près ça.
J'humidifie ses avant bras. Caresser sa peau ainsi m'emplit de tremblements que je contiens. Je relève mon œil vers lui pour cesser de contempler ses muscles nerveux.

― Pour le froid...

J'essaie de ne pas lâcher de rire mais, je me sens embarrassé.

― Pour le froid, il est possible que je n'ai pas dit totalement la vérité.

Je joue tellement sur les mots pour tromper mon tribut ; un jour il m'éclatera au visage en m'y laissant une déflagration. Je plonge à nouveau le gant dans la bassine d'eau, l'essore et entreprends d’humidifier son autre bras. J'essaie de ne pas regarder les tendresses que je laisse de ses phalanges à son poignet et me concentre sur son œil vert.

― Ça va aller, d'accord ? Attraper froid... Il suffira de dormir un peu, de te reposer, de manger aussi et tu n'auras pas besoin de mourir. Tu vois ce que tu ressens, maintenant ? Ce sera tout, ce sera juste ça. Ce que j'ai fait, peut-être que ça fera baisser un peu ta fièvre. Et je ne te tuerai pas – jamais.

J'ai peur qu'il ne comprenne pas ; j'abaisse ma nuque et ferme les yeux très fort pour ne pas me perdre dans mes mots.
Je me débecte.

― Bermuda.

J'ai arrêté d'humidifier sa peau – sa peau si attirante et si désirable – et, sa main toujours dans la mienne, je vrille mes deux yeux sur le sien. Mon pouce caresse son poignet.
Je me sens si faible pour lui.

― Que dois-je faire pour que tu restes ?

Et ce que je veux dire c'est : je veux que tu restes.

― Qu'est-ce que je peux faire ? Bermuda, je crois que je ferais tout -

Je m’interromps, incertain de savoir si mes lèvres vont se censurer. Mes yeux tressautent vers le sol puis reviennent vers lui :

― Veux-tu que nous signons un contrat ? Je le ferai, si ça peut t'aider pour - ça. Est-ce que ça t'aiderait pour rester ?

Mes phalanges pressent les siennes. Je n'entends plus que le silence de sa peau. J'ai tellement envie de lui dire.

― Bermuda, je veux -

Je veux que tu restes. Je me reprends.

― Je veux -

Mais c'est impossible ; pourquoi suis-je si bête à vouloir m'acharner ? Je ne tiens plus, je lâche un soupir, une plainte déçue qui se détache dans un sourire quand je lève mon nez vers le plafond.

― Ah ! C'est tellement !

Puis, sans jamais lâcher sa main, sans plus rien oser lâcher, je laisse mon dos se voûter et ma tête, docile, venir se nicher sur ses cuisses. Je suis si bien que je ne peux qu'être contradictoire.
Je crois que c'est la tristesse.

― S'il te plaît, je croasse tout bas. Tu veux bien me caresser ? Nous devrions manger.




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MESSAGES ▲ : 177
DATE D'INSCRIPTION ▲ : 05/01/2015
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ANECDOTE ▲ : Bermuda est né de la cupidité•hermaphrodite• il écrit en indianred
FICHE RS ▲ : Je la revendrai à prix d'or

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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaDim 29 Mar - 0:04

Je suis un être terriblement capricieux. Égoïste. Trop fier, si fier. Il y a dans mes paroles et dans mes gestes une impatience fébrile. Alors que mes doigts s'étirent si fort et que tout mon corps se tend vers le tien, je me dis qu'il y a peut-être trop de caprice dans mes désirs. Je ne doute pas un seul instant que tu ne vienne au secours de mes envies. Avec de l'impertinence sur la langue. Je tends plus encore les bras, imperceptiblement, quand tu t'avances. Avec un sourire- attendri- sur la bouche. Et comme je suis aussi capricieux qu'un roi quand je suis avec toi, je ne peux m'empêcher de sourire. De vouloir saisir toutes les nuances de tes traits. Embrasser la malice. Étreindre la douceur. Saisir tous tes soupirs. Alanguis. Agacés.

Et comme je suis si égoïste je me dis que je vais les garder. Tous ces précieux trésors. Il est trop tard maintenant. Surtout que je suis attentif, que je peux réclamer, exiger, sans trouver cela si anormal de le faire. J'ai réclamé un étreinte. Je l'ai réclamé et tu t'apprêtes à me l'offrir. Trop docile. Il est trop tard maintenant. J'en suis persuadé. J'ai franchis cinquante limites avec toi depuis la nuit dernière. Je les ai franchi. Si bien que je me suis retrouvé avec de terribles envies dans le ventre. Sur la bouche. Dans les paumes. Dans chaque battement de paupière. Sur ma langue. Le bout de mes doigts. Une rébellion nouvelle dans un coin de la tête. Et toutes ces choses que j'ai repoussé. Et même des mots. Des syllabes. Des phrases. Tout ce que j'enfouissais quelque part. Tu as tout libéré. Je pense que tu ne comprends même pas encore toute la portée de tes actes. Tu ne devines pas les conséquences. Mais c'est trop tard.

Je suis un être terriblement capricieux. Et comme je me retenais de demander. Comme je ne savais pas que je pouvais l'être sans que cela semble trop déplacé. Je ne suis plus certain de pouvoir contenir et filtrer ces caprices. Mes fureurs. Et il faut que je te mette en garde, vraiment. J'ai menacé tant de fois, mais je crois que je ne serais vraiment plus capable de contenir mon courroux. Ce n'est plus des menaces que je ferai. Je blesserai vraiment. Je tuerai. Oui. Je tuerai si quelqu'un essayait de te voler à moi. Car je le pense. Surtout quand tu viens nouer un bras chaleureux autour de mes épaules pour me presser contre toi. Tu es à moi. Tout entier. Et c'est une certitude.

Tu es à moi quand tu dis mon nom. Quand tu poses tes yeux sur moi. Quand tu déposes mille baisers sur ma peau. Ma bouche. Mes joues. Mon menton. Mon front. Tu ne le sais pas encore. Ou peut-être que si. Mais tu es à moi et je sais que c'est un désir mais aussi une réalité. Surtout quand tu enlèves ton écharpe pour mieux m'enlacer. Que par automatisme j'entrave ton dos. Que je me presse, plus encore. Et mes lèvres et mon corps. Il n'y a plus que Sucre dans mon esprit. Sur la pointe de ma langue. Le bout de mes doigts qui s'accrochent, possessifs et désireux. Il n'y a plus que toi. Si bien que j'oublie combien je donne. Et de souffle et de soupir. Comme je m'empresse d'apposer mes lèvres de nouveau contre les tiennes quand il faut que je me détache pour inspirer tant mes expirations sont irrégulières. Je n'ai jamais tant aimé me presser contre ton torse. Jamais. Parce que chaque fois que tu m'enlaces de nouveau ou que tu m'embrasses j'ai le réflexe de me dire que ces gestes tendres le sont plus encore que les précédents.

Allongé sur le dos je peux voir. Je peux sentir toute la tendresse de cette embrassade. Je sens ton cœur comme il cogne. Et qu'il cogne trop pour que le mien ne rate pas au moins quelques battements. Je suis comblé et bien au-delà. J'ai réclamé que tu m'enlaces. Tu m'as enlacé. Embrassé. Et tu me sers si fort que j'ai trop de sourire et de bonheur sur la bouche. Vraiment. Je suis trop orgueilleux et fier de t'avoir fait t'agenouiller devant moi. Trop victorieux. Que tu me donnes toujours tant quand je sais que j'aurais pu me contenter de moins, puisque que je sais la valeur d'un seul baiser. D'une étreinte. Qu'ils sont aussi précieux pour moi que l'or. Je suis tellement gâté que j'y prendrais bien goût. Et si tu ne t'étais pas détaché. La respiration aussi chaotique que la mienne alors peut-être aurions nous passé la soirée à nous embrasser et nous enlacer. J'esquisse un sourire taquin et je pose mes doigts sur ta bouche, après ton dernier baiser et je dis en réponse à ta déclaration:

- C'est toi qui m'agite trop.

Je ris. Ce n'est pas si grave d'avoir les joues trop rouges à cause de la fièvre. Je n'ai même plus si mal à la tête ou au nez. Tu viens nicher ton visage dans mon cou et me chatouiller la peau. Alors je ris encore et je remonte un main le long de ta nuque. J'y dépose quelques caresses et je voudrais continuer-je pourrais continuer l'éternité je crois-mais tu te poses sur le côté dans un souffle. Tu m'attires à toi et moi, je ne peux que venir poser contre toi. Poser mes lèvres sur le bout de ton nez quand toi tu vas embrasser mon front. Ce n'est pas grave si je dois souffrir mille fois pour graver tous ces moments dans mon esprit. Je crois bien que si dans ces nuits d'éternités tu m'offrais chaque fois tant de douceur alors je pourrais être blessé encore par ta bouche et tes mots. Je pourrai même je crois m'habituer à toutes ces attentions. Ne jamais en rire. Ne jamais plus les repousser. Je vais prendre un nouveau baiser, sur ta paupière et ta pommette. Avec tellement de délicatesse que mes baisers ne sont plus que des plumes qui tombent sur l'albâtre.

Je pourrais rester ainsi. C'est vrai. Sans jamais détacher et mes doigts et mes lèvres. Puisque tu es mien. Que j'aime et que je prends soin de mes trésors. Jalousement. Je pourrai aussi te regarder. Endormi. Caresser tes cheveux d'or. Veiller sur ton sommeil. Détailler chacun de tes traits avec obsession. Caresser chaque parcelle de ton corps pour le redessiner. Enfouir mon nez dans ton cou comme je suis en train de le faire. Et je pense que je veux te le dire. Mais ta voix précède la mienne. Je glisse mon bras dans ton dos. Je me sens toujours brumeux. J'ai les joues trop rouges. Le front trop palpitant. Je me dis que j'ai peut-être été trop conquis par tant de chaleur, de tendresse, et même nos silences très doux. Il faut que je me concentre sur les mots. Je rouvre l'œil-je remarque au même instant qu'il était fermé depuis tout à l'heure- et je vais le perdre dans tes yeux. Je comprends à peine le sens de ta phrase et j'opine lentement. Il fait tellement chaud dans tes bras que je pourrai dormir. Dormir et rattraper mille ans de sommeil tourmenté. Mon front palpite. Mais mon esprit se raccroche à mon prénom. Je pense qu'il manque un bout de phrase. Ou alors que j'étais trop absorbé par les trois premières syllabes. Il faut que je dise.

- Moi aussi. Sucre. Moi aussi j'aime dire ton nom.

Puisque ce sont les plus jolies syllabes. Avec celles des bonjour et des bonne nuit. Uniquement quand c'est moi qui les prononces. Évidemment. Il faut que je te dise que tu ne devrais pas laisser les autres te le dire plus que moi. Parce que je ne suis pas certain de le supporter. Mais tu t'en vas. Avant que je n'ai le temps de m'excuser ou de te demander de répéter. Je ferme de nouveau l'œil, fiévreux, il me semble que j'ai le corps trop cotonneux. Que c'est pareil pour la bouche. Même si je pense grogner et t'appeler pour que tu reviennes. Tu n'as pas dit que tu m'étreindrais ? Ah. Non. Il me semble que je dois attendre. Quoi qu'il en soit, sans toi il fait trop froid. Et ma peau est trop chaude. Comme si j'avais bu de l'alcool. Et je suis pratiquement certain que je n'ai pas bu depuis... Depuis l'hôtel?

Mais tu reviens déjà. Tu t'agenouilles devant moi. Encore. Alors moi je me redresse. Je m'approche du bord et je repose mes pieds sur le sol. Je pense même que si tu ne m'avais pas attrapé la main je me serai approché. Je t'aurais enlacé et sermonné. Puisque tu es mien et que tu ne devrais pas partir si loin. Tu déposes tes lèvres sur mes doigts. Ils frissonnent. Ou alors c'est moi. J'ai un sourire parce que j'aime recevoir tant d'attention. Tant de tendresse. Mes phalanges tentent de garder les tiennes précieusement tandis que je te fixe. Ridiculement rouges, puisque je sens mes joues brûler et devenir presque incandescente. Je vais perdre ma main sur ton visage que j'avais blessé la veille. Il faudrait que je m'excuse. Ou que j'explique que je me suis emporté plutôt. Que j'aime trop ton visage pour le blesser. Et que j'aime aussi trop tes étreintes-mais qu'à ce moment-là je ne le savais pas encore- pour te blesser l'épaule.

- La prochaine fois je planterai ma dague dans ta jambe et comme cela tu pourras toujours m'enlacer. Même pas t'enfuir.

Je hoche la tête. Absolument convaincu que c'est une très bonne idée. Même si je dois avouer que j'ai avalé quelques syllabes, un peu divaguant. Tu poses ton autre main sur mon front. Mais c'est froid.

-Trop froid. C'est trop froid Sucre.
Je geins et je délaisse ta joue pour aller jusqu'à mon propre front. Mes doigts effleurent ta main-ou plutôt le gant- puis se posent sur mon front quand tu t'en vas rafraîchir le reste de mon visage. Ce n'est pas si froid. C'est juste ma peau qui est trop chaude. Je ne sais pas depuis combien de temps. Pourtant, je peux le dire, maintenant que tu chasse la brume partout de mon visage. Celle de la fièvre qui m'obscurci tant l'esprit. Qui me fait penser avec peut-être trop de facilité et me fait dire trop de mots impulsifs et parfois trop incohérent. Je frissonne entier et je soupire d'aise. Je me raccroche à ta main avec la tienne. Attrape les mots. Et leur sens cette fois. Tu ne me tueras pas. J'ouvre l'oeil et te fixe. Je voudrais protester. T'expliquer ma belle réflexion et te faire comprendre. Mais mes mots s'emmêlent sur ma langue. J'ai passé tellement de temps. Pour vaincre ma naissance et rester. Je secoue la tête. Il faut que je t'explique.

Tu enlèves le gant pour aller le tremper dans la bassine. Je me concentre sur ma pensée. Le sens de ma phrase. Il faut que je te dise que sans cela je finirai par partir. Je finirai par partir, puisque je suis malade. Inutile. Et que, bon sang je n'arrive plus à formuler de choses cohérentes. Tu viens déposer le gant sur mon cou. Je grogne légèrement et frissonne une nouvelle fois. C'est tellement froid. Ma peau frémit toute entière comme quand le vent vient glacer ma peau en pleine mer. Je n'aime pas vraiment avoir froid. Mais pour une fois il m'aide à retrouver un peu plus de cohérence. Alors je pince les lèvres. Plus tu rafraîchis ma peau plus je me dis qu'il est bien dommage que ce ne soient pas tes doigts qui me caressent. Juste à cet instant, je sens quelques soubresauts agiter tes doigts. Alors j'ai un sourire quand je vais entrelacer tes doigts. Je me penche quelques instant sur ton front pour l'embrasser quand tu quittes mon cou et que tu me proposes de manger. Je me rappelles alors que cela fait longtemps que je n'ai pas mangé. Je rajoutes alors contre ton front.

-Et toi? Est-ce que vas manger? Tu devrais manger avec moi.

Tu humidifies de nouveau le gant et je reste attentif. Tu t'échappes un instant de ma paume pour aller relever mon haut. De mon poignet jusqu'au coude. Et. Comme avec mon cou et mon visage tu la rafraîchis. Je me dis finalement que ce n'est pas si mal d'avoir le froid si tu t'occupes de moi ainsi.

En écho à ma pensée tu parles du froid. Et. Quand tu me dis qu'il est possible, que tu ne m'aies pas dit totalement la vérité. Je grogne:

-Comment peut-on ne pas dire totalement la vérité quand on en énonce une si ce n'est pour dire un mensonge?

Et même pour moi, cette phrase n'a que très peu de sens. J'ai de nouveau mal au front et j'ai les lèvres pincées. Puisque je comprends que tu ne m'as pas dit la vérité. Que je pensais que tu l'avais fait. Qu'à aucun moment je n'ai douté. Pourtant je doute tellement ordinairement! Je me redresse et je te jette un regard suspicieux quand tu expliques. Je me renfrogne quand je comprends aussi que je ne prononçais pas bien les mots. Et si tes doigts ne cherchaient pas à apaiser mon poignet et ton autre à chasser le fr- la maladie en refroidissant ma peau je pense que je t'aurais coupé pour aller rougir de honte davantage et grommeler mille reproches. Je crois trop détester mes maladresses quand c'est à toi que je les dis. Je veux si peu que tu te ris de moi. J'écoute le reste de ta déclaration en inspirant profondément. Agrippé à ton poignet. Je hoche la tête en apprenant la véritable nature de cette maladie. Ce n'est ni mortel. Ni douloureux. Je soupire. Fortement. Infiniment soulagé. Mes traits se détendent. Je suis toujours fâché, mais j'ai un rire en repensant au ridicule de mes propos. À mes paniques irrationnelles. Il me semble que je devrais vraiment être plus agacé, mais comment t'en vouloir? Je sais que tu peux être facétieux et c'est moi qui t'ai cru quand tu as dit que c'était dangereux. Et en y repensant je crois me souvenir que ton ton n'était pas si sérieux. Je secoue la tête et soupire en rejetant la tête en arrière. J'ai quelques réparties dans le coin de ma bouche, mais tu ne me laisse pas répondre.

Ta voix m'interpelles. Trois syllabes. Sérieuses comme la mort. Tu ne touches pas ma peau. Ton visage est abaissé. Fermé. Je hausse les sourcils et je m'empresse de dire:

- Je ne suis pas vraiment fâché. Plus effrayé à l'idée d'être responsable de cette soudaine... De ce soudain changement dans ton attitude. J'accueille ton regard, de nouveau et je le soutiens sans faillir. Ta question et les nuances de ta voix me font frissonner. J'ouvre la bouche, mais les mots restent coincés dans ma gorge. Tes mots suivants me font le même effet. Et ce n'est pas grave si tu t'arrêtes puisque je comprends. Mes doigts vont entrelacer les tiens. J'ai des palpitations tendres dans le cœur et même quelques rougeurs sur les joues qui n'ont rien à voir avec la fièvre. Tu veux que je restes. C'est certain. Je ne suis pas idiot et peu optimiste. Mais je suis absolument convaincu que tu me le dis. Même si les mots ne sont pas exactes. Et cela m'apporte trop de joie. Tant de joie que je ne peux même pas partager. Tu sembles peiné sincèrement et je n'aime pas voir la peine sur ton visage. Quand tu parles de contrat je me dis que c'est une bonne idée. Le plus simple. Même si je voulais sincèrement essayé de rester. Sans être soumis. Juste faire preuve de volonté. Il faudrait que je te le dise. Mais tu ne me laisse pas le temps.

De nouvelles phrases sortent de ta bouche. Incomplètes. Ce n'est pas la première fois. Plus tu t'acharnes, plus ton visage se ferme. Je ne sais si tu es désespéré. Attristé. Peiné. Désabusé. En colère. C'est difficile, puisque les inflexions de ta voix et ses nuances me font courber l'échine. Je n'ai tellement pas l'habitude de te voir ainsi que je ne sais ni quoi dire ni quoi faire. À part presser ta paume.

Finalement tu poses ta tête sur mes cuisses. Tes lèvres quémandent des caresses que je ne peux pas t'offrir sur le champs tellement je me sens... Troublé. Je te fixe intensément, alors que ma paume ne sert plus la tienne Ainsi voûté tu sembles tellement faible. Vulnérable. Il faudrait que je dise quelque chose. N'importe quoi. Que je fasse quelque chose aussi. N'importe quoi. Je reste une minute entière silencieux. Immobile. Et puis.

J'ai posé une main maladroite sur tes cheveux. Puisque je ne savais pas quoi faire de toute cette détresse. De cette peine. J'ai accédé à ta requête. Même si je ne sais pas si c'est suffisant. Je ne veux tellement pas que tu sois mal... Je ressasse tes mots. Les miens. Je crois comprendre. Je ne sais pas comment dire les choses. Et pourtant j'ai toujours tellement de jolies phrases. Je caresse tes cheveux lentement. Le bout de mes doigts glisse de ta nuque au sommet de ta tête.
- Tout va bien Sucre.

Ma bouche comprend avant mon esprit trop lent que je veux te rassurer. Et je répète cette phrase encore et encore. Avec abnégation. Je ne sais pas comment rassurer, mais il me semble que si mes mots débordent de confiance alors peut-être y croiras-tu plus volontiers. Je continue de caresser tes cheveux. Ta nuque. Avec bienveillance et j'ignorais que j'en étais capable. Puisque je ne suis jamais excessivement gentil. Ou doux. Ou tendre. Il faut croire pourtant qu'avec toi tout est une affaire d'exceptions. Je me reconnais si peu, parfois quand, trop impulsif je dépose des douceurs sur ton être dans le seul simplement pour te les donner. Et peut-être te faire soupirer d'aise.

Au bout de quelques minutes je lève ta main-celle qui me donne tant de douceur depuis que tes genoux se sont ancrés sur le sol- et je la pose contre ma joue. Je dis:

- Regarde-moi Sucre. Écoute-moi.

Je le dis et j'attends quelques secondes. L'iris fixée obstinément vers toi. Je voudrais tellement plonger mon regard dans le tien pour te raccrocher à moi. Comme tu le fais si souvent.
- Je ne sais pas pourquoi tu n'arrives pas à t'exprimer comme tu le voudrais. Je ne suis pas un imbécile et je sais reconnaitre la frustration quand je la vois. -Je ne veux pas savoir pourquoi. Je ne serai sans doute pas à même de comprendre. Mais j'ai compris. J'ai compris que tu veux que je reste. Je sers ta main et mon regard ne vacille pas un seul instant. - Quand tu sers ma main si fort quand tu essaie de le dire je ne peux que comprendre. J'esquisse un sourire. - Même si ce n'est pas la décision la plus rationnelle. Peut-être que demain je saccagerai ta boutique. Ou que je ne finisse par m'emporter de nouveau. Peut-être que cela fait de toi un masochiste. Je ris, puisque que j'ai dû penser cela un nombre incalculable de fois sans jamais te le dire. - Je ne sais pas ce qui entrave tes mots. Mais les gestes sont importants aussi. Et je peux comprendre. Enfin... j'apprendrai à comprendre. Mais bien entendu, comme je peine ce soir à m'exprimer. Tout n'est pas aussi clair que je le voudrais. Et du reste. Je ne sais même pas comment dire les choses. Je soupire. - Je ne suis tellement pas doué pour faire cela...

Je me laisse tomber sur le sol, entre le lit et tes jambes. J'entoure ton cou avec mon bras droit et j'embrasse tes lèvres. - On va manger. On va boire. On va parler. Et rire. Je resterai. Je dépose encore mes lèvres sur tes joues. Ton front. Ton menton. Je vais saisir ta main et j'y entrelace de nouveau nos doigts. - Je voudrais... J'humecte mes lèvres. - Je voudrais essayer de rester sans contrat. Parce que je veux vraiment rester. Pas parce que je dois le faire. Je vais caresser la peau de ton cou avec ma main libre. Je retrace ta jugulaire, ta pomme d'adam et je remonte vers ton menton pour redessiner les traits de ton visage. - Tu me diras bonjour et bonne nuit. Juste à moi. Bon appétit quand on mangera. On s'embrassera. On va encore se disputer. Je me ferai pardonner. Ou toi. On rentrera encore ensemble. Je te poserai des questions. Tu y répondras. Tu m'apprendras des choses. Je ne désire rien de plus. Alors j'aimerai que ce soit suffisant. Même si je sais que, fatalement, je partirai. Même si tu comptes. Que j'aime quand tu dis mon nom. Que tu m'enlaces. Je soupire encore. - Je vais essayer. Et cela demandera des efforts. Incommensurables. Et je vais sans doute grogner. Et. Il me faudra du rhum. Une semaine. Rien qu'une semaine. Déjà. Ce serait tellement bien. Tellement.

Je marque une pause et je remonte mes doigts pour agripper tes pommettes et les effleurer avec délicatesse. - Je ne veux pas avoir à te vendre. Ce sera tellement un crève-cœur. À Canaan. J'inspire. Puisque je sens de la fureur gronder dans mon estomac. Il me suffit juste d'imaginer les enchères. Et ton dos. Sur l'estrade. Je presse peut-être trop fort ta main et quand je m'en rends compte je la relâche et je lâche un rire nerveux. Je prends une nouvelle inspiration et je me concentre de nouveau sur toi. - Et même si je pars tu ne te débarrasseras pas de moi comme cela. Je t'écrirai. Mille menaces. Je reviendrai. Et peut-être même que je ne passerai pas par la fenêtre. Je souris avec insolence avant de reprendre.
-Tout cela pour que tu te rappelles que c'est trop tard. Puisque j'ai décidé que tu n'étais qu'à moi. Et que c'est entièrement de ta faute. C'est toujours de ta faute. Tu m'embrasses si fort. Que tu me troubles tant que j'en oublie de manger. Que je bois et que je me soûle avant midi. Que j'ai attrapé le f- je veux dire que j'ai attrapé froid. Que tu me dis que tu veux que je reste. Que tu me dévastes tellement. Il suffit que tu ouvres la bouche. Ou que tu tendes les bras pour cela. Et j'aime quand tu dis nous. Il faut que j'apprenne la distinction entre détester et aimer. Peut-être que tu saurais m'expliquer. Et toutes ces choses que tu dis. Que tu fais. Je suis trop troublé. Et je pense que toi aussi? Il faudrait que je te pose la question. Je- Je m'arrête, parce que j'ai trop de brume dans l'esprit et que je me sens un peu étourdis. Je grogne. Parce que c'est important et que je veux dire tellement de choses. Que tout s'emmêle à cause de la fièvre. J'ai trop divagation dans la gorge. Si bien que je ne sais même pas si j'ai pensé tout haut ou si j'ai parlé. - Toujours est-il que tu es mon plus beau trésor, Sucre. Et que tout ce que tu me donnes est suffisant. J'espère sincèrement que ce n'est pas aussi embarrassant à entendre qu'à dire. Je me redresse sur mes deux jambes, avant que tu ne puisses te saisir de moi. Je ne suis pas très certain d'assumer tout ce qui venait de se passer. Je tire sur la main que je n'ai pas un seul instant lâché. -Allons manger. Je dis, le regard fuyant. Trop embarrassé pour m'attarder d'avantage sur le sujet. Et sur le sol. Je suis certain de ressembler à une jouvencelle enamourée et je n'ai pas envie que tu m'en refasse la remarque. Parce que je crois bien que je partirai. Je partirai et je ne reviendrai jamais.
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaLun 30 Mar - 1:33


J'en reçois trop et je n'en peux plus.
Là, la joue posée contre sa cuisse, je reçois trop, bien trop, beaucoup trop de ses attentions et je ne suis pas sûr de pouvoir tenir encore longtemps.

Je me noie.
Je me noie sous chacune de ses caresses, sous chacun de ses baisers, sous chaque regard qu'il pose sur mes lèvres, sous chaque contact qu'il presse sur ma peau, une eau tendre gorge mes poumons et je les sens s’asphyxier, petit à petit. J'ai du mal à respirer et c'est la raison pour laquelle je l'ai apostrophé, la gorge dure, les mots graves. J'ai dit son prénom et le prononcer m'a meurtri la langue, mais j'avais besoin de le lui dire.

J'ai besoin de lui dire : Bermuda, arrête.
Je t'en supplie, arrête.

Arrête de me rendre ton regard fiévreux, confus, doux, maladroit, tendre, innocent, inquiet, colérique, insolent lorsque je pose sur toi tous les tremblements de ma dévotion. Arrête d'entrecouper mes paroles pénibles de baisers doux. Arrête de saisir la moindre ouverture et la moindre occasion pour venir presser tes lèvres scandaleuses contre ma peau tiède. Arrête d'insinuer tes doigts entre les miens de façon à ce que je ne veuille plus jamais les lâcher. Arrête de te comporter comme si tu ne voulais plus jamais que je les libère. Arrête de me sourire ; arrête d'être confus et d'attendrir mes côtes comme si je me sentais mourir sous un soleil de printemps. Arrête d'avoir les joues roses, rouges, parfois pâles, jusqu'aux paupières et la fièvre dans l’œil. Arrête d'être si beau – vraiment, ça, il faut arrêter. Arrête de frémir et de laisser les frissons te mordre les os lorsque je passe des caresses sur toi. Arrête de répondre à mes attentions – je sais que moi, je peux en donner, je sais que ça ne me dérange pas, mais quand toi tu m'en donnes, je ne comprends plus ce qui m'arrive. Arrête d'embrasser le bout de mon nez, la courbe de mon front, mes lèvres perdues pour toi et ma paupière qui se clôt sous tes assauts. Arrête de caresser ma joue, d'effleurer ma nuque de presser ma main comme si tu voulais l'emporter avec toi, là bas, sur ton navire. Arrête de me caresser – vraiment, arrête, mon corps ne tiendra pas, je sens une folie tapisser mon crâne. Arrête de m'embrasser. Arrête de me regarder. Arrête d'être si impulsif. Arrête tes beaux mots et ceux confus, aussi, et ceux menaçants, et ceux possessifs – surtout ceux là.

Il faut que tu arrêtes tout ça, Bermuda, parce que je crois que je ne vais pas pouvoir résister encore longtemps ; atrocement, je me perds.

Chacune de ses nouvelles paroles est un assaut terrible qui soulève dans ma poitrine des gémissements silencieux. J'ai des tremblements partout et pourtant ma peau ne bouge pas ; l'épicentre est dans le cœur où j'ai l'impression que le muscle s'atrophie à chaque sursaut. Il m'assaille sans répit, Bermuda, en cruel conquérant, et si je sais que nous nous sommes toujours battus et que nous nous battrons toujours, je n'aurais jamais pensé que ma défaite soit aussi immédiate.

Bermuda me donne mille coup, et tous plus doux les uns que les autres.
Je ne pourrais pas tenir. Je sais déjà que je ne tiens plus et que j'ai courbé ma nuque et que je la lui ai offerte quand j'ai apposé mon front sur ses cuisses.

Je lui ai demandé des caresses ; il n'a toujours rien fait.
Le silence se love sur mes muscles vaincus.

Je croule sous les gestes de Bermuda et sous chacun d'entre eux.
Je croule sur ses attaques, mais je n'ai jamais plus mal que lorsque des caresses se substituent à ces coups de dague. Presque je voudrais lui quémander qu'il m'entaille encore puisque je me casse moins lorsque le sang suinte de mes plaies.
Alors que là, tout de suite, je n'ai jamais été aussi cassé et tout est de sa faute.

Tout est de sa faute, parce qu'il est trop doux.
Je suis assailli de partout et je ne m'attendais pas, lorsque je l'ai embrassé (mille fois, je le sais) et lorsque je je l'ai étreint (mille fois de plus), et lorsque je l'ai caressé (encore mille), qu'il me rende tout avec une violence qui m'arrache mon souffle.
J'aurai du lui dire d'arrêter de m'embrasser, de passer ses bras autour de moi, de lever sa main vers moi parce que je suis plus capable de recevoir des coups et des rejets que d'être accepté tout entier.

Je me fissure.
Là, la joue posée contre sa cuisse et le silence dans les tympans, je ne me suis jamais senti aussi fragile, vulnérable et, peut-être devrais-je en rire, un peu pitoyable. Je suis mis-à-terre, rompu et je n'ai plus aucune force pour taire ses tendresses et me dire qu'elles ne me font rien.

Elles ont trop fait.
Elles ont vraiment trop fait et, désormais, il est trop tard ; il s'est insinué dans chaque crevasse qu'il a taillé et jamais plus je ne pourrais l'écarter de moi.

J'aime tant prononcer son nom – Bermuda. J'aime tant qu'il prononce le mien.
Je déteste tout ce qu'il me fait et je réalise, avec effroi, peur et panique que lové contre lui que je ne trouve plus mon amertume.

J'ai beau chercher, encore et encore, fouiller dans mes entrailles et plonger dans mon ventre, là, tout de suite, je n'ai plus d'amertume. Or, je me prélasse tant dedans, je me vautre tant dans ma colère, je m'étale dans toute ma superbe dans l'acrimonie que maintenant qu'elle n'est plus là (même si je sais que c'est pour un bref moment), je me sens effrayé et nu.

Derrière quoi pourrais-je me cacher, maintenant.
Il me fragilise tant ; je suis si faible et je n'en ai pas de dégoût. J'espère juste qu'il ne me portera pas trop de coups et encore moins de caresses, parce que ça cassera tout ce que j'ai. Je ferme les yeux. Son silence est si long mais je n'ai aucune rancune ; juste de la paix qui germe sur mes lèvres.

Dans l'attente de sa réponse qui pourra se draper d'un refus, je me sens paisible.

Je crois que je suis fatigué.
Je suis fatigué et mon tribut compte beaucoup là-dedans. Il s'est passé tant de choses en quelques semaines et encore plus en quelques jours. J'ignore depuis combien de temps je suis sur ce paradis qui m'a tant écœuré mais, il y a une poignée de jours encore l'éternité glissait sur ma peau sans anicroches ; j'étais l'ennui, la fadeur, l'indolence immortelle.

Je n'étais pas vraiment vivant.
Mais il m'a empoigné et, dans toute la brusquerie de son insolence égoïste, Bermuda m'a plongé la tête la première dans la violence de la vie. J'ai des passions qui naissent sur les pliures de ma peau, j'ai de la fureur qui tranche mes artères et des tremblements, tant de tremblements pour tout. Des tremblements lorsqu'il vient, lorsqu'il part, lorsqu'il me laisse, lorsqu'il me provoque, lorsqu'il me touche, lorsqu'il me blesse.

Je ressens trop de choses, désormais.
Je crois que je déteste ça – avant qu'il ne débarque et crève mon existence, je n'avais ni joie, ni peine. Désormais, j'embrasse tout mais je ne sais pas si je pourrais en supporter chaque versant. Vraiment, il aurait dû se taire Bermuda, et j'aurai dû lui dire de s'arrêter avant qu'il ne soit trop tard.

Avant que je ne commence à l'aimer.

Soudain il bouge, enfin, après cette attente qui m'a parut plus longue que tout ce que j'ai déjà vécu dans ce paradis. Bermuda bouge, je sens sa main se soulever et il vient la poser sur ma tête. Elle reste immobile un instant et j'espère vraiment qu'il ne sent pas les à-coups intenables de mon cœur sur le bout de ses phalanges.
Doucement, il accède à ma demande ; il me caresse la tête.

Je n'aurais jamais du lui demander ça.
Je suis plus bas que terre et il me vainc pour de bon.

― Tout va bien Sucre.

Je l'avais dit, que je ne voulais plus qu'il me frappe et que s'il osait porter sur moi une autre de ses tièdes caresses, une autre de ses tendresses qui m'éventre, je ne tiendrai pas.
Je ne tiens plus.
Bermuda me crève de partout et je ne comprends pas ce qu'il se passe dans mon corps ; je sais juste qu'il se passe énormément de choses et que les extrêmes dans lesquels il m'emporte sont en train de m'engloutir. Il me répète cette litanie une, deux fois, pleins de fois, trop de fois et je sais que je devrais lui dire de se taire mais je ne le fais pas.
Un silence heureux – soulagé – captif scelle mes lèvres. Il est très difficile de haïr et de détester ses mots et ses caresses à la fois.

Je crois, aussi, incertain, hésitant, que je compte pour lui et que c'est quelque chose de très dur.
C'est très dur d'exister d'une façon aussi brutale.

A aucun moment je ne bouge ni n'esquisse le moindre geste. Mon souffle qui s'étiole à demi-étouffé sur ses cuisses a perdu de sa régularité. Il est un peu erratique, il virevolte, s'interrompt, ténu. Je l'ai laissé lever ma main contre son visage et j'en sens la brûlure dans le creux de ma paume.

On dirait que ma main est faite pour recueillir sa joue.

― Regarde-moi Sucre. Écoute-moi.

Et j'allais vraiment, vraiment répondre à sa demande et lever mes yeux vers lui, puisque, dans ma soumission la plus absolue, je ne pouvais que vouloir répondre à ses requêtes douces, mais je n'ai pas pu.
Je me suis aperçu que je pleurais.

Depuis combien de temps, je l'ignorais, mais j'avais du sel mouillé sur les joues. C'étaient juste quelques larmes, vraiment rien, à peine un peu d'eau, quelques gouttes qui s'accrochaient à mes cils et qui suivaient la ligne de mon nez, mais elles étaient bien là.

Là stupeur m'a soulevé l'estomac et interdit la bouche. Tous mes muscles se sont contractés d'un coup comme si je venais de recevoir une lame en pleine poitrine.

La peur fit trembler mes lèvres.
Par pitié, faites qu'il ne me demande pas de le regarder encore ; je crois que je ne pourrais pas supporter qu'il me voit ainsi.
Ne me le demande pas, Bermuda.

Et comme pour lui faire comprendre que, non, je ne pouvais pas, je ne pouvais pas accéder à sa requête cette fois-ci, j'ai enfoui davantage mon visage dans ses cuisses comme si je cherchais à taire les battements terrifiés de mon cœur.
J’espérais juste que l'eau ne traverserait pas la couche de tissus de son pantalon.

Puis, Bermuda continua la longue déconstruction de mon existence en me disant des choses si belles qu'elles en devinrent insupportables.
Il ne m'aidait pas ; il était encore plus dur, à chaque nouvelle parole, à chaque nouvelle inflexion chaude de sa voix de retenir une ou deux nouvelle larme. J'étais assez ridicule. Mon visage, dans ses cuisses, souriait – c'était un peu de dépit, de honte, de bonheur, de gêne, d'embarras, de sentiments.

Je me demande bien comment je vais pouvoir survivre à Bermuda, mais je n'en ai pas encore la réponse.

Tout ce que je pouvais faire à ce moment là, alors que ses lèvres au dessus de moi s'agitaient pour m'enrober de douceur, était de presser ses doigts plus fort dans les miens. L'intensité de mon étreinte variait ; mais c'était toujours très fort.
Quand il me dit qu'il me comprenait, j'eus le cœur crevé et un hoquet brutal.
Quand il me dit qu'il me trouvait masochiste, mes épaules se secouèrent et je ris avec lui.
Quand il me dit qu'il apprendrait à me comprendre, ma poitrine s'effondra avec une telle puissance sur elle même que je ne pus plus respirer.

Il y avait beaucoup de réconfort dans ses paroles et j'en étais brûlé ; mon visage était presque sec et le nœud de mes côtes délié.
Toujours caché contre lui, je sourirai.

Je voulais serrer encore un peu plus sa main pour lui faire comprendre comme ses mots comptaient pour moi mais, d'un coup, il se laisser tomber au sol entre le sommier et mon corps. J'esquissai un mouvement de recul paniqué.

Mon visage était à découvert.
Heureusement, je ne pleurais plus. Il n'y avait sur mes traits plus que de l'effarement. Seule une brillance discrète hachurait mes joues mais je savais mes yeux encore rougis. J'espérais vraiment qu'il ne s'apercevrait de rien, mais je n'eus pas le temps de m'en inquiéter.

Bermuda m'assaillit encore sous ses baisers et ses caresses et tout ce dont je suis capable est de fermer les yeux sous chaque assaut.
Je suis désarmé, désemparé, pris de court, le souffle rompu et j'enfonce ma tête dans mes épaules lorsqu'il me frappe de baisers. Quand mes paupières ne se ferment pas de peur, mes yeux fuyants sont incapables de le regarder.

Pourtant, j'arrive finalement, au pris d'un effort terrible, et parce que je désire le voir lui, Bermuda, à hisser mes yeux vers lui.
Voilà tout ce dont je suis capable, désormais ; le contempler et l'écouter et je sais que je ne manque aucun de ses mots.

Ils sont trop précieux pour que je les laisser glisser hors de ses lèvres sans tous les avaler.
Et même si je tressaille à chacune de ses caresses, j'essaie fort de retenir mon œil de fruit et mes paupières de se fermer, surtout lorsqu'il me parle de son désir de ne pas signer de contrat.

Je crois qu'il m'a touché en trop d'endroits différents pour que je ne sois pas incohérent mais je suis heureux qu'il veuille, lui aussi, rester avec moi. Je m'aperçois aussi de l'importance exclusive qu'il est en train de prendre dans ma vie et de la violence de mes sentiments.

Non, je ne crois pas pouvoir y survivre ; surtout que nous savons tous les deux qu'il finira par partir. Cette pensée arrache un sourire sur mes lèvres ; ce n'est pas si grave, parce que nous savons aussi tous les deux que nous nous retrouverons.

Mais je ne tiens pas ma résolution ; lorsqu'il parle de Canaan, lorsqu'il parle de son dégoût à me vendre, et lorsqu'il me touche caresse (surtout et encore), je ferme mes yeux. Un soupir heureux se taille un passage entre mes lèvres.
Je suis si bien.

Et lorsqu'il poursuit ses paroles incohérentes – mais je ne suis aussi – et belles – et il l'est aussi, je ne peux qu'être d'accord avec lui.
Lorsqu'il rit, je ris.
Lorsqu'il me sourit, taquin, je lui retourne le même sourire.
Lorsqu'il me regarde je me perds dans la fièvre de son œil.
Lorsqu'il me dit que je lui appartiens, j'approuve et je veux lui dire : je suis tout à toi.
Lorsqu'il parle de mes baisers je veux l'embrasser.
Lorsqu'il s'empêtre dans sa confusion je veux l'enlacer.
Lorsqu'il détourne le regard je suis la course de ses cils.
Lorsqu'il veut savoir la différence entre aimer et détester, je veux le lui apprendre ; et je pense que je le peux, vu les tremblements de mon cœur.

Plus il parle, plus je souris, jusqu'à ce qu'il dise entre deux grognements :

― Toujours est-il que tu es mon plus beau trésor, Sucre. Et que tout ce que tu me donnes est suffisant.

Alors, je reste interdit.
Il se lève aussitôt et je n'ai pas le temps de voir l'expression qui vient se mouvoir sur ses traits (splendides) à part qu'il détourne son visage de ma vue. Moi, je ne peux que suivre chacun de ses mouvements et chercher, avide, à croiser son regard.

Depuis quand suis-je asservi ainsi. A mon tour je fiche mes yeux sur le sol et je sens une chaleur agréable s'étaler sur mes joues.
J'ai la poitrine défoncée à force que mon cœur contre cogne et un sourire très heureux vient étirer ma bouche.

Quand il tire sur ma main et me rappelle que nous devons manger – j'oublie les choses les plus fondamentales en sa présence – je me lève à mon tour. Mais je m'empresse tant de me hisser à sa hauteur que je chancelle sur mes rotules tremblotantes. Je serre sa main plus fort pour ne pas tomber et je reste debout, là, à côté de lui, immobile, à scruter sa nuque.

C'est alors que je me rends compte que, depuis tout à l'heure, je n'ai rien dit.
C'est alors que je me rends compte aussi que depuis tout à l'heure, j'enserre sa main et que je n'ai pas envie de la lâcher. Nous sommes deux adultes assez maladroits et mon regard oscille de nos mains liées à son visage qu'il dissimule.

Je me sens, d'un coup, très embarrassé. Est-ce que je dois le lâcher ? Je suis ridicule ; je m'empourpre tout en gardant des joues pâles et toussote légèrement.

― Bermuda, je...

Et je me mords la langue, sévère.
Il vient de me faire ployer sous des phrases dont la tendresse a écrasé chacun de mes os et atrophié chacun de mes muscles et la première chose que je trouve à lui répondre après tout ça, c'est une hésitation avec si peu de classe ? Sérieusement, par moments, je me cognerai bien.

Je lève mes yeux vers le plafond et grogne. Mon bras qui tient sa main (et qui jamais ne la lâchera, je crois), tire dessus pour le ramener à moi. Et tant pis s'il ne souhaite pas croiser mon regard, ça n'a pas d'importance puisque je viens l'encager contre mon épaule. Je passe mon bras sur ses omoplates et je l'enserre comme il l'a fait lorsque j'étais au sol, impuissant sous ses assauts tendres.

Ainsi enlacés, j'attends un instant. Des courbes frustrées glissent sur mon visage ; je cherche mes mots. J'ai tant à dire – vraiment, j'ai tellement d'aveux à glisser contre son oreille, autant que j'ai de baisers à piquer sur sa peau, mais je dois toujours choisir avec une grande minutie.

Après une hésitation, je me décide et j'inspire une bouffée épaisse. J'embrasse sa tempe et dit :

― Bermuda, je t'expliquerai. Tu te souviens là, quand tu as dit que tu ignorais la distinction entre détester et entre aimer ? Je t'expliquerai et je pense que j'aurai beaucoup de plaisir à te l'expliquer.

Je lâche un léger rire ; j'avais la poitrine si écrasée il y a un instant et voilà maintenant que je la sens gonflée de bonheur.

― Et ce sera facile de te l'expliquer, je poursuis, malicieux,
puisqu'il est possible que je ressente chacune de ces deux choses pour toi.

J'embrasse encore sa tempe et le haut de son oreille et ma main, contre sa cuisse, presse la sienne.
Je n'ai plus peur de lui parler même si l'incompréhension est tout ce qui passera sur sa bouche. Ce n'est plus grave, et il me l'a expliqué, lui aussi, que ce n'était pas important. J'ajoute, un sourire dans la gorge :

― Il est possible, aussi, que l'une soit plus forte que l'autre.

J'ose préciser, ignorant à quel point mon tribut va me censurer.

― Très forte.

Tiens – je peux le dire. Je tente le diable.

― Extrêmement forte.

Surpris de pouvoir avoir tant de liberté, le bascule ma tête en arrière et lâche un rire heureux. Quand je la ramène vers l'avant, j'embrasse trois fois le front de Bermuda, euphorique. Extrêmement n'est pas encore suffisant pour lui et je me demande, alors, jusqu'où je me suis enfoncé dans mon assujettissement.

― Est-ce que tu te rends compte combien nous nous embrassons, Bermuda ? je fais remarquer, anecdotique, transporté par la joie que pompent mes veines.

Nous devons avoir l'air tellement imbéciles, enlacés comme ça au beau milieu de mon salon. Ça ne me dérange pas d'être imbécile pour lui. Mon nez vient caresser l'hélix de son oreille. Je ris, un peu, sans raison, et je me dis que j'ai tellement de choses que j'ai envie de lui dire.

Mais je ne me sens ni en colère, ni amer.
Bermuda a planté la paix dans ma poitrine à coup de baisers. Elle se gonfle d'un soupir et je dis :

― Oui, nous devrions manger. Est-ce que je dois te rendre ta main ? Je crois que je n'en ai pas envie.

J'en suis même certain, et tant pis si ça l’embarrasse. J'écarte mon visage pour voir le sien et j'y plante trois baisers : un sur son front, deux sur ses lèvres.
Et je me retiens vraiment de continuer pour la nuit. Mais l'embrasser rehausse mes inquiétudes qui resurgissent sur le pli de mon front :

― Tu es encore chaud, tu sais ? Tu ne devrais pas sortir du lit. Tu n'as pas envie de rester allonger ? Je t'apporterai ton repas là bas, ça ne me dérangera pas.

Je lève ma main pour palper son front, sa joue, une barre d’inquiétude en diagonale dans mon regard. J'embrasse encore son front.

― Tu veux bien ne pas bouger ? Et m'attendre ? Ou alors viens, mais ne t'agite pas, d'accord ? A cause de ta fièvre.

Et alors, je romps l'étreinte de nos deux mains.
La rupture relève du normal, du banal, du nécessaire puisque je me dirige vers la cuisine mais ça me coûte beaucoup. J'en manque une expiration.

M'écarter de lui est dur et je ne cesse, dans les huit pas qui séparent la cuisine du salon, de retourner ma tête en arrière pour l'apercevoir. Mais une fois que je suis devant la gazinière et l'omelette à moitié cuite, je me défais tout entier.

Je tremble tellement que je manque de cogner mes rotules contre le sol.
Par réflexe, je me rattrape au plan de travail de mes doigts fébriles, la surprise étirant mon visage. Pourtant, je ne suis pas fiévreux, ni même un peu malade ? Est-ce que ce qu'il lui arrive est contagieux ? Bon sang, j'arrive à peine à me tenir sur les jambes, j'ai l'impression que les muscles ont été découpés.
Je me prends vaguement la tête dans les mains et éprouve à nouveau la longueur réduite de mes cheveux. Je souris ; peut-être pourrais-je m'habituer.

D'un geste nerveux et maladroit, j'essaie de rallumer le gaz mais le bouton échappe à ma poigne. Je peste tout bas, fini par réussir à l'enclencher et repose la poêle sur les petites flammes bleues et jaunes. Elle me glisse des mains et je la rattrape au dernier moment. Même chose avec la spatule en bois qui tombe au sol dans un bruit sec. Je grimace, fronce les sourcils, peste mille fois des injures incompréhensibles et trop basses pour être entendues.

Entre chacune de mes gaucheries, je relève un œil inquiet vers Bermuda pour m'assurer que tout va bien, et aussi qu'il est toujours là.

Il a dit une semaine ; y penser me donne l'atroce envie de sourire.

Il faut moins d'une minute pour terminer la cuisson de l'omelette et une fois que c'est fait, je coupe le gaz et la pose sur le bar. Dans les placards, je cherche deux assiettes (je n'en ai pas deux identiques), mais en sortant la première, elle échappe à mes mains tremblantes et s'écrase en cinq morceaux sur le parquet.
Sérieusement ?

― Mais va te faire sortir !

Me voilà à m’emporter, véhément, contre une simple assiette. Je dois vraiment être troublé, ce soir, mais je ne m'interroge même pas sur le coupable de ma situation.
Je ris, nerveux, passe ma main dans mes cheveux drus.

― Je nettoierai plus tard, je grommelle.

Je m'affaire ensuite à verser l'omelette à la recette incertaine (mais je pense que ça devrait être comestible) dans nos deux assiettes et je les emmène jusqu'à la table du salon. Je fais attention, cette fois, à ne pas les briser au sol ; mais j'observe, l’œil inquiet, que mes phalanges continuent du trembler.

J'ai un sourire ravi à l'idée de mettre la table et, me rendant compte de mon allure bouffonne, je l'efface aussitôt.
J'ai l'air tellement imbécile ; c'est que c'est la première fois que je mange avec quelqu'un à ma table. Je n'ai jamais invité personne et, habituellement, je pose une assiette à demi-vide sur le bar et contemple la solitude de mon appartement.

Je passe encore ma main dans mes cheveux. En quelques allers-retours nerveux, j'ajoute les couverts et les verres (j'oublie une fourchette, je retourne la chercher, mais je prends une grosse cuillère, alors je la ramène et reviens enfin avec la fourchette).
Il manque un pichet d'eau, mais je n'en ai pas. J'amène alors deux bières, même si il a dit qu'il trouvait cela infect et les pose, décisif, sur la table de bois.

Voilà, je crois que j'ai accompli un chef d’œuvre.
Je ne pensais pas que mettre la table était si laborieux.

J'ai sur le visage l'air d'un enfant incroyablement fier d'un dessin absolument laid ; je souris vraiment trop, et c'est de sa faute.
Que dois-je faire, maintenant ? Je suis rouillé ou plutôt, ces scènes là, qui sont en train de me faire bondir le cœur, n'ont jamais existé pour moi. Je le regarde.
Je ne devrais pas le regarder. Je pose ma main sur le dossier d'une chaise comme si ça allait me donner de la contenance (j'espère que personne d'autre que lui ne me verra ainsi).

― Bien, alors, voyons – à table ? Enfin, tu peux venir manger ? Enfin, je. C'est une sorte d'omelette et je.

Et cette fois le tribut n'a rien à voir dans mon hésitation ; c'est l'inexpérience. Agacé par moi même, je finis par gronder, presque boudeur, et je me rembrunis. Je l'invite à s'asseoir d'un geste de la main et m’assois à mon tour, me retenant d'enfouir ma tête dans mes bras tant le ridicule me déchire les joues.

Le regard fuyant, je contemple l'omelette et m'empare de mes couverts. J'en découpe un bout et alors que je m'apprête à enfourner ma bouchée, je m'arrête, abaisse ma main et lève mon visage vers lui.

Je le regarde.
Je ne devrais pas le regarder – il m'emporte toujours quand je le vois.

Je me redresse, me penche au dessus de lui pour embrasser son front et me rassois. Ma voix est très simple et naturelle quand je lui dis :

― Je t'aime beaucoup, Bermuda. Et bon appétit.




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Bermuda
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaLun 30 Mar - 23:49

Je suis lâche en plus d'être égoïste. Je suis lâche et quand je te tire en fixant obstinément la table je ne peux que souffrir cette couardise. Tu pourrais me faire baisser les yeux -ou plutôt l'œil- vers le sol. Penaud. Hébété. Et je nierai avoir tout dit. Sans aucune fierté. Aucune. Et. Je suis presque certain que je vais m'enfuir. Aller me cacher sous la table si tu ne te lèves pas bientôt. Si tu fais référence à mes aveux. Alors je tire plus sur tes doigts. Pour m'y raccrocher cette fois. Je pourrai tomber.

Au bout d'un temps trop long, une éternité et demie peut-être tu te relèves. Pas un seul instant je n'ai tourné le regard vers toi. Puisque tu me transforme en peureux. La table est trop vide. Et je brûle parfois, d'abîmer mon regard vers toi. Parce que j'aime te regarder habituellement. Si je n'étais pas sur le point de mourir de honte je l'aurais fait. Je me serais emparé de toute la beauté de ton être. Avidement. J'imagine tes cils. Les petites marques sur le coin de tes yeux qui s'étirent quand tu ris. Qu'il faudrait que j'embrasse. J'imagine aussi tes deux yeux saphirs. Beaux et tellement expressifs. Je me rappelle comme j'aime plonger dans ton regard. M'y perdre. Je me rappelle de tes joues et du blanc de ta peau. Je me rappelle aussi les mille sourires qui se cachent dans la commissure de tes lèvres. Tous. Que je voudrais embrasser aussi. Je me les rappelle parce que je sais que je les adore tous. Même quand ils m'agacent. Je me rappelle. De ta barbe qui irrite trop délicieusement ma peau quand tu m'embrasses toi.  Et il y a tant de choses dans je voudrais me rappeler, mais ta voix dit mon nom. Elle le dit. Trois syllabes. Trop belles quand c'est toi qui le dit. Si bien que j'ai envie de répondre immédiatement. De te fixer. De me perdre. Malgré mon embarras.

Je patiente alors. Puisque c'est tout  ce que je peux faire. À part fuir. Puisqu'il faudrait que je relâche ta main et c'est hors de question. Et puis. Tu m'attires vers toi. Je proteste énergiquement,-c'est à dire que je grogne, le visage tourné vers le sol- mais tu me plaques tout de même contre toi. Je pose mon front contre ton épaule. En gardant ma main contre la tienne. Je ne sais pas ce que nous sommes en train de faire. Ni même où cela nous mènera. Je dois pourtant dire que j'aime trop quand tu m'enlaces. Alors je ne m'écarte pas. Je ne proteste plus. Je reste immobile. Affreusement docile.

Je frissonne en sentant ton souffle contre mon oreille. J'écoute chaque mot. Les sourcils plissés de concentration. Puisque la fièvre complique les choses et que je ne veux rien perdre. Que je veux essayer de comprendre comme je l'ai dit. Je secoue la tête avec force quand tu me demandes si je me rappelle. Il me semble l'avoir pensé. Pas dit.  Il faut que je te le dise. Il faut que je te le dise avant que tu n'ailles trop loin. Je ne suis pas certain d'être prêt à comprendre.

Tu ne me laisses pas l'occasion de protester. Tu souffles contre mon oreille de nouveau et je grogne. Je grogne contre ma volonté qui est trop faible quand elle devrait te repousser. Je ferme l'œil et je m'attends au pire. Je connais la haine et si tu me disais que tu me hais alors... Je ne pense pas pouvoir le supporter. C'est certain. Puisque je ne te hais pas. Et que cela aussi, j'en suis certain.

Je soupire de soulagement, lorsque que tu dis que tu m'aimes et me détestes. Possiblement. Tu ignores encore combien de battement mon cœur à raté. Je te déteste. Possiblement. Même quand tu embrasses mon oreille et ma tempe. Même quand je soupire. Je te déteste vraiment. Possiblement. Je me raccroche à ta main. J'attends que tu finisses de parler. J'essaie de comprendre. Et je me prends à espérer que tu m'aimes plus que tu me déteste. Ou que tu me détestes plus que tu m'aimes. Pas un seul instant je ne me penche sur mes propres sentiments. Je ne suis décidément pas aussi courageux que toi. Je relève la tête et j'embrasse ton menton. La seul chose que je retiens c'est que je compte pour toi. Extrêmement fort.

Je ne pensais pas un jour, être autant ravi et effrayé. Dans une même mesure. Et tous ces frissons, je les accueille bon gré malgré. Je ne sais pas depuis quand je suis autant troublé. Peut-être que tu m'as trop touché. Trop embrassé. Trop enlacé. Trop caressé. Que tu m'as trop vaincu. Et quand je pense à la veille j'ai envie de rire. J'ai voulu te tuer. J'ai voulu te blesser. J'ai juré. Et je ne jure devant personne. Je me suis emporté. Je me suis énervé. J'ai été inquiet. Pour toi. J'ai perdu mon calme. J'ai retourné ta maison avec acharnement. Pour pouvoir te soigner. J'ai ri. J'ai soupiré. Frissonné. J'ai désiré. Tu m'as fait tellement de choses. Dis tellement d'autres. Que je ne sais plus comment je vais faire quand il faudra que je retourne sur mon navire. Que je partirai pour Canaan. Eraclae ou même Rhode. Je souffrirai d'ennui. C'est certain ma peau tout entière se languira de toi.

Je soupire et tu viens déposer tes deux lèvres sur mon front pour y incruster trois baisers précieux. Caresser mon oreille après m'avoir demandé si je savais combien nous nous embrassons. Serais-tu effrayé si je te disais que je les ai compté? Et que nos lèvres ont souffert presque mille baisers. Et je ne suis toujours pas satisfait? Je suis effrayé par mon obsession et mes tremblements.

Tu dis que nous devrions manger et je hoche la tête. Si nous continuons ainsi je vais finir par oublier de le faire et toi aussi. Je ne te laisserai pas l'occasion de t'en rappeler. Quand tu me demandes si tu relâcher ma main j'ai envie de protester. Égoïste. Je sais pourtant qu'on ne pourra pas rester ainsi pour l'éternité. Déjà parce que ma naissance ne me le permettrait pas. Ensuite parce que je suis certain que si tu t'attardes trop je pourrai ne plus vouloir le faire. Alors il faudra que tu m'agaces pour que je le fasse. Et là encore j'en doute, car ainsi je pourrai plus facilement t'étrangler. Mais comme tu m'embrasses trop tendrement. Encore. Sur le front et la bouche je ne peux pas t'en faire la remarque. Et je crois que je me sens de nouveau cotonneux et léthargique. Si bien que je peine même serrer tes doigts.

- Je mangerai à la table avec toi. Je proteste. Alors que tu me demandes d'aller m'allonger. Ta sollicitude me touche. Seulement je voudrai partager ta table. Te parler. Te dire mille remarques insolentes. Si j'aime ou non ce que je mangerai. Je répondrai à tes provocations. Un peu comme quand on se retrouve dans un bar. Mais ce sera mille fois mieux parce que je vais vraiment faire attention à tes mots. Que parfois tu m'embrasseras et moi aussi. Ce sera tendre. Et je n'ai jamais assez de tendresse.

Au bout d'une éternité tu finis par t'écarter. Tu me demandes de ne pas pas bouger et de t'attendre et de venir sans m'agiter. Dans l’hébétement misérable de mon être je veux tout faire en même temps. Trop obéissant. Si bien que je perds quelques minutes à observer ton dos et à esquisser des pas sans jamais en concrétiser un seul. Je grogne. Je suis vraiment trop brumeux et mes tempes palpitent trop fort. Je peste intérieurement contre ma fièvre et je retourne près du lit. Je m'installe au sol, face au rebord. J'entreprends de me rafraîchir comme tu l'as toi-même fait quelques minutes auparavant puisque je veux vraiment être plus alerte. Puisque nous allons manger ensemble. Que c'est la première fois que nous partageront un repas.

J'ai sursauté à chaque fois que j'entendais le son de ta voix. Tes jurons. Les bruits des choses que tu as fait tomber. Je me suis même redressé trop brusquement quand j'ai entendu quelque chose se fracasser sur le sol. J'ai renversé la bassine et j'ai même faillis tomber, tant mes chevilles ont tremblé pour toi. Je suis retourné m'échouer sur le lit en soupirant et en grognant. Je suis bien trop attentif et nerveux. Bien trop plein de sollicitude et c'est quelque chose de nouveau pour moi. J'ai glissé discrètement les draps tâchés-qui n'ont pas été emporté par le voleur- sur la flaque d'eau sur ton plancher et j'ai caché la bassine sous le lit. Je n'ai pas envie que tu vois comme je suis maladroit.

Quand tu m'as appelé pour manger j'ai bondi sur mes pieds. J'ai laissé le gant sur les draps. Plus lucide déjà et moins cotonneux. J'ai regardé la table. Le contenu des assiettes. Avec un sourire. Puisque que tu y avais mis le couvert pour toi et moi. Que j'ai suivi tous tes allers-retours entre le salon et la cuisine. Je m'installe, sans me faire prier. Je fixe le couteau et... L'autre couvert. Suspicieux. Je n'ai jamais mangé d'omelette. Je n'ai jamais utilisé de couteau et de... De. Cette autre chose dont il faut que je te demande le nom pour manger. Je n'ai jamais mangé autre chose que du pain, de la viande séchée, du poisson et des fruits. Avec mes mains. Je relève la tête et suis chacun de tes gestes. Quand tu coupes le contenu de ton assiette et que tu utilises l'autre pour le porter à ta bouche. Je crois comprendre ce qu'il faut que je fasse et je reporte mon attention sur mon assiette. Prêt à commencer moi aussi.

Mais tu ouvres la bouche. Je me fige. Je crois même que j'oublie de respirer. Tant je suis choqué. Et c'est un mot que je n'ai jamais utilisé puisque je ne suis jamais choqué. Surpris, certes. Mais ce que je ressens est au delà même de la simple surprise.

Je suis pétrifié. Les jambes repliées contre mon torse. J'ai levé ma main pour effleurer mon front délicat brûlé par tes lèvres après des secondes infinies. Lent. Très lent. Le reste de mon corps semblait immobile. Même ma cage thoracique n'appuyait plus l'effort de mes poumons pour respirer. J'aurais pu mourir asphyxié, tellement tu venais de voler ton mon air. L'air de rien.

Ma bouche échappe un rire. Nerveux. Étrange. Déformé. Plus semblable à un rictus. Il faut que je vienne presser mes doigts contre mes deux lèvres pour qu'il s'arrête. Et c'est là. C'est là que je constate qu'ils tremblent. Ils tremblent. Mes doigts. Mes paupières. Mes lèvres. Mes joues. Mes jambes. Mes chevilles. Je ne suis plus pétrifié. Je suis foudroyé. Complètement terrifié.

Et il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce qui arrive. Ce qui m'arrive. À moi. J'ai des tremblements dans le cœur. Dans les entrailles. Dans la tête. Je lève la main, libère ma bouche et la tend dans ta direction. Je dis péniblement.

- Attend. Attend. J'ai des rires nerveux et douloureux sur le coin de ma bouche quand je le dis. - Non. Non. Non. Je ne suis pas prêt. Je ne suis pas prêt à entendre tout cela. Mon estomac se contracte et je ris encore. -Tu ne peux pa- non non non. Je voudrais secouer la tête mais la seule chose que j'arrive à faire c'est ramener ma main contre mon torse. Je dis -Ne dis rien. Ne me touche pas. Ma voix tremble aussi quand je le dis. C'est la fin. Tu n'as pu dire cela. Il faut que je me lève. Il faut que je m'en aille. Je tremble trop. Je n'arrive même plus à bouger mon corps.

C'est déjà quelque chose que de désirer un être. Que de le désirer si fort qu'il est impossible d'imaginer que quelqu'un d'autre le possède. D'en être à ce point certain qu'il faut que je l'affirme. Que j'ai éprouvé le besoin de le clamer. Mais ce que tu m'offres en retour c'est trop. Beaucoup trop. Je n'étais pas prêt à l'entendre. À recevoir cette affection-amour- puisque je ne sais pas ce que je dois en faire.

- Pourquoi?! Comment?! Qu'est-ce que je dois dire. Faire ? Qu'est-ce que tu attends? Je m'exclame, toujours terrifié. J'ai toujours dis. Toujours dénigré l'affection. L'amitié. L'amour. Je les ai toujours méprisé. Toujours. Je croyais savoir leur prix. Toutes ces choses sont frivoles. Trop frivoles et insipides. Elles n'ont jamais eu la moindre valeur et je n'ai jamais eu d'intérêt pour cela. Et maintenant que ta bouche, pernicieuse la dit je ne suis plus sûr de rien. Surtout que ma bouche s'étire dans des sourires. Et c'est au delà de tout ce que je peux comprendre. Supporter. Non. Tu n'as pas le droit de venir chambouler toutes les certitudes que je pensais ancrées jusque dans ma moelle. -Attend. Attend. Ne parle pas. Je crois bon de te signaler. Parce que je ne suis plus en mesure d'entendre. De comprendre. Je presse mon front contre mes genoux et je constate que je suis capable de bouger autre chose que ma bouche et ma main. Tu ne peux pas. Je pensais que. Il faut que je reprenne le fil.

J'inspire et c'est difficile puisque que je n'ai plus suffisamment d'air. J'ai toujours des secousses dans le corps. Partout. Et ce n'est plus de peur, mais de colère. Cette fois. Je le sais. Je suis furieux. Contre moi déjà. La fièvre. Celle qui me clou sur cette chaise. Celle de l'or qui me dévore les entrailles. Et cette nouvelle fièvre qui, se love dans mon estomac. Incendie mes joues. Chaque parcelle de mon cœur. Je ne suis pas capable d'en gérer autant. Je maudis, dans le silence de mes phalanges qui se blanchissent, ces trois fièvres qui font de moi ce qu'elles veulent. Puisqu'il est évident que je ne maîtrise plus rien. Je peste. Éructe. Jure. Crache. Lâche. Il n'y a que mes lèvres qui bougent, puisque je n'ai toujours pas assez d'air. Puis je rédige cette colère contre toi. Puisque c'est tout ce qu'il me reste.

- Que veux-tu. Que veux-tu? Que veux-tu?! Je dis, en redressant ma tête, les yeux écarquillés comme un fou. - Et comment veux-tu?! Je ne pourrai jamais! Ne dis rien. Ne dis rien. J'en perds mes mots. Et je crois même parfois cracher ces syllabes avec trop d'incrédulité. Trop de véhémence. - Tu ne peux pas. Dire cela. Tout cela. Tu dis que tu m'aimes beaucoup, mais tu ne peux pas. Parce que l'affection. L'amour. Je l'ai déjà acheté. Je les déjà acheté et c'est sans valeur. C'est une certitude. C'était. Je glisse mes mains dans ma nuque et je dis -Mais qu'est-ce que je vais faire maintenant? Tu ne peux pas tout remettre en question! Me faire comprendre que j'étais un imbécile et que je ne savais rien! Blesser à ce point mon amour-propre? Et je fixe toujours le mur. Mon œil est trop sec de s'étonner. - Mais qu'est-ce que je vais faire maintenant? Je crois bien que j'ai trop d'amour pour toi! Et c'est terrible. Idiot. Risible. Mais comment tu as pu dire une chose pareille? Ne dis rien. Surtout. Ne dis rien. J'ai la lèvre supérieur qui tremble. - Mais qu'est-ce que je dis? Je fais? Mais. C'est ridicule. Tu n'as pas intérêt. Oh. Non. Tu n'as pas intérêt à vendre ton amour. Et si tu le donnes. Mais je te crèverai. Mais qu'est-ce que tu fais Sucre? Et je répète cette dernière phrase encore et encore. Jusqu'à ce qu'elle imprègne entièrement ma bouche. - Mais. Depuis quand? Je ne voulais pas savoir! Mais qu'est-ce que tu fais? Qu'est-ce que je dis? Je raffermis ma prise sur ma nuque si bien que je pourrais la briser. Je pourrais la briser et briser la tienne ensuite. Puisque je me rends compte. Et je ne savais pas. Je n'avais jamais remarqué qu'il y avait de l'amour dans mes gestes. Mes regards. Mes mots. Je crois que je me complaisais trop dans mon ignorance. Et je suis outré que tu m'imposes une signification aussi terrible à mes maux. Puisque tu ne sais pas. Tu ne sais pas comme l'amour est inutile et vide chez les autres. Que j'en mourrais si un jour ces passions si fortes que je ressens venaient à s'essouffler et devenir vides.

C'est tellement effrayant. Je pourrais en mourir véritablement et renaître immédiatement. En être tourmenté et en souffrir des millénaires. Tellement j'ai trop d'amour. Je me redresse d'un coup et je dédaigne ce que tu as réussi à me préparer. Je le dédaigne parce que je suis trop. Trop. Je ne sais pas. Je m'approche et t'embrasse. J'ai même enroulé mes mains sur ta chemise. Je l'ai saisi pour t'attirer à moi brutalement. Puisque ce que je ressens est trop violent. Que je tremble trop. Je t'embrasses un long moment. Et je rattrape ta bouche quand elle s'en va trop loin de la mienne. J'étreins ta langue avec la mienne. Furieusement. Je te donne tous mes tremblements. Toutes mes passions-celles que tu m'as insufflé- qui m'empêchaient de respirer si fort. Mes doigts relâchent ta chemise pour venir saisir tes joues. Je quitte tes lèvres. Haletant. - On ne va pas manger Sucre. On ne va pas manger parce que c'est certain. On va faire l'amour.

Je sais qu'on ne pourra pas le faire sur cette chaise. Mais je l'affirme parce que je suis sur le point de brûler. Alors je retrouve tes lèvres pour t'embrasser. Et je souffle quand je m'arrête sur le coin de ta bouche. - Sur le lit. Le sol. La table. Je ne sais pas mais on va le faire. Je m'écarte pour enlever mon haut, même si j'ai faim. Que toi aussi. Et même que j'ai même de la fièvre. Mais j'ai trop de fièvre pour toi. Et c'est de ta faute. Entièrement. Je le jette au sol et retourne me presser contre toi. - Je ne suis pas capable de faire le moindre compromis. Tu as dit trop de chose que j'ai aimé. Je plisse les lèvres. Ferme l'œil. Je pose mon front contre le tien pour que tu ne puisses pas voir comme je rougis de plaisir. Comme mes sourcils sont froncés de colère. Comme ma bouche tremble. Tu as dit mon nom. Tu as dit bon appétit. Tu as dit que tu m'aimes beaucoup. Et. J'ai cru.

Je n'ai pas un seul moment douté. J'ai eu si peur. En comprenant que j'ai été ébranlé. Envahi par trop de bonheur. Et c'est effrayant. Trop effrayant de compter tant-beaucoup- pour quelqu'un. J'ai cru comme j'ai envie de croire chacun de tes mots. De tes regards. De tes baisers. Et je suis Bermuda. Je suis un pirate. Je vends des êtres au marché noir. Je tue des hommes pour moins que cela. Je n'ai pas assez de cœur pour cela. Définitivement.

Je n'ai pas assez de cœur pour te contenir tout entier. Je n'ai pas assez d'expérience pour supporter qu'il soit un jour broyé par tes doigts. Et c'est effrayant. Et je déteste cela. Parce que je sais que tu pourrais faire de moi ce que tu veux. Tu pourrais refermer tes doigts autour de mon cœur et l'écraser.  - Ce ne sera. Jamais. Vide. Nous. Jamais pauvre. Promets qu'il ne sera jamais pauvre! Aussi insignifiant que ceux des autres. Que même l'or. Même l'or! J'assène. Toujours haletant. Presque incohérent. Ce n'est même pas une demande. Mais un ordre. Et une supplique aussi. Puisque j'ai quelques brisures dans la voix. - Je ne le supporterai pas. Tu comprends? Tu ne sais pas ce que tu as fait.

Et je me brise. Tout entier. Je m'affaire sur ta chemise. Impatient. Tremblant. Je n'arrive pas à ouvrir les boutons. Je suis trop maladroit. Alors je tire sur les pans. Je les écarte avec la force qu'il me reste. Je fais sauter les boutons sans même un remord. Puisque j'ai trop grogné sur mon acharnement. Je m'installe sur tes cuisses, je le fais trop, mais comme cela je peux me presser contre toi. Je souffle sur tes lèvres avec fébrilité pour dire: -Je te déteste. Je te déteste tellement. Et je t'aime beaucoup aussi, Sucre. Je t'aime beaucoup trop. Je descends ma bouche sur ta pomme d'Adam. J'y dépose des constellations brûlantes. Avec la langue. La bouche. Les dents. - Apprend-moi. Dis-moi ce que je dois faire. Parce que je vais embrasser ta peau. Je vais la caresser. Partout. Je vais jusqu'à ton épaule et je lui réserve le même traitement. Puis je m'écarte. Je caresse ton torse. Enfiévré. Je descends de ta mâchoire jusqu'à ton estomac. Lascif. Je maîtrise un peu plus mon souffle. Ou un peu moins. - Je vais te tourmenter. Et tu vas regretter mille fois comme je t'aime et te déteste.   C'est une certitude maintenant. Et je vais mordre sur ta peau une marque du bout des lèvres, un suçon il me semble. Et je sais que ce soir je marquerai encore mille fois ta peau. Avec mes doigts. Ma bouche. Mes dents. Mes ongles. Pour qu'il n'y ait plus aucun doute après cela. Tu es à moi. Et je crois vraiment que tu ne sais pas ce que tu as déclenché en moi. Ce que tu as fait.
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coeur souillé de noirceur
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaJeu 2 Avr - 2:48


Et, glissant la bouchée d'omelette entre mes lèvres et mastiquant lentement, je me demande quand suis-je tombé amoureux de lui.

Quand suis-je tombé amoureux de lui – quand suis-je tombé amoureux du pirate capable de me blesser et de me caresser dans le même soupir. Quand suis-je tombé amoureux de la boursouflure rose qui entache le péridot de son œil et quand suis-je tombé amoureux des colères qui font poindre sur ses joues des rougeurs fardées. Quand suis-je tombé amoureux de ses caprices, de ses rejets, de la blancheur mince de son dos et des nervures de ses épaules. Quand ai-je commencé à aimer sa nuque claire ? Quand ai-je commencé à aimer glisser mes doigts sur ses vingt-quatre côtes et en sentir les ondulations sous mes phalanges ; quand ai-je commencé à aimer ses paroles qu'il laisse tomber dans ma bouche assoiffée avec la simplicité de la franchise ; quand ai-je commencé à aimer ses étreintes, ses caresses, ses baisers ; quand ai-je commencé à me craqueler quand je pose sur lui un œil attendri ; quand ai-je commencé à avoir la crainte de le blesser  en asphyxiant ma gorge ; quand ai-je commencé tout ça.

Quand ai-je commencé à fouiller l'horizon à la recherche de sa présence.
Il me semble bien, d'un coup, que ça dure depuis trop longtemps.

Je pense à tout ça avec avec la même indolence dans laquelle s'est drapé mon aveu. J'ignore pourquoi ces paroles sont tombées hors de mes lèvres. C'est comme si je n'avais pas fait exprès et qu'elles avaient trébuché de mon cœur à ma bouche. Quand je me suis aperçu que je les avais exhibées, il était trop tard.

Il est toujours trop tard, lorsqu'il s'agit de Bermuda.

Je n'en étais pas malheureux pour autant.
En réalité, je crois que j'étais même plutôt heureux. Non, ce n'était pas réellement ça – j'étais extrêmement heureux. J'étais tellement heureux (je ressens tant ce mot) que je me sentais absolument et extraordinairement hors de moi. Ordinairement, seule la colère, l'amertume, la rancœur, la pourriture, le dégoût, l'abject et toutes ces préciosités noires avaient la faculté de tirer mon âme hors de mes os. Souvent, j'en gémissais.

Là, j'étais ailleurs, mais c'était l'ailleurs le plus doux que ma langue ait jamais goûté. J'avais l'envie sourde de fermer mes yeux et de sentir mes paupières chaudes de joie détendre mon visage. J'avais envie de sourire – et je souriais, j'en étais certain, même en mastiquant ma bouchée – j'avais envie d'avoir sur ma bouche le plus beau des sourires.
Un sourire qui était rien que pour lui mais aussi un peu pour moi ; un sourire qui était encore tremblant de ce mot là.

Ma tête dodelinait doucement, heureuse.
La question s'était lovée dans mon crâne, dans mon ventre, dans mes muscles et partout mais je peinais à y apporter une réponse. Quand étais-je tombé amoureux de Bermuda ? Étais-ce lorsque nous partagions des verres sépias dans les bars de Libra ? Non (j'avais envie de secouer la tête), ce n'était pas ça. Peut-être était-ce dans la cale, lors de nos premières brûlures, ou la deuxième fois, dans sa cabine, lors de nos autres brûlures. Peut-être était-ce lorsqu'il m'avait enserré dans ses bras juvéniles ou lorsqu'il avait rédigé son contrat ; peut-être était-ce aussi lorsqu'il m'avait planté son poignard dans l'épaule, ou lorsqu'il avait ri de mon désarroi.

J'eus un petit tressautement au cœur.
Il était aussi possible qu'à chacun de ces instants, je l'aimais déjà. Je crois que je n'aurais jamais la réponse, mais je ne suis pas malheureux de mon ignorance.

Je suis heureux puisque je lui ai dit : je t'aime beaucoup.

Non (je veux encore secouer la tête), je n'ai pas dit ça, j'ai dit : je t'aime beaucoup, Bermuda. Et c'est très différent puisque lorsque je prononce son nom c'est le ciel du paradis qui en est déchiré.
Je voudrais le dire mille fois et avoir chacune de ces trois syllabes incendiée sur ma langue.

Je dois avoir sur mon visage une drôle d'indolence – une peau claire et désintéressée à mi-chemin de la rêverie et plongée dans la banalité.
Je mastique toujours ma bouchée d'omelette que je peine à avaler ; je ne pensais pas qu'être heureux était une telle entrave.

La joie est une sensation bouleversante – je lui ai dit que je l'aimais.
Je l'ai dit.
J'ai pu le dire – je crois que c'est pour ça que je feins le désintérêt, c'est trop extraordinaire pour que je saisisse l’événement sans m'en déchirer de partout. Je ne voudrais pas pleurer encore ; le ridicule me broierait de rire.

Tiens, je crois bien que je suis tombé amoureux de lui lorsqu'il a ri et je me dis, levant vers lui un œil complice, que Bermuda est vraiment très beau lorsqu'il rit.

J'avale enfin ma bouchée d'omelette. A cause du goût de fer que j'ai dans la bouche – je ne pensais pas être si tétanisé par mon aveu – elle n'a presque pas de goût. On sent à peine la noix de muscade ; j'espère qu'elle lui plaira quand même, lorsqu'il commencera à manger.

Je remarque seulement à cet instant qu'il est toujours sans mouvements sur sa chaise ; et moi, je souris. Quand je relève à nouveau mon œil vers lui, je souris, impatient, tremblant, fébrile. Que va-t-il me dire ? Je m'attends à ce qu'il s'empare de mes mots comme d'une boutade. Probablement va-t-il hausser un sourcil sceptique et rejeter l'innocence de ma remarque dans un ailleurs que l'on oublie.

Je n'en serai même pas dérangé ; je chérirai, égoïste, la brutalité délicieuse de ma déclaration.

Mais Bermuda ne m'ignore pas ; Bermuda rit.
Après ma réflexion sur la provenance de mon amour (quel mot étrange, j'ai l'impression d'avoir de la fièvre), je me dis que j'aurais dû aimer son rire et qu'entendre les éclats de sa gorge taillerait le plus satisfait des sourires sur mes lèvres.
Sauf que je n'aime pas son rire.

Ce n'est pas un rire heureux, comme je le suis ; il tient plus de la bête, du glapissement, de la peur, des tremblements de doigts et de la crainte exsangue. Il m'est familier et quand je parviens à poser un index meurtri sur la proximité de sa sonorité, j'ai tout mon ventre qui se tord.

Je n'ai avalé qu'une bouchée d'omelette mais j'ai déjà envie de vomir.

En un rire, Bermuda me propulse à nouveau dans la confiserie, dans cet instant temps-mort où il m'a laissé.
Et là, tout de suite, j'ai la certitude qu'il va me laisser encore.

Je crois que je n'ai plus aucun bonheur dans mes veines.
Rassemblant mon courage éparpillé, je lève vers lui deux yeux scrutateurs et craintifs ; ses doigts sont posés comme ceux du soleil sur son front. Voir son visage me rassure et mon torse erratique, bouleversé, dévasté par cette simple pensée se délie. Le mots percutent mon visage. Je me sens désemparé ; ma bouche est sans phrase et mes gestes évidés.

Alors, je ris avec lui.
C'est plus par mimétisme qu'autre chose – c'est parce que je suis ravagé et que je cherche de la contenance dans des hoquets qui n'ont aucune joie.
Est-ce que j'ai dit quelque chose de drôle ?
Je viens de lui dire que je l'aime ; j'ignorais que c'était hilare, mais il me semble que mes lèvres ne peuvent pas faire autre chose que de s'arc-bouter en même temps que les siennes.

Je sais ce qu'est le bonheur désormais et j'ai envie de lui dire, à Bermuda, qu'il n'y en a pas dans les rires qui le pourfendent ; ça aussi, c'est quelque chose que je veux lui apprendre, à rire comme une bourrasque d'été.

Mais il faut que je continue cette mimique puisque j'ai l'impression que c'est la seule chose capable de désamorcer sa colère à venir. J'ai envie de lui dire :
Je t'en supplie, Bermuda. Rions, rions ensemble, rions de tout mais s'il te plaît, ne nous haïssons plus. Je ne le supporterai pas, cette fois.

Je crois que je ressens un peu de peur et que c'est pour ça que je ris si facilement avec lui ; j'ai toujours été un homme d'une lâcheté superbe.
Je ne vais pas le supporter.

― Ne me touche pas.

Et je ne le supporte pas.
Je savais que j'aurais mal, mais j'ignorais que ce serait tant incolore. Le coup qu'il porte ne laisse aucun hématome et les traits de mon visage demeurent lisses et imperturbables comme un lac. Je crois que je suis un peu pâle. Je crois que j'ai un peu moins de sang dans les joues. Je crois que je suis peiné. Je crois que la souffrance que je ressens m'est inconnue ; comme quand je lui dis que je l'aime.

Je crois que je suis encore furieux ; Bermuda, je ne voulais pas qu'il me rende furieux, je ne voulais vraiment pas.

J'ai du dégoût plein la bouche et je n'ai plus faim. Je me sens sale et décomposé et le coup qu'il m'a porté est le plus cruel qu'il aurait jamais pu m'enfoncer dans la poitrine : j'ai toujours eu envie de toucher Bermuda et cet ordre est infâme. Je me sens colérique et, sur la table, mes poings se serrent brutalement autour du couteau et de la fourchette. Il faut que je fasse quelque chose et je veux, d'un coup, nettoyer ma bouche comme pour signifier que le repas est fini.
Il aura duré à peine quelques secondes.

J'avais été très heureux pendant ce court morceau de quotidien.
Mais je m'aperçois que j'ai oublié de mettre des serviettes lorsque j'ai mis la table et ce détail m'agace énormément. J'ai le front qui se gonfle dans une colère de titan ; j'ai oublié de mettre les serviettes.

J'ai envie de claquer ma langue sur mon palais, de me lever et d'aller récupérer de quoi m'essuyer les lèvres mais mes jambes ne répondent plus ; ni mes mains, prises de spasmes ; ni ma gorge qui s'étrangle ; ni mes yeux qui s’affadissent ; ni ma poitrine qui s'effondre.

Je ne comprends pas.
Je ne veux pas retourner dans la confiserie ; je ne le supporterai pas. Alors, pour éviter qu'il ne disparaisse encore, je fais la seule chose qui retiendra le déchirement de l'explosion.

Coupable, je baisse mon regard.
Ses exclamations sont des coups qui pleuvent sur ma nuque et qui font se ployer mes épaules. Pourtant, je suis certain que mon dos reste droit et que mes avant-bras, posés poliment sur la table de bois, ne tressautent même pas. Pourquoi, alors, me sens-je si écrasé. J'ai le souffle qui s'enfuit dans l'air. Bermuda m'intime de ne pas parler mais comment pourrais-je parler alors que mes mots sont ceux qui fracassent sans cesse notre bonheur.

J'ai envie d'un rire amer comme une amande verte ; je crois que le bonheur me sied peu, puisque je le brise toujours entre mes deux lèvres maladroites.

Je n'avais pas remarqué que je souriais toujours.
Je me demande, si je tends la main, si cette fois encore Bermuda s'évanouira entre mes doigts. Que puis-je faire, alors, à part laisser mes cils sans bonheur tomber sur le sol.

Je n'ai pas envie qu'il parte, encore.
Sa respiration erratique me coupe les tympans et mes joues vrombisses sous ma colère peinée. Et lorsque Bermuda, à trois reprise répète son interrogation véhémente avec un peu plus de colère à chaque fois, je crois que je tressaille.
C'est un tremblement très rapide, et j'espère qu'il n'en a rien vu.

J'ai tout foutu par terre – mais quel con, mais quel con.
Je me sens imbécile dans mon amour trop grand pour moi. A mille douleur du malaise, je me replace, gêné, sur la chaise et dépose enfin mes couverts sur le bois. A chaque attaque – il est sans pitié – je détourne un peu plus mon regard au point que je lui présente tantôt ma joue droite, tantôt ma joue gauche.
Je facilite les choses si l'envie de me cogner le prend.

Je ne sais pas combien de temps je vais supporter sa fureur et je crois que j'ai très envie, à mon tour, de partir. Je n'irai pas loin ; peut-être débarrasserai-je la table, pour occuper mes paumes qui crèvent de colère. Ma mâchoire tressaute toujours plus et il ne se tait pas. Je crois que je vais vraiment partir – mais quel con, mais quel con ai-je été.

Il faut que je parte.
Je vais partir.
Je broie mes molaires et ma colère. Il faut que je parte. Mes muscles esquissent mon départ lorsqu'il dit soudain :

― Je crois bien que j'ai trop d'amour pour toi !

Et je suis tellement abasourdis par l'incohérence de sa réflexion que j'en suis pétrifié. Mes paupières s'écarquillent un peu et j'ose un geste si téméraire qu'il me terrifie ; je le regarde. Depuis mon visage détourné je le regarde et tourner mes yeux vers lui me griffe la gorge.

C'est la détresse qui perce chaque ombre de sa peau qui m'ébranle tout entier. Mes lèvres s'entrouvrent à peine et dans ma poitrine ose se naître, timide, une interrogation irréelle et effrayante.
Il m'aime ?

Alors, désormais je ne vis plus que pour elle et tous ses autres sursauts, toutes ses autres morsures, ses blâmes et ses outrages n'ont plus aucune importance. Il m'aime ?
Il m'ordonne de me taire ; il m'aime ?
Il refuse que je vende mon amour ; je ne comprends pas, il m'aime ?
Il me dit qu'il me crèvera ; je souris, il m'aime ?
Il ne voulait pas savoir ; moi non plus, il m'aime ?
Il ne sait pas ce que je fais ; que dois-je faire, il m'aime ?

Je veux tendre mes mains, je veux le saisir, je veux l'enlacer, je veux le serrer, je veux l'empêcher d'empoigner sa nuque comme il le fait, là, tout de suite et je veux l'empêcher de se rompre comme il m'a l'air d'être sur le point de le faire. Mais je n'y arrive pas – seul l'interdit éclate mes muscles.

J'ai n'ai le temps d'assouvir aucun de mes désir ni de trouver une parole que Bermuda bondit sur ses jambes et fais basculer la chaise en arrière. Il fond sur moi. Il s'empare de ma chemise. Il exulte sa force. Il crève ma vue.

Il m'embrasse.
Il m'embrasse, Bermuda, et c'est le plus beau baiser qu'il m'ait jamais été donné. J'ai la certitude que, même lorsque j'étais vivant, je n'ai jamais été embrassé de cette façon là puisque qu'il y a la fin du monde dans son baiser. Et au delà de la fin du monde, il y a toute sa violence, toute sa passion, tout son amour et toute sa haine.

Mais ça ne me dérange pas qu'il y ait la haine de Bermuda dans ce baiser puisque, moi aussi, je le hais.
Je le hais tellement de m'avoir fait chuter pour lui.
Désormais, je me dis que peu importe s'il me tue, peu importe s'il me blesse, peu importe s'il me laisse où qu'un jour il soulève mes fureurs les plus dévastatrices, je n'ai plus qu'une certitude.

Je veux tout son amour.

Bermuda rompt le plus beau baiser qu'il m'ait jamais été donné et quand ses lèvres brûlantes s'écartent, je halète. Mon souffle est fou, mes yeux frappés de fièvre. Mes joues sont rouges et jamais, jamais je n'ai eu les épaules si soumises. Mon dos est voûté, mes mains ramenées devant moi, ma gorge avide, mes lèvres tremblantes et, quand je lève vers lui mon regard, je sais que je le supplie.
Désinhibé, je gémis.

Et je sais qu'il me vole mon existence quand il me dit que nous allons faire l'amour.

Bermuda m'embrasse encore – il m'aime ? Il retire son haut – il m'aime ? Il m'offre son torse magnifique, sublime, nu – il m'aime ? Il s'affaire autour de moi – il m'aime ? Il presse son front contre le mien – il m'aime ? Il vient sur moi – il m'aime ? Il me dit des choses belles, violentes, et belles encore, et violentes, toujours – il m'aime ?

Comment puis-je me sentir mourir alors que je le suis déjà. Tout est si confus que je butte, erratique, pressant mon visage contre le sien, glissant mes mains sur sa peau de sulfure, fourrageant mon nez contre ses joues, écrasant mes lèvres sur sa bouche, soulevant mon bassin et cherchant la perfection de sa peau. J'appuie tous ses mots que j'entrecoupe de halètements insupportables, de baisers, de touchers :

― Ce ne sera. Jamais.
― Jamais.
― Vide.
― Vide.
― Nous.
― Nous, Bermuda.
― Jamais pauvre.
― Pauvre ?
― Promets qu'il ne sera jamais pauvre !
― Promets.
― Aussi insignifiant que ceux des autres. Que même l'or.
― L'or.
― Même l'or !
― Oui, l'or.
― Je ne le supporterai pas.
― Pas, non.
― Tu comprends ?
― Bermuda.
― Tu ne sais pas ce que tu as fait.
― Ce que tu as fait.

Ma chemise s'éventre pour laisser ses doigts me déchirer. Je grogne. Je gémis. Je halète. Je me casse. Je me cambre. Je le presse. Je l'écoute. Je gémis, encore. Ses mots m'excitent ; ses mots m'emportent. Il me touche et il sait tout, Bermuda, il sait tout ce qu'il peut me faire. Et je me demande, à l'infini, si il m'aime, je me demande si Bermuda m'aime et ça résonne dans mes mains qui le caressent de mille façon différentes. Si bien que je finis par le lui demander au détour d'un gémissement rauque :

― Tu m'aimes ?

L’incrédulité frappé mon timbre. Un frisson fou fais basculer ma tête en arrière et je comprends qu'il aspire ma peau entre ses lèvres ; je voudrais qu'il m'aspire tout entier.

― Tu m'aimes, Bermuda ?

Je ne suis même pas sûr de prononcer correctement mes phrases tellement je me sens éclaté en mille satellites de désir. Est-ce qu'il m'aime ? Cette pensée m'obsède. Mes muscles sont en train de se détacher et mes mains, posées dans ses reins, remontent sur ses omoplates. Mes ongles le lacèrent sur toute sa colonne. Je crève sa gorge de cents baisers.

― Tu m'aimes ? Tu m'aimes ? Vraiment, dis-moi, Bermuda, tu m'aimes ? Tu m'aimes ?

Et je constelle sa peau de mes interrogations jusqu'à ce qu'elle soit rouge de partout ; je ne veux plus un éclat de sa nudité qui ne soit pas frappé de mon sceau possessif, ivrogne, bestial. Je grogne, je le mords autant qu'il me mord, je le griffe, je l'étreins, je l'embrasse. Mes lèvres cherchent les siennes et je crois que, si je ne les trouve pas immédiatement j'irai tuer le monde entier. Heureusement, je les trouve et je leur donne à leur tour le plus beau baiser que je n'ai jamais donné.

Je n'ai plus que de la folie dans ma tête ; la folie de Bermuda.
Je descends mes mains jusqu'à sa ceinture et m'empresse de la défaire sans jamais lâcher ses lèvres et, s'il essaie de retirer sa tête, même pour respirer, je les retiendrai entre mes canines.
Je serai capable de l'asphyxier sous mon amour. Je grogne.

― Tu m'aimes ?

Je défais la ceinture, puis le bouton et alors que je l'embrasse, que je gémis, que je gronde dans son cou, je glisse ma main sous son pantalon pour une caresse familière.
J'en frémis tellement que ma tête part en arrière. J'étouffe. Je me cache dans son cou.

― Bermuda. Bermuda, Bermuda. Vraiment, Bermuda. Bermuda, Bermuda, bon sang Bermuda.

On dirait que des sanglots éclatent ma poitrine, mais ce n'est qu'un brasero de plaisir et tout cet amour. Mais puisque ma caresse ne suffit pas et que je ne tiens plus, et que tout mon corps s'arque de ma nuque à mes jambes, je me redresse d'un coup en le soulevant.
J'ignore d'où je tire cette force ; j'ignore où j'ai puisé tout mon amour. Je le porte, les mains sous ses fesses et je viens le poser sur la table en bois épais. Je grogne. Je l'aime. Je halète. Il m'aime ? D'une main, je fais tomber toute la table (qui m'a demandé tant d'effort à être installée) par terre. Les assiettes se fracassent, les verres aussi, les couverts dégringolent mais rien n'est plus brutal que je le regard que je lui lance à ce moment là.

Il est aussi trop plein d'amour.
Je suis obligé de plisser les yeux très, très fort pour ne pas devenir fou. Une plainte s'échappe de mes lèvres alors que je les penche pour l'embrasser encore.

― Bermuda.

Très vite, mes désirs reprennent de l'autorité sur ma faiblesse et mes mains, dans un mouvement sec et précis, lui retirent son pantalon. Son sous-vêtement suit, et ma ceinture, et mon pantalon à mon tour, et tout ce qui peut recouvrir nos corps et les empêcher d'être nus l'un contre l'autre. Je me prends la tête dans les mains puis je l'embrasse encore. Vingt baisers sur son visage. Quinze de plus sur son torse. Quarante sur ses cuisses et lorsque je remonte tout mon corps le long du sien, je l'enserre dans mes bras.
Il est si étrange de l'étreindre tendrement quand tant de folie me fait perdre pied. Mais il le faut, parce qu'il faut que je lui dise, et c'est très important.
Ma voix devient râle, plainte, supplication, dévotion et abandon lorsque je viens murmurer brûlant, les lèvres pressées contre son oreille :

― Moi oui.

Et si, extirpé de leur phrase, ces mots sont insensés, je sais qu'il en comprendra tout. Un rire euphorique me secoue.

― Moi oui. Tu comprends Bermuda ? Moi oui.

Je m'écarte légèrement et ce geste me coûte beaucoup. Je presse la pointe de mon nez contre la sienne et ferme mes yeux, pétri par la douceur de cette caresse. Mon souffle me déchire la gorge.

― Et tu sais, n'est-ce pas ? Tu sais tout ? Tu sais, Bermuda ? Les caresses ? Les baisers ? Donner ? Tout donner. Je sais, moi. Oui ? Non. Tu m'aimes ? Tu me détestes ? Moi oui, Bermuda, moi oui.

Mon visage descend dans son cou pour mordre sa peau et la balafrer de baisers. Mon essoufflement est agité d'euphorie.

― Tant à dire.

Mon visage descend sur son ventre pour l'excaver de plaisir. J'ai encore ce sourire sur les lèvres.

― Tant à faire, je halète près de son nombril.

Et j'abaisse ma bouche plus bas encore puisque je sais que, à Bermuda, je peux lui donner les plus tendres caresses. Je n'aurai aucun mal à faire grimper ses hoquets jusque sur ses lèvres, puisque je connais par cœur les faiblesses de son corps.

Mais tout est si pressé, tout est si confus que je ne tiens plus et que je l'emporte à nouveau, puisque la table ne suffit pas, sur la chaise où nous étions. Comme ça, je ne tomberai pas – c'est vrai que mes jambes tremblent beaucoup, mais c'est mon corps entier qui grésille.
Je m’assois en tombant. Le tirant par le poignet, l'autre main dans ses reins, je le guide sans sommation pour le ramener sur mes cuisses. Le visage que je lève vers lui est baigné d'une dévotion solaire.

Lentement, ma main rejoint l'autre de l'autre côté de ses reins puisque je ne peux supporter rien d'autre que de le tenir tout entier.
Et je sais que, lorsque je lui dit ça, j'ai un sourire rien que pour lui sur le bout de mes lèvres :

― Tu m'aimes.



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conscience vouée à l'errance
Bermuda
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaSam 4 Avr - 1:26

Ce n'était jamais moi. Je n'ai jamais pris l'initiative. Je n'étais jamais celui qui avait le courage de dire j'ai envie de toi. J'ai envie que tu m'enlaces. Que tu m'embrasses. Que tu me touches. Je n'étais pas non plus celui qui osait toucher en premier. Embrasser. Ce n'avait jamais été moi. Et pourtant je n'arrête pas. D'embrasser ta peau. De la mordre. D'y apposer mes lèvres avec l'avidité d'un amant. Même mes mains s'agitent sur ta nuque. Ton torse. Tes épaules. tes joues. Elles ne savent toujours pas où il faut qu'elles se posent mais elles osent. Comme tout le reste de mon corps. Il se presse entier vers toi. Comme s'il avait quelque chose à graver sur ta peau. Je ne sais pas encore où je vais. Avec toi. Où l'on va. Et si je suis effrayé. Quand je me dis que je ne serai pas seul. Que tu es là. Alors ce n'est plus si effrayant.

Je suis attentif. À tes expirations enfiévrées. Au rythme de ton souffle, à sa brûlure sur ma peau. Je suis attentif et quand tu me demandes si je t'aime, je me redresse en délaissant ton cou et je dis.
- Ne demande pas Sucre. Je grogne. Puisque je ne suis pas prêt à le dire. Ou à répéter. Aimer beaucoup n'est-il pas déjà suffisant? Quand tu passes tes doigts dans mon dos et que tu viens contre ma gorge je me cambre. Un peu plus à mesure que tes doigts marquent ma peau. Que ta bouche s'acharne le long de mon cou, qu'elle brûle ma gorge et fait remonter à mes lèvres des gémissements. Je reste accroché à ton cou que je marquais, possessif. Chaque fois que tu t'acharnes à graver ton interrogation je me tends plus encore vers toi et je répète, l'œil clot. Je glisse entre chaque mot.
- Non. Ne. Demande. Pas. Ne demande. Pas. Non. Mais je n'ai pas assez d'air pour pouvoir assembler des syllabes et en faire des phrases. Surtout quand se sont tes dents qui s'acharnent et que j'aime trop cela. Un de mes bras se noue autour de ta nuque. Je me sens brûler. Incandescent. Ce n'est pas à cause de la fièvre et le froid. Je soupire ton nom dans mes expirations. Même dans le silence, mon cœur exulte quand tu dis le mien. Quand tu demandes encore si je t'aime je secoue difficilement la tête, les joues trop rouges.

Je réponds à ton  baiser avec toujours plus de passion. D'ardeur. Je scelle mes lèvres contre les tiennes. J'ai quelque chose à dire. Et c'est sur la pointe de ma langue et je crois bien que cent baisers langoureux ne suffiront pas à exprimer tout ce que je ressens. Je me sens brumeux et ce n'est parce que je vais mal. Il me semble qu'il faut que mon cœur cogne mille fois contre ton torse pour que tu comprennes. Et moi aussi. J'ai trop de passions dans mes veines. Sur la peau. Dans le creux de ma bouche. Dans les coins de tes sourires. Sur ma langue. Dans la gorge. Dans la poitrine. En dessous de la ceinture. Tes doigts ne font qu'attiser tout cela quand ils viennent se perdre sur ma ceinture. Et ta bouche aussi.  Tu me donnes trop d'ardeur aussi et je n'ai pas le cœur assez grand pour tout contenir.

Soudain tu me touches. Tu me touches. Mes doigts s'enfoncent dans ta peau. Même au travers du tissus. Je le sais. Ce n'est plus de l'air que j'expire difficilement mais des onomatopées. Et même si c'est confus. Même s'il n'y a pas de mot je sais que c'est pour exprimer tous ce que tu m'inspires. J'inscris sur ta peau des émotions. Je m'y accroche comme si j'étais certain que je ne pourrai plus jamais la lâcher.  Caresses et griffures. Pour te faire trembler. Pour me raccrocher. Je ne sais pas si je vais survivre. Si je suis capable de recevoir tant de plaisir sans jamais en être brulé.
Je suis trop attentif. Je sens trop ta peau dans mon cou puisque je suis trop pressé contre toi. Et contre ta main. -Il faut que je me concentre-  Surtout quand tu dis mon nom. Vraiment. Tu ne devrais pas dire mon nom, je suis dans un tel état que les soupirs erratiques qui pigmentent ces syllabes me font perdre la tête. Je veux quérir tes lèvres et les parsemer de baisers puisque je suis trop accroché à tes épaules. (Même celle blessée et il faudrait que je fasse attention.)

D'un coup tu m'emportes. Tes mains m'ont soulevé. Comme j'étais déjà suffisamment accroché. Je n'ai pas bougé. Je n'ai même pas demandé où tu comptais m'emmener puisque de toute façon  cela n'a pas duré longtemps. Tu aurais pu m'emmener n'importe où d'ailleurs que je n'aurai pas demandé. Pas une seule fois. Puisque ma bouche se serait empressé de chercher tes lèvres. Ta peau. Sans relâche. Je défais mon étreinte puisque s'en est une, cette fois j'en suis persuadé. Le monde se fracasse autour de moi, mais pas instant, pas un seul instant je n'ai détaché mon regard du tien. Je n'ai plus que toi sur la peau. Sur la bouche. Dans l'iris. Rien ne m'importe plus à présent. Rien. À part toi. Surtout quand tu me pétrifie du regard. Je suis de nouveau foudroyé. Effrayé. Il y a trop d'intensité dans tes saphirs et je ne sais pas. Je me sens frissonner. Entièrement. Je ne sais toujours pas. C'est le regard le plus intense, brute, tendre que personne ne m'a jamais offert. Il y a autre chose aussi. Il y a autre chose aussi et c'est effrayant. Je me sens exister. Vraiment. J'ai l'impression de compter beaucoup. D'être ancré jusque dans tes os. Et c'est effrayant. Comment suis-je censé pouvoir saisir et étreindre autant d'ardeur? Mais ce n'est pas le bon mot. Ce n'est pas la bon mot. Et je me demande à mon tour dans un frisson: Tu m'aimes?

Et c'est différent. Très différent que d'aimer beaucoup. Je le sais à présent. Je ne suis même pas certain de vouloir savoir, mais je ne peux m'empêcher de me demander. Et même si suis lâche je ne pense pas un seul instant à m'en aller. Puisque je crève- je crève littéralement- quand tu m'embrasses. Que tu me touches. Et que tu me brûles. Puisque je veux aussi. Tout cela et bien plus. Et c'est encore plus effrayant d'être à ce point persuader de ne pas encore réaliser à quel point je te désir entier. Et surtout ce que je suis prêt à concéder et offrir pour te garder. Rester à jamais le centre de ton monde. J'aime beaucoup trop quand tu dis mon nom. J'aime trop aussi quand tu m'allonges et que tu t'appliques tant à me dénuder. À nous dénuder. Et même quand je pensais que je n'avais plus de tendresse à offrir tellement mes élans fauves et passionnés me semblaient terribles. Je sais que je suis capable à cet instant de déposer des millions de baisers doux sur ton visage.

Mais c'est toi qui le fait. C'est toi qui le fait alors que j'étais persuadé que tu n'en avais plus à me donner non plus. Partout sur mon visage. Sur ma paupière. Mes pommettes. Mon front. Mon nez. Ma mâchoire. Et mes lèvres. Surtout mes lèvres. Mon torse ensuite. Sur mes clavicules. Mon torse entier. Sur mon cœur-même qu'il bat plus encore et que je ne savais pas que c'était possible- tant de fois. Sur ma cuisse. Près de mon genou. Sur le dessus et parfois à l'intérieur. Près de mes hanches. Cent fois. Pour tout. Et moi je frissonne. Vaincu par tant de douceur. Je brûle plus encore pour toi. Je soupire pour toi. Ma peau n'est plus qu'un immense frisson.

Tu m'enlaces. Je vais m'accrocher à toi. Te serrer dans mes bras avec tendresse. Je suis heureux. Il faut que je te le dise. Mais tu me prends de court. Pour répondre aux mille interrogations de mon cœur.

-Moi oui.

Je reste interdit. Abasourdi. Hébété. Je me demande une seconde si j'ai pensé trop fort. Une seconde parce que j'ai trop de pensées qui se bousculent dans mon esprit fiévreux.  Je ne voulais pas vraiment savoir. Je ne voulais pas alors je presse mes bras plus contre toi. Je ne voulais pas savoir, alors j'ai souris. Je ne voulais pas savoir alors j'ai tremblé. Je ne voulais pas savoir et je voulais tellement savoir en même temps que je crois que j'ai posé une main contre mes yeux.  Muet. Trop de bonheur. J'ai trop de bonheur et je ne sais pas ce que je dois en faire. Tu répètes et mon nom et ta déclaration. Et tout ce que j'y entends c'est:  Je t'aime Bermuda. Même si les mots ne sont pas exactes je n'en doute pas un seul instant. Tu ris heureux. Je voudrais rire aussi puisque j'ai aussi des soubresauts joyeux dans l'estomac. Mais tu t'écartes. Tu ne te presses plus contre moi et c'est dommage. Parce que je crois que j'aurais pu vouloir rester accroché à tes bras pour l'éternité. Tu presses ton nez contre le mien. Pour me regarder. Je peux aussi fixer tes yeux, quand sincère et patient tu me demandes si je sais. Si je peux ressentir ton amour-puisqu'il s'agit d'amour- dans chaque baisers. Chaque caresses. Si je suis capable de donner. Et une nouvelle fois tu me demandes si je t'aime. Si je te déteste. Puisque toi oui. Et même si je ne suis pas prêt. Même si je suis peureux. Même si je préférerais ne jamais avoir à le dire le ton de ta voix me bouleverse. Je crois que je pourrai le dire. Vraiment. Alors je presse mes deux lèvres, buté. Heureux. Bon sang je suis trop heureux et je crois que je pourrai. Oui. Je pourrais. Je suis certain que je pourrais. Je plisse et les lèvres et l'œil. Pour ne rien laisser paraître. Ne rien dire.  Que me restera-t-il d'amour-propre après cette nuit?

Je relâche ta nuque quand tu viens me perdre dans ton cou. Ce n'est plus de simple morsures et baisers. Mais c'est ton amour que tu marques sur ma peau. J'en frissonne d'autant plus et ma main se presse sur mes lèvres pour étouffer les grognement extatique que je relâche et que je peine à contenir la mâchoire scellée. Surtout quand tu glisses contre mon ventre et que je me contracte. Je pense que je deviens fou. Que j'aime trop ce que tu dis. Ce que tu dis. Et aussi ce que tu fais. Je n'ai plus peur.

Quand tu abaisses soudainement tes lèvres je me cambre. Je dis:- Sucre, attend! Je suis trop fiévreux. Il faut que je me concentre. Je pose mes mains sur tes épaules faiblement. J'ai les genoux qui tremblent. Je vais mourir. Je crois que je peux mourir et d'amour et de plaisir. Chaque fois que tu y apposes tes lèvres je gémis et c'est ton nom. C'est ce qui me vient aux lèvres. Je n'ai plus que toi dans la gorge.

J'essaie de reprendre mon souffle quand tu te laisses tomber sur la chaise. De calmer le rythme effréné de mon cœur qui cogne trop. Et c'est difficile.  Puisque je suis pourtant certain de ne pas pouvoir y arriver. Nous nous sommes déjà touché trois fois. Et je suis certain que ces fois n'ont jamais été aussi intenses que celle là. Jamais. Tout est encore différent de la veille. Et je me demande vraiment, si je pourrai être plus émerveillé encore la prochaine fois. Parce que je crois que je le suis. Parce que tu es vraiment très beau quand tu me regardes et que tu me souris. Quand tu tends la main pour m'attraper le poignet et les reins. Quand ta bouche s'entrouvre, pour récupérer toi aussi souffle. Et c'est au delà du beau puisque je peux jurer que je n'ai jamais rien ressenti de pareil avant. Je suis émerveillé. Heureux. Excité. Je pourrais étreindre ton corps. Presser le mien contre le tien. Embrasser mille fois tes lèvres. Me perdre dans tout cet amour que tu donnes. Et que je donne moi aussi.

Ta voix vient confirmer ce dont je suis moi-même persuadé. Et ce n'est pas terrible. Ce n'est pas ridicule. Vraiment pas ridicule puisque c'est toi. Que tu es Sucre. Que tes mains me font frissonner. Me blessent. M'attrapent. Me serrent. Tendrement toujours. Que tes mots me transportent. Me rendent fous. Vraiment fous. De joie. De colère. De tristesse. Qu'ils comptent vraiment. Qu'ils me font rire. Que j'aime tes bonjour et tes bonne nuit. Que je sais que je te veux. Que je te désir entier. Pas parce que je suis avare ou possessif. Mais parce que tu m'as fait aimer. J'aime vivre. J'aime exister. Je ne n'ai plus de rancœur. Grâce à toi je ne subi plus mon existence. Ce qui me paraissait vide et ennuie est finalement trop plein de saveur. Et vraiment. Ton sourire. Je crois que c'est mon préféré. Que je l'aime comme je t'aime et je ne pense plus que c'est ridicule. Je tends les bras et je saisi tes joues. Quand je t'embrasse sur la bouche tendrement j'éclate.

Mon œil devait être trop sec. Ou trop humide. Trop écarquillé ou encore trop ravi. Parce qu'il coule. Je m'écarte de tes lèvres.

- C'est étrange je ne comprends pas trop. Je le dis en riant pour masquer ma gêne. Je frotte mes cils, pour chasser l'eau, mais rien y fait. C'est affreusement gênant parce que je ne sais pas pourquoi. -Ne regarde pas. Je dis, en frottant toujours mon œil. Je baisse la tête et je pose mes mains tremblantes-je n'avais pas remarqué avant- contre ton ventre. -Je ne disparaîtrai pas si tu m'aimes c'est certain. Et. Je ne savais pas que je m'inquiétais de cela avant que ma bouche ne le dise. Je remonte mes mains contre ton torse. - Je suis content d'exister puisque tu es là. Même si tu es énervant. Il faut que je m'arrête de parler. Vraiment parce que je ne suis pas prêt à te parler de mes pires craintes. Mais comme je pleure et que je renifle il faut que j'ouvre la bouche pour respirer. - Ce n'est pas important si je suis né d'un caprice. Puisque je peux aimer. Être heureux. Être étreint. Embrassé. Ce n'est pas important. Je frissonne et je crache. -J'en mourrai si tu ne m'aimes plus. C'est certain. Je disparaîtrai alors puisque je crois que je n'ai pas de plus belle raison d'expirer si ce n'est pour inspirer le même air que le tien.

Je frotte mon œil encore et comme je ne sais pas quoi faire pour l'arrêter de couler et arrêter ma bouche de geindre je t'embrasse. Entre deux hoquets. Il y a trop de vrai dans ce que j'ai souffert. Et c'est effrayant. C'est effrayant comme je t'aime assez pour débité tant de bêtises. Et je sais que je pourrais t'en dire tant d'autres. Malgré tout je suis toujours heureux. Fébrile. J'essaie de tuer ces maudites larmes qui viennent tout gâcher. Je n'ai pas de raison d'être tant inquiet. Mais tu as tellement gravé avec tes mots, tellement brisé que j'ai envie de tout partager. Et c'est de l'amour que je donne. Que je t'offre avec ma bouche. Que je dépose sur ta langue et ton torse que je caresse.

Au bout d'une demie éternité je me redresse pour essuyer définitivement mon visage. J'ai trouvé dans tes lèvres -et mes larmes honteuses- de la bravoure. Et je crois que je suis prêt à le dire et à entendre.
- Sucre moi aussi, moi aussi je t- Mais ma bouche se ferme trop abruptement. -Je t- Encore une fois. C'est compliqué. Je grogne et réessaie. - C'est toi que j- Je me fige. Le visage trop empourpré. - Fichtre. Je ne sais pas. C'est trop compliqué à dire. Je geins encore. Mais ce n'est pas parce que je n'ai pas les mots pour le dire. J'en ai trop qui me viennent en tête. Ma bouche est cotonneuse et mon esprit brumeux. C'est comme si tous les mots étaient trop vides de sens. -  Ce n'est pas assez. Aimer ce n'est pas assez tu comprends? Je voudrais dire comme tu es beau. Comme j'aime tes sourires. Chacune de tes provocations. Il faut que je te parle de tes rides d'expressions qui me font craquer. De tes manières douillettes que je trouve attendrissantes. De ton sérieux. Il faut que je te dise comme j'aime ton rire. Comme je ne pense qu'à t'enlacer quand tu parais si vulnérable. Comme j'aime boire et dormir avec toi. Et tes défauts. Tes qualités. J'aime tout. J'aime tellement tout que je n'arrive même plus à penser. À dire. Je suis incapable de m'exprimer comme je le souhaiterai. Il n'y a pas assez de nuances et de sincérité dans mes mots. Ils ne sont pas assez fort. - Il faut que je te montre. Parce que ce n'est pas suffisant de le dire.

Alors je me penche. Je vais embrasser le coin de tes yeux. Tes paupières. Tes cils. Ton front. - Tes yeux. Les plus beaux. Je presse mes lèvres contre tes joues, redessine l'arrête de ton nez. Les contours de ton visage. - Ton visage. Le plus franc. Le plus beau. Je l'aime tant. J'embrasse ta joue meurtrie. Je passe la pointe de ma langue dessus. Comme si cela pouvait tout guérir et pardonner. J'ai trop d'amour sur ma bouche et ma langue. Il faut que je le donne. Une bonne fois pour toute. Sinon je risque de déborder. Je me détache et je dis. -J'aime tes questions. Tes réponses à mes questions et tous tes mots. Tous. Et ta bouche. Ta langue. J'aime tout. Tout. Ce n'est pas suffisant. Tu ne peux pas comprendre à quel point. J'embrasse les coins de tes sourires puisque je les aime aussi. Je mordille tes lèvres. J'y passe ma langue. Mes deux lèvres. Je presse ma bouche et transforme toute ma tendresse en passion. Dévorante. Ardente. Je presse tout mon corps contre toi. Cette fois il n'y a rien d'autre qu'une immense affection. Peut-être même un peu d'adoration. Je donne tout. Je te donne tous mes baisers. Je te promets ceux à venir et il y en aura des milliards. Sans retenu. Mes mains attendent sur ta gorge et caressent ta peau tendrement et amoureusement. Je n'ai pas d'autres mots. Je me détache pour souffler contre ta bouche.
- Tes baisers. Les meilleurs. Et ma respiration est toujours trop haletante quand je le dis. J'avale des syllabes. Des mots. Ce n'est pas important. Je saisis déjà ta main blessée pour la presser dans la mienne. Une seule idée guide mes gestes. Il faut que je te montre comme je t'aime puisque je ne peux pas le dire assez fort. Que mon œil n'a pas assez d'intensité. Comme les tiens.
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ANECDOTE ▲ : son tribut est qu'il est condamné à ne plus jamais dire la vérité. il est accessoirement confiseur et claustrophobe.
FICHE RS ▲ : crache ton miel •

Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaMar 7 Avr - 0:37



Je suis ailleurs.
Je suis ailleurs, et cet ailleurs Bermuda m'y a emmené en me tirant par le poignet. Il a enroulé ses doigts autour de mon bras hésitant et leur caresse, pressante, à été si tendre et si ferme à la fois que je n'ai pas pu lui céder bien longtemps. Il m'a tiré par le poignet et m'a fait fendre le monde en deux ; pourtant, j'ai la certitude qu'il m'a touché partout. J'ai des stigmates de plaisir, de bonheur et d'euphorie qui embrasent tous les plis de mon corps. Il est très dur, pour moi, de résister et de ne pas m'écrouler en tombant à genoux ; je voudrais tout lâcher, tout abandonner en proie à cette tension qui fait fléchir les muscles de ma nuque, trembler ma bouche, mouiller mes cils et secouer mon ventre.

Je sais que plus rien ne compte – plus rien ne compte à part lui.
Libra pourrait s'effondrer sous mes chevilles, là, tout de suite que je m'en moquerai d'être englouti par la gueule béante des enfers.
Tout ira bien, tant que je tombe avec lui ; et si nous devons tomber alors, ce sera dans la plus belle des étreintes et dans le plus doux des baisers.

Il m'aime.
Bermuda m'aime et j'en ai la certitude émaillée de doute – et c'est peut-être pour ça que l'assertion a pu franchir le tabou de mes lèvres, puisque je n'en étais pas tout à fait certain.
Pourtant, il m'aime et c'est la seule vérité que je peux accepter.
Il m'aime et je suis presque certain de pouvoir retenir les sursauts de son amour dans les gestes qu'il pose sur ma peau, dans ses lèvres qui sursautent de plaisir, dans les onomatopées enivrantes qui me font respirer brutalement, dans le regard que pose sur moi son œil pierre précieuse.
Il m'aime.
Il m'aime et je n'admets pas d'autre possibilité et je refuse qu'un jour Bermuda ne veuille plus sertir mes lèvres de mille baisers. Je ne le supporterai pas.

Il faut que je lui dise ce tout ce qu'implique son amour, ce qu'implique le mien, ce qu'implique les baisers que je perce sur son ventre, les caresses les plus intimes qui soulèvent ses cris, la dévotion totale qui me fait presser mon corps contre le sien et l'assujettissement auquel il vient de m'entraver.
Il faut que je lui dise, à Bermuda, que parce que je l'aime, et parce que j'ai la presque certitude qu'il m'aime aussi, qu'il se voit déposséder de beaucoup de ses droits.

Désormais, il m'appartient.
Bermuda m'appartient tout entier et je n'accepterai aucun refus ; probablement que, à l'avenir, nos baisers seront entrecoupés de trop de violences.
Nous aurons autant de colère que nous avons de force pour cogner nos bouches l'une contre l'autre.

Il m'aime, Bermuda mais aussi, là, comme s'il m'enveloppait dans tous les plis désireux de sa chaleur, il m'excite. Je suis ailleurs parce qu'il a pris mon poignet et m'a tiré hors de la mort, mais je suis ailleurs parce qu'il injecte dans mes veines un plaisir brut et atroce.
Combien de fois ai-je gémis ; combien de fois ai-je grogné ; à quel point ai-je l'air animal ; à quel point ai-je l'air soumis : combien de temps vais-je tenir encore.

Moi aussi, je lui appartiens ; mais ça j'en ai conscience depuis longtemps.
Peut-être depuis que je me suis enfui de Canaan et que déjà je cherchais sur les dunes du désert les morceaux d'or de ses cheveux.

Je n'en peux plus.
Je sais que je n'en peux plus et je sais que aussi que sur mon visage doit se tisser l'expression singulière du désir, du tourment, de l'envie, de la folie, de l'excitation, de la soumission, de la dévotion et de l'amour.

Quand je lève mes yeux vers lui, je crois que je l'adore trop.
J'ai mes deux mains sur chacun de ses reins et le désir qui palpite à m'en assourdir les tympans. Et là, tout de suite, il y a une chose que j'ai envie de lui dire.

Je veux te faire l'amour.

Mais je ne peux pas et je serre davantage mes mains sur ses reins. Cette phrase qui pourtant m'assoiffe la bouche et qui fait luire mon œil d'un amour fou (complètement fou) rejoint l'amoncellement de toutes celles que j'ai toujours voulu lui dire.

Je veux te faire l'amour.
Tu es beau.
J'ai envie de toi.
Tu es magnifique.
Tu comptes pour moi.
Reste.
Reste près de moi.
Rentrons.
Tu es splendide.
Je te veux.
Ne pars pas.
Je t'aime.

Et ça me rend fou, complètement fou de ne pouvoir dire aucune de ses phrases qui crèvent mes poumons d'être ainsi enfouies. Mais j'ai une autre certitude, puisque j'ai beaucoup de certitudes avec lui ce soir : je trouverai un moyen.
Peu importe le temps qu'il faudra, peu importe la façon, peu importe quand, où, comment, je sais que je parviendrai à lui dire chacune d'entre elles
Je sais qu'il comprendra tout puisqu'il est Bermuda, qu'il m'appartient, que je lui appartiens, et que lorsque l'on se détient ainsi on ne peut que se comprendre.

Je vais lui faire l'amour et j'ai tiré et touché son corps nu près du sien pour qu'il sache, dans mes doigts, dans mes yeux adorateurs, dans le sourire de mes lèvres que je désir chaque angle de son corps.

Bermuda me répond. Il répond à mes gestes comme il n'a jamais cessé de leur répondre (et ça me rend fou, il ne peut pas, il ne se rend pas compte de ce qu'il m'inflige lorsqu'il ne cache plus rien). Il répond aussi à mes mots lorsqu'il tend ses bras vers mon visage, le saisit, l'embrasse.

Il me répond lorsque, très naturellement, comme s'il était attendu de nous deux, un sanglot remonte jusqu'à ses lèvres pressées contre les miennes. C'est très rapide et soudain, comme un hoquet maladroit. Je l'ai senti jusque dans mes lèvres à moi et je l'ai recueilli avec beaucoup de stupeur.
Et je suis tellement subjugué par la surprise qui vient de soulever sa bouche que j'ai l'impression de tenir dans mes mains une petite bombe.

Quand il s'écarte il laisse sur mes joues l'effluve de ses larmes chaudes et je le regarde, les lèvres entrouvertes, prête à saisir toutes les trombes d'eau qui tomberont de ses cils. Il est très dur pour moi de décrire ce que j'ai ressenti à ce moment là. Je voyais Bermuda glisser ses index et ses paumes sur ses yeux dans l'espoir de retenir ses larmes et moi, j'étais fasciné par l'innocence – l'innocence de Bermuda – que prenaient ses traits.
Je voulais lever mes mains pour essuyer toutes ses larmes, moi aussi. Mais j'étais tant fasciné que je n'en ai rien fait.

J'ai juste regardé Bermuda, puisque j'aime beaucoup regarder Bermuda, mais avec beaucoup d'amour. Je découvre, aussi, que j'aime le voir s'essuyer ses larmes ; c'est un des autres gestes que j'ajoute aux gestes de Bermuda qui me frappent en plein cœur.

J'ai eu peur, aussi – j'ai eu peur de choses qu'il a dit mais donc je ne devais pas me soucier maintenant. J'avais déjà bien trop de tempête dans mon crâne et si je le bourre encore il va finir par s'éclater. Je n'écoute que ses beaux mots, je ne vois que ses beaux gestes et ne retiens que ses belles phrases qui me font encore sortir hors de mon corps.

Viendra un jour où, à cause de lui, je ne retrouverai probablement plus mon chemin jusqu'à mon amertume ; et ce sera la faute de ses belles phrases plus ornées et plus franches les unes que les autres.
C'est pour ça que je pense qu'il m'aime.

Je crois que je devrais lui dire quelque chose mais j'en suis encore incapable. Tous mes nerfs ont été sectionné par l'égouttement de ses larmes sur son si beau visage mais, lorsqu'il vient m'embrasser et presser ses cils mouillés contre les miens je reviens.

Je reviens et je comprends ; Bermuda pleure. Alors, je l'enroule mes deux bras autour de lui et je l'enlace. Je l'étreins, très fort, comme ça, comme je le ferai pour lui dire que tout va bien et que je suis là pour lui – c'est, après tout, ce que je veux lui dire.
Je l'enlace et je l'embrasse. Je lui rends son baiser avec tous les murmures de douceur que j'extirpe par dizaine de mes os et a aucun moment nos baisers ne se rompent. Je laisse ses hoquets et ses sanglots dévaler ses joues et faire tressauter son diaphragme et j'espère, vraiment, que mon étreinte contient son soudain écroulement. Je l'embrasse, beaucoup, très doux. Et puis, lors d'une échappatoire, je laisse mes lèvres susurrer dans un sourire.

― Ca ira, Bermuda. Tu ne disparaîtras pas.

Je reprends notre baiser, le rompt et reviens murmurer contre son oreille :

― Ca ira.

Et je le répète dès que nos baiser s’essoufflent et que nous devons happer l'air de nos lèvres. A aucun moment mon étreinte ne se défait, de même que mon sourire qui essaie de lui dire sans cesse : je t'aime.

Peut-être a-t-il compris mes gestes et mes sourires puisqu'au bout de l'éternité, les chutes d'eau se tarissent et il essuie encore une fois son visage en me meurtrissant le cœur. Ses yeux sont rougis, comme ses joues. Le voir ainsi fait gronder en moi une tendresse que seul lui m'arrache – d'un coup, je le trouve trop loin de moi redresser ainsi même s'il laisse ses mains sur ma poitrine.

Et puis il parle, et j'attends beaucoup ses mots, les mains toujours posées sur ses reins comme si j'étreignais un trésor.
Il m'a habitué à de trop belles phrase.
Pourtant là, il bute, et à plusieurs reprises – ses réactions, ses grognements, l'impatience retroussant ses lèvres m'arrachent un rire complice. Je crois savoir ce qu'il essaie de me dire lorsque sa langue se cogne contre ses dents et je suis si heureux que je ris. Je suis si heureux qu'un soupir paisible vient gonfler ma poitrine et s'échappe par mon nez.
Je me suis beaucoup adouci et je me dis que je ne lui voudrai même pas, si il n'arrive pas à me le dire.

Ce n'est pas grave, lui non plus, il n'est pas obligé de laisser les mots tomber de sa bouche ; je comprendrai. Les mains sur ses reins et le visage levé vers lui, prêt à recevoir un, deux, cent baisers, je comprendrai.

Mais il y a un revirement, d'un coup, et je crois qu'il ne veut pas rester sur ses phrases inachevées. Mes deux yeux s'écarquillent un peu.

― Il faut que je te montre.

Et je sais que je suis prêt pour.
Je suis prêt pour tout ce que Bermuda voudra me montrer même si cela implique que ses lames d'acier fouillent mon corps où qu'il me jette par dessus bord, je m'en moque. Et si cela implique qu'il doive jeter sur moi tous ces baisers et toutes ses caresses, alors je crois que je peux dire que je serai heureux.

Et c'est ce qu'il fait ; il m'embrasse.
Il m'embrasse et pas une fois, deux fois, mais j'ai l'impression qu'il cherche à dégager les angles de mon visage comme s'ils étaient enfouis dans l'océan. Je laisse toutes ses attentions, et tout ce que je prends comme de l'amour (je ne tolérerai pas autre chose que son amour, en dehors de sa haine), couler sur moi et m'envahir.
Je me noierai si facilement dans l'océan qu'est Bermuda.
Mes mains, sur ses reins, sont hésitante. Sous ses attentions, ma prise se relâche et mes doigts glissent, s'écartent. J'hésite à replacer mes mains, à les porter ailleurs, à les monter, les descendre, les ranger sagement, je l'ignore totalement tant ses gestes remuent mes pensées.

Et puis, il y a ses mots. Il y a les mots de Bermuda et j'ai envie de lui dire : tais-toi.
Tais-toi, parce qu'à dire des choses si belle je vais me fendre en deux. Tais-toi, ne parle pas de mon visage, ne parle pas de mes questions, ne parle pas comme ça.
Tu n'as pas le droit de prendre ce qui me fait haïr le monde et de ne sublimer juste avec la rondeur de tes lèvres.

Il m'embrasse, passe sa langue sur la plaie de ma joue, celle que j'oublie tout le temps, il m'embrasse et il parle. Il devrait se taire, il devrait cesser de me toucher puisque je ne pense pas que mes mains restent hésitantes plus longtemps.

Tais-toi. Arrête. Ne fais pas ça. Ne me touche pas comme ça. Ne m'embrasse pas comme ça. Je grogne. Je soupire. Je gémis.
J'avais été si calme, il y a quelques instants, et voilà qu'il tirait de nouveaux mes muscles comme s'il voulait que je me casse de désir. Quand il halète, je halète avec lui et quand il perd son souffle je ne trouve plus le mien.
Je le sens ; je brûle.

Il est encore trop tard.
Et alors que je détourne le regard pour qu'il ne voit pas, dans mes yeux fous, à quel point j'ai envie de lui, lui s'empare d'une de mes mains. Perdu, je lève vers lui mes yeux et je n'aurai pas du ; j'en suis ébranlé à en avoir la tête qui vacille.

D'abord, il love sa joue dans ma paume. Je remarque son hésitation et je me pends à chacun de ses gestes, déjà perdu pour lui. Puis, lentement, trop lentement, comme s'il savait attraper les secondes et les étirer, il guide mes doigts jusqu'à sa bouche.

Il embrasse mes doigts.

Non.
Non.
Il ne peut pas faire ça. Je tressaille aussitôt, bancal sur cette chaise soudain inconfortable tant je me fais percer par le plaisir. Il ne comprend pas, Bermuda, ce qu'il fait à cet instant – il n'a pas le droit de s'en prendre à mes mains, mes mains qui confectionne des guimauves, mes mains qui ont porté des coups, qui ont connu le sang, qui ont envie d'être repues de violences.
Bermuda n'a pas le droit de les couvrir de baiser. Ma peau, sur mes extrémités, est bien trop sensible et mon corps s'engouffre dans la brèche de plaisir qu'il est en train de tailler sur mes phalanges.

Je gémis, encore, et cette fois c'est plus fort que tous mes autres gémissements.
Quand il me mord, je gémis et quand il me lèche les doigts je gémis plus haut. C'est tant pour moi, pour ces mains qui ne reçoivent pas de telles affections que je me cambre en avant, contre lui et que j'enfouis mon visage contre sa peau nue. Il continue et je sens, les yeux clos, le va-et-vient tendre de sa langue et ses expirations brûlantes qui allument le bout de mes doigts.
Le plaisir court le long de mon bras et explose dans mon ventre.

― Non...

La plainte rauque meurt dans ma bouche ouverte et haletante. Je n'ai plus d'air.
J'ai levé mon autre main, parce qu'il emprisonnait l'autre dans sa bouche habile, j'ai plongé mon visage dedans, en fermant très fort les yeux et je me suis griffé le visage.

― Non...

Quand il s'arrête, mes poumons sont incendiés. J'ai du plaisir partout, tellement partout que j'ai besoin qu'il éclate. Mes muscles tremblent et ma tête chavire, prise dans une tempête qui porte son nom.
Je n'ai plus qu'un râle de désir fou dans ma gorge.

Ma main est en feu ; son bassin se cogne au mien.
Bon sang, j'ai tellement envie de lui. Qu'il arrête, qu'il arrête, par pitié, de bouger comme ça, de se presser contre moi alors que je suis incapable de croiser son regard, par pitié, qu'il arrête, qu'il arrête de gémir, qu'il arrête, par pitié.

Et ses mots qui me crèvent.
Il me demande.
Il me désire.
Il m'aime.
Et il me le dit.

J'explose.
Que puis-je faire d'autre ? J'explose. J'explose, totalement, entièrement, j'explose de désir, de plaisir, d'envie, d'amour. J'explose de partout, j'explose pour lui. J'explose à l'intérieur, j'explose à l'extérieur. J'explose en gémissant, en gémissant pour lui, rien que pour lui ; ce n'est pas un seul gémissement, mais plusieurs, pleins de plaintes alors qu'il m'enserre dans ses bras et que je me love dans sa nuque.
Et je lui fais l'amour - et nous faisons l'amour, et nous recommencerons, une fois, deux fois, mille fois ce soir là jusqu'à ce que nous en mourrions tous les deux.



*



Lorsque je me suis réveillé, mon premier réflexe fut de chercher Bermuda.
Je le trouvai vite puisque, lorsque j'ouvrai les yeux, il était juste là, en face de mon visage. Ses deux yeux étaient clos ; sa cicatrice que j'avais toujours aimé lui donnait l'air d'un titan assoupi pour des millénaires. Ses joues étaient encore roses, mais j'ignorais si c'était à cause de la fièvre qui n'était pas encore partie ou de tous les gémissements que je lui avait soufflés.
Mon prénom, aussi, était grimpé sur sa gorge ; combien de fois avais-je dit le sien.

Le regarder ainsi me fit grogner, et je grognai doucement : j'avais encore envie de recommencer.
J'avais envie de le toucher encore, de baisser ma tête vers lui, d’attraper ses lèvres entre les miennes, entre mes dents, de passer ma main sur son torse, de l'abaisser jusqu'à son ventre, entre ses cuisses, d'admirer la cambrure de son dos, la soumissions de ses côtes, la docilité de ses soupirs.

Bon sang, je m'excitai encore.

Je compris très vite qu'il fallait que je m'éloigne de lui et de son visage, si pâle et rose à la fois, si beau, qui me faisait tomber et mourir encore juste en le regardant. Je voyais ses clavicules poindre sous la couverture ; ses épaules aussi ; un bout de son torse qui se soulevait au rythme de sa lente respiration.

Je me pris la tête dans les mains et, sans le réveiller, je me glissai hors du lit. Ce n'est que lorsque j'essayai de poser mes pieds à terre que je me rendis compte qu'ils étaient douloureux ; une rapide inspection me révéla plusieurs entailles et du sang brun et sec. D'un haussement de sourcil, j'évaluais la casse sur le parquet et devinai la raison de mes blessures. Je n'avais pas été très malin.

Il m'avait donné trop de vie pour que je me rende compte, à ce moment là, que j'avais été coupé.

Un peu bancal, je me redressai et pris soin, avant de m'éloigner, de rabattre la couverture sur ses épaules (pour ne pas qu'il attrape froid, certes, mais aussi parce que vois sa nudité m'excitait de manière atroce). Je ne pus pas résister, cependant, à observer la paix de son visage encore un peu avant de me détourner.

J'ai souri ; il était vraiment très, très beau.
Je devais vraiment avoir un air imbécile sur le visage.

Une crampe violente se manifesta à cet instant précis et tordit mon estomac dans un borborygme désagréable. Je grimaçai, levant les yeux au plafond en pensant à l'omelette qui n'avait fini dans aucun de nos estomac. Je pestai aussi, tout bas, pour le bordel de l'appartement et me dirigeai dans la salle de bain.

Là bas, je me désinfectai rapidement mes nouvelles plaies – qui ne devaient pas trop m'empêcher de marcher – puis inspectai mon reflet dans le miroir.

Ma vision me troubla.
J'avais le visage d'un homme amoureux ; le visage d'un homme qui a étreint son amant ; le visage d'un homme qui a sur ses traits la paix du contentement.
Mais j'avais aussi, comme de petites étoiles solaires, cinq petites marques pourpres qui s'étalaient sur mon torse. Leur vue m'arracha un beau sourire complice et heureux et j'y pressai mon index, pour éprouver leur douleur. Absolument rien ; en réalité, ces marques de passion m'excitaient plus qu'autre chose.
Vaguement, j'observai ma coupe de cheveux et essayai de la coiffer avant d'abandonner dans un grognement – vivement que ça repousse.

Je me dirigeai ensuite dans la cuisine, évitant les débris sur le sol et le bordel en général (comment allions-nous ranger tout ça ? Il me faudrait déménager, vendre l'appartement), dans l'idée de préparer à manger pour son réveil.
Je me stoppai aussitôt ; je ne voulais pas le réveiller. J'avais cru comprendre à force de nos discussions, entre deux baisers brûlants, que le sommeil lui était précieux. Je le laissai.

Comme il fallait que je m'occupe, et comme ça faisait longtemps, je récupérai mon paquet de cigarette et mon briquet dans la poche de ma veste et allait m'en griller une à la fenêtre de la cuisine.
L'air frais de la nuit s'allongea sur ma barbe ; c'était une sensation très agréable, aussi agréable que celle de la fumée gonflant mes alvéoles. Je soupirais mon tabac avec un infini contentement et détaillai, dans la nuit, les monticules des objets que j'avais jeté s'entasser dans la cour.
Leur vision me fit grimacer ; je voulais aller récupérer ses dagues, c'est vrai. Mais ce serait pour plus tard, puisque m'éloigner trop de lui en cet instant me percerait le cœur.

Lentement, je finis ma cigarette puis la jeta dans la rue. Un chat passa.

Pendant que j'en grillais une, mes inquiétudes étaient revenu et je pensais à quel point j'ignorais tout de Bermuda ; à quel point j'ignorais tout des vagabonds ; à quel point j'ignorais ce qu'impliquait les mots que nous nous étions échanger ; si son existence était compatible avec nos sentiments ; s'il allait, comme il avait dit, disparaître.

J'avais détesté cette phrase. Absolument détesté – je l'avais haïe, parce que j'ignorais à quel point elle tirait du mensonge ou de la vérité.
L'amertume ne m'avait donc pas totalement désertée.

Agacé par cette soudaine inquiétude, je suis retourné auprès de lui, dans le lit, parce que je n'en pouvais plus de ne plus pouvoir voir les traits translucides de son visage. Je me suis assis sur le rebord et j'ai levé ma main pour venir remplacer une de ses mèche d'or sur son front. Aussi, j'ai caressé la cicatrice de son œil – je l'aime tellement, j'ignore pourquoi, mais j'aime cette faiblesse qu'il exhibe sans honte.

C'est même plus que ça : je l'aime lui, Bermuda.
Je l'aime, je l'aime tant et de manière si sincère que je ne peux pas le lui dire.

Alors, je me penche vers sa tempe sur laquelle je dépose un baiser tendre, puis je bouge mes lèvres muettes pour former trois syllabes silencieuses juste au dessus de son oreille.
Je - t'ai - me.

Même si je n'ai pas pu le lui dire, et s'il n'a pas pu m'entendre, au moins ces mots ont-ils désormais véritablement existé sur mon visage.





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conscience vouée à l'errance
Bermuda
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DIT ▲ : Sale Rat / Capitaine, à votre guise.
ANECDOTE ▲ : Bermuda est né de la cupidité•hermaphrodite• il écrit en indianred
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaVen 10 Avr - 22:20

Je m'accroche. Je ne peux rien faire d'autre que m'accrocher. J'ai posé ma joue contre la tienne et j'ai serré mes bras autour de ton cou. Il me semblait que j'étais éreinté. Épuisé par mon aveux. Mes aveux même. J'ai trop parlé. Peut-être que je regretterai. Après. Mais qu'importe. Car à cet instant il me semble que je ne pouvais pas être plus heureux. J'ai la certitude, posé contre ta joue que tu m'aimes. Que je t'aime. Je ne pense plus être capable de te regarder. Je suis trop rouge. Et j'ai un sourire idiot. Très idiot fiché sur le visage. Même si je peine toujours à respirer- je te désir toujours trop fort malgré tout- que tout mon corps se presse contre le tien. J'ai toujours un sourire sur le visage et il est idiot. Mais les coins de ma bouche refusent de se détendre. Et plus j'essaie de ne plus sourire moins j'y arrive. Je souris parce que tu as le souffle court. Et que c'est parce que c'est moi qui t'essouffles. Je souris parce que ta peau est rouge et frémissante. Et c'est parce que je te touche. Je souris parce qu'ainsi pressé contre ton bassin je peux ressentir sur ma peau tout ton désir et je sais que c'est pour moi que ton corps se tend. Je souris aussi parce que ton cœur cogne fort contre le mien. S'il pouvait parler c'est mon nom qu'il dirait parce que le mien ne bat que pour toi. Et moi aussi je suis rouge, je frémis, je m’essouffle, je brûle, tout est réciproque. Et je pense que j'en éprouve peut-être trop de fierté et de joie.  Je comprends que tout ce que je peux ressentir tu le ressens. C'est pour cela que je ne peux m'empêcher de sourire. Je me sens terriblement idiot. Mais transporté. Ravi. Fier. Heureux. Je pourrais rire. Je pourrais te serrer plus fort. C'est ce que je fais.



Plus rien n'avait d'importance. Même pas l'or. Et même ma cupidité s'en était retrouvée muselée. Il n'y avait plus que nous dans mon esprit et Sucre imprimé sur ma peau. Et tout ce que j'essayais de faire à présent était de me graver moi sur la tienne. De manière indélébile.

***
Je ne pensais pas être capable de m'endormir. Mais je l'ai fait. Fatigué. Éreinté. Infiniment comblé. Mes doigts ont cessé de brûler. Mon souffle est paisible. J'ai offert des millions de baisers. Mon corps. Mon cœur. Sans même plus être capable de le regretter. Quand j'ai fermé l'œil. Que j'ai posé mon front contre ton torse, il y avait un nouveau sourire sur mes lèvres. Idiot lui aussi. Orné de joie. De quiétude. Il y avait aussi, incrusté en plein milieu de mes lèvres une pierre d'amour précieuse. La tienne. Que je conserverai plus jalousement encore que mon or.

***

Je me suis réveillé. Parce que tes lèvres m'ont frôlé. Je me suis réveillé parce que ton souffle- toujours brûlant- a caressé ma lobe. J'ai tendu les bras et je t'ai attrapé pour te plaquer contre moi. J'ai soupiré dans ton cou tout mon sommeil j'ai dit, la bouche encore ensommeillée.

- Bonjour Sucre.

Et j'ai gardé l'œil fermé et je n'ai pas desserré un seul instant mes bras. Je n'ai pas voulu vérifier si le jour était levé ou si la nuit n'avait toujours pas fini de faire briller plus encore nos douceurs. S'il faut je redirai bonjour demain encore. Ou tout à l'heure. Je n'ai pas non plus ouvert les yeux parce que je ne voulais pas savoir si je t'avais enlacé trop maladroitement. Si tu étais inconfortable il faudrait que je te libère de mon étreinte. Je ne suis toujours pas disposé à le faire puisque j'aime trop sentir ta peau contre la mienne. Mais quelque chose ne va pas. Quelque chose m'irrite la peau, désagréablement  et ce n'est pas ta barbe puisqu'elle frôle délicieusement en ce moment même mon front. Je geins.

- Mmmh quelque chose me pique.

Je relâche un peu notre étreinte pour me battre quelques secondes avec cette infâme couverture qui en plus d'irriter ma peau s'interposait à notre embrassade. Et je t'ai trop peu enlacé tendrement pour le supporter. Je finis par la repousser entièrement et je t'emprisonne de nouveau dans mes bras. J'emmêle mes jambes avec les tiennes. - Bonjour. Bonjour. Bonjour. Je répète. Avec une intonation différente à chaque fois. Doux, rieur, taquin. Surpris à chaque fois de ne pas trouver mes mots et mon bonheur ridicule. Et même notre proximité incongrue. Je presse ma joue contre la tienne et je dis dans un sourire. - Tu ne devrais pas  t'éloigner de moi, tu ne peux pas. Et je te tuerai si tu me fais trop attendre. Possessif et avare. J'embrasse ta joue et je demande, taquin. - Tu n'es plus nu? J'ai quelques soupirs déçu et je m'en vais trouver ta bouche. Je t'embrasse tendrement. Mais quand ma langue effleure la tienne je te relâche et j'oublie presque instantanément mes provocations. Toutes celles que je comptais te lancer pour t'enflammer de nouveau et profiter une nouvelle fois de la brûlure de ton corps. Je fronce les sourcils et je constate en grimaçant. - Tu as fumé. Je te repousse et me redresse en pestant un peu. Ainsi s'achevait notre étreinte matinale. Ne me restait plus sur la bouche que le goût du tabac. Et de la déception sur la pointe de la langue.

Je frotte mon œil et je reste sur mes genoux un instant. Je m'étire et je prends soin d'éviter ton regard (si je le croisais encore il me semble que je ne serai plus en mesure de soutenir mon agacement). Et je suis bien déterminé à aller chercher ton paquet pour pouvoir le jeter par la fenêtre. C'est à cet instant que je constate que je suis nu. Et que j'ai froid. Un frisson me parcours l'échine et je tourne la tête un instant pour fixer la couverture en laine (que je comptais jeter aussi, en même temps que tes cigarettes) un instant. Je frotte mes bras irrités et relève les quelques plaques sur le côté de de ma jambe gauche et mon bras. Je n'étais sans doute pas assez désespéré pour m'en recouvrir le corps. J'expirais quelques soupirs puis me levais, résolu. Je marchais vers la table, dans le but de récupérer mes vêtements.  Mon ventre se souleva à la vue de … Mh. Ce que tu nous avais préparé. Les assiettes gisaient sur le sol brisées. Le conte- Ah. Oui l'omelette semblait faire corps avec ton parquet. Par miracle les bières étaient restées sur le sol, couchées, mais pas pas éventrées. Je ramassais mon dessous et le secouait, histoire de ne pas y retrouver de la vaisselle. J'enfilais mon pantalon, mon t-shirt et je laissais le reste au sol. Puisque mon estomac grondait fortement, depuis que je m'étais penché un peu trop près de notre repas.

Je vais dans la cuisine et fouille le placard. Je tombe sur des sachets d'épices. Du café. (J'ai porté tous les paquets à mon nez pour pouvoir les sentir)Un sachet de... De choses qui semblaient comestibles. J'ouvre le paquet et saisis ce qui ressemblait à une tige jaune et entreprit de la mettre à ma bouche. Et je fus extrêmement déçu. Non seulement ça n'avait pas de goût, mais en plus les morceaux croquaient désagréablement sous ma dent. - Mmmh ce n'est franchement pas très bon, je veux du pain. Je veux manger. J'ai faim, Sucre ! Je proteste, d'humeur maussade. Puisque j'ai toujours du tabac dans la bouche et maintenant des minuscules éclats de tige pâteux entre les dents. Je fouille le frigo et je trouve de la viande. Non séchée et non cuite. Des petites choses rondes et rousses que je sors. Je fixe dubitatif mes trouvailles, surtout ce qui ressemble à... Je ne sais pas exactement. Je n'ai jamais rien vu de la sorte. Je pose le tout sur le comptoir et je me dirige vers la fenêtre. Un instant décidé à franchir la gouttière pour aller m'introduire dans la maison d'un autre et voler ses provisions. Je décide pourtant de revenir sur mes pas.  La nuit ne semblait pas encore très avancé. Le jour n'était pas levé et le rideau de fer des boutiques sans doute encore baissé.  Je ne sais pas si j'étais capable d'escalader la façade. Je me sentais véritablement à bout de force et mon ventre grognais fortement en guise de protestation. Je contourne la table et je reviens sur le lit, je me rapproche de toi  et j'embrasse ton épaule blessée je dis.

-Je ne suis pas capable de préparer la nourriture de tes placards. Et j'ai faim. Et je pense que toi aussi tu as faim. Je m'installe sur le rebord et je dis, en soupirant - Si j'essayais de nous faire à manger je crois... Je crois qu'on mourrait. Parce que tes ingrédients sont trop compliqués à préparer. Et je ne suis pas certain de vouloir tenter l'expérience. Je m'allonge sur le dos vaincu,je ferme l'œil  et je geins. -Et si tu refaisais une omelette ? Ou de la viande ? Ce serait bien de manger ensemble. Et je me tourne pour attraper ta main et sertir tes phalanges de baisers. Je réfléchis tout haut -Et après je jetterai ta couverture et ton tabac. Je changerai ton pansement. On ira se laver. On se dira bonne nuit et on ira dormir. Je te regarderai dormir. Je hoche la tête et ponctue ma déclaration par - Oui. Je pense que ce serait bien.


Je fixe tes doigts et je retrace lentement  une des lignes de ta paume ouverte et je dis, toujours pensif : - Oh. J'y pense. Tu as dis que tu voulais vendre ta boutique? Je déplace mon pouce sur une autre ligne et je la caresse. -C'est dommage, tu fais de si jolies choses. Je dis, quelques bonbons multicolores en tête. - Trop sucrées, mais si jolis. Je continue d'effleurer ta main. - Et que feras-tu ? Où iras-tu ? À qui j'irai acheter des guimauves ? Je fronce mes sourcils et je dis -Si tu vends vraiment ta boutique alors je pense que je l’achèterai et je te forcerais à y travailler pour moi. Ainsi je saurais toujours où te trouver. Je me tourne et attrape ton regard pour dire - Et si tu tentes de t'échapper je t'attacherai. Et tu ne pourras même pas protester. Je relâche finalement ta main et je me redresse, très sérieux pour déclarer.  -De toute façon tu n'as plus le droit  de partir sans m'avertir au préalable. Parce que tu m'appartiens.

Je vais m'appuyer contre ton dos. Puisque tout cela me rappelle quelque chose d'important qui ne m'avait même pas effleuré l'esprit un seul instant avant que je ne dise ces mots. Si nous n'avons pas mangé c'est parce que ne nous sommes étreint. Que ta bouche a dit certains mots. Que la mienne aussi. - Je me demande si cela change quelque chose à notre relation? Et je ne sais pas si je te le demande ou si c'est moi que j’interroge. Je  détaille attentivement toutes les marques que j'ai laissé quand je me cambrais trop fort et que tu te pressais trop fort et trop délicieusement entre mes reins. - C'est comme si tu m'avais toujours aimé. Et moi aussi. Et tu es vraiment très beau Sucre, même de dos. Je dis, sans m'en rendre compte puisque je n'ai d'yeux et d'attention que pour ta peau. Je me souviens de chaque soubresauts puisque que tu en portes encore les traces. Je dépose des baisers là où mes doigts se sont enfoncés trop brutalement. Comme pour m'excuser- à moitié seulement- et soulager un peu ta peau. Je glisse mes bras autour de toi pour t'enlacer et je me presse contre toi. Je remonte mes lèvres de tes omoplates jusqu'à ta nuque. En passant par tes épaules et ton cou. J'y dépose mille baisers tantôt tendres et doux. Tantôt plus fervent. Je caresse ta peau, continue de consteller ta peau, me presse plus encore et puis je me fige, le souffle court.

- Oh... Fichtre. Je jure. Embarrassé. Je dis, maladroitement alors que j'essaie de reprendre mon souffle. - Tu ne devrais pas rester aussi dénudé Sucre. Je me détache et je m'enfuis, puisqu'il s'agit d'une fuite précipitée. Je vais ramasser tes vêtements. Confus. Surpris encore et surtout embarrassé. Encore un peu, encore un peu et je m'excitais trop pour toi. Je reviens la démarche un peu maladroite et je couvre ta tête. - Habille-toi et faisons à manger. Je frotte ma  nuque, toujours gêné et je m'installe à l'autre bout du lit. Il allait falloir que j'apprenne à modérer mes ardeurs. Et je ne suis pas très certain d'arriver à le faire.

Je soupire plus franchement. Je ne suis pas habitué à perdre le contrôle ainsi. Et le reprendre était tout sauf évident. Si la vue de ton dos nu me faisait tant d'effet je n'ose même pas imaginer ce que je ferais, quand tu serais nu. Je confie, incrédule.- Peut-être que prendre une douche ensemble est un peu irraisonnable. Je ris un instant et je me demande si c'est aussi difficile pour toi que pour moi. Nous venions de franchir une limite, cette nuit encore et je sais maintenant que notre relation ne sera jamais plus la même. Et je crois que je viens seulement de m'en rendre compte. - Je ne suis pas très doué on dirait pour me contrôler.. Je murmure et puis j'ose tourner la tête pour demander plus haut. - Est-ce que tu as fini ?
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coeur souillé de noirceur
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MESSAGES ▲ : 332
DATE D'INSCRIPTION ▲ : 09/01/2015
AVATAR ▲ : France ▬ Hetalia
DIT ▲ : chevalier.
ANECDOTE ▲ : son tribut est qu'il est condamné à ne plus jamais dire la vérité. il est accessoirement confiseur et claustrophobe.
FICHE RS ▲ : crache ton miel •

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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaDim 12 Avr - 2:44


Je me souviens de ces premiers jours où j'ai du apprendre à composer avec la distorsion mensongère de ma langue.
Je me souviens de ces jours d'angoisse et de terreur, de confusion, de perte, d'égarement ; je me souviens de la peur, de l'incrédulité, de la colère, de la dévastation, de la provocation. Je me souviens, même si je fais toujours de mon mieux pour oublier les premiers sursauts de ma mort, des réflexions qui sont venues s'alanguir entre les parois de mon crâne.

Lorsque j'ai appris que je ne pourrais plus jamais dire la vérité, j'ai trouvé ça d'une injustice écœurante. Je crois que, ce qui m'a le plus outré et qui a fait germer dans mon ventre une vendetta pétrole c'est que l'on m'ait soufflé la mémoire et que l'on m'ait forcé à ignorer la cause de ma damnation.
Ce geste là était d'une imbécillité sans nom ; il m'avait mis hors de moi, et si je suis constamment hors de moi maintenant, c'est sûrement à cause de cette flagellation primitive.

Je m'étais dit qu'il allait y avoir des choses qui me manqueraient.
Je ne pourrais plus dire au monde que je le haïssais – on m'avait sucré mon amertume. Je me disais, aussi, que je ne pourrais plus dire à une fille que je la trouve laide, à un homme qu'il est con, à des imbéciles qu'ils peuvent aller se faire voir, ni même étaler sur les pommettes du monde la poudre de mon orgueil.
Dans un rire, je m'étais dis aussi que si jamais je venais à avoir des sentiments pour quelqu'un, je ne pourrais jamais lui confesser mon amour avec des lèvres humides et lui prononcer ces mots qui étranglent tant une poitrine.
Je me souviens avoir ricané, en me faisant cette remarque ; c'était d'une connerie infinie et farouchement peu crédible.

Il n'y avait aucune chance pour que je tombe amoureux un jour.
Et je me rendais compte désormais que j'avais été bien imbécile de croire que jamais je ne me ferai souffler toute ma souveraineté.

Maintenant, je ne suis plus qu'à lui.

Je croyais autrefois ne jamais tomber, chuter, cogner contre l'amour ; je pensais aussi, dans le cas le plus extrême, le plus risible, et le plus ridicule où je me ferai emporter moi aussi, ne jamais pouvoir faire éclore sur mes lèvres ces formules qui font palpiter les joues et tressauter les cœurs.

Or, je l'avais fait.
Je l'avais fait et j'avais encore sur le bout de mes lèvres une entaille pour chaque syllabe muette qui était tombée de ma bouche. J'y trouvais un goût qui n'était ni amer, ni salé. C'était très doux, assez sucré, et pour la première fois depuis ma mort, il ne m’écœura pas.
Je l'aimais beaucoup.

Penché au dessus de Bermuda, les lèvres pétries de dévotion et les yeux mangés par sa présence, je m'apercevais que j'étais très heureux.
C'était extrêmement ridicule – la poitrine qui se gonfle au même rythme que ses inspirations, les sourires débiles qui débordent sur mes lèvres et que je ne peux pas ravaler, le pli de mes yeux qui se fend de joie, l'envie de rire, l'envie de l'embrasser, l'envie de l'enlacer, l'envie de rire encore, avec lui, l'envie de lui. Toutes ces émotions se heurtaient à celles plus anciennes qui avaient toujours taillé une part de choix entre mes côtes ; le mélange était détonnant et moi, j'étais si loin, si loin de moi.

En vérité, je n'étais pas très loin ; juste furieusement niché dans le cœur de Bermuda.

Je venais de lui dire, en silence, les mots tapis sur mon visage sans résonner sur les draps, que je l'aimais – et il choisit cet exact moment pour se réveiller. Je ne m'en étais pas aperçu, trop perdu quelque part entre la carnation blanche et rose de sa peau et l'interstice que formaient ses deux lèvres entrouvertes.

D'un coup, il a surgit et de la même manière qu'il m'avait saisit dès jours et dès jours auparavant en crevant mon champ de vision, il m'emporta contre lui. Son étreinte était très forte et, de toute façon, je n'opposais aucune résistance.

Je savais que désormais, je flancherai bien trop la nuque face aux demandes de Bermuda. Surtout lorsqu'il me crève le cœur sans la moindre dague :

― Bonjour Sucre.

Nous sommes au beau milieu de la nuit.
Et voilà ce sourire, ce sourire imbécile, ce sourire béat, ce sourire idiot, celui que j'ai tant méprisé et que maintenant je désire trop fort, voilà ce sourire précisément qui vient rehausser mes deux lèvres en demi-lune. Heureusement que mon visage est caché dans ses cheveux aux couleurs des trésors. Le corps plaqué contre lui, à peine retenu sur mes avants bras, je réponds en frottant la pointe de mon nez tiède contre son hélix brûlante de sommeil :

― Bonjour, Bermuda.

Et je ne suis pas certain de parvenir à tolérer autant de bonheur en moi.
Je presse un baiser sur son front ; dedans s'étiole un peu de mes sentiments.

Je suis bien – je souris, donc je suis forcément bien – et je n'ai pas envie de bouger. Bermuda me possède, Bermuda m'étreint, Bermuda s'accroche et si je peux rester ainsi entravé dans son étau alors, je me moque bien de perdre l'intégralité de ma maigre liberté.
Je souris, fouille ses cheveux du bout de mon nez et dépose, à intervalles irréguliers, deux ou trois baisers sur la dune de son front. Mon corps n'est pas très à l'aise ; il m'attire dans une position où mon bassin se tord, mes avants bras tremblent sous l'effort et j'ai une crampe au dessus de chaque omoplate.

Mais je m'en moque – je m'en moque et je m'en contrefous absolument, puisque je suis si bien, encagé dans les bras de Bermuda.

Sous moi, je sais que sa poitrine est nue et qu'il n'existe, entre nos deux cages thoraciques, qu'une mince épaisseur de laine.
Je me sens encore m'exciter ; voilà pourquoi je ne devais plus le regarder et lui, inconscient, dangereux, ignorant, il me presse contre son bassin. Mes tempes commencent à chauffer et il choisit cet instant précis pour me repousser en grognant.

La couverture ne lui plaît pas et j'en ris, d'un rire heureux, d'un rire tendre avec la voix cassée par la fumée de cigarette lorsqu'il commence à se battre avec comme si elle venait à l’abordage de son corps.
Mais très vite, je cesse de rire, puisque ce qu'il se passe ce n'est plus du tout drôle.
Absolument pas drôle.
Horriblement peu comique – si bien que tout mon visage soit pâlit brusquement, soit s'empourpre merveilleusement.

Bermuda me dévoile encore son corps nu.
Je crois que je vais lui faire l'amour encore une fois.

J'en suis là de ma réflexion, pris d'une pulsion brutale, les tremblements dans les os et jusque dans mon bassin insatisfait lorsqu'il m'interrompt et me plaque à nouveau contre lui. Mon souffle est court, mes joues soit blanches, soit roses, mais une chose est sûre.
Je pense que je tremble un peu.

Je tremble, les yeux écarquillés détaillant la peinture beige du mur et tentant vainement de me concentrer sur l'accroc dans le plâtre pour ne plus penser à l'incendie qu'il déclenche dans mes muscles.
Mon corps le recouvre tout entier – mais bon sang, quel idiot, ne sent-il pas ce qu'il me fait ? Ne se rend-il pas compte de la violence qu'il inflige à ma volonté ; je me mords les lèvres, j'écrase ma langue entre mes molaires et j'étouffe un grognement gémit lorsqu'il mêle ses jambes aux miennes.

Je ne dois pas le regarder.
Je ne dois pas le sentir.
Puisque je sais que, si je me rappelle la douceur de sa peau, sa tête basculée en arrière, la chaleur de ses lèvres, je sais que je vais lui faire l'amour – encore.

Je me dépite – je ne me savais pas si peu capable de me contrôler.
Bermuda, pourtant, me dit des choses belles, des choses qui extirpent de mon amertume une tendresse qui s'étouffait depuis si longtemps que j'en ignorais encore la présence. Absolument excité et totalement possédé, le sourire qui essaie de venir sur mes lèvres se transforme en grimace. Face à ces provocations, je grogne.

Je grogne et enfoui mon visage dans son cou en retenant mon corps de s'arquer tout entier contre lui.
Il ferait mieux de ce taire, cet idiot trop attirant, au lieu de ne me jeter au nez des remarques qui ne vont qu’envenimer mon désir ; sinon, il ne va pas comprendre ce qui va lui retomber dessus.

Mais il m'embrasse.
Il m'embrasse, Bermuda, lorsque je mets mon visage en face du sien. C'est fait avec une telle douceur et une telle tendresse que je ne peux qu'avoir mille fois plus envie encore de saisir encore ses reins et de hisser les gémissements le long de sa gorge.

Alors, quand nous nous embrassons et que je relève ma main jusque dans son cou, puis sur sa joue, puis dans ses cheveux que je caresse, je me résigne.

Nous allons faire l'amour, encore.
Je peste faussement, heureux, taquin, complice ; ce n'est pas vraiment si nous avions le choix.
Mais je ne vais pas m'en plaindre.

Et alors que je me résous, que je me sacrifie, bon prince, roi magnanime, a donner encore un peu plus de ma personne malgré mon ventre vide et ma fatigue, ce goujat de pirate me repousse avec une souffle contrarié sur le front.
Je le dévisage, incrédule :

― Tu as fumé.

Et il m'abandonne, seul sur le lit avec pour seul compagnie une couverture en laine qui démange et un désir qui me bouffe à m'en faire perdre la raison.
Je crois que je vais devenir fou.

Je suis si stupéfait par son soudain revirement et sa remarque sur l'odeur du tabac qui s'accroche à ma barbe que je reste incrédule, la bouche ouverte, les yeux écarquillés sous l'étranglement de mon désir, toujours à demi allongé sur le lit.

Le pire, dans tout ça, c'est qu'il est très sérieux et qu'après un vague coup d’œil à la couverture (je me sens soudain plein d'espoir, peut-être qu'il va changer d'avis et revenir presser sa peau nue contre ma bouche avide), il se lève et s'en va.
Il me laisse, et je ne vais pas dire que je suis à la limite du désespoir, mais presque ; je suis faible et je le sais depuis longtemps et il est très cruel qu'il joue ainsi avec les soubresauts de ma peau.

Il est même plus que cruel lorsqu'il parade dans l'appartement, nu, et que mon œil cobalt se pose sur son dos avec l'envie sauvage de fondre sur lui.
Je suis un homme qui n'a plus de dignité ; je lâche le grognement et la plainte la plus désemparée qui n'ai jamais franchi mes lèvres :

― Bermuda !

Et je fais gronder toutes les reproches du monde dans cette exclamation qui dit : tu n'as pas le droit d'être si beau et de ne pas te donner à moi.

Inconsolable et misérable, avec mon corps trop tendu et mes pensées vrombissantes, je me jette en arrière sur le matelas en couchant mon coude sur mon regard. Je ne veux plus le voir. Je ne veux plus le voir puisque je suis excédé, frustré, agacé, frustré, en colère, furieux, dépité, frustré et exagérément frustré par son dédain.
Je grogne une, deux fois, trois fois, secoue mes jambes qui dépassent du lit en geignant, capricieux (c'est très mature), et conclus mes protestations puériles par un soupir que je vais puiser dans mes dernières côtes.

Que fait-il de moi.

Au bout d'un instant, tous mes muscles se relâchèrent et la frustration qui faisait gonfler mon agacement s'apaisa un peu. Allongé sur le lit, les jambes dans le vide comme au bord d'un précipice et le bras sur les yeux comme pour tarir des larmes, j'attendis.

Je n'avais aucune idée de ce que j'attendais exactement et, d'ailleurs, je n'étais toujours pas sûr d'attendre quoique ce soit. Même si il m'avait repoussé, et même si j'avais le désir écorné dans la bouche, je crois qu'il était plus juste de dire que je savourais.
Oui, je savourais, puisque j'avais encore ce même sourire qui était revenu sur les lèvres, celui qui disait que j'étais heureux.

Nous nous étions levé ensemble – certes, au milieu de la soirée, mais nous nous étions dit bonjour. Il me l'avait même dit plusieurs fois. Il m'avait enlacé. Il m'avait embrassé. Il m'avait repoussé. Il avait pesté.

Je crois que j'aimais un peu trop ce quotidien doux-amer que Bermuda m'apportait, les mains en coupe.

Déridé, je me retirai mon bras de mon visage et, très attentif aux bruits qui émanaient de la cuisine, je me redressai légèrement. Je le cherchai d'abord du regard avant de vite abandonner cette tâche ; mieux valait qu'il reste dissimulé derrière le bar plutôt que j'aperçoive le pan blanc de sa nuque et que je fonde sur lui pour y déposer ma langue.
Je portai plutôt mon attention sur le lit et, basculant sur le flanc, j'observai le poing enfoncé dans la joue le côté du matelas où Bermuda venait de terminer son sommeil. Mes doigts, encore électrisés des caresses qu'ils avaient reçu il y a une heure (peut-être deux ou trois ?), ondulèrent sur la housse de coton. Ils louvoyèrent tout le long du matelas, là où s'étaient reposés ses reins, là où ils avaient brûlé, là où ils avaient rebondit au rythme de nos déclarations, puis ils remontèrent jusqu'au coussin où reposait son visage que j'aimais tant.

J'y enfonçai à mon tour mon visage ; je cherchai à humer son parfum et je cru distinguer, avec une satisfaction qui me tordit le ventre de joie, un peu de son parfum de sel.
Je crois que je serai très heureux d'avoir toujours les embruns de Bermuda entre les murs de mon appartement.

En même temps que je partais à la recherche de ses vestiges (alors qu'il n'était qu'à quelques mètres de moi, mais je le dis, je ne sais pas ce qu'il fait de moi exactement, et je ne suis pas sûr d'aimer ça), ses protestations me parvenaient de la cuisine et m'arrachaient des rires.

Puisque j'étais toujours vexé de son rejet, je l'ignorai et le laissai se débrouiller avec la nourriture – j'avais très envie de lui jeter des provocations au visage, de lui dire de se débrouiller, qu'il était un grand garçon, mais j'étais toujours obstrué dans cette crevasse de bonheur qui m'empêchait de formuler des remarques pseudo acerbes.

A la place, le nez enfoui dans l'oreiller, je ricanais – et suffisamment fort pour qu'il m'entende, sinon mes moqueries perdaient de leur piquant. Et je me préparais, lorsque j'entendis ses pas rebondir sur le parquet pour revenir vers moi, à lui lancer, paroxysme de mon mépris amusé, une phrase comme : « Finalement, on a besoin de moi ? », le sourire le plus goguenard accroché aux lèvres, mais je ne réussis pas.

Sa vision fut un crève-cœur ébranlé de dépendance. Aussi, il avait l'air très sincère, avec une moue fébrile sur le visage, et j'avais été toujours très faible pour la sincérité.
Il s'assit à côté de moi et alors que je continuais de le dévisager, un peu bête, ses paroles me tirèrent petit à petit de mon hors temps.

Il me fallait retourner dans la réalité ; je ne pouvais plus me prélasser dans cette lande cotonneuse de bonheur où je me perdais en caprices, en gamineries, en indolence. Ou plutôt, je ne pouvais pas faire que ça – et petit à petit, les mots de Bermuda, si ancrés dans le présent de la mort, me descendirent près de lui.
Je lui souriais.
A chacune de ses paroles, je réagissais – je riais lorsqu'il parlait de ses talents culinaires, soupirais amusé face à sa naïveté, replaçais une mèche de ses cheveux entre deux rires, retenais l'envie de venir me blottir contre ses lèvres.

Après ses demandes, même les plus délicates (s'il fallait se laver ensemble, je ne répondais plus de rien), je ne trouvais qu'une seule réaction qui s'insinua entre deux rires très légers :

― Tout ce que tu voudras, Bermuda.

Sauf pour le tabac.
Mais ça, il n'a pas besoin de le savoir pour l'instant.

Je le regarde, allongé à nouveau sur le matelas, pétri d'idées indécentes et tendres à la fois. Il se saisit de ma main pour jouer de douceur avec et je fais pareil de mes doigts libres sur ses cuisses. Je pianote doucement, y trace des arabesques en espérant secrètement que les cercles concentriques que je trace pourraient soulever ses gémissements.
Je me mords la langue – quelle idée de penser à ça !

J’écoute Bermuda (j'aime tant l'écouter, même lorsqu'il m'agace) parler de la boutique et lui répond partiellement, handicapé par mon tribut, manifestant ma surprise. J'avais totalement oublié cette histoire de vente qui est si récente et si ancienne à la fois ; l'idée n'est pas toujours enterrée et j'y songe à nouveau en fronçant les sourcils.

Je suis peut-être un peu lassé d'être confiseur.

Mais lorsqu'il parle de racheter ma boutique et de faire, grosso-modo, de moi son esclave, je ne peux avoir sur le visage qu'une expression interloquée. Puis, elle se mue en amusement, et finalement en complicité lorsque je dis, goguenard :

― Ah oui ? Et tu ne voudrais pas m'attacher dès maintenant, par hasard ? Comme ça, tu pourrais être certain que je ne m'enfuirai pas. Que je ne m'enfuirai plus jamais. Ça ne me dérangerait pas, tu sais ?

Et je n'ai jamais été plus sincère ; je crois que je vais un peu mal, à aimer autant ses désirs de séquestrations. Relancé par ses idées extrêmes, je m'apprête à me pencher au dessus de lui pour déposer un, deux, trente, cinquante baisers de son visage à ses chevilles. Mais il est plus vif et, pour la énième fois (agaçante), il me souffle mes intentions et vient se presser dans mon dos. Je proteste :

― Berm -
― Je me demande si cela change quelque chose à notre relation ?

Et même protester, je ne le peux pas. Je grimace face à sa demande, perplexe, confus, incertain de ses mots et des miens.
Je suis tellement peu habitué à énoncer les vérités que maintenant je crains qu'elles n'existent dans leur sonorité. Très digne, je laisse courir son interrogation qui, de toute façon, n'attendait probablement pas de réponse. Mais mon agacement est parti – mon agacement ne peut pas tenir longtemps lorsqu'il me frappe ainsi avec sa spontanéité.

J'ai envie de soupirer ; même lorsque nous sommes au réveil, même lorsque nous effleurons la douceur ambiguë de la banalité, le voilà capable d’éjecter mes émotions dans des extrêmes insaisissable.

Là, Bermuda dans mon dos, sa chaleur griffant ma peau, je me demande bien comment je vais pouvoir survivre.

Je me demande comment je vais survivre lorsque Bermuda me dit que je suis beau – ça me fait flancher ma nuque et je me sens faible et docile, d'un coup. Je me demande comment je vais survivre alors qu'il commence à éclater des baisers sur ma colonne et mes côtes. Je me redresse, vivement, frissonne, soupire, retient un grognement, raidis ma nuque et lui dis :

― Att -

Je me demande comment je vais survivre lorsqu'il m'enlace pour me faire taire et que ses lèvres continuent d’égrainer des baisers tout le long de mon dos. Il a beau baiser mes omoplates, j'ai la poitrine, à l'avant, qui se sent déjà mordue par les flammes.
Il faut qu'il arrête. Il me caresse, il faut qu'il arrête mais c'est terrible, je suis si peu résistant, salement corrompu, et je ne cache plus le plaisir que je ressens.

Je lâche, à chaque caresse, chaque baiser, des soupirs extatiques. Il n'a besoin que de cinq caresses pour me rendre haletant et docile, souffler ma rancœur et mon agacement.

Je me désespère, essoufflé par les baisers qu'il a fiché, conquérant doux, dans mon dos.
Je suis presque sur le point de le supplier de recommencer (de recommencer à m'offrir ses cambrures et me prêter ses gémissements), lorsqu'il s'écarte brutalement.

Encore ?!
Un gémissement s'étrangle dans ma gorge lorsque je vire vers lui un visage frappé d'indignation. Mais je vois, sur le sien, de l'embarras, une constatation, et moi aussi, je l'ai constaté ; sur lui comme sur moi.

Je vais lui dire que ce n'est pas grave, que ça n'a pas d'importance lorsqu'il me couvre le visage de mes vêtements. Je grogne, je peste, je m'indigne, des plaintes monosyllabiques aiguës remontant de ma gorge et je suis tellement, tellement outré (il n'est pas le seul à avoir envie de dire fichtre), que je garde mes vêtements dans ma main sans chercher à m'habiller.

Il ne va pas s'en tirer aussi facilement.

― Est-ce que tu as fini ?
― Oui, je mens, la voix rauque.

Et je ne lui laisse pas le temps de vérifier, ni même de tourner sa nuque que je viens me presser dans son dos à mon tour ; la différence, c'est que je suis bien moins habillé que lui.

Non, il m'a vraiment trop cherché pour que je le laisse s'en tirer à si bon compte.

Je me place dans l'exacte même position que lui et comme je suis plus grand, je viens appuyer le bout de mon nez dans sa nuque. Là, j'y dépose des caresses du visage, du nez, des joues, des lèvres, puis je dis :

― Tu te rends compte de ce que tu fais, depuis tout à l'heure ?

Et comme pour lui faire comprendre, mes mains, décidées, glissent sur son torse et viennent y percer des caresses. Pendant ce temps, je pique sa nuque, son crâne, ses épaules de baisers :

― Oui, regarde, je me suis habillé comme tu me l'as demandé, je dis, nonchalant, pour meubler le silence.

Mais mes mains se font plus entreprenantes et glissent sous son haut. Mes doigts viennent compter ses côtes, effleurer chaque accroc de sa poitrine pour y griffer des caresses. Je donne un coup de langue en haut de sa nuque et, la bouche près de son oreille, je la mordille.

― Ne sois pas si gentil avec moi, Bermuda, dis-je en planquant un peu plus mon ventre contre lui.

Et je comptais véritablement le faire basculer pour moi, lui faire réclamer plus de baisers, plus de caresses indécentes sur son torse nu – et ailleurs. Mais alors que mes deux mains descendent sur son ventre, mon estomac hurle de faim à nouveau.
Je suis presque sûr que le sien aussi.

Le retour à la réalité est brutal, et douloureux. Je suspends mes gestes, mes doigts prêts à s'enfoncer sous sa ceinture. Je grogne, l'estomac recroquevillé dans sa souffrance et soupire finalement, vaincu :

― Très bien, très bien ! Allez, on va manger – pour de bon cette fois.

Et c'est à mon tour de me lever et de le laisser sur le bord du lit.
Très rapidement, je m'habille, non pas avec les vêtements de la veille qu'il m'a balancé mais avec un tee-shirt gris pris dans mon armoire que j'enfile furieusement. Je me dirige ensuite vers la cuisine d'un pas claudiquant à cause de mes coupures aux pieds, mais lorsque je vois le capharnaüm qui se multiplie sur mon parquet, j'ai encore une fois envie de vendre l'appartement. Je lève les yeux au plafond, m'arrête, pivote vers lui et dis, hésitant et grimaçant :

― Tu es sûr... Tu ne veux pas ? Non, non, il faut que -

Je pivote vers la cuisine.
Je m'arrête, je fais demi-tour et dis d'une voix basse :

― Même un tout petit peu ? Ça ne prendrait pas longtemps – non, devons -

Incapable de retenir mes pulsions et mes envies, je râle à voix haute et me frappe le front du plat de la main avant de m'attraper brièvement la tête. Quand je me retourne une énième fois vers Bermuda, je n'ai plus d'hésitation ou de souffrance sur le visage, mais une colère décidée :

― Bon, très bien, tu l'auras voulu, je conclus, expéditif.

Je lève un doigt semi-menaçant.

― Mais tu n'as pas intérêt de m'allumer encore, d'accord ? La moindre caresse de travers et je te prendrai dans la cuisine tellement de fois que tu ne pourras plus jamais retrouver l'usage de tes jambes. Compris ?

Furibond, je me réfugie dans la cuisine en évitant les débris qui jonchent le sol.
Non, vraiment, il ne se rend pas compte de tout ce qu'il fait, et de tout ce dont il est capable. Puis, changeant d'humeur, oscillant sans cesse entre le bonheur et la frustration depuis mon réveil, je lance très simple, le visage sincère :

― Tu viens ? Je t'apprendrai à cuisiner.

Et je sais qu'il va venir, parce qu'il me l'a demandé ; il m'a dit qu'il voulait que je lui apprenne.

Quand je constate qu'il a vidé mes placards pour les étaler sur le plan de travail, je lève encore les yeux au plafond. Je n'ai aucune idée de quand nous pourrons ranger tout ça, et probablement faudrait-il que je nettoie le salon si je n'avais pas si peu envie.
J'attrape la dernière poêle propre, la boîte d’œufs et fait chauffer l'huile sur la gazinière. J'adosse mes reins contre le plan de travail en attendant que la température augmente. Je lui souris :

― On va faire des œufs. C'est peut-être un peu simple, mais c'est très rapide, et ça te remplira le ventre en attendant.

Mon regard se pose sur lui et affaiblit ma volonté. Je me penche vers lui, embrasse ses lèvres rapidement, une main sur sa joue avant d'ajouter avec un regard de remontrance :

― Aucun geste de ta part, compris ?

Puis je me retourne et m'affaire à la préparation des œufs. J'en attrape un dans ma main, casse plutôt habilement la coquille (je ne suis pas non plus un empoté), et renverse le contenu dans la poêle. Je réitère l'opération cinq fois, sel, poivre, et au bout de deux minutes de crépitements, les œufs sont prêts.
Je coupe le gaz et souriant, montre le résultat à Bermuda :

― Alors, ça te va ?

Et je suis très heureux, de cuisiner pour lui encore – très heureux jusqu'à ce que je me rende compte, en avançant jusqu'au bar, d'un détail qui me chiffonne.
Je m'agace.

― Je crois que je n'ai plus d'assiettes. Il faudra que j'en achète.

J'en suis même certain, puisque j'ai brisé les dernières au sol. Je lâche un énième grognement.
Je pose la poêle chaude sur un dessous de plat, sur le bar et vais chercher deux fourchettes et deux couteaux dans le placard. Je lui désigne le bar d'un coup d’œil, une main dans mes cheveux :

― Est-ce que ça te va, Bermuda, de manger dans la poêle ? Ça ne changera rien, véritablement, nous mangerons quand même ensemble.

Et on partagera même un plat commun.
Je pose nos couvert sur le bar, à côté des œufs, puis sans que je m'en rende compte, ma main attrape la sienne. J'ignore pourquoi je fais ça et je reste interdit un instant – ai-je voulu le guider jusqu'au bar, ai-je voulu le garder près de moi.
Debout en caleçon et en tee-shirt au milieu de la cuisine en bordel, je suis soudain embarrassé. Mon regard se fait fuyant mais, comme une jouvencelle énamourée (quelle ironie), je ne le lâche pas. J'ose, encore une fois :

― Ou alors, nous pourrions peut-être...

Mais je me coupe aussitôt en me pinçant l'arête du nez puis en brandissant mon index décidé :

― Oui, non et oui, nous devons, et tu dois – voilà.

Comme pour me convaincre de ne pas céder, je tire un tabouret de bar et vient y ficher mon derrière qui aimerait certainement faire autre chose. Durant quelques courtes seconde, j'écrase mon front contre le bar et me redresse, cherchant tous les morceaux éparpillés de ma volonté. J’attrape ma fourchette, place correctement la poêle entre nous deux. La table est assez pitoyable, mais au vu de la fin de la dernière, je me dis que ce n'est pas plus mal. Je sépare les six œufs en deux parties égales et place le récipient entre nous deux.

Puis, je le regarde, à nouveau. Et là, je ris, très léger.
Je repense à tout à l'heure.
Je suis très heureux et en continuant de rire très doucement, comme si l'aube découvrait de trop belles choses, je demande, ma fourchette négligée entre mes doigts :

― Et bon appétit ?

Et je t'aime toujours beaucoup.


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conscience vouée à l'errance
Bermuda
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conscience vouée à l'errance


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MESSAGES ▲ : 177
DATE D'INSCRIPTION ▲ : 05/01/2015
AVATAR ▲ : United Kingdom • hetalia By Sucre ♥
DIT ▲ : Sale Rat / Capitaine, à votre guise.
ANECDOTE ▲ : Bermuda est né de la cupidité•hermaphrodite• il écrit en indianred
FICHE RS ▲ : Je la revendrai à prix d'or

Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 Empty
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaLun 13 Avr - 4:27

Je suis trop peu habitué à me laisser aller ainsi. Et ce n'est pas peu dire. Je n'étais jusqu'au mois dernier très peu familier des plaisirs de la chair. Oh. J'ai flirté. J'ai charmé. J'ai embrassé. Des bouches. Des visages. Des mains. Séducteur. Faussement tendre. Taquin. Moqueur. J'ai effleuré des cous. Des fronts. Des lèvres. Des cheveux. Des torses. Des poitrines. Je le confesse. J'ai usé de bien des charmes, comme bien de menaces, pour conclure des transactions. Arracher des soupirs, du contentement, juste un peu, pour pouvoir amadouer plus facilement, arriver à mes fins. J'ai profité des faiblesses humaines. Je n'y avais jamais été soumis. C'était avant que tu ne m'embrasses trop fort. Que tu ne m'enlaces aussi. Et maintenant que je sais, et tu me l'as dit, fait comprendre de mille manière, que ce n'était pas mal de désirer alors j'ai plus de mal à contrôler mes envies.


Peut-être parce que tu es vraiment très beau. Ou que tu m'aimes. Que j'aime trop t'enlacer. Que j'aime trop t'embrasser. Que chaque fois que je peux te voir et t'enserrer dans mes bras je ne suis plus capable de désirer autre chose que ton corps, tes lèvres, tes caresses, ton corps entier et sa brûlure. Il faudrait que j'arrête d'y penser. Il faudrait que je fixe quelque chose. Que j'arrive à accrocher mon regard quelque part. Puisque mon œil est attiré, irrémédiablement, par toi. Ce n'est pas facile. Parce que je pense que je pourrais abîmer mon regard des centaines de secondes, minutes, heures, éternités. Il faut que je me retienne. Puisque j'ai faim. Que toi aussi. Que ce ne serait vraiment pas raisonnable. Je n'ai pas assez de volonté pour pouvoir me contenir. Et. Quand tu viens me dire que tu as fini de t'habiller je soupire de soulagement.


Je veux me retourner, mais je te sens dans mon dos. Je veux protester, mais tu t'attaques à ma nuque. Sournoisement. Alors que j'étais décidé à ne pas craquer. Que je m'étais éloigné exprès. Je frissonne et je dis :


- Sucre, non.


Avec le moins de conviction que je n'ai jamais soufflé. Je suis trop échaudé pour pouvoir m'enfuir à présent. J'ai les genoux qui tremblent. La volonté qui s'étiole comme si tu le soufflais sur ma peau trop sensible. J'ai quelques gémissement dans la gorge qui ne demandent qu'à sortir. Je sers les dents. Je ferme l’œil et j'essaie de me concentrer. Quand tu me demandes si je me rendais compte de mes actes je secoue la tête péniblement (et je trouve que je le fais trop avec toi). J'ai des soupirs. Des tremblements. Depuis mes reins jusqu'à ma nuque. Tu passes tes bras sur mon torse, mais c'est presque anecdotique parce que je ne sens plus que tes caresses. Tes lèvres. Bon sang. Je geins doucement puisque j'ai faim. Mais je crois bien que j'ai plus faim de toi.


- Menteur!


Je soupire, entre deux gémissements, puisque tes doigts glissent sur ma peau. Je suis trop attentif à ce que tu fais. Ce que tu dis. Tu me caresses de mes clavicules jusqu'à mon ventre. Tu accroches chacune de mes côtes comme si tu voulais y graver ton nom. Je lève les mains pour m'accrocher à ton bras, faiblement. Quand tu passes ta langue dans ma nuque, je gémis. Je gémis parce que je n'ai plus que du frisson sur la peau. Que chaque fois que tu viens te perdre et dans mon dos et dans ma nuque je ne peux que me cambrer. Désirer. Plus fortement encore. Je me laisse si peu atteindre. Étreindre. J'ai toujours le réflexe de regarder derrière moi. J'ai tellement peur de prendre, un jour, un coup de poignard dans le dos. Mais toi tu pourrais accrocher mes pas. Les hanter même. Je n'ai pas peur. Et je ne doute pas. Je n'ai jamais douté. Un seul instant. Et c'est troublant. Tu pourrais me trahir encore (et tu l'as déjà fait), que je ne douterai pas.


Parce que je dois avouer, piteux, que j'aime trop compter. J'aime trop me dire que je te rends fébrile. Et que tu m'aimes. Et j'aime trop aussi quand tu me dis que l'on fera comme je voudrai. Je suis un homme trop égoïste et capricieux. Possessif aussi. Si tu continues à exaucer le moindre de mes désirs. Si tu continue à combler et ma peau et mon cœur. Si tu continue vraiment, je sens que jamais je ne pourrai plus te relâcher-puisque je te possède entièrement-, jamais. Et tu sais que l'éternité est longue. Si tu continue. Sucre. Si tu continue. Vraiment. Sucre. Je ne sais plus. Pourquoi tu ne me touches pas plus bas ? Je vais quémander. Je vais supplier. J'ai si peu de volonté. Et j'ai de nouveau trop d'air dans la bouche. Vraiment. Sucre. Vraiment. Je gémis et je me dis que finalement ce n'est pas très grave si nous ne mangeons pas, finalement. Si je crève après. Parce que je suis trop fébrile maintenant.


Tu te presses alors contre moi et je constate que nous sommes tous les deux dans le même état. Ce n'est pas grave. Vraiment. Parce que ça me va. Tout me va. Tu glisses tes mains, sur mon ventre cette fois. Je frémis entièrement. J'ai laissé retombé mes bras sur le côté et j'ai glissé quelques soupirs. Erratiques. Chaque fois.


Mais tu t'écartes. Tu ne me laisse même pas le temps de protester. De répondre. De supplier.(J'aurai pu supplier, bon sang, mais qu'est-ce que tu fais Sucre?) Tu t'en vas. Si bien que je ne peux même pas te retenir. Tu dis que nous allons manger. Je m'écroule sur le lit. Je pose mes deux mains sur mon visage et je geins. Je geins à mon tour, mais je n'ai pas de mot, de protestation sur les lèvres. Juste une plainte presque animale dans la gorge. Tu ne peux pas. Non. Tu ne peux pas.


Mais. Après quelques secondes-pleines d'espoir-, presque une minute, convaincu que tu vas revenir-il ne peut en être autrement- ; je finis pourtant par me rendre à l'évidence. Tu ne reviendras pas. Tu ne reviendras pas, alors que tu as mis du désir dans mon ventre. Tu ne reviendras pas, alors que je t'ai offert mon dos, ma nuque, mes frissons, que j'étais résolu à endurer la faim, la tienne, j'aurai pu tout supporter vraiment. Tu ne reviendras pas. Je grogne. Contrarié. Et l'indécision et les nouvelles invitations que tu me lances, inconscient, vraiment, qu'est-ce que tu dis Sucre ? Toutes cette indécision et cet espoir que tu me lances pour mieux le reprendre me mettent hors de moi. Je suis hors de tout. Si bien que je pourrai te tuer du regard. J'ai attrapé l'oreiller. Dans l'idée de te le lancer. Si je n'avais pas les genoux aussi peu fiable. Si je n'étais pas totalement, incroyablement, malheureusement si dingue de toi. Oh. Je peux dire. Vraiment. Sucre. Vraiment. Tu ne peux pas repousser comme cela, toute la dévotion de mon corps pour le tien. Tu ne peux pas non plus ignorer mon état, surtout que moi je n'ignore pas le tien. Parce que tu te pavanes. Tu exhibes, provocateur, toute ton indécence. Je vais vraiment te tuer Sucre. Parce que tu ne peux pas me repousser comme cela. Que tu ne peux pas me relancer et me frustrer-c'est le mot- comme cela. Chaque fois que tu ouvres la bouche. Bon sang. Mais qu'est-ce que tu me fais Sucre ?


Je sers les dents et j'ai trop de dignité et de vanité pour te supplier de me toucher. Si tu ne reviens pas. J'irai dans la salle de bain. Je m'enfermerai. Et. Je ne sais pas encore comment me toucher moi-même. Mais je le ferai. Et je te repousserai ensuite. Vraiment Sucre. Vraiment. Et toi tu pourras supplier. Vraiment. Je te repousserai, mauvais, ou alors je te demanderai de me supplier. À genoux. Je hoche la tête. Cela me semble être un bon plan. Je me concentre de nouveau sur toi, je me suspend à tes lèvres. Puisque j'ai de nouveau l'espoir que tu revienne (je l'ai voulu après tout). Mais. Je pense que je n'aurai pas dû être si attentif. Parce que ta tirade suivante me désespère plus encore, alors je n'attends même pas que tu aies fini de parler. Ma lèvre s'est arquée. Et je me suis redressé. Je me suis redressé, avec le coussin (je n'avais pas prévu de l'emmener avec moi, mais ce que je fais me semble si incohérent) et je suis allé dans la salle de bain, toujours claudiquant, mais une certaine personne m'avait trop échaudé.


- Peste sois-tu !



J'ai fixé le coussin qui avait toujours ton odeur. Et j'hésite un instant. Je pourrai le jeter par la fenêtre ou te le balancer. Et finalement. Je rouvre la porte une seconde pour le faire. Mais je suspends mon geste. Je me suspends parce que tu as dit que tu allais m'apprendre. Je sors et je fais quelques pas dans ta direction. Puisque j'ai bien entendu. Tu as dit que tu allais m'apprendre. Alors que je n'ai rien demandé. J'ai relâché l'oreiller et je suis venu. Un peu moins fâché. On m'apprend si peu. J'ai tant de chose que je voudrais faire. Que je voudrais que tu me montres que je ne peux que venir. Silencieux et docile. Même si ma bouche est pincée. Que j'ai croisé les bras. Que seul mon œil traduit mon intérêt. Vif. Je crois que je ne vais pas te tuer tout de suite. Je me suis placé à côté de toi et j'ai fixé le plan de travail. J'ai observé tes mains. Puisque tu as dit que tu allais m'apprendre. J'ai tout suivi. Minutieux. Tu as mis de l'huile. Allumé le feu. Et tu t'es tourné pour me dire que tu allais- que nous allions- faire des œufs. Et j'ai hoché la tête, concentré. J'ai essayé de ne pas croisé ton regard-je pouvais toujours attraper cette poêle, si je m'emportais- et j'ai fixé les choses rousses, dont je connaissais le nom, à présent.



Tu m'as embrassé pourtant. Et ma volonté a de nouveau flanché. Puisque je suis toujours trop excité. J'ai voulu tendre mes mains pour t'enlacer. Te caresser. Et. Comme si tu avais prévu mes gestes tu me dis, autoritaire, que je ne dois pas te toucher. Je grogne. Parce que toi tu as posé ta paume sur ma joue. Qu'elle s'est réchauffée instantanément. Je grogne. Parce que je n'ai pas l'idée un seul instant de désobéir. Je suis trop vaincu. J'ai reporté, bon grès, mal gré mon attention sur tes mains en jurant-mes bras ont agrippés mes bras plus fort-, pour te voir préparer ces fichus œufs. Pour contenter nos fichus estomacs. Et après. Oui. Après. Je te toucherai tellement que c'est toi qui viendra le premier.



Tu brises avec habileté les œufs sur le rebord. Ils se cassent. Net. En plein milieu. Et tu en renverse le contenu dans la poêle frémissante. De manière lente. Excessivement lente pour que je comprenne. Je hoche doucement la tête, avec sérieux. Tu refais les gestes. Jusqu'à ce que la poêle soit pleine. Tu mets des épices. Mon estomac gronde un peu quand je les vois devenir blanc, devant moi. Quand tu me demande si cela me va je hoche la tête. Heureux. Je pense que je l'ai assez dit, mais j'aime comme tu m'expliques les choses. Lentement et soigneusement. Tu ne m'as jamais fait de remarque sur mon manque de connaissance. Tu ne t'ai jamais fait moqueur. Jamais. Et tu aurais pu. Parce que je suis Bermuda. Que je suis impitoyable. Implacable. Sérieux. Que je t'ai vendu à Canaan. Tu n'as jamais rien dit. Tu ne m'as jamais désapprouvé. Et j'aime cela.


Je te regarde t'affairer dans la cuisine, maintenant que les œufs sont prêt. Tu fouilles dans les armoires. Tu mets la table. Soigneusement. J'ai un sourire, parce que je sais que tu te donnes beaucoup de mal  pour nous. Je l'ai déjà dit aussi, mais je trouve cela attendrissant. Même si tu m'agace le reste du temps. Là. Tu es attendrissant. Surtout quand tu es un peu peiné de ne plus avoir d'assiette. Mais que tu précises que nous pourrions tout de même manger. Tu attrapes ma main et je n'oppose pas même une seule fois de résistance. Je presse tes doigts dans les miens, charmé, parce qu'il y a encore de l'hésitation dans tes doigts. Que tes épaules semblent encore surprises par ce geste, sans doute, je me rapproche de toi.


- Je te rachèterai des assiettes.


Je dis, avec une expression très tendre sur les lèvres. Mes doigts me picotent et ce n'est plus pour briser ta nuque ou harceler ta peau de caresse pour te faire céder. Juste pour t'enlacer. Et te montrer comme j'aime cette partie de toi. (Puisque c'est certain, le mot attendrissant ne franchira plus jamais mes lèvres) Je pense que je pourrai te pardonner, peut-être, de m'avoir abandonné sur le lit avec trop d'envie dans la bouche. (Pas seulement. Mais entre-autre). Je fais un autre pas dans ta direction, les mains tendues, soudain. Tu me balances une hésitation-non, une invitation-.

Je vais vraiment te tuer.


Je prends une inspiration. Une grande. Et je range mes mains dans mes poches. Pour ne pas céder à mes pulsions. Et vraiment. Je trouve que je fais preuve d'un self-control incroyable. Tu es déjà installé sur le tabouret. Les épaules voûtées. En parlant d'épaule il vaut mieux que je reste éloigné des couverts. Je n'ai jamais connu pareil frustration. Et dans toute ton inconscience tu ne fais que l'attiser. Alors que tu avais réussi à me distraire. Vraiment. Je ne te savais pas si cruel. Et inconscient. Mais comment peux-tu? Comment ta bouche peut-elle? Et. Franchement. Il faudrait que tu penses à tourner sept fois ta lan- Non. Je ne parlerai pas de ta langue.


- Oh fichtre.


Je sais me tenir. Le temps d'un repas. J'ai si faim. Je vais finir par laisser mon jeûne me tordre le ventre. Éclater de frustration. De désir. Et ce sera violent. Mille excuses ne suffiront pas. Mais non. Je ne te laisserai pas ce plaisir. Certainement pas. Je m'installe à tes côtés, les traits faussement détendus. Je saisi l'ustensile qui sert à saisir la nourriture, comme j'empoignerai un couteau et rageur je crève le jaune d'un oeuf. Je prends une bouchée et je mastique lentement. (Tu as dit bon appétit. Je crois.) Pour ne pas laisser d'autres jurons franchir mes lèvres. Je n'ai même pas le temps de m'attarder sur le goût de ce plat parce que tu me dis bon appétit.


Je me fige. Je sais que je devrai répondre. Surtout qu'il y a des éclats heureux et joyeux dans ces deux mots. Mais comme j'ai la tête trop palpitante et tendue. Je me souviens alors de tout ce que tu as déclenché en me le disant, tout à l'heure.


Je me rappelle que tu m'aime. Beaucoup. Même plus. C'est au delà des mots. Que je me suis déclaré aussi. Que tu as attrapé avec tes lèvres tout mon amour et que tu as constellé ma peau d'amour. Que je n'ai jamais été si tendre et violent dans une même mesure. Puisque ce que je ressens ne peut ni être contrôlé ni même n'être que doux ou terrible. Il est fléau. Et il m'emporte. Me noie. Me fait quémander. Me transforme en amant furieux et mes doigts incrustent du tourment sur ton épiderme. C'est du Sucre que j'ai dans la peau. Dans les os. Et je n'ai pas le cœur à supporter tant de frustration vraiment.


Quand je rouvre l'œil je constate que je t'ai enlacé. Soudainement. Que j'ai posé le front contre ton épaule gauche. Je me détache. Je croise les bras sur ma poitrine et je dis.


- C'était la fois de trop. Ta bouche. Bon sang. Ta bouche. Mais. Tu ne peux pas. Tu ne peux pas sérieusement me dire tant d'invitation et tout reprendre. Espérer que je mange. Mais. Qu'est-ce que tu dis, Sucre? Qu'est-ce que tu penses? Qu'est-ce que tu fais?


Je saute du tabouret et je dis, hors de moi. De tout-j'ai trop de désir qui assèche ma bouche- et je contourne les vestiges de l'omelette. Je fais de grandes enjambées jusque dans la salle de bain. Je m'arrête sur le seuil et je dis.


- Je vais me toucher. Seul. Tant pis pour toi.



Je ferme la porte et j'avance. Furieux. Pas contre toi. Plus parce que mes désirs me font perdre le contrôle. Et vraiment. Je déteste cela. Je voulais qu'on mange. Qu'on discute. Tu as fait des œufs et c'est la première fois-deuxième en réalité- que quelqu'un me fait à manger. J'enlève ma ceinture et je la jette au sol. Un peu plus de désordre, un peu moins, quelle importance. J'enlève mon pantalon. Je regarde autour de moi. Il faut que je trouve un endroit pour m'y installer confortablement. Où avais-je mis ce fichu oreiller? Je ressors après mille soupirs et je fouille le sol de l'œil pour trouver le coussin. Je fais quelques pas en direction de la cuisine et finalement je le retrouve. Je le saisi sans attendre et je retourne me réfugier dans la salle de bain.


- Ne vient pas Sucre. Je crois bon de rajouter, alors que je crève d'envie que tu le fasse. Mais. Je n'allais pas t'accorder ce plaisir. Oh. Non. Je jette le coussin sur le sol et vais rafraîchir mon visage. Je l'essuie et je m'assoie sur le coussin.


C'est à cet instant que je me rappelle que je ne sais pas exactement comment faire les choses. Je sais te toucher. Je sais aussi ce qui m'essouffle quand c'est toi qui me touche. Mais tu n'es pas là pour le faire. Je ne peux pas me glisser dans mon dos ou embrasser ma nuque, mon cou, mon ventre. Je me tends plus encore quand mon esprit s'égare trop dans tes indécences. Plus j'y pense plus je trouve cela incroyablement absurde. Je ne suis plus si certain d'apprécier mes caresses solitaires. Je presse mon visage dans mes deux paumes. La situation est complètement ridicule. Je me redresse, alors et vais nicher mon visage dans l'embrasure de la porte. Les lèvres pincés.


- ... Tu mets trop de temps à venir Sucre. Si tu me fais trop attendre... Je te tue. Je n'aurai pas du te laisser ce plaisir. Mais qu'est-ce que je peux faire. Dire. Protester? Je dépends trop-et cela me coûte de l'avouer- de toi. Et  je suis encore plus fou. Et ridicule. D'aimer un homme aussi usant et agaçant avec tant de violence et douceur.  
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaMar 14 Avr - 2:18


J'ai parfois l'impression de tenir Bermuda dans le creux de mes mains.
Et pourtant, je sais à quel point il peut-être insaisissable, nocif, létal et coupant ; je sais qu'il m'a saigné, je sais qu'il m'a meurtri, je sais qu'il est capable d'exploser comme une petite bombe que l'on serre trop fort.

Mais quand je pose sur lui mon regard, alors que je sais très bien aussi qu'il ne faut jamais que je fasse ça, c'est tout mon visage qui se laisse noyer par la douceur. Là, mes cils baissés vers lui, la fourchette à moitié tombante entre mon pouce et mon index, je le regarde et je le vois.
Je me dis que j'ai l'impression de tenir Bermuda dans le creux de mes mains.

Je tiens Bermuda et les bras qu'il croise sur sa poitrine. Je tiens Bermuda et ses protestations puériles, Bermuda qui me révèle mes menteries, Bermuda qui m'arrache des rires. Je tiens Bermuda et son corps qui frémit et qui brûle, Bermuda qui s'effondre lorsque je pose sur lui mes doigts pour des caresses, Bermuda qui s'abandonne (et je le sens bien), lorsque je presse dans sa nuque des baisers. Bermuda qui gémit. Bermuda qui s'essouffle. Je tiens tout ça, tout Bermuda, et j'ai conscience du moindre de ses gestes qui vient se planter dans ma poitrine comme ses dagues.

Je n'ai plus que lui comme ma plus précieuse obsession.

Et quand je le tiens comme ça j'ai envie de tout, de tout, sauf de le casser ; je ne parviens pas à imaginer un instant où mes doigts resserreraient leur prise autour de ses épaules pour en faire craquer ses os. Non, quand je le tiens dans le creux de mes mains, sur mes paumes chaudes de sa présence, je ne veux que l'adorer.
Je veux poser des baisers sur ses lèvres et ses joues.
Je veux qu'il repousse mes attentions tellement je l'embarrasse de lui en donner.
Je veux faire germer dans sa gorge les soupirs les plus équivoques.
Je veux le chérir.

Et je veux lui faire l'amour – mais ça, j'ai dit que je devais arrêter d'y penser, sinon je serai incapable de me concentrer sur mes œufs. Je prends une grande inspiration et bloque mon souffle. Un sourire s'étire sur mes lèvres ; je n'en reviens pas, encore, comme je suis heureux.

Je n'en reviens pas comme Bermuda ne cesse de me tirer en haut, en bas, de me plaquer au sol et je rêve qu'il me plaque un jour contre le mur – non, non et non, je ne dois pas penser à ça.

En plus, nous allons manger – je le sais, je le sens, les œufs sont devant nous, rien n'est par terre, j'ai un sourire sur les lèvres, il est venu dans la cuisine, j'ai pris sa main, il a dit qu'il achèterai des assiettes, il a fait trembler mon cœur, il m'a donné envie de lui dérober un baiser, alors tout ne peut qu'aller bien.
Nous allons manger, et je vis cette réussite comme une petite victoire personnelle sur mon manque de contrôle.

Voilà pourquoi, lorsque je tends ma fourchette pour me saisir d'un de mes œufs, j'ai un air guilleret sur les paupières, prêt à chantonner naïvement.

Enfin, jusqu'à ce qu'il manque de me planter violemment sans fourchette dans le dos de ma main. Je me retire brutalement, horrifié. Mon cœur manque douloureusement un battement et mes lèvres se plissent d'appréhension et d'incrédulité.

A la dérobée, je le dévisage, une grimace hésitante sur la bouche. Ce n'est qu'à ce moment là que je remarque comme les plis de son visage sont tendu de fureur.

Mais qu'ai-je fait de mal – encore.

Je me fais soudain la réflexion que c'était une très mauvaise idée que de mettre un couteau entre les mains délicates, certes, mais très impulsives aussi, de Bermuda. Imperceptiblement, je me décale  discrètement de quelques centimètres – plus je mettrai de distance entre nous, plus longtemps je survivrai – en évitant soigneusement de croiser son regard.

J'ai aussi profondément envie d'éclater de rire mais là, j'ai la certitude que j'en perdrai un œil. J'ai le réflexe de me retenir et, hésitant, je penche ma fourchette pour couper un peu de blanc. Mon geste est très précis et minutieux par peur, peut-être, de soulever au moindre mouvement indélicat la violence de sa fureur. Et même lorsque je commence à mâcher, retenant difficilement mes commissures de se transformer en sourire, je tâche de faire le moins de bruit possible ; la nonchalance me masque tout entier.

Pourtant, je suis en train de m’effondrer pour lui.
Et je sais que, dans le coin de mes paupières perle une tendresse qui lui est exclusive.

Et alors que je le pensais en colère (pour quelle raison ? Je l'ignore, j'ai l'impression que Bermuda à l'épiderme explosif et, de toute façon, la moue boudeuse qu'il grave sur ses lèvres me rend dingue), Bermuda plonge dans l'incohérence.

En l'espace d'un battement de cil, alors que je déglutissais difficilement ma bouchée, il me prends dans ses bras.
Je me rends compte que c'est très maladroit, mais j'ai remarqué que toutes ses étreintes l'étaient un peu. J'ai aussi remarqué que toutes ses étreintes me crevaient le cœur et faisaient gonfler mon amour pour lui au point que je m'étranglais.

Le moment est très doux et glisse un peu hors de temps.
J'avais dit que nous devions manger ; j'avais dit aussi que j'étais satisfait d'avoir vaincu mes instincts primaires et mon désir de déposer des morsures sur toutes ses articulations pour que nous puissions partager un repas ensemble.
Mais ça ne me dérange pas, si c'est pour qu'il m'étreigne comme ça ; je peux cesser d'exister, si c'est pour qu'il m'enlace de cette façon.

Ma fourchette est immobile, dans ma main. Mes paupières sont douces et ont un peu emprunté à la chaleur des rayons de l'aube.
J'ai envie de l'embrasser ; j'ai envie de courber ma nuque pour planter un baiser sur son front. Ce serait presque pour lui dire : merci d'être en colère et de m'étreindre comme ça, je t'aime.
Et je m'apprête à le faire, le bonheur courbant les lèvres, je me penche vers lui.

Il se redresse aussitôt et manque de me briser le nez. Je m'écarte, ahuri et conscient du coup de tête auquel je viens d'échapper.
Pas mon visage.
L'épaule, ça passe, mais je serai vraiment emmerdé si sur mon visage éclatait un hématome boursouflé, puisque j'aurai peur – et je l'avoue tout bas, pour que mon ego ne l'entende pas – j'aurai vraiment peur de ne plus lui plaire.

Cette frayeur m'a essoufflé mais ce n'est rien comparé à la salve de reproches qu'il me jette sur les joues. Je suis toujours aussi stupéfait (pourrais-je avoir une autre expression sur le visage ?), mais je crois que je commence à m'y habituer.

Un peu plus et les colères de Bermuda me feraient sourire tendrement – surtout lorsqu'il croise ses bras sur sa poitrine comme un enfant capricieux. Et c'est ce que je m'apprête à faire, lui sourire. Enfournant une nouvelle bouchée, je m'apprête à écorner ma bouche de tendresse, à lui lancer une provocation complice alors qu'il s'en va, à passer ma main dans ses cheveux quand il reviendra – j'ai l'impression que cela fait trop longtemps et j'ai soudain très envie de passer une main dans ses cheveux.

Je m’attendris bien trop face au courroux de Bermuda.

― Je vais me toucher. Seul. Tant pis pour toi.

Et il claque la porte de la salle de bain.
Brutalement je m'étouffe.
Pardon ? Je ne suis pas sûr d'avoir très ben entendu et je m'étrangle avec le morceau de blanc d’œuf que j'ai avalé de travers. Je tousse plusieurs fois, violemment, à en avoir les larmes aux yeux et une fois ma trachée dégagé je fixe la porte de la salle de bain, les yeux écarquillés.

Qu'a-t-il dit.
Qu'a-t-il dit.
Je me répète cette question une bonne dizaine de fois avant que des images, plus tentantes, plus brûlantes, plus enivrantes les unes que les autres ne viennent se former dans mon sale esprit.

En moins d'une seconde, mon visage s'empourpre d'un rouge incendiaire et, entre mes jambes, quelque chose se manifeste plutôt violemment.

Avec cette simple phrase, Bermuda me fait exploser de désir. Il m'allume tellement – le sale allumeur de pirate – il m'allume tellement que sans que je contrôle quoique ce soit, tout mon corps se plaque en avant sur le bar et ma poitrine étouffe un gémissement.
S'il était sorti de mes lèvres, même mon voisin l'aurait entendu.

Je peste des dizaines et des dizaines de jurons insensés et chuchotés alors que mes deux mains viennent se presser sur mon entrejambe.
Ce n'est pas possible – ce n'est juste pas possible, se rend-il compte de ce qu'il vient de me dire ? J'ai le visage en feu – et les mains, et les doigts, et le ventre, et les cuisses, et le dos, j'ai tout qui me fait hurler d'envie.

J'ai beaucoup de mal à retrouver mon souffle et mon excitation est telle que je bondis sur mes jambes pour venir le retrouver – je lui avais dit, je lui avait dit que s'il m'allumait, je lui ferait tant l'amour qu'il ne pourrait plus utiliser ses jambes. Il n'a pas idée à quel point je suis sérieux – et compétent dans ce domaine.

Mais si je le rejoins, je sais qu'il va me tuer. J'ai envie de crier – j'ai envie de hurler, je crois que je n'ai jamais été frustré de toute ma mort ! Et puis là, tout de suite, j'ai un peu de mal à marcher. Je grimace, comme sur le point de pleurer (l'envie peut-être m'arracher des sanglots ?), et je me recroqueville soudain sur le dos, le crâne dans les mains.

J'essaie de prendre de grandes inspirations mais j'ai du mal.
J'ai du mal puisque j'entends qu'il déboucle sa ceinture. J'ai du mal puisque j'entends le froissement de son pantalon qu'il retire à travers la mince épaisseur du mur. J'ai du mal puisque je n'entends plus que le silence et je me demande ce qu'il déroule dans les plis infinis du silence.

J'ignorais qu'il était possible de mourir de désir, mais je crois bien que cela va m'arriver.

Soudain, des pas – les siens, et je ne veux pas qu'il me voit comme ça, je refuse qu'il me surprenne dans une telle position de faiblesse, de dévotion, de soumission. Même si mes yeux sont rougis de plaisir et ma gorge cinglée de sang, je bondis sur mes rotules et retourne m'asseoir, comme si de rien n'était, sur le tabouret de bar.

L'illusion fera mouche – j'en suis certain.
A part, peut-être, que mon dos est anormalement raide, mes bras posés trop poliment de chaque côté de la poêle et que mon visage se crispe dans un sale et laid sourire hypocrite. J'ai de petits airs de statue de cire.

Tout dans ma posture hurle : à l'aide.

Je fais de mon mieux, vraiment, pour éviter de croiser son regard où son corps – je ne voudrais pas que mes cils se posent ailleurs, sur ses cuisses à demi-nues, sur ses reins dévoilés par son tee-shirt, sur l'arrière et sur l'avant, sinon, je crois bien que je m'effondrerai.

Je me jetterai à ses genoux et je le supplierai de me laisser le toucher.
Et, pour être sûr de ne pas céder, même si mon front devient moite de pression, je retiens ma respiration.

― Ne viens pas Sucre, il m'assène encore comme un coup d'épée entre les omoplates.

Et j'ai bien fait de retenir ma respiration puisque le coup de ses mots est si abrupt que j'en perdrai tout mon air.

Mais dès que la porte se referme encore sur ses cheville, tout s'écroule. Mes muscles, jusqu'alors tendue comme ceux d'une statue de gré, se relâchent brusquement. L'avant de mon corps bascule sur le bar, ma joue vient se poser sur la faïence et mes mains, tremblantes, reviennent se lover entre mes cuisses comme pour protéger quelque chose.
Je suis essoufflé. Je suis haletant. Mon dos se soulève comme si j'avais chercher à échapper à la mort. Mes joues mes brûlent. Je ne sais plus où sont mes lèvres. Mes yeux sont brumeux.

Ce n'est qu'à ce moment là que je me rends compte que je suis totalement enfiévré.
Je l'ai dit, plusieurs fois, je me suis demandé souvent comme j'allais pouvoir survivre à Bermuda ; je crois bien que c'est impossible.

J'expire un souffle sulfureux sur le bar et je m'étonne que de la buée ne se forme pas sur les petits carreaux de faïence jaune. J'ai trop envie de lui – bon sang, j'ai bien trop envie de lui et tout mon corps chercher ma bouche pour que je me mette à crier son prénom.

J'ai plus de dignité que ça, alors, mes lèvres se contentent de gémir.
Tout doucement, je gémis ; une fois, deux fois, trois fois, à chaque expiration. J'ai trop envie de lui, surtout lorsque ma tête s'emballe et commence à allonger sur mes muscles des rêves de Bermuda.
Des rêves où ses mains s'agitent et s'approche de – non.
Des rêves où ses joues rosissent quand il – non.
Des rêves où sa lèvre inférieur tressaute et ses yeux se ferme lorsqu'il – non.

Bon sang, putain, je crois que je ne vais pas tenir.
Peut-être – que fait-il ? - tout dépend de combien de temps – est-ce qu'il a... ? - si je me dépêche – je n'entends rien – je suis tellement tendu – j'imagine son visage – peut-être que j'aurai le temps, moi aussi, de faire quelque chose.

Je gémis encore une fois, un gémissement grogné, bestial, rauque et rocailleux et je suis tellement enflé par le désir que je n'ai plus qu'une seule idée dans ma peau.

Pitié, faites qu'il me demande de le rejoindre.
Pitié, faites qu'il me demande de le rejoindre.
Pitié, faites qu'il me demande de le rejoindre.


― Tu mets trop de temps à venir Sucre. Si tu me fais trop attendre... Je te tue.

Et je ne me fais pas prier deux fois.
Tout mon corps n'attendait plus que son appel, que je vis comme une autorisation. Aussitôt, je me jette sur mes jambes et je me rue vers la salle de bain. Mes gestes sont erratiques, mes mollets flageolants, mes muscles tremblants et ma bouche en feu.
On peut voir mon cœur palpiter sur mes joues.

Je suis si tremblant de désir et si maladroit qu'à deux reprises, je manque de tomber sur le trajet. A chaque fois, je me rattrape au dernier moment mais, fous, mes pieds dérapent sur le parquet. Quand enfin le parviens devant la salle de bain, je bouscule la porte avec une telle force qu'elle me rebondit aussitôt dessus.
Je m'en moque – je m'en moque, je m'en fiche totalement, je la repousse encore et je l'arracherai de ses gonds s'il le faut.

Parce que je ne veux plus que Bermuda.
Bermuda et sa voix suppliante. Bermuda et ses mots qui me menacent. Bermuda et son désir qui l'étrangle. Bermuda qui éprouve la même chose que moi. Bermuda et sa naïveté. Bermuda et sa maladresse. Bermuda et sa souveraineté sur moi. Bermuda et ses coups. Bermuda qui finira par me tuer.

Mais je me moque tellement qu'il finisse par me tuer si je peux apercevoir, une fois de temps en temps dans l'éternité, le rose quémandeur de ses joues.

Je ne me laisse même pas le temps de le contempler ; je ne me laisse pas le temps de lui lancer une remarque provocante ; je ne me laisse même pas le temps de me perdre dans ses lèvres humides ; je ne me laisse pas le temps de protester.

Dès que je le vois, dès que j'aperçois sa peau blanche, je m'agenouille devant lui. Je tombe, non pas avec faiblesse, mais avec fureur. Et ce qu'il suit après, c'est l'expression la plus brutale et la plus brûlante de la frustration et du désir qu'il estampille sur ma peau.

Je ne lui laisse pas le temps de protester que, haletant, je me jette sur lui. Je jette ma bouche contre la sienne, je la cogne, je la frappe de tous les baisers que j'ai eu envie de lui donner. Et je sais qu'il me rendra chacune des violences indécentes que je suis entrain de lui offrir ; je sais que, quand j'aurai fini de l'embrasser, ses lèvres seront rouges de mes assauts.

Je l'embrasse, je l'embrasse tout le temps, partout, en le plaquant contre le mur derrière lui, en lui retirant son tee-shirt, en glissant mes doigts sur son ventre, ses reins, son dos, ses épaules, son visage. En vérité, je suis perdu ; je suis perdu sur la peau de Bermuda. Je ne sais plus quoi faire, erratique, fou, possédé, je ne sais plus comment faire pour lui donner du plaisir et lui montrer le mien.

Très souvent, mes mains se perdent dans le vide et trébuchent sur l'angle de ses épaules ; elles se suspendent, incertaines de savoir où se poser ensuite tant chaque pan de son corps est atrocement désirable. Bien sûr, je geins, je gémis et je grogne.

Et au milieu de ces milliers de baisers et de caresses empressées, je dis :

― Mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, mauvais sang, Bermuda, mauvais sang.



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conscience vouée à l'errance
Bermuda
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ANECDOTE ▲ : Bermuda est né de la cupidité•hermaphrodite• il écrit en indianred
FICHE RS ▲ : Je la revendrai à prix d'or

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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaMer 15 Avr - 3:42

Je me suis assis sur le coussin et j'ai attendu. Serein. J'ai attendu, les bras croisés. Non. J'ai trépigné sur le coussin. J'ai trépigné et j'ai attendu, puisque j'étais forcé d'attendre. J'ai juré. Mille fois. Contre toi et moi. Et je me suis demandé pourquoi tu ne comprenais pas. Comment tu pouvais ne pas comprendre quand je te dis de ne pas venir, mais que je te lance tant de regards appuyés. Désespérés même. Que tu m'essouffles même lorsque tu n'es qu'un souvenir sulfureux. Je ne comprends pas. Vraiment. Tu dois être idiot ou aveugle. Trop sourd. Et si tu ne viens pas dans la minute qui vient je ne réponds plus de rien.

J'ai croisé. Décroisé. Recroisé les bras. J'ai posé mes mains sur mes cuisses pour me redonner un air serein. Mais je les retiré, agacé quand je me dis que j'aurai pu-non. Je pose mes deux mains sur mon visage. Bon sang. Je n'ai jamais été si agacé. Puisqu'il faut que je te réclame pour que tu viennes. Que tu comprennes. Mais quel idiot. Quel idiot! J'avais dit que je ne te laisserai pas ce plaisir. Que j'attendrai- non je n'aurais pas pu attendre. Et tu es idiot vraiment d'avoir pu croire-. J'inspire. S'il faut que je quémande à chaque fois. Mais qu'est-ce que tu fais, Sucre? Et moi. Je ne suis pas certain de savoir moi-même ce que je fais. Je ne me savais pas si capable de perdre le contrôle. D'être à ce point agacé et excité. Tu n'as pas pu. Tu n'aurais jamais dû repousser mon corps. Même pour manger. Comment tu oses même un seul instant envisager de me laisser ? De me faire patienter? Pour manger? Et vraiment je suis outré et il y a trop d'indignation sur mes lèvres alors que j'ai compté trente et que tu n'es toujours pas là. Ce n'est pas quelque chose que tu peux faire. Et même moi je ne devrais pas avoir à demander.

Tu ne peux pas. Et il faudrait que je te dises. Que tu comprennes. Que je touches si je veux. Que je t'embrasse si je le veux. Que je t'enlaces aussi. Tu ne peux pas m'imposer des choses si cruelles et me rendre si docile. Alors que tu as tant-trop, bon sang, vraiment trop- d'emprise sur moi. Mes sautes d'humeur m'épuisent tant. Et je suis si incroyablement hors de moi. Je ne sais pas comment tu oses. Oh. Non. Tu n'as pas intérêt à recommencer. Même pas pour manger. Alors que je gémis et que je me tends pour toi. Et que toi aussi. Même pas pour manger. Si tu oses recommencer je te retiendrai. Je te retiendrai. Avec violence. Puisque ce que tu m'imposes est trop violent et intense. Quitte à te plaquer sur le sol. Oh non. Tu as osé. Mais tu ne peux pas. Qui se soucis de manger quand moi je t'offre mon corps et que je te promets mille baisers? Plus que quelques secondes. Et après. Vraiment. Je te tuerais.

Tu arrives. Finalement. Et je fais des efforts pour ne pas me lever. Alors que je pourrais, je crois, le faire et te tordre le cou tellement tu es idiot. Tu es idiot de ne pas comprendre comme tu me conquis. De ne pas m'avoir suivît dès le début. Je suis toujours très agacé. Hors de moi. Terriblement. Parce que j'avais dit que je ne te supplierai pas. Que je l'ai fait quand même mille fois. Que cela m'agace. Je ne devrais pas avoir à le faire. À le dire. Tu devrais venir de toi-même, simplement parce que je le désir.

Comme maintenant. Tu es venu. Tu as poussé la porte très fort. Tu as les joues rouges. Les sourcils froncés. Tu sembles hors de toi, aussi et j'ai la vanité de penser que c'est à cause de moi. Puisque tu es mien, que je ne peux être que ton unique tourment. Le pire. Il ne peut en être autrement. Je suis comme un prince, gonflé d'orgueil, sur son trône de plume. Je suis prince et toi serf. Je quémande et tu obtempères. Il ne peut en être autrement. Tu ne dois avoir d'yeux que pour moi et mes désirs en priorité. Qui se soucis de manger? Pas moi. Je suis prêt. À te confier toute ma frustration et mon agacement. Réclamer séance tenante toute ton attention et tes caresses, tes baisers. Et toi tu dois tout me donner. Il ne peut en être autrement. Puisque que tu me donnes tellement. Tout le temps. Je ne peux me contenter de moins. Je suis trop avare et cupide. Alors je reste sur mon siège de coton. Pas un seul moment je ne bouge. Même si je n'ai pas d'or et que mon royaume ne s'étend que sur ton coeur et ton amour. Mais cela me convient. Il est si vaste. Et j'ai trop de tendresse violente dans ma bouche et dans mes doigts qui ne demandent qu'à t'asservir.

Je n'ai pas un seul instant cligné de l'œil et j'ai accroché tous tes pas. Ton regard. Tu t'agenouilles devant moi. Il ne peut en être autrement. Mais ce n'est ni un air penaud et conquis que tu affiches. Et même quand tu te laisses tomber, à genoux devant moi. Que je n'ai même jamais esquissé le moindre geste pour te rejoindre. Que ce geste devrait être empli de soumission et de modestie. Pas un seul instant tes traits n'affichent une quelconque réédition. Tu sembles décidé. Conquérant. Hors de toi. Hors de tout. Il y a beaucoup de fierté dans tes yeux. Il y a aussi une dévotion, mais ce n'est pas celle qu'un serf réserve à son prince. Ni celle d'un amant transi d'amour. C'est plus intense. C'est au delà des mots. De tous. Il n'y a pas de faiblesse, jamais dans ton regard. Et j'aime cela. J'aime vraiment cela.


Je devine alors qu'il y a aussi beaucoup de violence dans ton amour. Peut-être autant que le mien. Et que tu ne saurais supporter que ma propre dévotion sois moins totale et intense que la tienne. Tu es comme un roi digne qui ne courbe pas l'échine. Et je sais aussi que ton royaume s'étend de mon cœur à mon corps et qu'il ne peut en être autrement. Tu es comme un monarque tyrannique. Je ne le sais que trop bien. Tu as toute autorité sur moi comme moi sur toi. La fureur de tes yeux me rend mué. Et le mien s'habille d'amour. De dévotion aussi. Je suis heureux mille fois heureux. Enivré aussi. Pas un seul instant surpris. Ce qu'il y a entre nous est si fort. Qu'il ne peut en être autrement.

Alors tu t'élances. Tu m'attrapes avec ta bouche. Me possèdes avec tes mains. M'oppresse avec ton corps. Tu pourrais même m'étouffer avec ton amour et trop m'essouffler avec le tien. Je n'en attend pas moins. Et ce que je te réserve est au moins aussi intense. C'est un baiser brûlant puisque tu as mille éternité à m'offrir encore. Il y a ton souffle qui finit de distiller mille autres envies sur ma peau. Et moi aussi je t'embrasse. J'appose mes lèvres avec l'avidité d'un assoiffé. J'attrape ton dos jalousement. Je me presse contre toi tout comme toi tu te presses parce que je ne supporterai pas que tu t'en ailles. Que tu me laisses. Jamais. Je veux bien recevoir et étreindre toute ta frustration et ton désir si tu continues de consumer mes lèvres. Plus je me presse contre toi et plus tu nous plaque contre le mur. Acculé. Terriblement. Je cherche toujours à t'accrocher à ma peau. Et même quand toi tu m'enlèves mon haut, je cherche à faire cogner ton cœur avec le mien.

Pas un seul instant je ne fuis tes lèvres. Pas un seul instant. Je réponds à chacune de tes déclarations silencieuses avec autant de tendresse et de violence. Et tant pis si tu peines à respirer. Et moi aussi. Qui s'en soucis d'ailleurs? Puisque chaque fois que tu expires c'est moi que tu souffles et même quand tu inspires, tant que tu me respires et que tu souffles extatique pour moi. J'ai même cambré mon corps contre le tien. Quand tu as caressé ma peau. Quand tu l'as griffé. Et même encore maintenant que tu ne sais plus si de mon ventre ou de mon visage tu préfères la douceur. Moi je descends mes mains et je les glisse sous ton haut, pour pouvoir te caresser mille fois aussi. Te faire te presser. Contre moi. Il faut qu'on soit au plus proche. Je ne tolèrerai pas qu'un simple morceau de coton me prive de la brûlure de ton corps. Et même. Je tolérerai pas que quoi que ce soit se mette en travers de mon chemin. Même pas toi. La faim. La mort. Rien.



***
- Bon appétit Sucre! Je dis, la tête légère. Je saisis la fourchette et j'ai embrassé ton épaule. - Je t'aime beaucoup. J'ose même rajouter. Taquin et provocateur. Je suis heureux. Et. Finalement. Nous allons enfin pouvoir manger. Et maintenant que je me sens épuisé. Et heureux. Je ne sais pourquoi je ressens le besoin de le préciser à chaque fois. Ou de sourire. Comme un imbécile. Mais j'ai fini par comprendre que je n'y pouvais pas grand chose.

J'attrape un bout d'oeuf et je le glisse dans ma bouche avant de préciser. - Mh... Je crois que j'aime cela. Même si c'est froid. Est-ce que tu aimes les œufs? Je demande d'abord par curiosité. Ensuite par intérêt. Parce que j'ai compris que je sais trop peu ce que tu aimes, ce que tu déteste. Ce que tu préfères. Et que je suis curieux. Et que je crois bien que profiterais du repas pour te demander. Et tu me répondras. Sans doute.

Parce que vraiment. Il ne peut en être autrement.

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coeur souillé de noirceur
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FICHE RS ▲ : crache ton miel •

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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] - Page 2 RxkgjUaJeu 16 Avr - 0:00

BON ANNIVERSAIRE BERMUCUTIIIIIIE ♥♥♥♥♥♥
♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥
♥♥♥♥♥♥
♥♥♥
♥♥






*




Je crois que je suis mort.
C'est bien ça non ? Je suis mort – bien mort. En tout cas, ça y ressemble beaucoup. Au moins, je peux dire que j'ai eu la chance de ne pas mourir dans d'atroces souffrances, mais dans un atroce plaisir. Il n'empêche que je suis salement mort, là, et tellement mort que je n'ai même plus la force de retenir ma tête de s'écraser contre le bar.
Et lui qui est tout guilleret – je crois que je vais le tuer. Et heureusement qu'il vient planter un baiser sur ma blessure, sinon, s'il n'était pas aussi doux, affectueux, désirable, séducteur, attirant et beau, je crois que je l'aurai tué depuis longtemps.

― Bon appétit Sucre !
― Mhmpf.

Je n'en peux strictement plus.
Bermuda m'a épuisé – honnêtement, je n'aurai pas cru que ce soit possible, puisque je suis quand même pas mal endurant, et je l'ai dit que j'étais compétent dans ce domaine – mais j'ignorais que lui avait de telles ressources à sa disposition.

Nous avons fait l'amour.
Deux fois – pas une, mais deux fois d'affilées, dans la salle de bain, sur le carrelage glacé, les joues empourprées de désir. Certes, il est possible que ce soit moi qui ait réclamé, la deuxième fois, alors que nous venions tout juste d'éprouver l'un l'autre beaucoup de plaisir mais – ce n'est pas une raison pour que je sois le seul à être mort.

J'ai l'impression qu'il a écrasé chaque membre de mon corps avec ses lèvres précieuses.

Mais quel est ce démon, qui mange des œufs froids à côté de moi alors que je me décompose. Il me rend maussade. Je crois que je n'ai même pas la force de lever mon bras pour attraper ma fourchette. Peut-être que, si je lui demande, il acceptera de me nourrir – non, c'est hors de question.

Il est hors de question que j'écrabouille ma dignité plus que ce que je ne l'ai fait quand nous étions dans la salle de bain.

A la simple pensée des mots – des postures – des sons – des couleurs – qui m'ont envahi, le pourpre me monte aux joues. J’enfouis mon visage davantage entre mes bras en espérant que mes rougeurs ne glissent pas jusque sur ma nuque ou la pointe de mes oreilles découvertes.
Vivement que mes cheveux repoussent.

De toute façon, il n'a pas le droit de faire une seule réflexion puisqu'il n'est pas le mieux placé pour se moquer – voilà, bon argument Sucre, reconstruit donc un peu ta dignité.
Je dégage un œil de ma cachette que je pose pour lui. Je récupère son je t'aime taquin avec un sourire ; je n'y réponds pas. J'ai bien trop de douceur dans mon regard pour que mes mots soient à la hauteur.

Je suis encore très heureux – épuisé, mais heureux.
J'ai du sommeil dans les paupières qui a été puisé dans les sursauts du contentement. Je lutte pour ne pas qu'elles se ferment alors, je me redresse un peu et répond nonchalamment à sa question :

― Non.

Je me mords la langue, lève les yeux au ciel. La gêne tord ma bouche et je me passe une main dans les cheveux pour essayer de corriger mes fautes.

― Enfin, je veux dire. Je n'aime pas énormément quand ils sont froids. C'est peut-être un peu moins bon. Mais sinon, quand ils sont chauds, j'aime peut-être un peu plus. Tu vois ?

Je m'emmêle affreusement et la fatigue me brutalise. Ma frustration me fait rouler les yeux et, dans une plainte grognante, je viens écraser lourdement mon front contre l'épaule de Bermuda. J'aime bien être comme ça, contre lui. Presque inconsciemment, je lâche un murmure qui a la tiédeur du bonheur :

― Bermuda...

Puis je redresse mon visage et viens planter mon menton dans son épaule. Je crois que je suis trop éreinté pour avoir faim mais je dis, une fausse reproche dans les yeux, contemplant la perfection d'albâtre de son profil :

― Est-ce que tu sais que tu m'as épuisé ? Tu es vraiment -

Mais comme je n'ai aucun mot pour finir cette phrase – et qu'ils seraient bien trop gentils pour lui, donc, du coup, je ne pourrais pas les prononcer – je me contente de mimer mon agacement. Il ne dure pas longtemps ; très vite, je souris et j'ai même quelques rires calmes qui viennent se nicher dans son cou.
Je traîne mon corps et rapproche le tabouret pour me lover un peu plus contre lui. Tant pis si il ne peut pas manger, il n'a qu'à se débrouiller. Je grogne, capricieux :

― Tu me nourris, Bermuda ? Je mérite au moins ça.

Si j'ai dit quelque chose par rapport à la dignité, je n'en ai pas le souvenir. De toute façon, j'aime trop le taquiner, j'aime trop me laisser entretenir, j'aime trop qu'il me possède, j'aime trop qu'il me griffe jalousement pour m'inquiéter réellement pour ces médiocrités.
Je veux être son prince ; et je serai le plus capricieux des princes.

Mais je suis un prince qui a un peu trop d'amour pour lui puisque que irrémédiablement toutes mes pensées obliquent dans sa direction. J'ai bien trop d'obsession pour ses désirs ; je dis, une moue nonchalante sur les lèvres :

― Je suis heureux que -

La trop grande présence de vérité m'empêcher de parler – quelle tristesse, un monde ou on ne peut même pas dire : je suis heureux que tu aimes les œufs.
Contre son épaule, ma mâchoire se contracte. Brièvement, je prends une inspiration rapide et bascule sur un sujet où je pourrais davantage m'exprimer.

C'est un sujet qui m'est très cher ; comme lui.
Mon œil détaille ses couverts qui découpent les œufs.

― Est-ce qu'il y a d'autres choses que tu aimerais goûter, Bermuda ? On pourra faire tout ce dont tu as envie. Dis-moi, et on pourra aller acheter des choses ensemble, demain.

Je lève un œil vers l'horloge murale et pouffe dans son cou.

― Oui, demain, je souris en m'enfouissant un peu plus contre sa peau. Et tu attends quoi pour me nourrir ? Je m'impatiente.




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